Concurrencé par les plateformes, saturé par les films de super-héros, marginalisé par les séries, le cinéma est en crise. Les spectateurs sont inondés de contenus et désertent les salles, sans que les studios soient capables de les retenir.
Criant en France, paradis du cinéma d'auteur, le phénomène frappe aussi outre-Atlantique. Les Majors hollywoodiens délaissent les « films du milieu », longtemps la plus grande part de leur production, au profit d'un cinéma de divertissement, survitaminé par les effets spéciaux et formaté aux goûts américains. Studios et plateformes de streaming se battent à coups de clics tandis que les géants de la tech envahissent la scène : qui sortira vainqueur, et pour quels types de programmes ?
Pour Jean-Gabriel Fredet, la crise actuelle est l'occasion de revenir sur les grandes transformations qu'a connues le cinéma depuis sa création. Âge d'or d'Hollywood, invention de la télévision, émergence de Netflix, d'Apple, d'Amazon, l'auteur analyse comment ces évolutions ont bouleversé notre façon de produire et de consommer des films. Jusqu'alors, l'usine à rêves américaine, sept fois déclarée morte et sept fois ressuscitée, a toujours su s'adapter. Qu'en sera-t-il aujourd'hui ? Et si c'était aussi, pour le cinéma français, l'occasion de se réinventer ?
Comment un milliardaire reçu par toute l'élite américaine s'est-il retrouvé, après des années de folie, plongé dans une vertigineuse descente aux enfers ?
Jeffrey Epstein est incontestablement riche. Il n'a pourtant laissé aucune trace dans le monde de la finance. Sa principale activité ? Assouvir ses pulsions en bande organisée !
Pendant plus de 20 ans, des centaines de girls, dont beaucoup étaient mineures, feront le voyage vers son île dans l'archipel des Antilles, à bord du « Lolita Express », un de ses avions privés.
Qui a aidé Jeffrey Epstein ? Qui a participé à ses trafics sexuels ? Qui, parmi les rich and famous inscrits dans son petit carnet noir, l'accompagnait dans l'île de tous les vices ? Clinton, Trump, Kevin Spacey, le prince Andrew... et d'autres ?
Procureurs sous influences, avocats sans scrupules, nouveaux riches et vieilles fortunes... l'affaire Epstein éclaire d'un jour cru les failles d'une société indifférente aux crimes de ceux qui vivent selon leurs propres règles et qui ne connaissent qu'une loi : celle de l'impunité.
En portant leur duel fratricide du terrain des affaires sur celui des arts, les milliardaires Bernard Arnault et François Pinault sont devenus mécènes.
Donations, fondation, musées, collections largement ouvertes au public témoignent de leur contribution. En retour, l'art a anobli leurs affaires, dopé leurs bénéfices, sculpté leur statue. Renforcé aussi leur volonté de décrocher le titre de nouveaux Médicis.
Le soleil de cette philanthropie a pourtant sa part d'ombre. Déclaration d'amour de Bernard Arnault à l'art contemporain, la Fondation Vuitton est aussi un formidable outil marketing. Ce «?cadeau aux Parisiens?» et sa collection profitent d'abord au premier groupe mondial du luxe, avec un retour sur image inouï.
Ami et promoteur d'artistes d'avant-garde, François Pinault est un grand collectionneur. Mais pourquoi ce refus obstiné de créer une fondation pour sa collection?? La Bourse de Commerce est-elle le musée d'un passionné ou la vitrine d'un homme d'affaires, parfait connaisseur du marché de l'art??
Dans un pays détestant la réussite et l'argent des autres, mais avec un État sans discours et sans moyens, l'affrontement des deux milliardaires a ouvert leurs concitoyens à la création contemporaine. Mais il révèle aussi les ambiguïtés de ce nouveau mécénat.
Il se passe toujours quelque chose sur la scène de l'art contemporain. Le célèbre artiste Maurizio Cattelan exposait récemment à New-York, - au musée Guggenheim ! - son dernier chef-d'oeuvre : une cuvette de WC en or massif.
Au printemps 2017, Jeff Koons, autre star du milieu, détournait sans vergogne les chefs-d'oeuvre classiques pour lancer une ligne de sacs d'une grande marque de luxe reproduisant des tableaux célèbres de Léonard de Vinci ou de Rubens !
À Venise, pour signer son grand retour, son ami Damien Hirst proposait, lui, une exposition hollywoodienne, 200 pièces récupérées d'une épave engloutie : en fait, elles ont été entièrement fabriquées dans ses ateliers ! Prix affichés, entre 400 000 et 4 millions de dollars.
Dans cet univers sans foi ni loi, des managers affûtés manipulent les prix à l'abri des regards et dictent leur volonté au marché dans l'indifférence de la critique comme des conservateurs de musée qui regardent ailleurs, tétanisés par la crainte de rater les « nouveaux impressionnistes ».
Provocation des artistes, conformisme des amateurs : l'art contemporain devait nous aider à comprendre le monde. Il danse aujourd'hui sur un volcan.
Bulle des prix, bulle des ego, bulle des gogos : après le Jardin des délices, la Nef des fous ?
Rédacteur en chef au Nouvel Observateur, Jean-Gabriel Fredet est un spécialiste de la Gauche contemporaine, il est l'auteur d'un entretien avec Lorrain de Saint Affrique, Dans l'ombre de Le Pen, Hachette Littératures, 1998.
Laurent Fabius occupe une place à part dans le monde politique.
Député à 32 ans, ministre à 35 ans, premier ministre à 37 ans, président de l'Assemblée nationale à 39 ans, premier secrétaire du Parti socialiste à l'âge où l'on commence généralement une carrière, aujourd'hui numéro deux du gouvernement à la tête de la citadelle de l'Economie et des Finances, celui qui fut le plus jeune, le plus diplômé, le plus brillant des leaders politiques français est paradoxalement le plus mystérieux de nos hommes politiques.
Il y a une énigme Fabius. Pourquoi ce fils de bourgeois surdoué a-t-il choisi la gauche comme famille alors que la droite lui ouvrait les bras? Pourquoi François Mitterrand en avait-il fait son héritier? Quels liens unissaient Mitterrand, le machiavélien, à Fabius, l'admirateur de Jaurès, Blum et Mendès?
Fabius a-t-il des convictions? s'interrogent les caciques de la vieille social-démocratie, agacés de le voir bousculer les rites et malmener les mythes en oubliant qu'il est régulièrement élu d'une circonscription ouvrière avec des scores dignes des pays de l'Est. Pourquoi ne va-t-il pas plus vite? s'irritent les supporters du champion de la gauche moderne oubliant que la politique, c'est d'abord l'art du temps.
Comment Laurent Fabius et Lionel Jospin, naguère amis de coeur puis rivaux déclarés, ont-ils finalement décidé de faire la route ensemble, l'un comme champion de la gauche à la présidentielle, l'autre comme équipier modèle?
Fabius a-t-il renoncé à toute ambition nationale? Se tient-il au contraire prêt, sachant que la politique n'est faite que d'opportunités? Après l'interminable épreuve du procès du sang contaminé, aspire-t-il à une troisième vie, dans la société civile ou dans ce Gers qu'il a récemment découvert? L'homme préfère la discrétion à la médiation. Le plus introverti - ou le plus secret - du vivier politique parle peu se livre peu. Il est pourtant l'une des chances les plus sérieuses d'un vieux pays confit dans ses habitudes, ses traditions, ses certitudes.
On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment... La véritable histoire de sa vie telle que la décrivent ses amis et ses ennemis, ses compagnons de bonne et mauvaise fortune mérite pourtant d'être connue.