Trop souvent re´duite au statut de muse et de victime de Picasso, dont elle fut l'amante pendant pre`s de neuf anne´es, Dora Maar est l'auteure d'une oeuvre riche et audacieuse.
Rares sont les artistes à qui l'ont fait, de leur vivant, l'honneur d'une exposition au Louvre. Précédé par Chagall ou Picasso, génies du siècle dernier exilés en France, Pierre Soulages intègre à l'occasion de son centième anniversaire ce cercle très étroit.
Son oeuvre est indissociable du noir, dont il a repoussé les limites par la radicalité de son travail, réinventant une couleur longtemps considérée comme liée au deuil et à la mélancolie. Moderne et singulier, son art dépasse les oppositions qui ont régi le bon usage en peinture et nous incite à modifier notre regard : « Le plus important dans une toile, dit l'artiste, c'est la lumière et l'espace qui naissent avec elle. » Une invitation à pénétrer dans un univers autre.
Bien que Kahn ait construit tous ses bâtiments en Amérique et en Asie, son oeuvre a aussi connu un grand retentissement en Europe ; sans doute parce que, à côté des querelles d'école, il s'est façonné une architecture personnelle, qui allie les apports de l'architecture moderne aux formes élémentaires qui nous viennent du fond des âges. Silencieuse et lumineuse, elle préfigure certaines tendances majeures de la création artistique de la seconde moitié du siècle. Il est en outre le dernier des grands théoriciens dans la mesure où il pose les questions fondamentales : qu'est-ce que le projet ? comment lier les différentes parties d'une oeuvre ? quelle est la substance et le rôle de l'espace ? quels rapports unissent la forme, la structure, la lumière et la matière ?
Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ? Comment l'étudier ? Ces deux questions résument le champ immense de l'histoire de l'art. Discipline autonome, par ses méthodes, son histoire propre et les oeuvres mêmes qui en constituent l'objet, elle est en même temps une branche de l'Histoire totale de la culture et de la civilisation. Comment a-t-elle évolué ? Quels sont ses champs d'étude ? Dans quelle mesure les nouvelles technologies lui ont-elles permis de se développer ?
Xavier Barral I Altet s'adresse aux étudiants qui commencent ou poursuivent des études d'histoire de l'art, mais également à tous ceux que l'art - ses oeuvres, ses techniques, ses périodes (depuis l'Antiquité jusqu'à l'époque actuelle), ses institutions, ses théoriciens, ses créateurs - passionne.
La Tapisserie de Bayeux relève de deux "miracles" : son exceptionnelle richesse visuelle et son remarquable état de conservation près d'un millénaire après sa réalisation. Longue de près de 70 mètres, elle appartient aux histoires nationales de la France et de l'Angleterre, et figure depuis 2007 au registre "Mémoire du monde" de l'Unesco. Entièrement brodée à l'aiguille en fils de laine colorés, elle relate la conquête du royaume d'Angleterre par le duc Guillaume de Normandie en une longue succession d'images, ce qui fait d'elle "l'ancêtre" de la bande dessinée.
Beaucoup d'encre a coulé mais les interrogations que suscitent son contexte de création et ses significations restent, aujourd'hui encore, énigmatiques. Le livre que nous proposons permet de faire le point sur l'état actuel des recherches et de se plonger dans l'histoire passionnante de cette somptueuse broderie.
La main de Kahn, levée à mi-distance entre lui et nous, représente un lien mythique entre l'imagination de l'architecte et son oeuvre construit (la main du charpentier et celle du maçon viennent aussi à l'esprit par proximité professionnelle). Mais la main de Kahn est ouverte, vide, libérée des affres de la construction, libre de tout crayon ou té. Comme le mouvement d'un oiseau, ce geste de la main s'impose, promesse non d'une construction, mais du construit en utilisation, liaison synoptique entre le sujet et l'objet. Une telle architecture en soi est tout sauf un pauvre fac-similé de main. Dans la main réside le rêve ultime d'une architecture vivante.
Depuis vingt ans, Isabel Muñoz, figure centrale de la photographie espagnole, parcourt le monde pour mettre en forme les mouvements et les corps qu'elle croise ou choisit.
Du tango au flamenco, de la danse orientale au ballet khmer, des grands maîtres des arts martiaux en Chine aux lutteurs de Turquie, elle prend prétexte des pratiques authentiques de la danse ou de sports traditionnels pour nous parler de la situation du corps dans la société. Revendiquant, dans des cadrages d'une rare précision, la sensualité, le plaisir, le désir, elle les oppose, de fait, à l'enfermement actuel de corps normés, bridés, brimés.
