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Pour en finir avec le jugement de Dieu
Antonin Artaud
- Allia
- Petite Collection
- 17 Mai 2024
- 9791030417975
En novembre 1947, Antonin Artaud enregistre Pour en finir avec le jugement de
Dieu. Cette commande de la Radio Diffusion française est programmée pour le 2 février
1948 mais la direction redoute le scandale. Sa diffusion n'aura pas lieu, le rendant
définitivement mythique.
oeuvre-testament d'un Artaud marqué par la drogue et les internements (il meurt le 4 mars
1948), Pour en finir avec le jugement de Dieu mêle transgressions triviales, imprécations
fiévreuses et fulgurances visionnaires.
Le texte intégral est ici suivi d'un dossier regroupant les articles de presse d'époque. Parmi
ceux ayant pu écouter l'oeuvre, partisans et opposants se succèdent. Pudibonds, prudents
ou fervents défenseurs du poète : tous sont ébahis, atteints par la violence novatrice de ce
texte ardent et prophétique. -
L'Ombilic des limbes ; le pèse-nerfs et autres textes
Antonin Artaud
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 2 Mai 1968
- 9782070300198
«Quand on a lu Artaud, on ne s'en remet pas. Ses textes sont de ceux, très rares, qui peuvent orienter et innerver toute une vie, influer directement ou indirectement sur la manière de sentir et de penser, régler une conduite subversive à travers toutes sortes de sentiments, de préjugés et de tabous qui, à l'intérieur de notre "culture", contribuent à freiner et même à arrêter un élan fondamental. Exceptionnel à cet égard, puisque son oeuvre ne cesse de susciter des questions auxquelles il semble aujourd'hui encore impossible d'apporter des réponses précises, Artaud ne peut être considéré ni comme un écrivain, ni comme un poète, ni comme un acteur, ni comme un metteur en scène, ni comme un théoricien, mais comme un homme qui a tenté d'échapper à toutes ces définitions, et auquel la société dans laquelle nous vivons a opposé la plus grande résistance, la plus grande surdité, la plus grande répression possible.» Alain Jouffroy.
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Le theatre et son double / le theatre de seraphin
Antonin Artaud
- Folio
- Folio Essais
- 14 Mai 1985
- 9782070323012
Celui qui ne verrait dans Le théâtre et son double qu'un traité inspiré montrant comment rénover le théâtre - bien qu'il y ait sans nul doute contribué -, celui-là se méprendrait étrangement. C'est qu'Antonin Artaud, quand il nous parle du théâtre, nous parle surtout de la vie, nous amène à réviser nos conceptions figées de l'existence, à retrouver une culture sans limitation. Le théâtre et son double est une oeuvre magique comme le théâtre dont elle rêve, vibrante comme le corps du véritable acteur, haletante comme la vie même dans un jaillissement toujours recommencé de poésie.
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Vertigineux recueil d'écrits surréalistes de
1929, L'art et la mort se présente comme un véritable feu
d'artifice dans l'oeuvre tumultueuse d'Antonin Artaud.
Huit textes qui bouleversent toute logique. Employant
une langue à la fois lyrique et hallucinée, Artaud nous
offre une lettre d'amour adressée à une voyante, relate
les tourments érotiques d'Héloïse et Abélard, plonge
dans des visions bibliques, transcende son corps en
images et en explore les frontières sensorielles. Fruit de
son adhésion juvénile au mouvement surréaliste, L'art et
la mort est un véritable joyau d'écriture visionnaire, une
incursion hallucinante dans l'esprit de l'une des figures
les plus éclectiques et tragiques du XXe siècle. -
Dans Van Gogh le suicidé de la société, publié en 1947, quelques mois avant sa mort, Antonin Artaud rend au peintre un éblouissant hommage. Non, Van Gogh n'était pas fou, martèle-t-il, ou alors il l'était au sens de cette authentique aliénation dont la société et les psychiatres ne veulent rien savoir.«Je vois à l'heure où j'écris ces lignes, le visage rouge sanglant du peintre venir à moi, dans une muraille de tournesols éventrés,dans un formidable embrasement d'escarbilles d'hyacinthe opaque et d'herbages de lapis-lazuli.Tout cela, au milieu d'un bombardement comme météorique d'atomes qui se feraient voir grain à grain,preuve que Van Gogh a pensé ses toiles comme un peintre, certes, et uniquement comme un peintre, mais qui serait,par le fait même,un formidable musicien.»
