Harald Welzer
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Les guerres du climat ; pourquoi on tue au XXIe siècle
Harald Welzer
- Folio
- Folio Actuel
- 6 Septembre 2012
- 9782070448104
À force, le constat, par sa lucidité, est devenu un lieu commun : le modèle occidental d'exploitation des ressources naturelles arrive à sa limite ; les ressources vitales s'épuisent dans des régions de l'Afrique, de l'Asie, de l'Europe de l'Est, de l'Amérique du Sud, de l'Arctique et des États insulaires du Pacifique.
Dans un magistral essai de configuration de notre avenir, nourri des enseignements tirés de situations historiques passées mais analysées dans leur spécificité respective, Harald Welzer jette un regard pour ainsi dire clinique et tire la conclusion de cette situation avérée : de plus en plus d'hommes disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Des conflits violents opposeront tous ceux qui prétenderont se nourrir sur une seule et même portion de territoire ou boire à la même source en train de se tarir. Bientôt la distinction entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuiront leur environnement, entre les réfugiés politiques et les réfugiés climatiques, ne sera plus pertinente tant se multiplieront des guerres nouvelles générées par la dégradation du milieu.
Les guerres induites par le climat seront la forme directe ou indirecte de la résolution des conflits du XXIe siècle et la violence est promise à un grand avenir : l'humanité assistera non seulement à des migrations massives, mais à des solutions violentes aux problèmes des réfugiés ; à des tensions dont l'enjeu sera les droits à l'eau et à l'exploitation, mais aussi à de véritables guerres pour les ressources ; à des conflits religieux comme à des guerres de convictions.
Creusant le sillon de l'anthropologie de la violence tracé par ses précédentes recherches, Harald Welzer a écrit la première histoire, non convenue, du XXIe siècle.
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Les exécuteurs ; des hommes normaux aux meurtriers de masse
Harald Welzer
- Gallimard
- Nrf Essais
- 15 Novembre 2007
- 9782070779413
«Je ne suis pas le monstre qu'on fait de moi. Je suis victime d'une erreur de raisonnement», déclare Adolf Eichmann à l'issue de son procès. Comme après lui tous les exécuteurs allemands, rwandais, serbes et croates, dont les cas sont étudiés dans ce livre, il récuse résolument l'idée qu'il aurait agi monstrueusement et en dehors des catégories morales de la communauté des hommes. Pourtant tous ont tué systématiquement ceux qu'eux et leurs semblables avaient exclus de l'humanité par définition. Qu'on puisse les qualifier de meurtriers est une idée restée jusqu'à ce jour étrangère aux exécuteurs dans leur immense majorité, car leur projet anti-humain avait bâti un système de responsabilité morale dans lequel le meurtre de masse était une évidence. Dans un dispositif social, montre Hararld Welzer, il suffit qu'une seule coordonnée - l'appartenance sociale ou ethnique - se décale pour que tout l'ensemble change et que s'établisse une réalité autre que l'antérieure. Ce décalage, observable dans le national-socialisme, où il est fondé scientifiquement sur une théorie des races, et dans l'ex-Yougoslavie et au Rwanda, où il est fondé ethniquement, consiste en une redéfinition radicale de qui fait partie ou non de l'univers d'obligation générale. La distinction inéluctable est absolue entre appartenants et non-appartenants est commune à ces sociétés meurtrières, par ailleurs extrêmement différentes. Une fois lancée, la pratique d'exclusion conduit à la spoliation, et la déportation et la violence dont elle est assortie transforment, avec une régularité terrifiante, le déplacement en «nettoyage», en extermination pure et simple des non-appartenants.
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Les décennies de la conquête de l'espace, de l'invention de l'automobile moderne et du développement de l'aviation civile ont construit un imaginaire positif du progrès technologique, qui promettait à chacun une vie meilleure, plus confortable et plus rapide. Elles ont donné l'illusion d'un inépuisable horizon des possibles et ont nourri la culture d'expansion de l'époque moderne, devenue partie intégrante de notre paysage mental.
Mais nous sommes aujourd'hui au coeur d'une crise économique, environnementale et sociale, et tous les élans semblent s'être éteints. Il nous faut réinventer notre avenir, cet avenir que l'on s'était habitué à imaginer meilleur, plus grand et plus beau. Comment gérer le progrès et la croissance ? Comment retrouver foi en l'avenir ? Les premières étapes sont assez simples : se prendre enfin au sérieux, penser par soi-même et agir.
Harald Welzer explore dans cet ouvrage les ressorts de la consommation de masse et du théâtre politique de l'illusion.
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Les guerres du climat (pourquoi on tue au XXI siècle)
Harald Welzer
- Gallimard
- Nrf Essais
- 15 Octobre 2009
- 9782070123407
À force, le constat, par sa lucidité, est devenu un lieu commun : le modèle occidental d'exploitation des ressources naturelles arrive à sa limite ; les ressources vitales s'épuisent dans des régions de l'Afrique, de l'Asie, de l'Europe de l'Est, de l'Amérique du Sud, de l'Arctique et des États insulaires du Pacifique.
Dans un magistral essai de configuration de notre avenir, nourri des enseignements tirés de situations historiques passées mais analysées dans leur spécificité respective, Harald Welzer jette un regard pour ainsi dire clinique et tire la conclusion de cette situation avérée : de plus en plus d'hommes disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Des conflits violents opposeront tous ceux qui prétenderont se nourrir sur une seule et même portion de territoire ou boire à la même source en train de se tarir. Bientôt la distinction entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuiront leur environnement, entre les réfugiés politiques et les réfugiés climatiques, ne sera plus pertinente tant se multiplieront des guerres nouvelles générées par la dégradation du milieu.
