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Laura Ulonati
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Naître soeur n'est pas inoffensif. Ainsi pour Vanessa Bell, peintre méconnue à l'aune de "la postérité de noyée" de sa cadette, Virginia Woolf. Ou pour Laura, romancière et aînée, qui veille sur les secrets, soustrait le poison des chagrins. Autant d'amours ennemies, de joies fébriles, de jalousies tristes, qui font les liens ambigus entre soeurs. Portrait en diptyque à la grâce époustouflante, ce récit subjectif de la vie de Vanessa Bell, exprime l'inquiétude d'exister et ce qui, parfois, permet de la conjurer : l'amour d'une soeur.
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Quand Ariane, archéologue au musée de Nice, voit sa mère vieillir et les premiers symptômes de la maladie apparaître, elle sait le peu de temps qu'il lui reste pour comprendre cette femme distante et amère. Qu'a-t-elle laissé en Italie dans les années 1960 pour émigrer de l'autre côté des Alpes ? Un huis-clos de femmes sur fond de Méditerranée, traversé par les paysages de Nice, ses ruines et ses mirages, contre lesquels se fendent les identités telles des vagues.
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«À son grand étonnement, il sottotenente Mancuso vivait fort mal cette guerre, plus prodigue en déconvenues qu'en aventures homériques. Désormais éloignée de ses bases arrière érythréennes, la troupe manquait de tout et ne progressait qu'avec une lenteur extrême à travers les paysages calcinés du Tigré.
Mancuso luttait à chaque instant pour ne pas tomber de son cheval, cette méchante carne qu'il talonnait avec d'autant plus de hargne qu'il voyait les askaris, impassibles, marcher dans cette intolérable fournaise sans même ciller. Sa peau, horriblement cloquée sous la morsure du solleone - ce soleil-lion affamé -, ressemblait désormais à cette terre craquelée d'où rien ne semblait devoir pousser, hormis le fléau des puces et des tiques qui le harcelaient sans répit.» De sa jeunesse vouée au culte de Mussolini, en passant par la seconde guerre d'Abyssinie, jusqu'à son retour en Italie et au désenchantement, le parcours d'Attalo Mancuso dresse un portrait exemplaire d'une époque. Presque un devoir de mémoire, contre l'insouciance des gens comme il faut pour qui tout cela était normal.
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Et si les toutes premières poésies d'Emily Dickinson pouvaient se lire dans son herbier, composé lorsqu'elle avait une dizaine d'années ? Aux noms des fleurs, à leur forme et à leurs couleurs correspondent peut-être des émotions, des visages, des pulsations cardiaques. À travers cette Emily, c'est aux premiers émois des enfants qui deviennent grands que l'écrivaine Laura Ulonati et l'illustratrice et peintre Nathalie Novi se sont intéressées, en se mettant à leur hauteur et à celle - vertigineuse - de leurs émotions.
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Naître soeur n'est pas inoffensif. Ainsi pour Vanessa Bell, peintre méconnue à l'aune de "la postérité de noyée" de sa cadette, Virginia Woolf. Ou pour Laura, romancière et aînée, qui veille sur les secrets, soustrait le poison des chagrins. Autant de tendresses ennemies, de joies fébriles, de jalousies tristes, qui font les liens ambigus de la sororité. Portrait en diptyque à la grâce époustouflante, ce récit subjectif de la vie de Vanessa Bell, exprime l'inquiétude d'exister et ce qui, parfois, permet de la conjurer : l'amour entre soeurs.