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«Mathilde prononça les paroles magiques. Aussitôt, les caractères tracés sur les bords du miroir s'animèrent et commencèrent à tracer dans l'air des figures reconnaissables. La surface d'acier poli sembla fondre et il se présenta aux yeux du moine un tourbillonnement de couleurs et d'images agitées de remous puissants. Puis les choses se disposèrent suivant leur perspective naturelle et Ambrosio vit en miniature les traits mêmes d'Antonia.Elle se trouvait dans un petit cabinet attenant à la chambre où elle couchait. Elle se déshabillait pour se mettre au bain et le moine eut pleine liberté de détailler les admirables proportions de ses membres.»
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Le théâtre et son double
Antonin Artaud
- Payot
- Petite Bibliotheque Payot
- 20 Février 2019
- 9782228922623
Transformer le théâtre, c'est aussi révolutionner notre vie. Publié en 1938, alors qu'il vient d'être interné, «Le Théâtre et son double» est un recueil de conférences, articles et lettres dans lequel Artaud entend "briser le langage pour toucher la vie". Il y développe notamment, en deux célèbres manifestes, son concept de "théâtre de la cruauté". Il y défend la dimension sacrée du théâtre, la prééminence du langage du corps sur le texte, et accorde au metteur en scène ("maître de cérémonies sacrées") plus d'importance qu'à l'auteur. Il y montre aussi que le théâtre est comme une seconde réalité, une "réalité virtuelle". Cette édition est complétée par un avant-propos de l'éditeur, ainsi qu'un dossier sur la réception de l'oeuvre, une synthèse biographique, la bibliographie des livres d'Artaud et quelques pistes de lecture
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«Voici le livre le plus violent de la littérature contemporaine, je veux dire d'une violence belle et régénératrice.Héliogabale, né sur un berceau de sperme, mort sur un oreiller de sang, est un noir héros de notre monde. Sa légende est faite de perversité et d'exécration. El Gabal, Celui de la Montagne, est non seulement l'empereur dépravé de la Rome pourrissante du Troisième Siècle, livré aux vices et à la folie, mais aussi le premier héros infernal de cette rencontre avec l'Orient, dont Apollonius de Tyane fut l'Archange. Incarnation du mythe hermaphrodite, adorateur du Soleil et de la pierre noire Élagabale, il a vécu jusqu'à l'extrême le drame de l'affrontement entre le monde gréco-latin et la Barbarie. Il s'agit bien ici d'un texte initiatique : prêtre païen et empereur de Rome à l'âge de quatorze ans, Héliogabale annonce à la fois le rite solaire des Tarahumaras, et le sacrifice de Van Gogh le Suicidé de la société, puis la descente aux Enfers d'Artaud le Mômo. Héliogabale est l'Anarchiste, avant d'être l'Alchimiste couronné.Ce livre envoûtant, le plus construit et le plus documenté des écrits d'Antonin Artaud, est aussi le plus imaginaire.Qui n'a pas lu Héliogabale n'a pas touché le fond même de notre littérature sauvage.»J.M.G. Le Clézio.
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Dernier recueil de textes composé par Antonin Artaud peu avant sa mort, Suppôts et Suppliciations rassemble des éléments apparemment disparates:des poèmes, des récits de rêves, un essai sur Lautréamont, un commentaire de dessin et des lettres. Comme le souligne Évelyne Grossman, «il faut immédiatement renoncer à chercher dans ce recueil une unité quelconque de lieu, de temps ou d'action, sur le modèle de la dramaturgie classique. Car Suppôts et Suppliciations est bien un drame, dans tous les sens du terme, la dramaturgie d'un cri de douleur et de révolte qu'Artaud met une dernière fois en scène dans ces pages éblouissantes. Le livre est composé de trois parties (entendons, trois actes au sens théâtral du terme):Fragmentations, Lettres, Interjections. Au centre du volume, les lettres envoyées à quantité d'interlocuteurs constituent ce qu'Artaud appelle le pont d'une correspondance vraie. Elles dessinent la scène centrale sur laquelle se dresse l'homme acteur, lui Antonin Artaud, qu'on veut empêcher d'être Dieu, d'incarner le corps infini de la création, lui qui inlassablement hurle son refus de la mort, sa haine d'une anatomie où il étouffe, son exécration d'une société qui chaque jour le dévore. Le 13 mars 1946, il écrit à Henri Thomas:Cet appel est celui d'un poète qui vent aimer les coeurs qui ont bien voulu lui faire l'honneur de l'écouter et de l'entendre, et qui veut par toutes les projections de son souffle leur donner lieu de respirer dans ce monde d'asphyxiés.»
