500ème émission : la dernière présentée par François Busnel, avant l'arrivée d'Augustin Trapenard en septembre. Découvrez les suggestions de lectures des nombreux auteurs invités pour l'occasion.
«En se penchant un peu en arrière, il voyait, derrière le dos de Solange, la jeune femme qui était assise à côté d'elle ; adossée dans son fauteuil, elle écoutait, bouche entrouverte et les yeux clos. Elle n'était pas jolie, mais Costals la désirait : 1>o parce qu'il trouvait convenable que, dans la même minute où il caressait pour la première fois une jeune personne, il en désirât une autre ; 2>o parce que, donnant l'apparence du sommeil, il était impossible qu'elle ne levât pas en lui la pensée d'abuser de ce sommeil ; 3>o parce qu'il lui semblait que, pour éprouver une telle extase d'un phénomène aussi insipide que cette musique, il fallait qu'elle fût détraquée ; or, il n'aimait que les filles saines et simples, comme Solange, c'est pourquoi cela lui était agréable d'avoir envie d'une femme détraquée.»
À trente ans passés, Ignatus vit encore cloîtré chez sa mère, à La Nouvelle-Orléans. Harassée par ses frasques, celle-ci le somme de trouver du travail. C'est sans compter avec sa silhouette éléphantesque et son arrogance bizarre. Chef-d'oeuvre de la littérature américaine, La Conjuration des imbéciles offre le génial portrait d'un Don Quichotte yankee inclassable, et culte.
« Écrit au début des années soixante par un jeune inconnu qui devait se suicider en 1969, à l'âge de trente-deux ans, parce qu'il se croyait un écrivain raté, La Conjuration des imbéciles n'a été éditée qu'en 1980. Le plus drôle dans cette histoire, pour peu qu'on goûte l'humour noir, c'est qu'aussitôt publié, le roman a connu un immense succès outre-Atlantique et s'est vu couronné en 1981 par le prestigieux prix Pulitzer. Une façon pour les Américains de démentir à retardement le pied de nez posthume que leur adressait l'écrivain, plaçant en exergue à son livre cette citation de Swift: "Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui." » - Bernard Le Saux, Le Matin
Stephen King Misery Misery, c'est le nom de l'héroïne populaire qui a rapporté des millions de dollars au romancier Paul Sheldon. Après quoi il en a eu assez : il a fait mourir Misery pour écrire enfin le « vrai » roman dont il rêvait.
Et puis il a suffi de quelques verres de trop et d'une route enneigée, dans un coin perdu... Lorsqu'il reprend conscience, il est allongé sur un lit, les jambes broyées dans l'accident. Sauvé par une femme, Annie. Une admiratrice fervente.
Qui ne lui pardonne pas d'avoir tué Misery.
Et le supplice va commencer.
Sans monstres ni fantômes, un Stephen King au sommet de sa puissance nous enferme ici dans le plus terrifiant huis clos qu'on puisse imaginer.
Sur Gethen, la planète glacée que les premiers envoyés ont baptisée Hiver, il n'y a ni hommes ni femmes, seulement des êtres humains.
Des androgynes qui, dans certaines circonstances, adoptent les caractères de l'un ou l'autre sexe. Les sociétés nombreuses qui se partagent Gethen portent toutes la marque de cette indifférenciation sexuelle.
LoeEnvoyé venu de la Terre, qui passe pour un monstre aux yeux des Géthéniens, parviendra-t-il à leur faire entendre le message de l'Ekumen ?
Ce splendide roman a obtenu le prix Hugo et à consacré Ursula le Guin comme un des plus grands talents de la science-fiction.
Lorsqu'elle sonne à la porte d'Anna Akhmatova, le 10 novembre 1938, et pénètre pour la première fois dans l'appartement sordide de l'ancien palais où vit l'un des plus célèbres poètes russes du xxe siècle, Lydia Tchoukovskaïa a trente et un ans, Akhmatova quarante-neuf. Les deux femmes se sont déjà croisées mais ne se sont jamais vraiment parlé.