Les guerres induites par le climat seront la forme directe ou indirecte de la résolution des conflits du XXIe siècle et la violence est promise à un grand avenir : l'humanité assistera non seulement à des migrations massives, mais à des solutions violentes aux problèmes des réfugiés ; à des tensions dont l'enjeu sera les droits à l'eau et à l'exploitation, mais aussi à de véritables guerres pour les ressources ; à des conflits religieux comme à des guerres de convictions.
Creusant le sillon de l'anthropologie de la violence tracé par ses précédentes recherches, Harald Welzer a écrit la première histoire, non convenue, du XXIe siècle.
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Grand-père n'était pas un nazi ; national-socialisme et Shoah dans la mémoire familiale
Harald Welzer, Sabine Moller, Karoline Tschuggnall
- Gallimard
- Nrf Essais
- 15 Mai 2013
- 9782070135899
Qu'on ne s'y trompe pas : cet ouvrage va bien au-delà de son sujet immédiat - la manière dont on parlait, dans les années 2000, au sein des familles allemandes, de l'époque nazie et de la Shoah. Il concerne, par ses méthodes, son cadre d'analyse, voire ses conclusions, tous ceux qui en France ou ailleurs - historiens professionnels, anthropologues, sociologues ou lecteurs en quête de compréhension de situations et d'époques particulières - ont à définir les mécanismes de la transmission de la conscience historique, donc à confronter la mémoire sociale et la mémoire familiale.
Au fil de quarante entretiens familiaux et cent quarante-deux interviews individuels sur les histoires vécues du passé national-socialiste et transmises entre les générations, il apparaît qu'à « la mémoire culturelle » (celle qu'une société institue à une époque donnée sur un certain passé à travers célébrations, discours officiels et enseignement) s'oppose « la mémoire communicative », non plus cognitive mais émotionnelle, ciment de l'entente des membres d'un groupe (parents et proches) sur ce qui fut leur passé vrai, et constamment réactivée dans le présent d'une loyauté et d'une identité collectives.
Ainsi se transmettent dans les familles d'autres images du passé national-socialiste que celles diffusées à l'école - avant tout relatives à la souffrance des proches, causée par le mouchardage, la terreur, la guerre, les bombes et la captivité. Cette transmission concurrentielle des idées et des images concernant le passé dans le contexte de la discussion familiale définit le cadre d'utilisation et d'interprétation du savoir historique enseigné : les programmes d'éducation ne peuvent rien contre la perpétuation de représentations romantiques et enjolivées. Paradoxalement, il semble que ce soit justement la réussite de l'information et de l'éducation sur les crimes du passé qui inspire aux enfants et petits-enfants le besoin de donner à leurs parents et leurs grands-parents, au sein de l'univers horrifique du national-socialisme, une place telle qu'aucun éclat de cette atrocité ne rejaillisse sur eux. Ces thèmes familiaux, transmis sous forme non pas de savoir mais de certitude, convainquent pour finir les gens qu'ils n'ont pas de « nazis » dans leurs propres familles : « Grand-père n'était pas un nazi. »
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Soldats ; combattre, tuer, mourir : procès-verbaux de récits de soldats allemands
Harald Welzer, Sönke Neitzel
- Gallimard
- Nrf Essais
- 15 Mai 2013
- 9782070135905
Pendant toute la guerre, les Britanniques ont procédé à des écoutes systématiques de milliers de prisonniers allemands - sous-mariniers, soldats de l'armée de l'air, la Luftwaffe, et de l'armée de terre -, gravé sur des disques de cire les passages de ces conversations qui leur paraissaient présenter un intérêt spécifique (stratégie, organisation de la chaîne de commandement, moral des troupes, etc.) et en ont réalisé des transcriptions. Tous les procès-verbaux ont survécu à la guerre. Rendus accessibles en 1996, personne, au cours des années suivantes, n'a compris l'importance de ces sources, qui ont continué à sommeiller sur les rayons des magasins sans que nul ne s'en soucie.
Dans un premier temps, le lecteur aura l'impression d'entendre parler les soldats, de les voir gesticuler et débattre, avec la rude franchise de la camaraderie lorsqu'ils racontent leurs combats, la mort donnée et la mort reçue. Très vite, cependant, il comprend l'importance inédite de cet ouvrage : jusque là, les historiens devaient utiliser des sources très problématiques pour étayer leurs recherches sur la perception de la violence et la propension à tuer (dossiers d'enquête, lettres de la poste aux armées, récits de témoins oculaires, Mémoires). Autan de propos, récits, descriptions rédigés en toute conscience pour un destinataire - un procureur, une épouse restée au domicile, ou bien un public auquel on aimerait communiquer sa propre vision des choses. En revanche, lorsque les soldats internés dans les camps parlaient les uns avec les autres, c'était sans intention particulière - jamais aucun d'entre eux n'aurait imaginé que ses récits et ses histoires pourraient devenir à quelque moment que ce soit une « source », et a fortiori être imprimées. Ici, des hommes parlent en temps réel de la guerre et de ce qu'ils en pensent - une source qui oblige à porter un regard tout à fait neuf et unique sur l'histoire de la mentalité de la Wehrmacht, et de l'armée en général - particulièrement sur la propension à la violence contre les civils, fruit d'une éducation étrangère à l'humanisme libéral et porteuse de valeurs cimentées par l'appartenance de l'individu à un collectif qui lui sera supérieur en tout.
La nazification fut alors un surplus idéologique, ce complément qui fit notamment basculer les soldats des crimes de guerre dans ceux contre l'humanité.