Décrié ou désiré, l'« américanisme » - entendu comme le produit d'une influence culturelle des États-Unis - a été généralement étudié dans le contexte occidental. Or, on le sait moins, le phénomène a également touché la Russie, tzariste d'abord, soviétique ensuite. Dans ce livre, et l'exposition qu'il accompagne au Centre canadien d'architecture à Montréal (nov. 2019 - août 2020), Jean-Louis Cohen dresse un magistral tableau de cet amerikanizm en Russie sur une période de 130 ans : depuis le début des années 1860, marqué par l'abolition du servage et la modernisation industrielle du pays, jusqu'au début des années 1990 avec le démantèlement progressif de l'Urss. Privilégiant les épisodes architecturaux et urbains de cette histoire, l'auteur sait les articuler avec les autres domaines de la culture savante (littérature, cinéma, arts visuels, musique) et populaire (publicité, illustration, production industrielle).
L'annonce en 2007 de la réalisation d'un nouveau lieu d'accueil des visiteurs et d'un couvent de clarisses aux abords immédiats de la chapelle de Ronchamp a déclenché de vives polémiques. Depuis, le projet, confié à l'architecte Renzo Piano, a été non seulement remanié mais aussi construit. Compte tenu du rôle important joué alors par Michel Kagan, disparu prématurément en 2009, il a semblé important à la Fondation Le Corbusier de restituer les deux aspects essentiels du débat, afin que chacun puisse à l'avenir se forger une opinion.
Le premier est celui de l'interprétation de l'oeuvre même de Le Corbusier. Son intervention à Ronchamp n'a en rien été limitée à la conception d'une chapelle implantée sur un site auquel il serait resté indifférent. Les textes ici rassemblés indiquent combien la vision de l'architecte engageait non seulement les espaces les plus proches de la chapelle, mais aussi les horizons lointains.
Le second renvoie à son attachement au programme d'un lieu avant tout consacré aux pèlerinages, et libre de la présence de résidents permanents.
« Dans son histoire de la construction, Giedion attribue à la France un rôle central et paradoxal. De 1830 à l'époque contemporaine (les années 1920 pour Giedion), la France tient, selon lui, une place majeure dans l'innovation technologique : les ingénieurs français sont à la pointe des techniques constructives grâce à la qualité des grandes écoles scientifiques. Mais la pesanteur de la tradition académique empêche selon Giedion les architectes, accablés de références historiques, de tirer profit des inventions, dont l'usage est restreint aux travaux publics et aux constructions industrielles ».
Nicolas Padiou, in Livraisons d'histoire de l'architecture, 2003.
« La traduction de l'un des livres cultes de l'historiographie architecturale contemporaine doit être considérée comme un petit événement. Dans l'avant-propos à ce fac-similé, Jean-Louis Cohen replace dans son contexte l'écriture de Bauen in Frankreich, bauen in Eisen, bauen in Eisenbeton, ses fondements théoriques et ses influences : Walter Benjamin s'en inspirera en effet au cours de l'écriture de son Paris au XIXe siècle. [...].
Aussi la présentation de quelques éléments de la prémaquette permet-elle de comprendre mieux encore le rôle fondamental de l'iconographie dans le déroulement de son propos. L'ouvrage peut être vu, il est vrai, comme une exposition à plat ; son écriture est quasi cinématographique, servie par une mise en page - attribuée à l'artiste hongrois László Moholy-Nagy - qui en accentue l'efficacité ».
Simon Texier, in Bulletin monumental, 2002.
« Lorsque votre livre m'est parvenu, les quelques pages que j'ai lues sur le vif m'ont tellement électrisé que j'ai dû m'imposer de ne pas le lire plus loin jusqu'à ce que je fasse meilleure connaissance avec mes propres recherches sur le sujet [...]. Depuis quelques jours, les choses ont repris leur cours normal, et je passe des heures à lire votre livre, en admiration. » Lettre de Walter Benjamin à Sigfried Giedion, 1929.