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Hubert Damisch
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Centrer les marges : Entretien avec Mathieu Bénézet
Hubert Damisch
- EHESS
- Audiographie
- 24 Janvier 2025
- 9782713233937
« On ne peut feindre aujourd'hui de savoir où va notre histoire, pas même l'histoire de l'art contemporain. C'est une illusion absolue de vouloir lui assigner une ligne et, surtout, c'est une illusion, et une illusion très dangereuse, de croire que l'art contemporain, tout comme l'art ancien, n'obéit qu'à une seule ligne. »
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Du Moyen Age jusqu'à la fin du XIXe siècle, le nuage hante le ciel de la peinture occidentale. Moins qu'un motif descriptif, le nuage constitue un élément de la sémiotique picturale, un graphe dont les fonctions varient avec l'époque. A l'origine utilisé à l'imitation des machines de théâtre, pour faire apparaître le sacré dans le réel (ascension du Christ, visions mystiques), il joue un rôle plus ambigu à la Renaissance, au moment où le modèle perspectif assure la régulation : le nuage vient alors masquer l'irrepresentable infini, en même temps qu'il le désigne, assurant ainsi l'équilibre paradoxal d'une institution picturale intimement liée aux conditions de la science.
Ce qui est finalement tenté ici, c'est, à travers un inventaire des fonctionnements successifs du signifiant "nuage", une redistribution critique des domaines et des rôles assignés à l'art, à la science et à l'idéologie dans une structure de représentation: élément pour restituer à l'histoire de Part sa dimension systématique et matérialiste.
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Un souvenir d'enfance par Piero della Francesca
Hubert Damisch
- Seuil
- La Librairie Du Xxie Siecle
- 10 Septembre 1997
- 9782020126083
A mi-chemin entre l'hommage et la satire, à la fois proche et lointain de « l'homme Léonard » de Freud, Hubert Damisch oublie « l'homme Piero » pour analyser une oeuvre d'art construire comme un souvenir d'enfance qui met en scène la plus vieille question de l'humanité : d'où venons-nous ? Et, d'abord, d'où viennent les enfants ? De la légende d'oedipe au mystère chrétien de l'Incarnation, d'innombrables mythes racontent l'énigme de la conception et de la naissance comme un récit des origines de la mémoire humaine.
Pour dire Un souvenir d'enfance par (et non de) Piero della Francesca, Hubert Damish envisage une fresque au motif singulier : la Vierge, vêtue d'une longue robe bleue déboutonnée sur le devant et les côtés, a la main gauche posée sur la hanche ; des doigts de la main droite, elle effleure la longue fente qui s'ouvre sur un ventre bombé.
Ce geste sans exemple est celui de la Madonna del parto de Monterchi, non loin de Borgo San Sepolcro où Piero naît en 1406.
L'auteur nous invite à le suivre dans le silence de cette chapelle toscane.
A la compréhension historique de la « Vierge de l'enfantement » dans l'oeuvre d'un Piero à la fois peintre et mathématicien, alliant l'intuition au concept, Hubert Damisch joint une dimension anthropologique. Par-delà la fiction sacrée du mystère chrétien, l'image de cette vierge entrevue n'a rien perdu de ses pouvoirs : elle renoue avec la mémoire archaïque de la « toujours jeune humanité ».
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La ruse du tableau ; la peinture ou ce qu'il en reste
Hubert Damisch
- Seuil
- La Librairie Du Xxie Siecle
- 8 Septembre 2016
- 9782021245615
La forme « tableau » correspondrait à un moment déterminé dans l'histoire de la peinture et de l'art en général. Un moment chronologique : l'apparition du tableau dit de chevalet est assez précisément datée, ainsi que le serait l'annonce de sa fin. Un moment historique : le tableau semble être venu à son heure, laquelle a coïncidé avec le développement du commerce au long cours, l'accumulation du capital et la domination de la marchandise sous son espèce indépendante et fétichisée.
[...] Telle est la ruse du tableau qu'aujourd'hui encore, toute proposition picturale de quelque conséquence puisse être comme traversée par lui. Le tableau n'en a pas fini de fonctionner tout ensemble comme modèle et comme norme idéale, alors même que la notion en aurait été, non pas tant récusée, que radicalement déplacée.
[...] Le tableau, chose du passé ? Mais quel tableau, ou le tableau en quel sens du mot ? Le tableau en tant qu'objet ? Le tableau en tant qu'activité, et qui en appellerait à ce titre à une conception élargie du travail de peinture ? Le tableau en tant que fonction, comme l'a voulu Lacan, et qui pourrait s'exercer hors contexte, sinon hors-cadre ? Le tableau en tant que forme, sur laquelle la pensée puisse tabler, au moins par métaphore, dans sa propre activité, ses propres opérations, son propre travail, et jusqu'à en venir à jouer elle-même sur plusieurs tableaux ?
La question qui est celle du tableau en appelle ainsi à quelques détours, sinon à quelques déplacements auxquels est exposé tout un chacun qui s'intéresse à l'art.