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«Moi je réponds que nous sommes tous en état épouvantable d'hypotension,nous n'avons pas un atome à perdre sans risquer d'en revenir immédiatement au squelette, alors que la vie est une incroyable prolifération, l'atome éclos en pond un autre, lequel en fait immédiatement éclater un autre.Le corps humain est un champ de guerre où il serait bon que nous revenions.C'est maintenant le néant, maintenant la mort, maintenant la putréfaction, maintenant la résurrectionattendre je ne sais pas quelle apocalypse d'au-delà,l'éclatement de quel au-delà pour se décider à reprendre les choses est une crapuleuse plaisanterie.C'est maintenant qu'il faut reprendre vie.»Antonin Artaud, 1946.
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Le théâtre de la cruauté est une attention constante pour Antonin Artaud. Mais après la guerre et le long internement asilaire, sa quête devient désormais une affaire de souffle et de profération, une profération agissante, «perforante», pour «guérir et régenter la vie». Dans ces textes-manifestes écrits et proférés en 1947, l'oralité est pratiquée dans la tentative furieuse de réinventer le langage, mais aussi de se refaire, de se refaire un corps, pour une «révolution intégrale». Contre l'aliénation moderne qui s'exerce jusque dans nos corps, Artaud s'efforce d'être «un définitif aliéné».
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"Artaud rencontre Génica Athanasiou en 1921, alors qu'ils sont tous deux acteurs dans la troupe du Théâtre de l'Atelier ; elle sera son grand amour.
Artaud est alors un jeune poète qui n'a rien publié, ou presque : c'est durant leur relation qu'il noue des liens avec la N.R.F., les surréalistes, Abel Gance ou Carl Dreyer, et qu'il vit une grande partie de sa carrière d'acteur, au théâtre et au cinéma.
Déjà ses problèmes psychiatriques et de toxicomanie envahissent sa vie personnelle ; Génica soutiendra contre eux une lutte perdue d'avance.
Cette correspondance amoureuse, tantôt sublime, tantôt déchirante, est le vivant témoignage d'une passion, tout autant que celui de la descente aux enfers d'une des figures les plus complexes des avant-gardes françaises du XXe siècle."
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«Le pays des Tarahumaras est plein de signes, de formes, d'effigies naturelles qui ne semblent point nés du hasard, comme si les dieux, qu'on sent partout ici, avaient voulu signifier leurs pouvoirs dans ces étranges signatures où c'est la figure de l'homme qui est de toutes parts pourchassée. [...] Que la Nature, par un caprice étrange, montre tout à coup un corps d'homme qu'on torture sur un rocher, on peut penser d'abord que ce n'est qu'un caprice et que ce caprice ne signifie rien. Mais quand, pendant des jours et des jours de cheval, le même charme intelligent se répète, et que la Nature obstinément manifeste la même idée ; quand les mêmes forment pathétiques reviennent ; quand des têtes de dieux connus apparaissent sur les rochers, et qu'un thème de mort se dégage dont c'est l'homme qui fait obstinément les frais, - et à la forme écartelée de l'homme répondent celles devenues moins obscures, plus dégagées d'une pétrifiante matière, des dieux qui l'ont depuis toujours torturé ; - quand tout un pays sur la pierre développe une philosophie parallèle à celle des hommes ; quand on sait que les premiers hommes utilisèrent un langage de signes et qu'on retrouve formidablement agrandie cette langue sur les rochers, certes, on ne peut plus penser que ce soit là un caprice, et que ce caprice ne signifie rien.» (Extrait de La montagne des signes.)
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Lettres au dr ferdiere (1943-1946) et autres textes inedits suivis de six lettres a marie dubuc (1935-1937) préface du dr gaston ferdière présentation et notes de pierre chaleix investi de ce qu'il croyait être sa mission, antonin artaud s'en fut, en 1937, rapporter la canne de saint patrick aux irlandais.
Arrêté à dublin, ramené au havre, on l'enferme. pendant neuf ans il ne connaîtra plus que la face du dedans des murs asilaires. en 1940, quand survient l'occupation, il est à ville-evrard. a la souffrance de son internement, s'ajoutent pour le poète la faim, le dénuement.
