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Metropolis
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Dans ces récits grammaticaux, tels des moments musicaux qui s'immobiliseraient sur quelques notes, Esther Orner, auteur unanimement salué par la presse de "Autobiographie de personne", repend le fil de sa vie où l'Histoire ou d'autres fatalités ont laissé leur empreinte.
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Absence de dates, de noms, de lieux, de personnes, dans ce journal écrit à la première personne du féminin.
Même si l'auteure s'applique à brouiller les pistes, même si rien n'est prononcé, tout raconte la trajectoire solitaire de cette femme qui dit être née dans un pays qui est " mort " et n'avoir pas réussi à vivre dans celui où l'on arrive " à l'aube ". Dans le silence d'un mot qu'on ne prononce jamais, Shoah, s'installent tous les mots qui séparent la mère et la fille à qui ce journal est destiné, un silence qui les isole l'une de l'autre jusque dans cette maison de retraite où la narratrice vit ses dernières années.
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" ...
Les Israéliens sont toujours pour la coalition, rarement pour l'opposition, et en plus, personne ne veut en être. Je m y suis reconnue. Même lorsque je n'ai pas voté pour ceux qui sont au pouvoir, je les respecte. Et si souvent j'acquiesce c'est sans doute pour les remercier de bien vouloir diriger cet indirigeable pays et ce peuple que nous sommes. Et puis c'est ma compréhension de la démocratie, laisser gouverner tant qu'un gouvernement a la majorité.
" Cette petite phrase glissée en page 155 proclame haut et fort le désir de l'auteure :: confier à un cahier les humeurs et les événements qui vont marquer un an de sa vie sans remettre en question le monde dans lequel elle vit. Esther Orner s'affirme ainsi ni militante, ni philosophe, ni moins encore futurologue, mais bien la pronatrice admirable et admirée du moi intime, et qui, malgré la peur au ventre, grimpe dans le bus ou le train pour courir de Tel-Aviv à Haïfa, de Jérusalem à Beersheba, aux fins d'assister à une conférence, la projection d'un film ou encore une discussion dans la petite communauté littéraire francophone d'Israël.
Dans ce journal d'un an d'une guerre qui se définit pour elle uniquement comme " Intifada 2, attentats suicides ", elle se raconte dans son quotidien banal et souvent sanglant, comme elle le vit, le ressent, au jour le jour, sans vision d'avenir. Dans l'enfermement dans lequel la plonge la violence, " L'autre " est invisible, à peine esquissé, seulement vécu comme vérité mortifère.
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Entre deux vies clos l'histoire d'une vie et d'une Histoire. Si dans Autobiographie de personne, elle donne la parole à sa mère, dans ce présent récit c'est son mari qui prend la plume pour la première fois, ce mari mort très jeune d'un cancer foudroyant, au moment même où ils s'installaient en Israël dans les années quatre-vingt.
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Petite biographie pour un rêve est le troisième volet d'un triptyque qui tente de tisser la toile des souvenirs et de rétablir la parole.
Le texte naît de la rencontre dans un rêve de deux figures de femmes. Interrogeant ces images de son passé, la narratrice se penche sur son enfance cachée pendant la Deuxième Guerre mondiale, et évoque en contrepoint ses débuts littéraires. Associant des bribes de mémoire et superposant les époques, l'écriture, à la fois allusive et répétitive, au rythme proche de celui de la parole, envoûtante comme un récitatif, lie les fragments du passé.
Autobiographie de personne (éd. Metropolis, 1999), première oeuvre du triptyque, donne la parole à une mère vieillissante, alors que Fin et Suite (éd. Metropolis, 2001) est une longue missive d'adieu d'une fille à sa mère défunte.
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