Vivre avec son temps ou prendre son temps ? Adopter le second parti implique qu'on se défie un peu du premier. La revue Travioles, dessin, photo, littérature et philosophie, créée en 1999 par Antoine Gallien, Valérie Grall et Christian Jambet, parie sur le papier, la lecture paisible et concentrée, l'offre plutôt que la demande, la découverte de jeunes artistes ou d'inédits d'autrices et auteurs confirmé(e)s. Le succès honorable du n° 1 de la nouvelle série a permis la publication du n° 2. Au sommaire, notamment : Arthur Aillaud, Thomas Clerc, Pascale Bouhenic, Dune Delhomme, Jean-Marie Chevrier avec l'aimable complicité de Pierre Michon, Lucio Fanti, des dessins de Faustine Sayagh, Stéfani de Loppinot sur le film Tarzan and his Mate, Paul Audi sur Gérard Traquandi, Yves Leroy sur Jean Pierre Le Goff, Jean François Debord, Hortense Lyon, Maougocha Goldberg sur Gombrowicz, des dessins ethnologiques de Ana Maria Lozanorivera ... Le retour imprévu dans l'espace européen de fléaux qu'on cro
On peut préférer Duchamp à Picasso, ou l'inverse, pencher pour l'économie précise et faussement désinvolte du premier, ou pour la boulimie créatrice du second, mais vouloir donner à l'un ou à l'autre artiste le dernier mot, c'est éviter à bon compte un débat sur le statut de l'art aujourd'hui, qui est loin de se résumer au constat du décès de la peinture et de la sculpture, ou au miracle de leur résurrection d'entre les ruines.
La revue Travioles - dessin, photo, littérature et philosophie ?a été créée en 1999 par Antoine Gallien, Valérie Grall et Christian Jambet, et a existé jusqu'en 2012. Nous avons décidé d'en relancer la publication.Publier en 2022 une revue expérimentale sur papier pourra sembler relever de l'anachronisme, ou de la nostalgie d'un autre monde ! Nous croyons cependant au caractère irremplaçable de cet espace de rencontre entre les artistes qu'est, depuis deux siècles, la revue. Dans ce numéro 1, des écrivaines et écrivains ( Fabienne Radi, Maougocha Golberg, Muriel Edelstein, Nancy Huston, Bruno Gibert), des dessinatrices et des photographes (Elisabeth Llach, Delphine Garcia Debord, Marie Thurman, Agnes Geoffray, Susanna Pozzoli , Lea Dumayet, Léa Bouton, Fred Wiseman), un essai sur Gilles Aillaud. Pas d'autre ligne politique que notre goût de partager des oeuvres, des styles et des mondes que la vie nous a fait croiser, et que nous rêvions de voir se côtoyer.
L'acquisition des Enfants Blanchard par un Picasso si peu enclin à la collection, en dépit des moyens financiers qui étaient les siens, demeure une petite énigme, qu'à défaut de résoudre (sauf miraculeuse réapparition d'une correspondance perdue, personne ne saura jamais la vérité) on ne peut s'empêcher de vouloir interroger.
L'essentiel sur l'Art Pauvre !
En 1967, différents manifestes annoncent la naissance de l'Arte Povera. L'exposition et l'article de Germano Celant inscrivent d'emblée le mouvement à la croisée des disciplines, faisant autant référence aux arts plastiques qu'au cinéma ou au théâtre. L'Arte Povera se caractérise par la simplicité du geste créateur et la mise en évidence d'une matière dépouillée. Les matériaux utilisés par les artistes sont souvent naturels ou de récupération.
Cette forme de recyclage tient moins d'un credo que d'une attention portée aux traces, aux reliefs et aux plus élémentaires manifestations de la vie.
Penone a lui-même maintes fois raconté une anecdote qui dit, mieux que mille explications, ce qui fut à la source de son travail de sculpteur : regardant, à l'école des beaux-arts de Turin où il a fait ses études, un professeur de modelage façonner un buste, il a soudain cessé de percevoir comme visage l'image qui s'élaborait lentement par additions et soustractions d'argile, pour ne plus y voir que l'empreinte des mains du sculpteur, le négatif des mains du sculpteur. Le buste n'était plus prioritairement un visage et secondairement la trace du geste qui l'avait façonné, mais le contraire. Les hiérarchies tout à coup s'inversaient. Ce renversement de perspective ordonnera toute l'oeuvre de Penone - l'image y perdant sa prééminence au profit d'une mise en évidence du geste sculptural comme un toucher du monde, caresse ou geste amical destiné à apprivoiser ses mystères.