Akhmatova connaît le père de Lydia depuis 1912 : Korneï Tchoukovski et elle ont fréquenté les mêmes cercles artistiques et intellectuels avant la révolution. Quant à Lydia, elle voue un culte à son aînée et sait par coeur un grand nombre de ses poèmes. C'est cette mémoire prodigieuse qui lui vaudra de devenir l'une des gardiennes de l'oeuvre d'Akhmatova, qu'elle connaît mieux que personne. Leur amitié commence au pire moment de la terreur stalinienne, qui les a toutes deux durement frappées à travers leurs proches. Dès lors et pendant ces presque trente années, elles vont se soutenir mutuellement dans le malheur. Mais ce qui les lie peut- être plus que tout, c'est leur amour pour la poésie et la langue russe. Chacune d'elles s'efforce de préserver l'authenticité de la pensée et de la langue au milieu d'un océan de mensonges : Lydia Tchoukovskaïa rédige Sophia Pétrovna, le seul roman sur l'année 37 écrit « à chaud », et Akhmatova, qui n'a rien publié depuis une quinzaine d'années, compose son Requiem qu'elle n'ose même pas confier au papier et qui n'existera longtemps que dans la mémoire de quelques amis.
Or à partir de cette date et jusqu'à la mort de la poétesse en 1966, la jeune femme va tenir un journal dans lequel, à chacune de ses visites, elle note en rentrant chez elle, de mémoire, leurs conversations, les poèmes qu'Akhmatova lui récite, des détails de sa vie quotidienne. En dépit d'une période de dix ans durant laquelle les deux femmes ne se virent plus (de 1942 à 1952), les plus de mille pages de ces Entretiens quasi quotidiens constituent donc un témoignage sans équivalent, autant sur la personnalité d'Akhmatova, que sur une époque, et même plusieurs époques de l'histoire de l'Union soviétique (la Terreur, la guerre, le Dégel, l'affaire Pasternak, l'affaire Brodsky, les débuts de la dissidence).
L'ouvrage réunit l'intégrale de l'oeuvre poétique de Rimbaud et une sélection de celles de Verlaine, reproduites ici dans la fidélité chronologique aux périodes d'écriture et non aux dates de publication. Leurs oeuvres sont « entrelacées » tout en respectant la composition originale des recueils.
L'ouvrage est enrichi de correspondances échangées entre les deux poètes, avec leurs familles respectives et avec les milieux intellectuel et amical qu'ils fréquentent ensemble.
Une très importante chronologie illustrée décrit la complexité de la vie « couplée » des deux poètes. Nuancée, d'une grande finesse, elle met un terme à bien des lieux communs.
Édition de Solenn Dupas, Yann Frémy et Henri Scepi.
Entre les grands idéaux humanitaires qui l'animent et les obsessions inavouables qui le hantent, Alex Portnoy, trente-trois ans, est la proie d'un insoluble conflit.
Élevé dans le quartier israélite de Newark, par des parents abusifs, démesurément attachés aux principes de la tradition juive-américaine, ligoté par des tabous et des interdits, submergé de conseils et d'exhortations, il est écrasé par une culpabilité d'autant plus angoissante que la sexualité et ses déviations les plus extrêmes ne cessent de l'obnubiler.
Brillant étudiant, puis fonctionnaire en vue, il n'en reste pas moins un «bubala», un bébé, aux yeux de ses parents qui lui reprochent amèrement son indépendance, sa froideur apparente et surtout son refus de fonder un foyer et d'assurer la descendance.
Ce livre, à la fois féroce et désopilant, où la tendresse alterne avec le cynisme, l'humour avec le pathétique, est une mordante satire de l'ignorance, du racisme, des préjugés et de l'intolérance sous toutes ses formes.
