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Littérature
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Dans le château de Barbe-Bleue ; notes pour la redéfinition de la culture
George Steiner
- Folio
- Folio Essais
- 13 Octobre 1986
- 9782070323678
Longtemps, nous avons cru que le progrès de la morale allait de pair avec le développement de la culture.
Le nazisme, montre george steiner a pulvérisé cette illusion : buchenwald n'est situé qu'à quelques kilomètres de weimar.
Longtemps aussi, au moins depuis athènes, nous avons été animés par la conviction que l'investigation intellectuelle devait aller toujours de l'avant et, selon la belle métaphore de steiner, nous conduire à ouvrir l'une après l'autre les portes du château de barbe-bleue. mais cette foi dans le progrès est aujourd'hui vacillante : peut-être le développement technique est-il un piège et non une libération ; peut-être la dernière porte du château donne-t-elle sur des réalités contraires à notre équilibre mental et à nos maigres réserves morales.
L'optimisme des lumières nous est donc interdit, et c'est une redéfinition tragique de la culture que propose le livre dense et lucide de george steiner.
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Née des oeuvres incestueuses d'Oedipe et de Jocaste, Antigone bravera les ordres de Créon pour inhumer son frère, Polynice. Elle sera enterrée vive. Pamphlet contre la loi humaine et pour la loi divine ou, au contraire, apologie de la raison d'État : les générations se sont succédé, incapables de trancher. Au fil des pages, l'on découvre, cependant, que la loi divine invoquée par Antigone - enterrer les morts - n'est pas moins humaine, et que défendre l'État est aussi une loi divine, tandis que la pièce met en scène l'affrontement de deux amours : celui d'une soeur pour son frère et celui d'un homme pour la cité et son pouvoir. Les hésitations du choeur sont là pour souligner les incertitudes ou les ambiguïtés du devoir que dictent et l'amour et le droit.Cette pluralité des sens et cette irréductibilité des interprétations - d'Eschyle et Sophocle à Anouilh et Cocteau, en passant par Garnier, Racine, Alfieri, Marmontel, Hegel, Holderlin - sont partie intégrante de la culture occidentale. Le conflit Antigone-Créon est désormais, semble-t-il, une dimension a priori de la conscience intellectuelle et politique de nos démocraties. Comment expliquer autrement que ces légendes grecques antiques continuent à inspirer et à déterminer tant de nos réflexes culturels les plus fondamentaux ?
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De George Steiner, on connaît davantage sa pensée philosophique et son statut de critique littéraire que son oeuvre de fiction, mais elle n'en est pourtant pas moins digne d'intérêt. Ce recueil présente deux nouvelles radicalement différentes ; dans Les abysses on sillonne les océans et sonde les angoisses irrationnelles d'Aaron Tefft, employé d'une compagnie maritime, aussi fasciné qu'effrayé par les profondeurs de la mer, puis dans À cinq heures de l'après-midi nous sommes au coeur de Medellìn, « la ville la plus dangereuse sur terre », où une troupe de poètes mexicains est résolu à arrêter les cartels locaux grâce au pouvoir des mots. Deux ambiances très différentes mais qui dévoilent ainsi toute l'étendue du talent d'écrivain de George Steiner aussi précis dans l'analyse psychologique des personnages que dans la construction de dialogues savoureux.
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Tolstoï ou Dostoïevski
George Steiner
- Les Belles Lettres
- Le Goût Des Idées
- 3 Juin 2022
- 9782251453187
On A PU DIRE qu'en demandant à un homme - ou à une femme - s'il préfère Tolstoï ou Dostoïevski, on peut « connaître le secret de son coeur ». Avec son érudition et sa verve coutumière, George Steiner explore ici les différences qui opposent le monde d'Anna Karénine et celui des Frères Karamazov. Ce sont deux interprétations du destin de l'homme, de l'avenir de l'Histoire et du mystère de Dieu que nous pouvons ainsi mieux comprendre. Car grâce au constant jaillissiment des idées de l'auteur de Langage et Silence, le lecteur se trouve comme forcé d'entrer dans un dialogue passionné avec des thèmes aussi éternels que fondamentaux.
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Le silence des livres ; la lecture, ce vice impuni
Michel Crépu, George Steiner
- Arléa
- Arlea Poche
- 25 Avril 2019
- 9782363081889
Tous, auteurs, éditeurs, libraires, nous savons que rien n'est plus terrible que le silence des livres. George Steiner nous invite à ne pas oublier la vulnérabilité de l'écrit sans cesse - et de plus en plus - menacé. Son éblouissante approche de la lecture va de pair avec une critique radicale des formes nouvelles d'illusion, d'intolérances et de barbarie de nos sociétés dites éclairées.
Cette inquiétude est en quelque sorte apaisée par un émouvant « éloge du livre » de Michel Crépu, qui nous renvoie à ce sens intime de la finitude que nous apprend précisément l'expérience de la lecture.
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Sommes-nous aujourd'hui encore capables de jouir d'une oeuvre ? savons-nous encore lire un texte, voir un tableau, écouter une sonate ?
La question est d'importance.
Nous vivons à l'ère moderne - celle qu'inaugurèrent rimbaud et mallarmé. tous deux prophétisèrent la fin d'un monde, celui - classique - où le mot désignait une chose. depuis lors, on s'est acharné à théoriser la fin du discours, l'arbitraire du signe, le texte autoréférentiel, l'autonomie de la structure, la mort de dieu d'abord, de l'homme ensuite. même les compositeurs ont proclamé la mort de la musique, et les artistes la fin de l'art...
De tout cela, il nous reste un lourd héritage : nous vivons, en effet, à l'époque que george steiner appelle l'ère de l'épilogue.
