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Hoebeke
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Le vide et le plein ; carnets du japon
Nicolas Bouvier
- Hoebeke
- Etonnants Voyageurs Hoebeke
- 19 Février 2004
- 9782842301767
La découverte d'inédits de Nicolas Bouvier (1929-1998), le plus grand écrivain-voyageur de ce temps, est chose véritablement exceptionnelle : surtout quand il s'agit, non pas de quelques articles retrouvés ici ou là, mais de rien moins que ses fameux « carnets » si souvent évoqués, qu'il tint pendant son séjour au Japon en 1964 et que nul n'avait lus.
L'Usage du monde, publié en 1963, marquait la première étape jusqu'à la Khyber Pass, en Afghanistan, d'un immense voyage commencé en 1953, via Belgrade, « vers la Turquie, l'Iran, l'Inde, plus loin peut-être... » Et là, se dit-il, « si j'ajoutais l'Inde, Ceylan, et le Japon, ce serait Le Livre des merveilles en deux mille pages, que j'aurais terminé vers cinquante ans...» De ce Livre des merveilles, évidemment interminable, Nicolas Bouvier nous aura livré quelques joyaux. En voici une part importante, jusqu'ici inédite, qui nous fait découvrir un Nicolas Bouvier au quotidien, tout en notations vives, drôles, touchantes, d'une acuité proprement incroyable.
Le style de Bouvier, c'est d'abord cette qualité de regard, ces ciselures de miniaturiste, cet art unique de saisir, comme on dérobe des pommes à l'étalage, des fragments d'éternité au détour d'une scène, d'un regard échangé. Le voici ici tout entier, en liberté, avec son inimitable humour, et l'on croirait presque entendre sous ses phrases le grain de sa voix tandis qu'il découvre, s'émerveille, s'étonne, se laisse faire, mais aussi défaire par ce pays « non pas tant mystérieux que mystifiant » au long de ce deuxième séjour au Japon avec sa femme Éliane.
Le Vide et le Plein s'impose comme un chapitre précieux de l'oeuvre de Nicolas Bouvier, où il se découvre plus, peut-être, que nulle part ailleurs.
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A partir de 1955, peu après le périple qui l'a mené de Genève à Ceylan, Nicolas Bouvier effectue de longs séjours au Japon. Il figure alors parmi les tout premiers «vagabonds» à parcourir à pied ce pays encore méconnu en Europe. Il en ramènera la matière d'un de ses livres les plus célèbres : Chronique japonaise.
C'est à Tokyo que l'écrivain devient vraiment photographe. «Pour survivre», explique-t-il, il s'essaie au portrait de ses voisins de quartier : vendeur de parapluie, marchande de soupe ou maquerelle...
Mais Nicolas Bouvier se prend vite au jeu et, lors de ses pérégrinations à travers l'archipel, il s'intéresse à tous les sujets d'une culture populaire qu'il découvre au fur et à mesure qu'il la photographie : la vie des saltimbanques, l'enseignement du sumo, les enseignes peintes, les lanternes, les épouvantails ou les paysages qui «ont toujours l'air d'avoir été arrangés par un antiquaire».
Son Japon est un pays pauvre d'avant le miracle économique, un monde clos dont les caractéristiques les plus frappantes sont la lenteur, la frugalité, le silence, tout ce qu'apprécie le voyageur : «Dans ce peu qui me ressemble je me sens chez moi, je m'y retrouve.» Ce recueil d'images et de textes inédits révèle un grand photographe, portraitiste sensible qui découvre qu'il pourrait consacrer sa vie aux visages des autres, attendre d'y voir monter les émotions réprimées, de les voir se remplir «comme une chambre vide que l'on meublerait en hâte pour un hôte inattendu». Il témoigne d'une rencontre décisive et émerveillée : celle d'un auteur avec un pays qui l'inspire comme aucun autre.
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En 1953, Nicolas Bouvier quitte l'université pour entreprendre avec un ami, le peintre Thierry Vernet, un long voyage en voiture. Il trace une route vers l'Est qui le mènera de Genève à Ceylan via la Yougoslavie, la Macédoine, l'Iran, l'Afghanistan et l'Inde. Ce périple oriental va constituer la matrice de L'Usage du monde, récit initiatique considéré comme le livre fondateur de la littérature de voyage.
Pèlerin d'exception, observateur au regard exercé, Nicolas Bouvier, reconnu comme un écrivain majeur, était aussi un photographe, aujourd'hui encore ignoré. Composé de photographies prises au cours du voyage vers Ceylan, cet album dévoile un pan méconnu de l'oeuvre de l'aristocrate vagabond.
Scènes de genre, chevaux, artisans, fumeurs d'opium, paysages... les photographies de Nicolas Bouvier sont d'une grande simplicité, elles révèlent beaucoup de leur auteur et de sa manière de flâner avec une sincérité absolue. Tandis que les paysages traduisent l'émotion esthétique au bout d'une route, le portrait représente un dialogue, une confiance établie avec son sujet.
Ayant souvent fustigé l'ethnocentrisme occidental, Nicolas Bouvier a tout fait pour y échapper. Sa curiosité, son respect d'autrui et sa volonté de conjurer la «surdité au monde» confèrent à ses images une authenticité essentielle. Ainsi, outre leur aspect autobiographique, ces photographies ont une valeur documentaire exceptionnelle. Elles sont accompagnées de textes se rapportant à ce périple mythique, et d'extraits inédits de carnets de voyage où il avait noté les épisodes les plus cocasses de sa traversée de l'Inde.