À Prague, en 1968, dans le contexte du Printemps de Prague et de l'invasion du pays par l'URSS, Tomas oscille entre deux amours. Tereza, qui veut l'amour pur et exclusif, et Sabina, qui incarne l'amour physique. La légèreté occidentale s'oppose à la gravité lourde de l'Est. Le Kitsch jette un voile sur la laideur. Dans ce roman d'amours et d'infidélités irréconciliables, Milan Kundera s'interroge sur la nature de l'existence au XXe siècle. Dans un monde où la vie est façonnée par des choix irrévocables et par des événements fortuits, un monde dans lequel tout ne se produit qu'une fois et nous échappe souvent, l'existence semble perdre sa substance, son poids. Ainsi nous ressentons « l'insoutenable légèreté de l'être ». Ponctué de réflexions philosophiques aussi brillantes qu'amusantes, ce roman inoubliable explore tous les aspects de l'existence humaine à travers le destin de personnages bouleversants.
Pourquoi la grand-tante louise saccage-t-elle l'appartement de sa soeur suzanne ? quels sont ces documents qu'elle cherche, et que contiennent ces liasses de papiers qu'elle brûle finalement dans la cuisinière ? concernent-ils vraiment, comme le prétend suzanne, une infamie qu'aurait commise la mère, trente ans plus tôt ? comment se fait-il qu'au même moment le père ait dû précipitamment quitter nice, abandonnant un cabinet de vétérinaire, un voilier, une ford verte, une fiancée et deux chevaux, pour se retrouver à paris sans chaussettes de rechange ? quel est ce chantage que mettent en train les parents du petit hervé pour extorquer l'argent de la famille ? et oú est caché cet or qu'on n'en finit pas d'enterrer et de déterrer, dont on n'a jamais pu se servir, sinon pour se plaindre qu'il soit encrassé ? d'ailleurs ce trésor trop tard obtenu n'a-t-il pas un rapport avec le cancer de la mère, qui suit de peu l'héritage ? n'y a-t-il donc rien de pire au monde, pour des parents, que d'avoir un fils soucieux de la vérité ?.
Pendant l'Occupation, Louis Calaferte a onze ans. Il raconte la guerre telle que la voit, telle que la vit un enfant.
«Une jeune femme marche dans la rue.
Une traction avant noire s'arrête à sa hauteur.
Deux hommes en manteaux de cuir marron et en chapeaux sombres bondissent de la traction avant noire.
Un homme ceinture la jeune femme et lui baîllonne la bouche d'une main.
La jeune femme se débat.
Il la jette dans la traction avant noire.
Les portières claquent.
La traction avant noire démarre.
Les passants passent.»
En 1752, l'Écosse se relève à peine d'une guerre meurtrière. Le pouvoir anglais fait peser lourdement sa main sur les clans highlanders qui l'ont défié. Depuis leur exil, les chefs de clan survivants tentent de ranimer une rébellion vouée à l'échec.
C'est le décor que Stevenson choisit pour Enlevé !. Il y retrace les pérégrinations d'un jeune héritier spolié par un oncle qui veut le faire disparaître et d'un rebelle pourchassé par les anglais - improbable duo que seul le statut de fugitif va rapprocher.
Reconstitution historique d'une grande fidélité, Enlevé ! parut en 1886, la même année que L'Étrange Cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde, et reste l'un des plus célèbres romans d'aventures de Stevenson.
Voici le roman le plus célèbre et le plus émouvant de Marlen Haushofer, journal de bord d'une femme ordinaire, confrontée à une expérience-limite. Après une catastrophe planétaire, l'héroïne se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s'être pétrifiée durant la nuit. Tel un moderne Robinson, elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers, prend en main son destin dans un combat quotidien contre la forêt, les intempéries et la maladie. Et ce qui aurait pu être un simple exercice de style sur un thème à la mode prend dès lors la dimension d'une aventure bouleversante où le labeur, la solitude et la peur constituent les conditions de l'expérience humaine
« Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma tête, c'était le vent dans les grands arbres de la forêt, et non la pluie. Quand il rasait le sol, c'était le vent dans les buissons et les hautes herbes, mais ce n'était pas la pluie. Quand il bruissait et chuintait à hauteur d'homme, c'était le vent dans les champs de maïs. Il possédait si bien les sonorités de la pluie que l'on se faisait abuser sans cesse, cependant, on l'écoutait avec un plaisir certain, comme si un spectacle tant attendu apparaissait enfin sur la scène. Et ce n'était toujours pas la pluie.
