Quelque part, cernée par les prestigieux massifs des Alpes, se niche la discréte vallée de la Roizonne faite de rudes pentes et de torrents. Ici les avalanches peuvent traverser la route, les rivières envahir les villages, et les rochers dévaler la montagne. La carte des risques naturels est au rouge vif. Ses hauts sommets et ses arêtes aériennes aux rochers instables sont fréquentés par la faune sauvage, les bergers et quelques passionnés. Mais en bas, la vie se maintient avec des habitants ancrés au peu de plat offert par leur vallée, retirés, un peu comme dans une île.
A travers une sélection de 230 photographies, ce livre présente un panorama de l'art rupestre dans les Alpes françaises, italiennes et suisses.
En fond de vallée, dans les alpages ou encore près des sommets, à 3 000 mètres d'altitude, des milliers de gravures préhistoriques, médiévales ou contemporaines défient les intempéries. Plusieurs grands sites accueillent chaque année un public toujours plus nombreux, fasciné par ces signes et écritures, témoignages précieux des populations alpines depuis 5 000 ans. Pendant dix ans, Emmanuel Breteau a parcouru les Alpes en quête de ces gravures, pour les photographier, souvent de nuit, sous des éclairages qui révèlent le moindre détail gravé, permettant ainsi la meilleure "lisibilité" de chaque motif.
Il a fait appel ici aux plus grands spécialistes de l'art rupestre alpin, ainsi qu'à un ethnologue qui enquête sur les gravures pastorales contemporaines et dont les travaux nous éclairent sur l'acte de graver.
C'est en franchissant le col du Fau que je découvre le Trièves en 1988. C'est le coup de foudre, je n'imaginais pas qu'un tel pays existait. Je m'installe à Roissard, chez Maurice, il loue une baraque sombre, humide et pas chère, j'ai 20 ans et mon rêve se réalise. Je découvre ce nouveau monde en même temps que la photographie et rencontre les habitants qui me disent «Mais fallait venir faire des photos il y a 20 ans, les vrais, les anciens ils ont tous disparu maintenant !», je m'immerge dans leur quotidien et je découvre le monde rural. Vingt ans après, le Trièves a évolué, avec l'arrivée de l'autoroute à ses portes, avec de nouvelles constructions et de nouveaux arrivants avec d'autres habitudes de vie. Mon regard a également changé, alors j'ai voulu repartir à la rencontre des habitants à travers la photographie, mais aussi en recueillant leurs témoignages pour que chacun parle de son Trièves. La photographie fixe le temps et ces 20 années m'ont permis d'observer qu'un territoire et sa population sont en mouvement constant. A travers ce livre j'ai voulu apporter mon regard sur ce pays que j'ai adopté depuis près de 30 ans et remercier ses habitants pour leur accueil, les échanges et l'amitié !
Les gravures du Massif de Fontainebleau sont assez méconnues comparées à celles que l'on retrouve dans les Alpes. Les éléments figuratifs y sont peu nombreux et leur datation est incertaine. A part un cheval attribué au Paléolithique, il s'agit pour la plupart de motifs abstraits gravés dans le grès des abris rocheux. On les dit mésolithiques (vers 9000-6000 avant J.-C.). Ces gravures intriguent non seulement par leur forme mais aussi par leur situation dans des cavités ou sur des surplombs souvent difficiles d'accès.
Des recherches en cours laissent toutefois présager une diversité insoupçonnée jusqu'à ce jour. Récemment, des représentations de personnages stylisés, d'époque néolithique (vers 4000 avant J.-C.) ont été découvertes sur des menhirs et des rochers en plein air. Elles peuvent être associées à des gravures sur haches polies emmanchées, bien répertoriées et qui font l'objet d'un programme de recherche.
Enfin, d'autres gravures, en quantité moindre, couvrent les périodes plus récentes, avec notamment des représentations humaines et animales très schématiques. L'ouvrage compile environ 70 photographies en noir et blanc, réalisées par Emmanuel Breteau, qui illustrent ces étonnantes gravures. Il s'intéresse à l'art rupestre préhistorique et photographie les grottes de l'arc alpin depuis plus de quinze ans.
Invité par le Musée départemental de Préhistoire d'Ile-de-France, le photographe s'est plongé dans l'univers de ces roches de plein air avec la fascination d'imaginer les auteurs de ces mystérieux dessins gravés. Ces photographies feront l'objet d'une exposition au Musée. Pour accompagner cette exploration visuelle des roches gravées du massif de Fontainebleau, plusieurs essais font le point sur un état actuel de la recherche archéologique concernant les gravures les plus anciennes.
Parmi les chercheurs participant à l'ouvrage, nous pouvons citer Alain Bénard, spécialiste de l'art rupestre de Fontainebleau, les préhistoriens Gilles Tosello et Boris Valentin, ainsi que les néolithiciens Serge Cassen et Daniel Simonin.