Les efforts conjugués du fidèle robert desnos et de son ami gaston ferdière, qui dirige en " zone non occupée " l'asile de rodez, réussissent à faire passer arthaud en un lieu, où, à défaut de liberté, il trouvera, avec l'amitié, des soins attentifs jusqu'au dévouement.
Nous sommes en février 1943. jusqu'à sa sortie en 1946, artaud écrira à son médecin, qu'il voit cependant chaque matin, près de cinquante lettres. la reconnaissance et l'affection jalouse côtoyant la revendication - si ce n'est l'aigreur certains jours - projettent sur cet ensemble le reflet incomparablement vrai de la vie du poète interné. il y a plus : dans ces lettres s'exprime une foi chrétienne, sinon romainement orthodoxe du moins passionnée jusqu'au mysticisme.
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"Ou nous ramènerons tous les arts à une attitude et à une nécessité centrales, trouvant une analogie entre un geste fait dans la peinture ou au théâtre, et un geste fait par la lave dans le désastre d'un volcan, ou nous devons cesser de peindre, de clabauder, d'écrire et de faire quoi que ce soit". Antonin Artaud
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Si l'on tente de reconstituer l'état d'esprit d'Artaud avant et pendant la mise en oeuvre des Cenci, il faut se débarrasser de deux images : de celle du poète foudroyé, abruti par les électrochocs qu'on lui administrera pendant la guerre à Rodez ; de celle du rêveur inconscient qui se croit en mesure de réinventer le théâtre et qui subit, lors de la représentation de sa pièce aux Folies-Wagram, en mai 1935, un échec cuisant et définitif. Un retour en arrière s'impose : en 1934, Artaud est tout sauf un perdant. Librement inspirés de Shelley et de Stendhal, Les Cenci ne sont pas une pièce psychologique. Les personnages n'intéressent Artaud que dans la mesure où ils sont les supports de forces qui les dépassent, reconnaissables néanmoins comme nos semblables par quelques traits d'humanité commune. Ce qui frappe dans l'aventure de Béatrice Cenci est la démesure qui peut facilement basculer du tragique dans le grand-guignol : drame de viol et d'inceste mâtiné de touches politiques et antireligieuses, où le vieux Cenci règle ses comptes à la fois avec Dieu, le pape, ses pairs, sa famille et lui-même. Le crime est suivi d'une vengeance. Les Cenci, tels que la pièce a été reçue par Artaud de Shelley et de Stendhal et telle qu'il l'a récrite, est à la fois un drame romantique avec son héros du mal, sorte de Faust luciférien ; une pièce d'intrigue avec son complot, ses séides, ses comparses et ses coups de théâtre ; un mélodrame où viendrait pleurer Margot ; une oeuvre sentimentale où s'exhale la plainte des enfants et de la belle-mère contre la méchanceté du père et du mari. Artaud concevait cet ensemble comme un compromis équilibré entre des tensions conciliables : « J'ai essayé de faire parler, non des hommes, mais des êtres ; des êtres qui sont chacun comme de grandes forces qui s'incarnent et à qui il reste de l'homme juste ce qu'il faut pour les rendre plausibles au point de vue de la psychologie ». Aujourd'hui l'on dira que Les Cenci ne sont pas une oeuvre à percevoir comme un spectacle à voir et à entendre, avec les yeux de l'esprit et les oreilles de l'imagination, dans toutes ses dimensions non écrites et relevant de la seule initiative du metteur en scène-maître d'oeuvre : tension des silences, rythme des violences, bruitage et broyage des mots, musique des lumières et des mouvements, métamorphose des affects en gestes symboliques ; en somme, interpénétration constante et imprévisible de tous les possibles d'un spectacle, cette interpénétration étant sensible, à la lecture, par le nombre et l'importance des indications scéniques.