The Big Red One, de Samuel Fuller, est le récit de l'expérience, fondatrice, que le réalisateur fit du deuxième conflit mondial, dans la première division d'infanterie des États Unis. Ce n'est pas au sens strict son dernier film, ni évidemment son seul film de guerre, mais c'est son dernier chef-d'oeuvre, le plus autobiographique, une synthèse de ses pré-occupations d'homme et de cinéaste. Au point que l'on peut se demander si toutes les scènes tournées au cours de sa longue carrière ne sont pas autant de répétitions générales en vue de ce bouleversant long métrage testamentaire. À Ferdinand Griffon, alias Pierrot le fou, qui demandait en 1965 chez Godard une définition du cinéma, Fuller, jouant son propre rôle, n'avait-il pas répondu : « Un film, c'est comme un champ de bataille. » ?
« Dans l'exposition Flanagan à la Galerie Lelong & Co. en 2019, le spectateur s'arrêtera peutêtre devant une admirable petite sculpture qui ne comporte ni femme, ni homme, ni lièvre, pas même un chien, un cheval ou un éléphant : Cradle Probe. Une «sonde à berceau» ?
Le titre l'aidera un peu, mais il comprendra vite qu'il s'agit d'une variante métaphorique des Lièvres Nijinski dansant sur des Penseurs ou des éléphants : l'image d'un boomerang en équilibre sur une enclume, ou pour être précis une demienclume (on trouve d'ailleurs beaucoup d'enclumes, notamment dans le rôle de socles, chez Flanagan).
Tout, chez le sculpteur britannique sans nul doute le plus singulier de sa génération, concourt à un jeu de poids et mesures qui est recherche permanente de «solutions imaginaires» (mais efficaces) au problème de la pesanteur, au sens propre et au sens figuré du mot. » Didier Semin
Ce catalogue d'exposition réunit une soixantaine de "Montages", ainsi appelés par l'artiste car il ne s'agit pas de collages, mais de groupements de petites peintures ou papiers réalisés en différents lieux et à diverses époques, selon le principe de la superposition, de l'accumulation ou de la métamorphose.
L'intention première de Saura est de "refléter les structures du mur de la vie, où l'on épingle les captures quotidiennes". Un hommage nostalgique au cahier de coupures de journaux confectionné par son père à Barcelone pendant la guerre civile espagnole et perdu à jamais. On y retrouve les thèmes chers à l'artiste : portraits imaginaires, têtes, suaires, dames, nus, cartes postales avec effacements...
Antonio Saura est né à Huesca en 1930 et mort à Cuenca en 1998.
Découvrez Mémoires de Leonard Smithers - Editeur, pornographe, libraire et collectionneur, traître aux dernières volontés de son ami Aubrey Beardsley, par fidélité à son oeuvre, le livre de Didier Semin
Historien de l'art, essayiste, conservateur de musée ou professeur, Didier Semin est peut-être avant tout un regard (don d'acuité cruelle et sens du point de vue) servi par un ton d'une rare élégance et d'une inimitable drôlerie, une culture savante et curieuse tempérée par une indépendance d'esprit que n'impressionne plus aucune autorité.
Après Le Peintre et son modèle déposé (2001), le Mamco publie L'Atlantique à la rame. Il est recommandé de prendre ce titre au sérieux. La traversée de l'existence s'apparente à maints égards à cette improbable épreuve. Cet ensemble fragmentaire n'est pas un recueil mais une sorte de livre de bord qui pourrait bien devenir votre livre de chevet tant il balaie subtilement le monde au gré d'aguets distraits, d'humeurs passagères en digressions imprévues. On songe parfois au grand art disparu de la conversation en lisant ces morceaux irréguliers, traitant apparemment de tout et de rien, mais toujours selon un focus lumineux ou désopilant, et brossant de surcroît le portrait délicieux et barthésien d'un Didier Semin par lui-même.