Deux dossiers au sommaire du numéro de mai-juin. Dossier littéraire : Proust et la question juive. Proust était un grand lecteur de la Revue des Deux Mondes. Il la cite plusieurs fois dans La Recherche. Difficile de ne pas lui rendre hommage à l'occasion du centenaire de sa mort. « Proust et les juifs », tel est la thématique que nous explorerons. Le père de Proust était catholique, sa mère juive. Le rapport de Proust au judaïsme n'est pas unilatéral mais ambivalent. Proust était un grand défenseur du catholicisme (on a de lui un magnifique texte sur les cathédrales), ce qui ne l'empêche pas de prendre la défense du capitaine Dreyfus. Si Proust ne s'exprime pas ouvertement sur la question juive, celle-ci innerve toute son oeuvre à travers des événements, des allusions, des personnages. Nous tirerons donc ce fil rouge en faisant un focus sur la personnalité même de Proust, son entourage, ses amitiés et affinités et sur des protagonistes de La Recherche notamment Rachel. Dossier géopolitique : nous mènerons une réflexion sur le piège de Thucydide. Nous dirigeons-nous vers un affrontement Chine/Etats-Unis ? Les Chinois sont-ils prêts militairement ou s'agit-il surtout d'une guerre économique ? Si l'escalade se poursuit, quelles seront les conséquences sur le plan mondial ? En grand entretien, nous aurons une interview de Sylvain Tesson : que peut la littérature ?
La France a-t-elle basculé dans une dynamique complotiste « antipolitique » ?
À quelques mois de l'élection présidentielle, ce mouvement constitue-t-il une menace ? Quelles sont ses racines ? En quoi ce mouvement diffère-t-il de l'extrême droite, du populisme, des réactionnaires, des néofascistes ?
Parler d'immigration, de sécurité et de civilisation ne fait pas de nous des fascistes. « Mal nommer la chose c'est ajouter au malheur du monde », disait Albert Camus. Ce numéro de la Revue des Deux Mondes propose de clarifier des notions loin des amalgames.
Stefan Zweig, mythe, universaliste, pacifiste Chaque fois qu'une maison d'édition publie ou republie un livre de Stefan Zweig, le succès est garanti. Ce phénomène touche aussi bien la littérature que le cinéma (ex. Adieu l'Europe) et le théâtre (on ne compte plus les adaptations de 24 heures de la vie d'une femme ou de Lettre d'une inconnue). Même les études sur l'écrivain autrichien garantissent de bonnes ventes (ex : Les Derniers Jours de Stefan Zweig de Laurent Seksik qui a dépassé les 100 000 exemplaires l'année de sa sortie en 2011). Retour sur la vie, l'oeuvre, les combats et le succès d'un auteur qui « prenait plus de plaisir à comprendre les hommes qu'à les juger ». Jusqu'à son suicide, Zweig s'est rêvé universaliste et pacifiste. Il fut un homme modéré à l'heure des grands conflits et du fanatisme, et prit très tôt la mesure du monde en train de basculer. Il s'éleva contre l'uniformisation et célébra partout la libre pensée. Avec Jacques Le Rider, Sébastien Lapaque, Dominique Bona, Serge Niemetz
La culture est devenue la cible de militants « woke ». La « cancel culture » s'attaque à tout ce qui pourrait heurter la sensibilité de groupes dits discriminés et racisés. On déboulonne des statues, on change des titres de roman (ex : Les Dix petits nègres), on invente des orientations sexuelles (Hemingway), on attaque des musées (la question du nu), on interdit des pièces de théâtre... Que serait-il désormais possible de voir ou de ne pas voir ? De lire ou de ne plus lire ? D'interpréter ou de ne plus pouvoir interpréter ? Jusqu'où ira la censure ? Que devient le socle commun qu'est la culture? Avec : Jean Clair, Hartwig Fischer (directeur British Museum), Xavier Darcos, Isabelle Barbéris, Olivier Bellamy...
700e anniversaire de Dante.
Le 1er juillet 2021, Lady Di aurait fêté ses 60 ans. La princesse reste encore bien présente dans les esprits : elle a dépoussiéré une institution vieillissante et modernisé ses codes. Après sa mort, une politique de communication s'est mise en place pour modifier l'image de la monarchie : Elisabeth II est notamment parue plus humaine, plus proche du peuple. Les événements royaux sont désormais très couverts par les médias (mariage de William et Kate, naissances des enfants, prises de position de William et Harry sur des sujets sociaux...).
