Entrée en possession d'un lot d'enveloppes « par avion », Irma Pelatan se lance dans un projet un peu fou :
Envoyer des lettres manuscrites à destination d'une île déserte ! Inspirée du Projet poétique planétaire (« PPP ») de Jacques Jouet, qui consiste en un envoi quotidien d' un poème à un parfait inconnu, elle décide d' adresser ses courriers à « Tout résident, 98799 La Passion-Clipperton », puisque si l' île est déserte, elle est néanmoins pourvue d' un code postal. L' autrice s' adresse ainsi quotidiennement à « Cher ami », un destinataire imaginaire, tout en menant des recherches sur Clipperton. Les Lettres à Clipperton surprennent par leur forme et leur contenu, et étonnent surtout par ce qu' elles révèlent d' une histoire intime, tout en revenant sur celle de Clipperton.
L'Odeur de chlore, c'est la réponse de l'usager au programme "Modulor" de l'architecte Le Corbusier. C'est la chronique d'un corps qui fait ses longueurs dans la piscine du Corbusier à Firminy. Le lieu est traité comme contrainte d'écriture qui, passage de bras après passage de bras, guide la remémoration. Dans ces allers-retours, propres à l'entraînement, soudain ce qui était vraiment à raconter revient : le souvenir enfoui offre brutalement son effarante profondeur.
Quelque chose de très contemporain cherche à se formuler ici : comment dit-on « l'usager » au féminin ? Comment calcule-t-on la stature de la femme du Modulor ?
Lorsque le corps idéal est conçu comme le lieu du standard, comment s'approprier son propre corps ? Comment faire naître sa voix ? Comment dégager son récit du grand récit de l'architecte ?
J'ai cherché à traduire la langue du corps, une langue qui est toute eau et rythme. Délaissant la fiction, j'ai laissé le réel me submerger. À la « machine à habiter », je réponds avec du corps, de la chair, jusqu'à rendre visible l'invisible, jusqu'à donner une place à l'inaudible.
Si tu savais comme je suis bien.