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Antonin Artaud aurait voulu que lui soit épargnée la dérision de voir les textes qu'il écrivait au Mexique connus en espagnol avant de l'être dans leur langue originale. C'est pourtant ce qui arriva pour la plupart d'entre eux. Aussi les Messages révolutionnaires furent-ils, à leur parution, une révélation.On y découvre un Antonin Artaud beaucoup plus inséré dans son époque qu'on a voulu le dire et participant comme jamais il ne l'a fait en France à la vie politique et sociale d'un pays qui lui paraît être un creuset de l'Histoire. Sa réflexion sur le marxisme, entamée depuis son passage dans le surréalisme, il la poursuit ici, à vif, en se passionnant pour la révolution mexicaine qu'il souhaiterait plus pro-indienne qu'elle ne l'est. Et, par le «contact avec la Terre Rouge», il cherche à retrouver les secrets de l'antique culture solaire. Grâce à cela, sans doute, les Messages révolutionnaires, écrits en 1936, vibrent toujours d'échos contemporains.
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Funeste commémoration de la grande peste qui frappa Marseille en 1720, un nouveau virus se propage sur la planète. C'est sur la première, qui décima sa ville natale au xviiie siècle, qu'Antonin Artaud écrivait en 1934. Pourtant, relu au prisme de l'actuel contexte épidémique, c'est de notre civilisation vacillante que le texte de ce génial insurgé semble tracer le tableau.Pour celui dont l'oeuvre entier navigue entre surréalisme et folie, la peste est le signe d'un désordre plus vaste que l'enchevêtrement des corps putréfiés. Comme le théâtre déborde la scène, la peste dépasse le microbe. La peste, comme le théâtre, est le temps de la démesure ; des forces et des possibilités se libèrent, qui nous arrachent collectivement à l'inertie et font tomber les masques.
Puissante, visionnaire, la prose d'Artaud vient interroger en creux le devenir de nos sociétés moribondes ; notre devenir.
En mettant à nu nos fragilités et nos errements, la pandémie actuelle aura-t-elle une vertu cathartique qui « nous rendra à tous l'équivalent naturel et magique des dogmes auxquels nous ne croyons plus » ?
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Les nouvelles revelations de l'être ; lettres de sorts
Antonin Artaud
- Prairial
- 11 Janvier 2019
- 9791093699165
1937 est une année de bascule pour Antonin Artaud. En juillet, il publie sans nom d'auteur Les Nouvelles Révélations de l'Être, où il prophétise une destruction "totale", "occulte", "infernale". Il part ensuite pour l'Irlande, où il ère plusieurs semaines durant en envoyant des lettres innombrables - demandes d'argent, avertissements occultes, "sorts" de protection ou de malédiction...
Le 23 septembre, Artaud est arrêté à Dublin pour vagabondage et trouble de l'ordre public. C'est cet ensemble d'écrits brûlants et hallucinés de 1937, jamais réédité en dehors des oeuvres complètes, que les éditions Prairial rendent à nouveau disponibles.
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Mon corps est à moi, je ne veux pas qu'on en dispose. Dans mon esprit circulent bien des choses, dans mon corps ne circule rien que moi. C'est tout ce qui me reste de tout ce que j'avais. Je ne veux pas qu'on le prenne pour le mettre en cellule, l'encamisoler, lui attacher au lit les pieds, l'enfermer dans un quartier d'asile, lui interdire de sortir jamais, l'empoisonner, le rouer de coups, le faire jeûner, le priver de manger, l'endormir à l'électricité..
La date du 13 janvier 1947, est aujourd'hui devenue mythique : au Théâtre du Vieux-Colombier, à 21 heures, Antonin Artaud tient une conférence devant une salle bondée où sont présents :
Paulhan, Adamov, Gide, Breton, Camus, Braque, Picasso, Dufour, Derain, Audiberti, et beaucoup d'autres. Ce projet de conférence qu'Artaud avait formé très peu de temps après son retour à Paris, reste un événement hors du commun qui l'a vu s'exposer de manière totale, parfois à la limite du soutenable. Il était venu au théâtre avec trois cahiers contenant un texte soigneusement préparé dont nous donnons ici la transcription établie par Paule Thévenin.
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« Je ne suis pas Mr Artaud mais Mr ARLAND, j'ai francisé mon nom qui est en réalité ARLANAPULOS. Je suis sujet Grec, né à Smyrne, (Turquie d'ASIE) le 29 septembre 1904. J'habite Paris depuis 1921, j'ai fait des Études en Sorbonne de 1921 à 1923-24, j'ai fourni des adresses à Mr le Médecin chef. Je suis dessinateur de profession. [.] Je me suis réfugié en Irlande, et mes papiers d'identité m'ont été VOLES à la Préfecture de Police de Dublin (DUBLIN CASTLE) tandis que j'étais interrogé sur les raisons de mon séjour là-bas. » Contrairement à certaines affirmations, Antonin Artaud n'a jamais cessé d'écrire. Mais les lettres rédigées depuis son internement d'office à l'hôpital de Sotteville-lès-Rouen en octobre 1937, puis Sainte-Anne et Ville-Evrard, jusqu'à son départ pour Rodez en 1943, semblaient perdues.