Elle propose ainsi, en passant par Cuba ou l'Afrique, une géographie des corps, qui la ramène toujours vers les ballets classiques ou contemporains à Madrid qu'elle caresse d'un regard aussi aimant que rigoureux. Elle construit, en soignant jusqu'au moindre détail de tirage, une oeuvre déjà classique, à la fois pure et érotique, éloge d'une liberté symbolisée par des corps capables d'échapper aux lourdeurs contingentes et à l'attraction terrestre.
Charles Ives est souvent présenté comme le père de la musique américaine : c'est le premier à avoir développé dans ce pays un style original et de valeur universelle. Né en 1874, la même année que Schoenberg, il fut très marqué par l'enseignement de son père et par les différents aspects de la culture américaine, notamment populaire, tout en étant un novateur sur bien des plans. Ives a écrit très tôt des oeuvres atonales, concevant des polyrythmies complexes, expérimentant les quarts de ton, la spatialisation des sources sonores, le mélange de musiques différentes.
Comme Schoenberg, il était foncièrement idéaliste et rêvait d'une musique libre de toute entrave. En cherchant à célébrer les grandes figures d'une culture américaine progressiste, il se tourna dans sa maturité vers les Transcendantalistes qui, dans les années 1830, avaient établi à Concord (près de Boston) une communauté d'esprit éclairée. Les différents mouvements de sa Deuxième Sonate pour piano, intitulée justement « Concord », sont liés à certains d'entre eux : le philosophe et essayiste Raoul Waldo Emerson, le philosophe Amos Bronson Alcott, l'écrivain Nathaniel Hawthorne et David Henry Thoreau, l'auteur de Walden et d'un Traité de désobéissance civile.
Tchaikovski fut sa vie durant un infatigable épistolier ainsi qu'en témoigne sa surabondante correspondance riche de plus de cinq mille lettres répertoriées, le plus souvent fort circonstanciées. On y découvre une mine de renseignements passionnants tant sur lui-même et sa manière de composer, que sur ses confrères, ses opinions politiques, philosophiques, religieuses, littéraires et musicales.
L'immensité de cet héritage épistolaire, que sont venus étayer des extraits de ses journaux personnels ainsi que certains de ses articles musicaux parus dans la presse de l'époque, imposait une sélection judicieuse, organisée ici selon une approche thématique.
L'enfant s'y manifeste à partir de lettres et poèmes écrits directement en français, témoignage touchant de l'imprégnation de notre culture dès son plus jeune âge avant de laisser place à l'homme privé, au compositeur, au critique, au professeur ou à l'amateur d'art et de lettres.
Ces écrits révèlent l'étendue de la culture de Tchaikovski, sa curiosité inlassable, son goût des voyages, son besoin de s'exprimer sur les sujets les plus profonds, son étonnante attention à ses correspondants, son extrême lucidité sur lui-même et sur les autres, sa facilité aussi à parler de lui à l'occasion de moments cruciaux ou simplement anecdotiques de son existence.
Il en ressort un autoportrait sans fard, dépourvu de complaisance, d'une personnalité très riche, autrement complexe et intéressante que l'image excessivement sentimentale que l'on s'est souvent complu à donner de lui.
André Lischke qui a assuré le choix, la présentation et la traduction de ces écrits est l'auteur d'une importante monographie consacrée à Tchaikovski, saluée unanimement par la critique et couronnée par quatre grands prix (Académie Charles Cros, Académie de Beaux-Arts " prix Kastner-Boursault ", Prix des Muses, Prix de la critique musicale).
Situé au point de rencontre de la représentation artistique et de la philosophie de la représentation, cet ouvrage se propose de poser les jalons de cette histoire qui conduit du mythe des origines à la photographie et au cinéma, à travers les expériences les plus significatives de l'utilisation de l'ombre dans l'art occidental.
Le xxe siècle a été pour la danse l'époque d'intenses bouleversements. deux grandes tendances se sont dessinnées : la prise en compte de l'héritage du passé, et sa contestation virulente. parallèlement à une persistance des codes classiques, parfois réaménagés et mis au goût du jour, une véritable explosion s'est produite. dans une volonté de faire table rase du passé, la danse contemporaine a exploré tous azimuts les capacités du corps dansant et développé le mouvement dans l'espace. il est désormais possible, en ce début de xxie siècle, d'avoir un recul suffisant pour analyser les différentes évolutions et révolutions, et de faire la part entre continuité et rupture. par ailleurs, la barrière, autrefois infranchissable, entre classique et contemporain est aujourd'hui dépassée et donne naissance à une forme d'art qui met tradition et innovation au service d'une démarche artistique authentique. ce beau livre trace en parallèle les deux chemins de l'évolution du classique et de sa contestation, avant de les faire se rejoindre à notre époque où les chorégraphes puisent sans distinction dans les deux registres. il fait aussi une place à des textes de chorégraphes évoquant leur propre pratique et amorce une réflexion sur le corps comme dépositaire d'une mémoire et sur la perception que nous en avons. abondamment illustré par plus de 200 photographies de spectacles, de décors, de costumes, de carnets d'études, il constitue un véritable ouvrage de référence sur un sujet encore peu abordé.
