Les guides des Arts deviennent les guides Hazan !
Que voit-on ? Comment se sont élaborés les différents types de sculpture ? Comment voit-on ? Comment s'exprime le sculpteur ? À quoi sert la sculpture ? Où contempler des oeuvres sculptées? Qu'en a-t-on dit ? L'objectif de ce livre n'est pas de proposer une histoire générale de la sculpture, mais de fournir plutôt au lecteur étudiant, amateur, curieux, érudit des clés pour améliorer son regard et sa compréhension des oeuvres, en acceptant le défi d'embrasser un millénaire de sculpture dans la sphère culturelle occidentale.
Art de l'espace, art du temps, à l'instar de la musique, la sculpture est un objet d'étude qui se laisse difficilement saisir. Il faut en faire le tour, multiplier les points de vue, se déplacer, être capable d'envisager une combinatoire extrêmement complexe de qualités formelles, traverser mille ans d'histoire et de styles.
Huit chapitres proposent autant de chemins pour regarder la sculpture : par les lieux, les techniques, les formes, les conditions de présentation et de perception, les thèmes et les sujets, les styles dans leurs constantes récurrentes, les usages et les fonctions, et enfin les textes interprétatifs, littéraires ou poétiques.
Cet ouvrage invite à redécouvrir le « rôle divin de la sculpture », comme l'écrivait Baudelaire dans son Salon de 1859, grâce à la maîtrise des outils pédagogiques essentiels.
La sculpture du XIXe siècle, en particulier française, est demeurée pour la recherche en histoire de l'art un continent quasiment inexploré jusqu'aux deux dernières décennies du XXe siècle. Les récentes études sont loin d'épuiser le champ des découvertes et redécouvertes, et les synthèses demeurent très rares. On dispose en effet d'ouvrages ou très spécialisés (la plupart du temps des catalogues d'exposition) ou très généralistes qui traitent de la sculpture en général ou des arts du XIXe siècle. Il reste cependant une place pour revisiter la sculpture du XIXe siècle pour elle-même, dans son ensemble et dans ses aspects les plus fondamentaux. C'est dans cette perspective que s'inscrit l'essai proposé par Claire Barbillon, qui propose de suivre, sur l'ensemble du siècle, une des manifestations fondamentales, continue mais jusqu'à présent peu étudiée en elle-même, de la sculpture, le relief, qui pose des problèmes à la fois spécifiques et très généraux, puisqu'il permet de manière privilégiée de confronter la sculpture aux autres arts. La démarche mise en oeuvre par l'auteur poursuit trois objectifs. Le premier consiste à s'arrêter sur des oeuvres qui sont parfois restées aux marges de l'histoire de la sculpture et n'ont été valorisées qu'individuellement, que ce soit du point de vue de la technique, du genre, de la forme ou du style. Le deuxième objectif consiste à mesurer la multiplicité des formes du relief, ses limites, ses conséquences et ses fécondités. Le troisième cherche à tracer de nouvelles perspectives sur la sculpture du XIXe siècle.
Que signifie, dans les discours sur l'art qui traversent le XIXe siècle jusqu'à la mise en cause de la figuration au XXe Siècle, la constante référence au canon de proportions ? Pourquoi cette ambition normative revient-elle avec force du néoclassicisme à Le Corbusier ? Art, proportions, science et métaphysique semblaient pourtant avoir été fixés depuis la Renaissance dans un équilibre stable.
Mais, au XXe siècle, les termes de cet édifice changent. L'idée de canon resurgit avec une particulière acuité au moment où le système de représentation connaît dans l'art occidental des remises en cause profondes. Voyageant à travers l'extraordinaire floraison de théories de proportions et les surprenantes rêveries auxquelles elles donnent lieu, Claire Barbillon montre comment la question du canon participe directement d'une réflexion sur la création artistique et annonce le passage à l'abstraction.
Alors que la peinture suscita la création d un genre littéraire, l ekphrasis, et donna naissance à certaines des plus belles pages de la littérature, la sculpture peut laisser penser qu elle entretient des rapports complexes et plus rares avec l écriture. Pourtant, lorsque Victor Hugo faisait dire au Jupiter de Phidias : « L angle de mon sourcil touche à l axe du monde », il changeait le regard sur l uvre muette. Et David d Angers, le plus grand sculpteur du début du XIXe siècle, considère son art comme une « écriture monumentale », alors que Bourdelle parle de « petit livre de marbre »...Ainsi les figures nées sous le ciseau des plus habiles sculpteurs ont parfois suscité de belles productions littéraires. De grands écrivains romanciers ou essayistes (Montesquieu, Hippolyte Taine, Stendhal, George Sand, Émile Zola) ; de savoureux poètes (Pierre de Ronsard, Boileau, La Fontaine, Philippe d Arbaud, Philippe de Massa, Alphonse de Lamartine), de remarquables narrateurs (Jérôme de Lalande, Louis Liger, Dezallier d Argenville, comte de Caylus, Charles-Nicolas Cochin) ou critiques (Francesco Milizia, Abbé Dubos, Denis Diderot, Quatremère de Quincy, Winckelmann) et même des artistes eux-mêmes (Benvenutto Cellini, Henry Moore) se sont essayés à faire revivre, sous leur plume, la vibration de la pierre, la qualité peaussière, la vie qui jaillit du bloc.
Plus méconnus que ceux consacrés à la peinture, mais non moins passionnant, ce sont ces extraits des plus belles pages de la littérature, consacrées aux plus belles réalisations de la sculpture qui sont ici présentées et réunies pour la première fois.