Le titre de ce recueil de nouvelles aurait pu être : « Contes du désir et de la servitude et de ce qu'il faut de luttes, d'amour, de mensonges et autres stratagèmes afin de concilier les deux. Si cela se peut. Si cela se veut. » Mais c'était trop long. Ni Justine, ni Adeline, ni Sylviane, ni Line... aucune des héroïnes de ces quatorze nouvelles ne désirent être asservies. Cependant toutes le sont plus ou moins fortement. La religion catholique d'autrefois, la religion de l'apparence d'aujourd'hui, le statut social, les relations conjugales et familiales, le poids des habitudes, l'addiction à la cocaïne... mettent en péril la possibilité de faire des choix librement consentis. En ont-elles conscience ? Ont-elles envie d'être un peu plus libres ? Et si oui, que font-elles ?
«Je ne suis pas un oiseau, je ne suis prise dans aucun filet, je suis un être humain libre, avec une volonté indépendante». Aline a fait siens ces propos de Jane Eyre qu'elle a lus alors qu'elle avait vingt ans. Etouffée par son milieu d'origine et par l'antique morale catholique qui y règne, elle réussira à s'émanciper. Peu à peu, par des lectures et par des rencontres, elle saisira les enjeux politiques de son temps et s'ouvrira à l'art.
Elle découvrira le désir, l'amour, l'amitié, mais aussi le mépris et la trahison. Malgré ses failles et ses faiblesses, elle apprendra à prendre sa vie en main, à s'aimer et à se respecter. Elle apprendra même à pardonner, car comme lui a dit son amie Jeannette, le pardon, c'est le meilleur cadeau qu'on puisse se faire à soi-même.
Et, ce qui est loin de constituer une petite victoire pour une femme qui n'a jamais étudié et qui ne parle pas très correctement le français, Aline réussira à rédiger ses mémoires.
Ces mémoires auront pour effet de modifier, des années et des années plus tard, l'existence et l'identité d'une autre femme...
Cette histoire se passe à Moudon et à Lausanne au siècle des Lumières. Un jour de l'année 1753, le père de Jeanne et de Louise, qui est pasteur, lit Les Chroniques ou histoire curieuse du Pays de Vaud. Sa femme le coupe et dit : « Je ne veux plus de ces chroniques. Je ne veux plus de ces histoires de guerre ... Les guerres sont des stupidités. » Le père referme le livre et sort. Pendant deux jours, les époux ne se parlent plus. Le dimanche suivant la dispute, le père, aux prêches, commente le neuvième verset des Béatitudes : Bienheureux les artisans de la paix car ils seront appelés fils de Dieu. Ces jours-là, Jeanne et Louise apprennent qu'une femme est capable d'exprimer une opinion, de se confronter à un homme et de le faire réfléchir. Cette leçon marquera à jamais les deux soeurs qui ne cesseront de se nourrir des écrits des Philosophes. Oui, les guerres sont des stupidités et pourtant, en 1756, la guerre de Sept Ans éclate et touche trois continents. Entre Jeanne et Louise, une autre sorte de guerre aura lieu. Il faudra que Louise, devenue aveugle à cause de la petite vérole, soit aidée par d'autres lumières que celles de la raison pour lui permettre de pardonner à sa soeur...