Une perruque s'envole. " La voilà ! " s'écrie son propriétaire en voyant une masse de poils au sol. Las, ce n'est qu'un pauvre chat qu'il vient de se coller sur la tête. Et il en sera ainsi tout le long du livre, avec des algues, une bouse de vache, une serpillère... Jusqu'à ce que le propriétaire la retrouve, servant de nid douillet. Devant ses yeux les oeufs éclosent. Il leur laissera la perruque, devenue bien plus utile auprès de la jeune famille que sur sa tête.
Le soulagement du propriétaire à chaque page en croyant voir sa perruque, puis sa déception, est un système classique de l'album pour tout petit. Se joue alors entre les pages une saynète éternellement recommencée, drôle et rassurante pour l'enfant, puisqu'il sait à l'avance ce qu'il va se passer.
Julien promène son chien. Sans qu'il s'en aperçoive, celui-ci est emporté par un aigle. Désormais Julien promène son aigle. Mais ça c'était avant qu'il ne soit remplacé par un tigre. Jusqu'à ce que celui-ci soit supplanté par un renard, lui-même enlevé par une pieuvre, et puis une mouche, une licorne, et ainsi de suite, jusqu'au retour du chien de Julien.
Dans ce sublime album en papiers découpés, l'extraordinaire envahit l'ordinaire grâce à un simple mais subtil phénomène d'accumulation. L'enfant s'amuse de l'effet de surprise : quel animal va venir succéder au dernier ? Julien finira-t-il par se rendre compte de ce qui se trame ? Ainsi le quotidien est transfiguré dans cette oeuvre comique qui joue avec les ressorts de l'album jeunesse et convoque l'imagination de ses lecteurs.
Chez Fémur Immo, Marie-Jo Fémur se charge de vous trouver la maison de vos rêves, que vous soyez un zombie, une araignée géante ou un vieux crapaud ! À moins qu'elle ne tombe sur un os...
Fémur Immo est une agence immobilière appartenant à la sympathique famille de squelettes, les Fémur, depuis bientôt 72 siècles et dirigée depuis 140 ans seulement par la valeureuse Marie-Jo Fémur.
Dans ce monde horrifique peuplé de diables, de sorcières et d'araignées géantes, chacun a à coeur de trouver la maison de ses rêves. C'est pour mieux satisfaire ses clients si spéciaux que Marie-Jo accepte de tester la nouvelle machine de Monsieur Pasclair : le générateur de maison ! Mais ce qui semblait être une idée géniale commence très vite à mal tourner pour Marie-Jo et ses employés...
Un album drôle et élégant, sur fond noir, qui révèle une fois de plus l'étendue du talent de Marie Mirgaine !
Mouche vivait heureuse et tranquille dans sa maison chérie. Un jour, dix chiens à la recherche d'un toit viennent toquer à sa porte... Pas fine bouche, Mouche les accueille à bras ouverts : « dix de plus dix de moins, il y a toujours de la place à la maison. ». Ils vivent heureux et tranquilles dans leur maison chérie, lorsque dix plantes fuyant le gel demandent à leur tour l'hospitalité. Puis dix poissons, crustacés, hiboux, tortues... qu'à cela ne tienne ! « Dix de plus, dix de moins... » jusqu'au jour où les murs de la maison se mettent à trembler, se tordre et grimacer...À partir de 3 ans
Fuguer n'est pas une mince affaire. Il peut s'agir de fuir son domicile ou d'entreprendre une escapade sans conséquence. La fugue est également, bien sûr, une écriture musicale. Singulièrement, la suite des dessins de Marie Mirgaine apporte sa pierre à l'édifice que constitue cette longue et savante histoire de la fugue.
Comme en musique, effectivement, les créations de Marie Mirgaine ont la rigueur d'une suite d'imitations ouvrant la voie à l'alternance d'un thème qui s'enchaîne à travers la reprise (comme on le dit d'un canon pour le chant) : reprise et répétition de couleurs, de formes et d'impulsions articulées les unes aux autres. Ainsi se consitutent des dynamiques, des trajectoires où chaque nouveau mouvement des personnages en fuite (en fugue) reprend certains aspects des précédents pour obtenir pleinement l'accomplissement de ses propres énergies. Il y a même là une sorte d'ardeur, on pourrait dire, ce qui ne saurait nous étonner, si l'on songe un instant à la racine de ce mot fugue, de l'italien fuga, dont l'une des variantes :
Foga, a produit le mot fougue. Et plus encore : la fugue fait également écho aux notions de jointures et d'ajustements, agencement ou combinatoire de parties, le propre même, à bien y regarder, des compositions dessinées de Marie Mirgaine dont la technique, comme elle l'explique elle-même, est d'ajuster, d'organiser, en les superposant les uns aux autres, des morceaux de papier de toutes espèces. À n'en pas douter, il s'agit donc ici d'un art (cet ars, cette habilité, cette technique) dont la signification repose en son fond sur les notions d'assemblage et d'organisation. D'un art dont l'objet, peut-être, serait d'échapper par la fugue (la fuite vers nulle part) à l'immobilité, au poids cadavérique de la mort même, pour mieux lancer un hymne à l'impulsion, à la poussée de la vie, dont le rythme relèverait à la fois de la pulsion d'un choeur et du battement du coeur.
Dans À terre, on suit des personnages à têtes de patates ou de galets, perdus dans une nature tout aussi bizarroïde. Une exploration visuelle qui était au début un seul grand dessin en continu, mais qui a été redécoupé pour l'édition en livre.
Marie Mirgaine est sortie des Arts Décoratifs de Strasbourg en 2015. Ses images sont composées de papiers peints puis découpés, assemblés pour créer des fi gures grotesques aux couleurs vives, aux formes désarticulées, à la présence énigmatique. Certaines de ses illustrations ont été utilisées par le New York Times.