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La peinture en écharpe ; delacroix, la photographie
Hubert Damisch
- Klincksieck
- Esthetique Klincksieck
- 24 Novembre 2010
- 9782252037874
Et si c'était, à l'époque où peignait et écrivait Delacroix, la peinture elle-même qui avait perdu la mémoire ? Au point pour elle d'avoir été directement exposée à l'irruption de la photographie, le premier parmi tous les arts qui pût se targuer d'être en mesure de fixer ce qui a été dans le temps même où il est advenu.
Le Journal de Delacroix est le récit continué de ce trouble, un récit dont seul un « amphibie », comme parlait le jeune Delacroix, un être que ses capacités autoriseraient à opérer concurremment dans deux éléments différents, aura pu former le projet, fût-ce inconsciemment et sans en mesurer toutes les implications.
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Fenetre jaune cadmium. ou les dessous de la peinture
Hubert Damisch
- Seuil
- Fiction Et Cie
- 1 Octobre 1984
- 9782020069625
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Dénivelée ; à l'épreuve de la photographie
Hubert Damisch
- Seuil
- Fiction Et Cie
- 7 Novembre 2001
- 9782020499095
La dénivelée, c'est d'abord la rupture de niveau qui a résulté de l'irruption de la photographie et de son rejeton, le cinéma, dans le champ des pratiques artistiques. Rupture dans l'ordre des discours : impossible de parler de l'«art» et de ce qu'on dit être son histoire sans prendre en compte, dans ce qu'elle a encore et toujours d'irréductible, l'intrusion de cette forme mécanique autant que chimique, et bientôt industrielle, de production d'images, sinon de mimêsis, ou de représentation. Mais rupture, aussi bien, au registre des pratiques elles-mêmes, dont on ne saurait feindre plus longtemps qu'elles soient jamais de plain-pied.
Cette différence de niveau, et la pente qui en résulte, ne vont pas à leur tour sans effets énergétiques. Le cinéma n'a pas plus supplanté la photographie que la photographie ne se sera substituée à la peinture. Il en naît une dynamique nouvelle qui s'éclaire d'une visée moins historique qu'analytique.
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Nous sommes peu de temps après mai 68. Les sciences humaines bouillonnent. En 1972, Paul Flamand demande à Hubert Damisch sa Théorie du nuage : un ouvrage devenu depuis un classique, traduit en plusieurs langues.1972-2012 : c'était donc il y a quarante ans, Hubert Damisch ouvrait un commerce inédit dans le champ des sciences humaines, en même temps qu'il y introduisait un nouveau type d'objet théorique. La Théorie du nuage fut un succès au moins relatif (près de 12 000 exemplaires) qui connaît aujourd'hui un regain avec la vogue du Cloud Computing - l'informatique en nuage.C'est le moment que choisit Damisch pour réitérer l'opération sous une autre forme. Quel lien peut-il y avoir entre le " marchand de nuages ", cher au Baudelaire du Spleen de Paris, et ce nouveau Messager des îles ? La question est au centre d'un livre au style très différent. Là où naguère il lui semblait impossible de traiter de pareils objets sans l'assistance de la " théorie ", l'auteur développe, à l'aide de courtes fictions, de souvenirs d'enfance, de guerre, et de voyages, aussi bien que de multiples lectures et citations, un dispositif qui équivaut à une hypothèse en forme de question : un discours est-il même concevable sur les îles, avec elles ou entre elles ?
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Depuis près de trente ans, Hubert Damisch prend, à intervalles plus ou moins réguliers, le chemin de Laversine, près de Chantilly, où demeure et travaille son ami le peintre François Rouan.
En ce recoin maltraité de la plaine picarde, en voie d'être envahi par les grandes surfaces et les entrepôts, une conversation s'engage et prolifère, fructueuse et libre, au milieu des toiles accumulées contre les murs de l'atelier, et dont les six " journées " qui ponctuent le livre constituent comme le dépôt, la trace. Ainsi s'est trouvée nouée une relation entre les deux hommes, qu'on peut dire de l'ordre de l'intime, du travail, tout autant que de la méditation à haute voix (sur l'art, les enjeux de l'esthétique, les implications personnelles).
Entrelacs de deux paroles, dans un mouvement sinueux, élastique, souvent extrêmement direct, suivant en cela la " tresse " qui est comme l'emblème continu de l'oeuvre picturale de Rouan tout au long de sa vie, et à laquelle fait écho un ensemble de dessins inédits (tresses et taches), réalisés tout exprès pour ce livre, inspirés du groupe des Trois Grâces peint par Raphaël, qu'on peut admirer précisément, tout près de Laversine, au musée Condé de Chantilly.
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Telle est désormais la puissance et l'universalité de l'institution muséale, et si forte l'emprise qu'exerce l'espace qui est celui de l'exposition sur les pratiques qui ont rapport à un titre ou à un autre, avec ce qui a nom " art ", que seules des interventions locales et ponctuelles puissent déranger l'idéologie régnante.
Ce livre retrace une tentative de ce genre, qui prit place en 1998 au musée Boijmans Van Beuningen, à Rotterdam. A travers ce qui se présente comme le compte rendu, dans les termes les plus précis, d'une expérience systématiquement conduite, l'auteur vise à substituer à la critique pour une part hypocrite et confusionniste de l'institution, le mot d'ordre d'une utilisation ludique de sa machine qui correspondrait, en fait, à la pratique réelle et la plus constante de l'art moderne et contemporain.