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Georges Navel
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«En élevant des poules, des lapins, des abeilles, j'espérais tirer ma subsistance, lutter, vaincre la nature, faire pousser des légumes, loin des patrons, des chantiers, des bourgeois, vivre libre, dans une heureuse pauvreté. J'avais trente ans, des illusions, il en fallait pour ma tentative. Mon capital d'entreprise se limitait à trois mois de vivres, le temps d'atteindre à la récolte des pommes de terre et d'un carré de haricots verts. Pionnier d'un foyer futur, je vivais momentanément seul.» Dès la fin des années 1920, Georges Navel vit d'une saison à l'autre dans l'arrière-pays provençal. Il habite, tantôt seul, tantôt entouré d'amis, une maison abandonnée entre vignes et forêt. Tout ne va pas sans heurt. Il y a des moments d'affrontement ou de désespoir. Mais dans ces pages à la poésie merveilleuse, extraites de Chacun son royaume, nous voyons «cette patiente recherche du bonheur» s'accomplir tel un «travail de héros grec», les «Travaux et les Jours d'un Hésiode syndicaliste», selon les mots de Jean Giono.
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Dans ce récit d'une rare sincérité, Georges Navel (1904-1993) raconte sa vie. C'est celle d'un enfant d'ouvriers, né au début du siècle, et qui s'élève par ses propres forces, à travers maintes aventures, à la connaissance du monde, de la société et de soi-même. Son enfance, avant et pendant la guerre de 1914, ses apprentissages, ses vaines tentatives pour adhérer de toute son âme à un parti politique qui satisfasse ses aspirations, son non-conformisme, notamment en matière de service militaire, sa participation à la guerre civile espagnole, sa mobilisation en 1939, son installation dernière comme fermier dans le Midi forment autant de tableaux d'une sobriété, d'une pudeur et d'une franchise exceptionnelles. En même temps c'est la découverte des véritables nourritures terrestres, de la joie de vivre, d'exercer ses muscles, de nager et de dormir, mais aussi de manier la pelle, la pioche ou la lime. La sagesse, un peu teintée de résignation, à quoi l'auteur atteint au terme de son livre (en 1943) n'est pas celle qu'inspire une vue métaphysique de l'homme et du monde mais celle qu'enseignent «une existence lourde d'expérience, un itinéraire spirituel singulièrement âpre et vivant».
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Manoeuvre, ouvrier agricole, apiculteur, terrassier, ajusteur, correcteur d'imprimerie, Georges Navel (1904-1993) est connu pour être l'auteur de Travaux; un des grands classiques de la littérature ouvrière paru en 1954. Peu savent qu'il poursuivit sa quête autobiographique et humaniste dans d'autres ouvrages tout aussi remarquables.
Comme Passages, son ultime livre paru en 1982, dans lequel il raconte sa jeunesse. Petit dernier d'une fratrie de treize enfants, il a à peine dix ans quand éclate la Première Guerre mondiale. Obligé de quitter sa chère campagne lorraine, la Croix Rouge l'expédie en Algérie où il découvre avec stupeur les affres du colonialisme. Il retrouve ensuite sa famille à Lyon, y exerce ses premiers petits boulots, et y découvre un bouillonnement anarcho-syndicaliste dans lequel il s'immerge, ferment de sa future insoumission et de son engagement en 1936 dans la Révolution espagnole.
L'oeuvre de Georges Navel, estimée aussi bien par des historiens -Gérard Noiriel ou Anne Steiner-, que par des écrivains -Colette, Jean Giono ou Annie Le Brun- est de celles qui illuminent le paysage littéraire du xxe siècle. Et s'«il y a une tristesse ouvrière dont on ne guérit que par la participation politique», ses mots et ses livres sont un doux remède au désenchantement de notre monde. -
Un des livres les plus beaux inspiré par la condition ouvrière. Travaux, paru au lendemain de la guerre, en 1945, est tout de suite devenu un classique. Les critiques ont comparé Georges Navel à Gorki, à Panaït Istrati, à Eugène Dabit, à Charles-Louis Philippe. Mais Navel fait entendre une voix qui n'appartient qu'à lui. Comme l'a écrit Jean Giono:«Cette patiente recherche du bonheur qui est la nôtre, nous la voyons ici exprimée avec une bonne foi tranquille.»
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En faisant les foins : et autres travaux
Georges Navel
- Folio
- Folio 2 Euros
- 12 Mai 2022
- 9782072981197
Extrait de Travaux (Folio nº1156).
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«Je n'ai pas besoin de passion pour déformer la vérité, il me suffit d'être vivant pour le faire. C'est le fait d'être vivant qui m'oblige à interpréter les petits faits vrais, à en faire des petits faits pas tout à fait vrais et enfin des petits faits vrais inventés. Et je ne parle pas seulement des écrivains, je parle de tout le monde. Cette insécurité de la réalité est patente jusque dans les sciences exactes. C'est pourquoi j'admire tant les livres de Georges Navel. Ici la réalité est maniée de main de maître. Elle est nue et crue, c'est incontestable; la sublimation se fait par tendresse. C'est le grand moyen, le moyen aristocratique par excellence, le seul valable, mais qui n'est à la disposition que des véritables écrivains, de ceux qui ont quelque chose à dire et qui aiment à dire ce qu'ils disent. Il procède par une petite phrase courte qui ne tire que sa charge mais la tire avec élégance et sans fatigue. Dormir sous les tuiles m'enchantait, dit-il. Voilà le fait vrai mais mélangé à la lueur. On trouve l'exemple à chaque ligne et toutes ces lueurs font courir le phosphore romanesque, sur une réalité plus vraie que la vérité. L'homme qui est ici dépeint est l'auteur et l'écriture n'est pas autobiographique. Il s'agit d'une opération de grand style. Présenter un personnage comme de la simple matière en mouvement est une erreur dont on ne compte plus les victimes. Ici il y a constamment l'homme et son double; non pas la matière doublée de l'esprit (ce qui est commun), mais cette double matière dont nous sommes tous faits qui rend nos contours imprécis et nous permet la plupart du temps d'échapper avec des blessures légères à la terrible mitrailleuse de Dieu. Cette patiente recherche du bonheur qui est la nôtre, nous la voyons ici exprimée avec une bonne foi tranquille. C'est un travail de héros grec:nous sommes dans les Travaux et les Jours d'un Hésiode syndicaliste.» Jean Giono.
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En 1935, Georges Navel, l'auteur de Travaux et de Parcours, tente une expérience de retour à la nature, dans les collines des Maures. Il s'installe aux Amandiers, un domaine qu'il afferme : quarante hectares de brousse et de rocaille, à flanc de colline abrupte, avec quelques parcelles de terre cultivable, qu'il défrichera. Sol ingrat. L'eau manque. Il élève aussi des abeilles. Longtemps les Amandiers resteront l'abri, le havre dans des moments difficiles. L'aventure continue. Le fermier devient ouvrier agricole. Ce Robinson est né prolétaire et le restera. Cette expérience est racontée sous forme de lettres au philosophe Bernard Groethuysen et à la compagne de celui-ci, Alix Guillain. Aussi Sable et limon est-il à la fois un monument à une amitié que la mort seule a interrompue et un document unique par sa diversité et sa richesse. En poète et en psychologue l'auteur y aborde tous les sujets vivants avec le bon sens et le regard neuf des vrais créateurs. La présente édition comporte quatre réponses de Groethuysen et une d'Alix Guillain qui ont pu être retrouvées, ainsi qu'une présentation de Groethuysen par Jean Paulhan.