Mais lorsque la terre répondait à l'unisson d'un rugissement profond, luxuriant et croissant, lorsque le monde entier chantait autour de moi dans toutes les directions, au-dessus et au-dessous de moi, alors c'était bien la pluie. C'était comme de retrouver la mer après en avoir été longtemps privé, comme l'étreinte d'un amant. » (trad. Alain Gnaedig.)
Brokeback Mountain : un bout de terre sauvage, hors du temps, dans les plaines du Wyoming. Ennis del Mar et Jack Twist, cow-boys, nomades du désert américain, saisonniers des ranchs, s'y croiseront le temps d'un été. Ils n'ont pas vingt ans. La rencontre est fulgurante. Bientôt, à l'abri des regards, les deux hommes s'étreignent et succombent à une passion sublime et crue, qui ne dit pas son nom. Ils se quitteront, se retrouveront, d'année en année, prenant femmes, mais animés en secret du seul rêve de se rejoindre et de monter ensemble leur propre ranch, sur Brokeback Mountain. Ni le temps, ni l'espace, ni les non-dits, ni les hommes, n'auront raison de cet amour - que seule viendra briser la mort.
Pour Ang Lee, réalisateur du film adapté du livre, Brokeback Mountain n'est pas seulement l'histoire d'une relation homosexuelle clandestine, où est abordée la difficulté d'être gay dans certains milieux, certaines contrées, et vis-à-vis de soi-même parfois ; c'est aussi « une grande histoire d'amour épique qui représente le rêve d'une complicité totale et honnête avec une autre personne ». Avant tout, le récit déchirant d'une passion, au coeur des grands espaces américains, ces somptueuses solitudes dont Annie Proulx est sans conteste l'écrivain le plus inspiré dans la littérature américaine contemporaine.
Pour un nombre considérable de lecteurs, À la recherche du temps perdu est une oeuvre à part, la référence, le Livre. Au catalogue de la Pléiade, le coffret réunissant ses quatre volumes fait figure de navire amiral. L'établissement du texte, l'appareil critique, les Esquisses qui révèlent le roman en formation rendent cette édition irremplaçable. Selon toute vraisemblance, ce n'est que par crainte de devoir acquitter un supplément de bagage que les voyageurs ne l'emportent pas plus souvent sur l'île déserte.À l'occasion du centième anniversaire de la mort de Proust, la Pléiade propose à titre exceptionnel, et à tirage limité, le texte de la Recherche, intégral et nu (les notes et les Esquisses restant l'apanage de l'édition en quatre volumes), en deux tomes d'environ 1500 pages chacun. Ce tirage satisfera les globe-trotters, sans leur être réservé. Les sédentaires le placeront près de leur fauteuil. Les promeneurs le glisseront dans leurs poches. Toute table de chevet pourra l'accueillir. Une oeuvre-monde, toujours à portée de main, explorable à l'infini.
«Comment la femme fait-elle l'apprentissage de sa condition, comment l'éprouve-t-elle, dans quel univers se trouve-t-elle enfermée, quelles évasions lui sont permises, voilà ce que je chercherai à décrire. Alors seulement nous pourrons comprendre quels problèmes se posent aux femmes qui, héritant d'un lourd passé, s'efforcent de forger un avenir nouveau. Quand j'emploie les mots "femme" ou "féminin" je ne me réfère évidemment à aucun archétype, à aucune immuable essence ; après la plupart de mes affirmations il faut sous-entendre "dans l'état actuel de l'éducation et des moeurs". Il ne s'agit pas ici d'énoncer des vérités éternelles mais de décrire le fond commun sur lequel s'élève toute existence féminine singulière.» Simone de Beauvoir.