Kate Middleton est aujourd'hui considérée comme une nouvelle Diana. Meghan Markle voudrait aussi s'inscrire dans la lignée seulement beaucoup lui refusent cette filiation, la rapprochant plutôt d'une Wallis Simpson... Retour sur l'icône Diana, son héritage, ses influences, ses fils et ses belles filles. Avec Jean Des Cars, Marc Lambron , Stéphane Bern, Lucien d'Azay, Annick Steta, Jean Pierre Naugrette , Marc Cerisuelo
L'histoire du bijou remonte à la préhistoire et intéresse les cinq continents. De l'Orient à l'Occident, on a toujours cultivé l'art des parures et le plaisir d'en porter.
Tout comme le vêtement, les fonctions du bijou, ses usages et les techniques de fabrication évoluent au fil des siècles. Si les bijoux de vêture tendent à disparaître (agrafe, broche...), les bijoux de parure (bague, bracelet, collier...) ne cessent d'être créés, certains devenant des pièces iconiques.
Les bijoux délivrent toutes sortes de message. Ils sont non seulement porteurs d'un patrimoine, mais aussi symboles de séduction ou de soumission, objets de superstition aux vertus médicinales, religieuses, magiques...
Ce hors-série propose un voyage entre les cultures, les savoirs et l'histoire.
Comment l'accession d'Hitler au pouvoir en janvier 1933 a-t-elle été rendue possible ?
Pourquoi les garde-fous démocratiques n'ont-ils pas fonctionné?
Hitler a-t-il vraiment été porté par les électeurs ?
A l'heure où des hommes improbables gagnent des élections dans les démocraties occidentales (Ukraine, Italie, Hongrie, USA), il est intéressant de se replonger dans les mécanismes d'accession au pouvoir d'Hitler pour comprendre si un tel schéma serait à nouveau concevable au XXIe siècle.
Focus sur l'international : Guerre dans le Haut-Karabakh, interventions en Syrie et en Libye, manoeuvres dans la zone maritime de la Grèce, basilique Sainte Sophie et église du Saint-Sauveur-In-Chora converties en mosquée... Recep Tayyip Erdogan multiplie les gestes provocateurs et les actes expansionnistes. Nostalgique de la grandeur ottomane, le président turc aspire à fonder le califat rêvé par les Frères musulmans.
Que fait la communauté internationale ? Focus sur le France : Les relations entre Paris et Ankara se sont particulièrement tendues ces derniers mois : Erdogan condamne avec virulence les propos d'Emmanuel Macron sur la laïcité et son projet de loi sur le séparatisme, l'accusant de mal traiter les musulmans. Quelles sont les influences d'Erdogan en France (Loups Gris, réseaux des mosquées, courant " Milli Görüs "...)? Quelles sont ses stratégies et ses leviers ? Avec Ahmet Atlan, Renaud Girard, Dorothée Schmid, Christian Makarian, Ariane Bozon...
A l'occasion de la reconnaissance par l'UNESCO des " coteaux, maisons et caves de champagne ", la Revue des Deux Mondes publie un hors-série sur le champagne.
On se souvient du best-seller d'Alain Peyrefitte paru en 1973 Quand la Chine s'éveillera. L'auteur avait choisi comme sous-titre « le monde tremblera ».
Était-ce prémonitoire ?
À la fin des années 1990, les Occidentaux décidèrent de céder aux Chinois les secteurs primaire et secondaire, polluants et peu gratifiants. Ils pensaient que l'avenir n'était pas dans l'industrie mais dans le tertiaire. Trente ans plus tard, la Chine possède la technologie et les innovations (ex. la 5 G). Elle est devenue un partenaire incontournable. Elle le sait et considère que son temps est arrivé.
La crise du coronavirus a prouvé l'efficacité chinoise dans la lutte contre le virus. Elle a également mis en avant la totale dépendance des Européens vis-àvis des médicaments et des équipements médiaux « made in China ».
Il n'est plus question de « faire sans la Chine » mais de faire autrement avec la Chine. Comment ? Comment manoeuvrer avec un pays qui n'applique pas les règles de l'OMC, qui est passé maître dans l'achat d'entreprises stratégiques, dans le dumping, dans le vol de propriétés intellectuelles, dans le cyberespionnage ?
Le XXIe siècle sera-t-il dominé par la Chine ?
