Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le public noir américain se passionne pour le jump blues, un genre musical nouveau, à la croisée du swing, du blues, du boogie woogie et du gospel, mais c'est en 1949 que le magazine Billboard crée le top rhythm'n'blues, un terme adopté par toute l'industrie musicale pour qualifier une diversité de courants allant du boogie woogie de Louis Jordan au doo-wop de The Clovers en passant par la fusion blues/gospel de Ray Charles et le blues survolté de Chuck Berry. Le rhythm'n'blues propulse alors le marché de la musique populaire noire à l'échelle nationale jusqu'au milieu des années soixante. À travers 100 hits, cette anthologie retrace vingt ans de musique qui donneront naissance à deux nouveaux courants : la soul et le funk.
Au milieu des eighties, le paysage musical noir américain est en pleine mutation. Le funk et la soul évoluent ; Michael Jackson et Prince deviennent des pop stars internationales ; une partie de la jeunesse se reconnaît davantage dans le hip-hop, en lien direct avec la réalité des quartiers noirs. De jeunes artistes sentent qu'ils peuvent faire la synthèse de toutes ces sensibilités, et cette musique prend le nom de R&B, terme générique utilisé depuis 30 ans pour qualifier la musique populaire noire. Jimmy Jam & Terry Lewis, Babyface & L.A Reid ou Teddy Riley sont les chefs de file de cette révolution qui débute avec les stars du new jack swing (Keith Sweat, Al B. Sure!), les boys bands élevés au gospel (Boyz II Men) ou les girl groups (En Vogue, TLC). Mary J. Blige, R. Kelly, Alicia Keys, Frank Ocean ou Beyoncé s'imposent dans le temps comme les nouveaux souverains de la great black music.
En 1967 James Brown sort « Cold Sweat », un titre que la plupart des historiens de la musique noire reconnaissent comme l'acte de naissance du funk. Il révolutionne la soul en basant sa musique sur le rythme, et son groove sur le premier temps de la mesure, le fameux « One », inaugurant un nouveau style plus dansant. Au-delà de la soul, le funk puise dans tous les styles dominants et influencera lui aussi ceux à venir (hip-hop, house). Nombreux seront les musiciens qui participeront à son essor (Sly Stone, Funkadelic, Kool & The Gang, Stevie Wonder), à son anoblissement (Miles Davis, Herbie Hancock), à sa complexification (George Clinton, Cameo) et à sa domination des charts (Michael Jackson, Prince). Cette anthologie explore l'univers complexe du funk et dessine une histoire qui s'écrit encore (Bruno Mars, Justin Timberlake, Daft Punk).
New York, 1974. Cela fait déjà quelques années que les communautés gay, noire et latine se côtoient et se mélangent sur les dancefloors du Loft, du Continental Baths ou de la Gallery. Véritables temples de la libération sexuelle et des paradis artificiels, ces nouveaux lieux baptisés «discothèques», sont le terrain de jeu des DJ qui font danser sur de la soul, du funk ou des raretés afro et latines, une foule venue oublier les tourments d'une époque en pleine crise économique et existentielle. C'est l'explosion du phénomène disco qui, entre 74 et 79, va envahir le monde entier et changer le cours de l'histoire de la musique. Donna Summer, Gloria Gaynor, les Bee Gees ou Chic deviennent les héros de ce mouvement qui accompagne les revendications de minorités jusqu'ici silencieuses.