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Un jour, grand-père m’a dit que j’étais un enfant de salaud.
Oui, je suis un enfant de salaud. Mais pas à cause de tes guerres en désordre papa, de tes bottes allemandes, de ton orgueil, de cette folie qui t’a accompagné partout. Ce n’est pas ça, un salaud. Ni à cause des rôles que tu as endossés : SS de pacotille, patriote d’occasion, résistant de composition, qui a sauvé des Français pour recueillir leurs applaudissements. La saloperie n’a aucun rapport avec la lâcheté ou la bravoure.
Non. Le salaud, c’est l’homme qui a jeté son fils dans la vie comme dans la boue. Sans trace, sans repère, sans lumière, sans la moindre vérité. Qui a traversé la guerre en refermant chaque porte derrière lui. Qui s’est fourvoyé dans tous les sièges en se croyant plus fort que tous : les nazis qui l’ont interrogé, les partisans qui l’ont soupçonné, les Américains, les policiers français, les juges professionnels, les jurés populaires. Qui les a étourdis de mots, de dates, de faits, en brouillant chaque piste. Qui a passé sa guerre puis sa paix, puis sa vie entière à tricher et à éviter les questions des autres. Puis les miennes.
Le salaud, c’est le père qui m’a trahi.
Durée : 09H20
© Éditions Grasset & Fasquelle, 2021 © et (P) Audiolib, 2021 -
« L'idée de Sam était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, petit théâtreux de patronnage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne... »
Féodor Atkine, par son intensité contenue, réussit à réinstaller le pouvoir des mots dans les tumultes des combats et l’horreur des massacres : une interprétation qui est un hommage au roman bouleversant de Sorj Chalandon.
Durée : 09H10
© Éditions Grasset & Fasquelle, 2013 © et (P) Audiolib, 2014 -
« Je n’ai pas le droit aux sentiments. Les sentiments c’est un océan, tu t’y noies. Pour survivre ici, il faut être en granit. Pas une plainte, pas une larme, pas un cri et aucun regret. Même lorsque tu as peur, même lorsque tu as faim, même lorsque tu as froid, même au seuil de la nuit cellulaire, lorsque l’obscurité dessine le souvenir de ta mère dans un recoin. Rester droit, sec, nuque raide. N’avoir que des poings au bout de tes bras. Tant pis pour les coups, les punitions, les insultes. S’évader les yeux ouverts et marcher victorieux dans le sang des autres, mon tapis rouge. Toujours préférer le loup à l’agneau. »
Dans la nuit du 27 août 1934, cinquante-six gamins se révoltent et s’échappent de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer. Voici ouverte la chasse aux enfants. Tous sont capturés. Tous ? Non : aux premières lueurs de l’aube, un évadé manque à l’appel. Voici son histoire…
Durée : 10H42
© Éditions Grasset & Fasquelle, 2023 © et (P) Audiolib, 2023 -
« Venge-nous de la mine », avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis, poings levés au ciel après sa disparition brutale. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, parti en paysan. Venger ma mère, esseulée à jamais. J’allais punir les Houillères, et tous ces salauds qui n’avaient jamais payé pour leurs crimes.
Durée : 07H59
(C) et (P) Audiolib, 2017 © Éditions Grasset & Fasquelle, 2017 -
Jeanne est une femme formidable. Tout le monde l’aime, Jeanne.
Libraire, on l’apprécie parce qu’elle écoute et parle peu. Elle a peur de déranger la vie. Pudique, transparente, elle fait du bien aux autres sans rien exiger d’eux.
À l’image de Matt, son mari, dont elle connaît chaque regard sans qu’il ne se soit jamais préoccupé du sien.
Jeanne, qui a passé ses jours à s’excuser, est brusquement frappée par le mal. « Il y a quelque chose », lui a dit le médecin en découvrant ses examens médicaux. Quelque chose. Pauvre mot. Stupéfaction. Et autour d’elle, tout se fane. Son mari, les autres, sa vie d’avant. En guerre contre ce qui la ronge, elle va prendre les armes. Elle était résignée, la voilà résistante. Elle se dresse, gueule, griffe, se bat comme une furie. Elle découvre l’urgence de vivre, l’insoumission, l’illégalité, le bonheur interdit, une ivresse qu’elle ne soupçonnait pas.
Avec Brigitte la flamboyante, Assia l’écorchée et l’étrange Mélody, trois amies d’affliction, Jeanne la rebelle va détruire le pavillon des cancéreuses et élever une joyeuse citadelle.
Durée : 07H00
(C) et (P) Audiolib, 2019 © Éditions Grasset & Fasquelle, 2019 -
Entretien avec Sorj Chalandon par Jean-Luc Hees
Sorj Chalandon, Jean-luc Hees
- Audiolib
- 2 Novembre 2016
- 9782367622613
Sorj Chalandon associe son métier de journaliste, de reporter et celui d'écrivain avec un talent remarquable. Lecteurs et critiques ne s'y sont pas trompés et ont plébiscité chacun de ses ouvrages, tout comme les jurés des prix littéraires. Ses livres, romans ou récits, sont tous empreints d'une profondeur historique, sociale mais aussi personnelle et autobiographique, qui fait toute la singularité de son oeuvre. Comment dissocier la littérature du journalisme ? L'écriture permet-elle de formuler ce qu'on ne peut pas dire ? Quelle est l'importance du style ? Cet entretien affirrme avec brio et émotion la nécessité absolue des livres, « ces armes de dignité massive ».
« J'ai pactisé avec les mots et je les respecte » Sorj Chalandon
© et (P) Audiolib, 2016
Durée : 1h04