Avec l'irruption du Coronavirus, nos sociétés ont renoué avec les grandes peurs ancestrales : peur de la maladie, peur de la mort, peur de l'avenir. Nous avons à nouveau été confrontés à l'inconnu, à la perte de contrôle, à un sentiment d'impuissance. Si Hobbes pensait que la peur était un bon moteur pour la vie, Spinoza y voyait un moyen d'assouvissement et de servitude. Le XXIe siècle ne donne-t-il pas raison à Spinoza ? Ne sacrifions-nous pas de plus en plus la liberté au profit de notre protection ? La peur est-elle une arme politique ? Peut-elle nous faire accepter le pire ?
La crédibilité de la presse ne cesse de chuter. En cause, les mauvais traitements médiatiques de nombreuses affaires et événements (exemples : le faux charnier de Timisoara en 1989, les mouvements sociaux en 1995, l'affaire Baudis en 2003, les révoltes des banlieues en 2005, la révolte des « gilets jaunes » en 2019...).
La frontière entre l'information et le commentaire tend de plus en plus à s'estomper. Il devient parfois difficile de faire la différence entre une information qui décrit des faits vérifiés avec neutralité et des opinions qui visent à faire passer des messages.
Erreurs, prises de position, propagandes, campagnes de diffamation :
Comment et pourquoi la presse en est-elle arrivée là ?
Quelles personnalités ont influencé l'histoire de la mode ?
Véritable passion française, la mode puise ses racines dans l'Histoire, celle de l'aristocratie, de la Cour, des grandes découvertes, des voyages, de la rue, de l'émancipation des femmes, etc.
Des historiens, des experts, des créateurs et des passionnés racontent les influences et les aspirations du plus beau fleuron du patrimoine français.
Auteurs (sous réserve) : Karl Lagerfeld, Denis Bruna, Georges Vigarello, Christian Lacroix, Sophie Fontanel, Lucien d'Azay, Jean-Paul Clément, Sophie Kurkdjian, Pascal Morand, Marie-Sophie de la Carrière, etc.
Jusqu'en 1967 et la guerre des Six Jours, la majorité des Français éprouvait de l'empathie pour Israël, voire de l'admiration pour ce petit Etat qui avait, semblait-il, peu de chance de survivre. Puis il y eut les menaces proférées par Nasser et la réponse israélienne avec le bombardement des bases aériennes égyptiennes.
L'attitude de la France oscilla alors au gré des événements, des déclarations de De Gaulle et des différents présidents qui suivirent (VGE, Mitterrand...) ainsi que des intellectuels. C'est toute cette histoire d'amour/désamour que la Revue des Deux Mondes raconte, en rappelant les faits, le positionnement des intellectuels français, en analysant les manifestations actuelles de haine à l'école, sur les réseaux sociaux, dans les médias.
Grand entretien : Emmanuel Todd Dossier : « L'enseignement de l'histoire est malade en France », un article d'Alain Decaux signé en 1979. Malgré ce constat, les Français sont toujours autant passionnés par l'histoire.
On voudrait aujourd'hui transformer l'histoire de France en histoire des Français. Estce la même chose ? Qu'est-ce que cela implique? N'y a-t-il pas des incidences politiques et idéologiques ?
Pistes de réflexion :
- histoire des programmes scolaires - les grandes figures historiques récupérées par les hommes politiques - mémoire et commémoration - existence de la vérité historique ?
Avec : Pierre Nora, Maryvonne de Saint Pulgent, Patrice Gueniffey, Olivier Pétré- Grenouilleau, Laurent Wetzel, Patrick Boucheron (sous réserve), Fabrice de Almeda, Fatiha Boudjahlat et Robert Kopp.
Saladin : Boris James Fin de l'empire ottoman et début des mouvements kurdistes au XXe siècle:
Jordi Tejel La place des Kurdes dans la politique interne d'Erdogan Guillaume Perrier Le Rojava : Stéphane Breton Les débuts de l'épopée kurde : Bernard Kouchner Enjeux géopolitiques autour des Kurdes au XXIe siècle : Gérard Chaliand Les Kurdes d'Irak et les Kurdes de Syrie : différences et perspectives : Kendal Nezan (président de l'institut kurde à Paris)
Que signifie la décadence ? Les périodes où la décadence s'est manifestée à travers les siècles ont-elles des points communs avec notre époque ? Décadence/déclin : quelles différences ? Existe-t-il une bonne décadence ? Un tour d'horizon à travers l'histoire, la culture, la littérature, la société, les moeurs, la politique Auteurs : Michel Houellebecq, Régis Debray, Jean Clair, Frédéric Beigbeder, Xavier Darcos, Nathalie Heinich, Michel Winock...