« Premier roman de moi publié, Tanguy fut-il aussi le premier que j'aie conçu comme un texte littéraire ? [...] Cette réimpression intervient peu de temps après la parution de Rue des Archives, qui en éclaire les aspects cachés, ce que de nombreux lecteurs n'ont pas manqué de relever. Les deux livres se répondent en effet l'un l'autre. [...] De Tanguy à Xavier, il y a plus que l'épaisseur d'une vie, il y a toute l'amertume d'un désenchantement, qui doit moins à l'âge qu'à la progressive découverte de l'horreur. Si je gardais, à vingt ans, quelques illusions, le sexagénaire qui a écrit Rue des Archives n'en conserve, lui, plus aucune. En ce sens, la boucle est bien bouclée.
L'aveu étouffé de Tanguy fait la musique désenchantée de Rue des archives. [...] De l'un à l'autre, un seul lien, la littérature. Elle constitue, on l'a compris, ma seule biographie et mon unique vérité. » Michel del Castillo.
«Considérez le cannibalisme universel de la mer, dont toutes les créatures s'entre-dévorent, se faisant une guerre éternelle depuis que le monde a commencé.Considérez tout ceci, puis tournez vos regards vers cette verte, douce et très solide terre ; ne trouvez-vous pas une étrange analogie avec quelque chose de vous-même ? Car, de même que cet océan effrayant entoure la terre verdoyante, ainsi dans l'âme de l'homme se trouve une Tahiti pleine de paix et de joie, mais cernée de toutes parts par toutes les horreurs à demi connues de la vie. Ne poussez pas au large de cette île, vous n'y pourriez jamais retourner.» Epris de mer, d'aventures et d'horizons lointains, le narrateur s'embarque à bord d'un baleinier, le Péquod, dont le capitaine est le taciturne Achab. Sauvage, celui-ci s'appuie sur une jambe artificielle taillée dans l'ivoire d'une baleine. Sa jambe a été emportée par la terrible baleine blanche, Moby Dick. Depuis, Achab n'a qu'une idée en tête : voguer sur toutes les mers du globe à la recherche de Moby Dick, l'irréductible baleine. Et la lutte sera acharnée...
" En ces heures où le paysage est une auréole de vie, j'ai élevé, mon amour, dans le silence de mon intranquillité, ce livre étrange... " qui alterne chronique du quotidien et méditation transcendante.
Le livre de l'intranquillité est le journal que Pessoa a tenu pendant presque toute sa vie, en l'attribuant à un modeste employé de bureau de Lisbonne , Bernardo Soares. Sans ambition terrestre, mais affamé de grandeur spirituelle, réunissant esprit critique et imagination déréglée, attentif aux formes et aux couleurs du monde extérieur mais aussi observateur de " l'infiniment petit de l'espace du dedans ", Bernardo Soares, assume son "intranquillité" pour mieux la dépasser et, grâce à l'art, aller à l'extrémité de lui-même, à cette frontière de notre condition ou les mystiques atteignent la plénitude " parce qu'ils sont vidés de tout le vide du monde ". Il se construit un univers personnel vertigineusement irréel, et pourtant plus vrai en un sens que le monde réel.
Le livre de l'intranquillité est considéré comme le chef-d'oeuvre de Fernando Pessoa.
Après le succès considérable de la première édition française, parue en deux volumes (1988 et 1992), puis de la seconde édition, intégrale, en un volume (1999), nous présentons aujourd'hui cette troisième édition, entièrement revue et corrigée, d'après le dernier état de l'édition portugaise (8e édition, 2009), publiée par Richard Zenith. Celui-ci a en effet introduit de nouvelles et nombreuses modifications, rectifiant ainsi les multiples erreurs de lecture qui entachaient l'édition portugaise originale (parue en 1982) ; figurent en outre dans le présent volume de nombreux inédits retrouvés par Richard Zenith depuis la première publication au Portugal. L'ordre des textes adopté ici, comme auparavant dans la 2e édition, diffère de l'ordre suivi dans la 1ère édition, pour obéir à une organisation thématique, mais plus dynamique et plus fidèle, dans la mesure du possible, à la chronologie des différents fragments. Enfin, la traduction proprement dite a fait à son tour l'objet d'une nouvelle révision approfondie par la traductrice elle-même, qui s'est efforcée de rendre, avec le maximum de transparence, la force poétique et dramatique de ce texte, l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature du XXe siècle.