Ce numéro 1 comprend un cahier spécial consacré à l'exposition d'art contemporain " Demeure(s) : histoire et mémoire " à la Conciergerie de Paris. Le monument y est abordé comme objet de mémoire et d'histoire inéluctablement intégré au temps présent. La transversalité des points de vue juxtaposés et croisés permet d'accéder à une lecture du monument et de l'histoire pacifiée et singulière. (33 articles dans ce numéro).
Se raconter, se montrer, s'exposer.
C'est presque devenu une constante dans l'art contemporain : l'artiste met en oeuvre sa propre vie. À travers l'histoire de sa vie quotidienne, celle de son entourage, son monde intérieur, il cherche à révéler des vérités, à exprimer l'homme dans sa réalité la plus intime.
Cette tendance apparaît dès les années 1970 avec des artistes comme Christian Boltanski, Annette Messager et Jean Le Gac.
En empruntant souvent la voie de la fiction, ils composent des "oeuvres-récits" qui interrogent notre propre perception du monde. Depuis, un grand nombre d'artistes contemporains poursuivent cette démarche : Sophie Calle, Cindy Sherman, Orlan, Sarkis, Gilbert & George..., tous adaptent le réel à leurs formulations personnelles.
Même s'il est impossible de les réunir en un mouvement, une école ou un collectif, tous ces artistes ont en commun la même quête de soi. Ils utilisent des techniques variées - photo, vidéo, installation, inventaire, performance, et des modes d'expression, eux aussi, nombreux : autofiction, photobiographie, récits personnels, fables, contes, autoportrait Suivant les principes des douze tableaux choisis de la collection, cet ouvrage présente des artistes voués à leurs obsessions intimes : archéologie de la mémoire, expression d'une souffrance, mise en scène de craintes, projection de souvenirs de l'enfance, méditation sur le temps ou recherche de son identité. Il propose un regard sur ces mythologies personnelles.
Qu´est-ce qu´une oeuvre d´art ? Comment l´étudier ? Ces deux questions résument le champ immense de l´histoire de l´art. Discipline autonome, par ses méthodes, son histoire propre et les oeuvres mêmes qui en constituent l´objet, elle est en même temps une branche de l´Histoire totale de la culture et de la civilisation. Comment a-t-elle évolué ? Quels sont ses champs d´étude ? Dans quelle mesure les nouvelles technologies lui ont-elles permis de se développer ?
Cet ouvrage s´adresse aux étudiants qui commencent ou poursuivent des études d´histoire de l´art, mais également à tous ceux que l´art - ses oeuvres, ses techniques, ses périodes (depuis l´Antiquité jusqu´à l´époque actuelle), ses institutions, ses théoriciens, ses créateurs - passionne.
C'est de la seconde partie du Moyen Age que date l'émergence de l'art gothique dit tour à tour classique, rayonnant puis flamboyant. Cet art, né en Ile-de-France au cours de la seconde moitié du XIIe siècle, rayonne ensuite dans toute l'Europe pendant plus de 200 ans. Symboles de l'esthétisme gothique, les cathédrales comme celles de Reims ou Chartres sont des prouesses architecturales. L'utilisation de la voûte sur croisée d'ogives et des arcs-boutants permet d'élever des bâtiments de grande hauteur, dont les surfaces murales sont désormais percées d'amples portes, galeries et fenêtres en arcs brisés. Les volumes s'aèrent, la lumière joue un rôle majeur, offrant ainsi une place de plus en plus importante à l'art du vitrail et de la sculpture. Avant tout religieux, l'art gothique a marqué l'architecture mais aussi la sculpture, la peinture, l'enluminure, les objets précieux... Dans cet ouvrage magnifiquement illustré, Xavier Barral i Altet, médiéviste reconnu, nous plonge au coeur du Moyen Age, période de grandes mutations sociales, économiques, politiques et religieuses, et nous fait découvrir toutes les facettes de l'art gothique.