Migrants, islam, Chrétiens d'orient, écologie, femmes, pédophilie : que fait le Pape ?
Est-il à la hauteur des espoirs qu'il a suscités ?
Est-il un Pape progressiste ?
De la censure littéraire des siècles passés à la criminalisation du sexe au XXIe siècle avec les outrances du politiquement correct, où en sont la sexualité, l'érotisme, les relations homme/femme ?
L'année s'achève, que peut-on en retenir ? Sans doute ce qui demeure la grande affaire : l'Iran. Une élection indigne, le dossier nucléaire, le réveil de la société iranienne, sonnant le glas, n'en doutons pas, d'un régime corrompu et devenu illégitime. Cette société, qui manifeste encore chaque jour contre ce régime, n'a pas dit son dernier mot. Il n'est pas interdit de penser que la main tendue de Barack Obama n'y est pas pour rien, comme si ce geste de « bonne volonté » par excellence avait eu tout bonnement de l'effet : on daube beaucoup, ces temps-ci, sur l'absence de résultats concrets d'Obama, l'on moque son art vide des grands discours. Mais c'est bien mal connaître son livre d'histoire que de sous-estimer la puissance des mots. Nanti d'un Nobel de la paix qu'on aurait aussi bien vu décerné à d'autres, Barack Obama (nous y reviendrons en détail dans le numéro de janvier de la Revue) s'est lancé dans la bataille en jouant à fond cette fameuse carte de la « bonne volonté ». C'est une carte risquée, que Jimmy Carter avait voulu jouer aussi, mais sans la lucidité de Realpolitik qui doit l'accompagner. Obama semble plus affiné, sur ce point, que son sympathique prédécesseur. En ce qui concerne l'Iran, il semble bien que les choses aillent dans le bon sens : les Russes, qui avaient accueilli à bras ouverts l'élection d'Ahmadinejad, ont fait, depuis, machine arrière.
En France ? La désintégration de la gauche, la curieuse évolution de Nicolas Sarkozy. À la fois plus sage, plus retenu et en même temps toujours aussi prompt à ignorer les temps morts, ces fameux temps morts si nécessaires à l'action. Sa chute de jogging, que tout le monde a oubliée, aura fait figure de bon symptôme de ce point de vue : d'un homme fâché avec le temps, avec la durée. Quant à l'« affaire Jean Sarkozy » : après tout, le fils est peut-être bon ? Pourquoi lui refuser le job a priori ? En même temps : comment ne pas voir que ceci annule cela ; que l'appel à l'égalité contre la loi des « bien nés » dans la bouche du président, se trouve comme rayé du fait même que Jean Sarkozy soit légitime ou non. La décision de Jean Sarkozy de ne pas y aller a montré que, dans cette affaire, la République a encore du sens ; qu'elle peut faire plier.
Une enquête récente vient de paraître sur les « pratiques culturelles des Français » (1), dirigée par le sociologue Olivier Donnat. On ne s'étonnera pas d'y trouver confirmé le triomphe d'Internet, chose désormais banale. La chute du livre est certainement ce qu'il y a de plus désolant dans cette enquête, comme si, là aussi, ce qui se trouvait mis en évidence, était une hantise de la solitude, une panique devant l'expérience solitaire de la lecture. La télévision en prend également pour son grade : elle fait désormais figure de grand-mère un peu ringarde. Étonnant, non ?
Enfin, last but not least, la grande question du « réchauffement climatique », la montée en puissance d'une véritable religion écologique, sous la houlette de M. Hulot et de bataillons entiers de soldats du bio. Qu'en est-il au juste de cette montée en puissance qui paraît bien partie pour mettre au rancart ce bon vieux Parti socialiste qui n'en peut mais. On lira ici la mise au point remarquable de Jean Michel Valantin, manière d'ouvrir un débat que nous reprendrons en 2010.
Bonne lecture, bonne année 2010 à tous, Michel Crépu
Articles de Charles Maier et entretien avec Pierre Manent Dossier sur la relation de la Hongrie avec l'histoire et la culture européenne. Préparé et coordonné par Henri de Montety.