Grâce à l'obstination de Serge Mallausséna, neveu du poète, ces lettres inédites ont été pour l'essentiel retrouvées dans les dossiers de l'administration hospitalière ou, au terme d'une enquête quasi policière, dans des collections privées.
Rédigées à partir des asiles, elles sont, pour la plupart, destinées à alerter l'opinion. Beaucoup sont délirantes, d'autres nous relatent son vécu à l'intérieur des différents établissements psychiatriques. Elles sont adressées à toutes sortes de correspondants : des hommes politiques, des docteurs, des infirmiers, des amis du monde littéraire et artistique, à sa famille. La plupart ne sont jamais arrivées à destination, soit retenues volontairement par les services responsables, soit gardées à titre personnel par certains médecins.
Elles permettent de pénétrer au coeur des obsessions d'Artaud et de ses délires, montrent son acharnement à survivre et à être entendu. Elles nous permettent de percevoir ses souffrances, et illustrent également la réalité du pouvoir psychiatrique.
Ces documents exceptionnels, qui permettent de mieux comprendre l'imaginaire et fantastique discours élaboré par Artaud pour recouvrer sa liberté ou faire revivre des personnes absentes, sont aujourd'hui révélés dans leur totalité.
Préface de Serge Mallausséna
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La langue tombe, s'effondre, resurgit brutalement, verticale : elle se décompose et vit. Publiées en 1937 les Nouvelles révélations de l'être agissent comme une prophétie : «je ne suis pas mort, je suis séparé». Dès lors qu'il se dit «mort au monde», Artaud se trouve incapable de parler en son nom : commence, quelques mois après la publication, le long séjour asilaire qui sera un chemin vers la reformation d'un moi à partir de fragments épars.
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Ce double tome I a inauguré une nouvelle édition des Oeuvres complètes d'Antonin Artaud, dont la publication avait été entreprise en 1948. C'est dire que depuis cette époque nos recherches avaient abouti à la découverte de nombreux textes et lettres. Le format actuel a permis d'enrichir chacun des tomes de ces éléments nouveaux qu'il nous a paru indispensable de mettre à la disposition des lecteurs.Le présent double tome est la refonte du tome I et de son Supplément. Il a été, en outre, augmenté de plusieurs textes inédits et de lettres retrouvées depuis 1970. Signalons tout spécialement Point final, publié en 1927 à compte d'auteur, que nous avions fini par croire perdu sans recours et qui a été retrouvé comme par miracle en 1971, texte sans lequel la position d'Antonin Artaud par rapport au surréalisme ne peut être comprise dans sa totalité et sa complexité.Antonin Artaud a toujours lui-même considéré sa correspondance comme partie intrinsèque de son oeuvre, et il est peu d'ouvrages composés par lui et publiés de son vivant qui ne contiennent de lettres réelles. Ainsi, un certain quotidien de sa vie était introduit dans ce que l'on était convenu d'appeler une oeuvre, et agissait comme destructeur de la notion même d'oeuvre.
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Prophète désespéré, fouilleur du néant, de ses violences et de ses dangereuses tentations, naufragé de la vie, Antonin Artaud n'a plus - quatre ans avant sa mort, et alors qu'il est enfermé dans l'hôpital psychiatrique de Rodez où il subit une série d'électrochocs -, que ses mots auxquels se raccrocher, comme à des bouées. Des mots qu'il façonne dans des phrases qu'il maltraite et qui découvrent tout un monde, « son » monde.
Dans Révolte contre la poésie, comme dans la lettre qu'il adresse à Anne Manson en février 1944 - les deux textes publiés dans le présent ouvrage -, Artaud semble à bout : il a perdu tout espoir de trouver la pureté sur cette terre, et chez les « spectres » et les « pourceaux » qui la peuplent. Même la culture a disparu, lui enlevant son dernier espoir, son ultime refuge. Il se retrouve seul dans un « face-à-face » insupportable avec son corps, ses démons et ses « viles pensées », contre lesquels il a engagé un combat pour sauver son âme.