«Puissant Alcinoos, très remarquable parmi tous les hommes, Oui, cela est beau, écouter un chanteur Comme celui-ci, pareil aux dieux par la voix».
Qui est Homère? A-t-il seulement existé? Il y a ses poèmes, l'Iliade et l'Odyssée, composés sous une première forme en Grèce d'Asie Mineure au VIIIe siècle avant J.-C. Mais lui? Les Anciens, qui croyaient en son existence, ont multiplié les récits sur sa vie, sa naissance (de père inconnu, ou est-ce un fleuve, ou Apollon?), son apprentissage, sa cécité, ses voyages, sa gloire et aussi ses faiblesses : il meurt de ne pas avoir su résoudre une énigme enfantine qui portait sur des poux. Un mythe s'est créé, très tôt, étonnant, enjoué et magnifique. Le livre en suit les lignes en partant de l'idée que ce mythe qui parle d'un artiste sans patrie, mutilé mais créateur de merveilles, comme le dieu Héphaïstos, nous en apprend beaucoup sur le choc poétique et religieux qu'a provoqué l'apparition des poèmes homériques. Non pas un auteur, mais un événement révolutionnaire.
Dans cette petite conférence très vivante et pleine de fantaisie, Pierre Judet de La Combe présente deux personnalités bien différentes.
Deux héros, deux destins, deux manières d'être, de vivre. Le premier est en colère, affronte ses ennemis, bouscule les dieux, les hommes et gagne.
Sans méfiance aucune, il aime passionnément ses amis, souffre pour eux, et laisse un souvenir lumineux, mais il meurt. L'autre ruse, fuit, invente mille tours, se méfie de tout le monde, s'échappe toujours et parvient à revenir chez lui, mais à quel prix ? Faut-il choisir entre ces deux voies ?
Une formidable réflexion sur ce que dit de nous la mythologie.
Comment devenir loup, ou fleur, ou cygne, tempête, feu, eau, ou pierre ? Les déesses et les dieux de l'Antiquité le peuvent sans peine et savent aussi obliger les humains à changer de forme. Zeus, le grand dieu souverain, est le maître de ces transformations. Il en joue comme il veut. Qu'est-ce que cela dit de nous- mêmes, de notre condition ? Avons-nous ces pouvoirs, ou n'est-ce que du rêve ? Poésie, jeux, films et science se posent ces questions. Pierre Judet de la Combe, qui est déjà venu au sujet d'Achille et d'Ulysse, revient pour nous parler de métamorphoses.
Les Grecs anciens ne sont pas nos ancêtres. Ils sont devenus nos pères quand, au Moyen-Âge, il a fallu rendre compatibles la Bible et Aristote. Les Romains ont fait notre langue, mais avaient décidé que leur culture serait grecque. Que faire aujourd'hui de ces lointains parents d'adoption ?La question est d'actualité avec la réforme des collèges, qui repose sur une idée simplificatrice de la culture : se contenter de la présentation rapide de contenus. Or l'enseignement des grands textes antiques et de leurs langues à l'école est un étonnant outil d'émancipation et de démocratisation. Langues muettes, langues égalitaires qui n'appartiennent à personne, le latin et le grec ouvrent à une expérience personnelle et créative du langage et de l'histoire.Les mots anciens que nous reprenons tous les jours, « démocratie », « empire », « dieu », « technique », ne sont pas seulement des vocables. Ils se sont imposés dans l'Antiquité parce que leur sens, leur valeur ont été argumentés, disputés dans des textes. Aller voir du côté de l'antique, c'est reprendre ces arguments, ces chemins de langage et c'est passionnant. Lire est une école de liberté.
Tirés à part n. m.
Extrait d'une revue ou d'un ouvrage relié à part en un petit livret. Destiné habituellement à faire connaître un article récemment publié, la collection détourne l'usage et la fonction du tiré à part pour inviter à la (re)découverte d'un texte. En lieu et place du traditionnel mot d'accompagnement de l'auteur, Pierre Judet de La Combe partage ici, dans une courte présentation, son expérience de lecture de : "Le métier de philologue" de Heinz Wismann.