C'est l'ère où le monde n'a plus de sens, où le sens d'une oeuvre, quelle qu'elle soit, n'est plus la raison d'être de notre lecture, mais où, au contraire, chacune de nos lectures accorde une raison d'être à l'oeuvre. les intentions du créateur n'importent plus, seule compterait ce qu'arbitrairement nous mettrions dans l'oeuvre que nous déconstruirions.
Face à cette mode de l'indécidable, de l'interchangeabilité du sens, george steiner, nourrissant ses réflexions d'exemples puisés dans la littérature, la musique et la peinture, nous convie à parier à nouveau sur le sens, et même sur le scandale radieux de la transcendance : il y a bien un accord et une correspondance entre le mot et le monde, entre, d'une part, les structures de la parole et de l'écoute humaines et, d'autre part, les structures, toujours voilées par un excès de lumière, de l'oeuvre.
C'est grâce à ce pari que nous pourrons jouir de l'oeuvre et comprendre sa nécessité.
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LeS LIVRES INDISPENSABLES nous accablent avec plus de force encore que la mort de l'aimé. Ce qu'ils ont en commun, ce qui rattache les rares exemples profanes au canonique, c'est bel et bien leur statut de textes sacrés, de convocation et d'assignation à l'humanité. Ils nous appellent et nous mobilisent. le premier coup sur le crâne nous oblige à garder les yeux ouverts. » L'Iliade et l'Odyssée, la Bible, Péguy, Kafka, Husserl, Kierkegaard... George Steiner nous donne à lire ici quelques-uns de ces textes indispensables où notre culture contemporaine croise la tradition. C'est notre patrimoine qu'il nous transmet par ces lectures. Peutêtre pour faire de nous de véritables héritiers.
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L'étude de la tragédie grecque, élisabéthaine, classique française est la matière de ce livre. Définir la vision tragique du monde, découvrir le sens de l'homme traqué, du cri de Cassandre au silence ultime de Phèdre, déceler à quel moment dans la conscience occidentale, et pour quelles raisons complexes, cette vision tragique perd son autorité poétique, tels sont les objets que se donne l'auteur. Peut-il y avoir une tragédie chrétienne ou marxiste, l'écriture moderne a-t-elle perdu le mystère du mot et le matériel de la forme sans lesquels il peut y avoir drame, mais non tragédie ? Poser la question dans les termes où elle doit l'être est déjà répondre aux grandes lignes d'une enquête passionnée, plus qu'épiloguer vainement sur les gloires du passé.
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La culture sera de masse, sur écran et sans plus aucun support papier, en réseaux et en temps réel, conviviale et virtuelle : les Pythies de l'ère numérique tiennent chronique, celle de la mort annoncée de l'acte de lecture, qui, d'Homère à Mallarmé, a porté l'identité de l'Europe.À l'heure où l'on nous invite à décharger notre mémoire vive sur celle, morte, des supports numériques, où la mort du livre est annoncée, sommes-nous inéluctablement appelés à n'être plus que des lecteurs à temps partiel, des lecteurs au rabais ? Pourtant, toute l'histoire de notre Europe est marquée par ces passions impunies qui virent, il n'y a guère, les nazis organiser des autodafés, Staline condamner un poète pour avoir cité Shakespeare, la police pragoise tuer un philosophe parce qu'il avait clandestinement enseigné Platon. Mourir plutôt que d'abandonner, dans sa cité livrée au pillage, une déduction géométrique, tel avait été, aux origines de notre continent, le choix d'Archimède. La culture, réponse à la barbarie, est notre destin. Ce destin, il se trouve encore à Syracuse - Syracuse en Sicile plutôt que dans l'État de New York.
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Le transport de A.H.
George Steiner, Christine De Montauzon
- NOIR SUR BLANC
- La Bibliotheque De Dimitri
- 5 Mars 2020
- 9782882506283
Ce thriller envoûtant met en scène quelques thèmes importants et tabous de notre époque. Hitler était-il fou ? Se considérait-il lui-même comme juif ? Israël est-il un legs d'Hitler ? Peut-on considérer l'Holocauste comme un acte du faux messie attendu depuis des millénaires ? Peut-on laisser ce vieillard décrépit faire entendre la magie noire de sa voix ? Le langage qui crée, le Logos, doit nécessairement impliquer son contraire, le mot qui « incrée ».
Avec ce livre, George Steiner a réussi un rare tour de force : celui de nous poser les grands problèmes moraux tout en les immergeant dans un récit haletant et ensorcelant.
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Rien de plus faussé en notre siècle que le rapport à la vérité. Rarement l'humanité aura à ce point sacrifié à l'erreur.À lui seul, le héros de George Steiner illustre ce terrifiant constat. Voilà plus de trente ans que les yeux infaillibles de ce correcteur d'épreuves repèrent l'erreur la plus minime au long de documents aussi ardus que des annuaires téléphoniques ou la liste des cours en bourse. Mais un jour, la vision aiguë qui fit la réputation du Professore commence à décliner. Cette tragédie personnelle est en soi une tragédie historique:ce n'est pas seulement la vision du correcteur qui se voile, c'est la vision du monde de ce communiste qui se brouille. Défilent alors devant lui les tragédies du siècle:le fascisme, le communisme, leur volonté d'éradiquer l'erreur de l'opinion libre chez l'homme, le nazisme qui prétendit éliminer les juifs par le génocide. Quel avenir reste-t-il lorsque tous les systèmes, le capitalisme y compris, se sont révélés insuffisants? L'Histoire est un grand livre qui devient, pour finir, illisible, donc impossible à corriger.
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Recueil de 28 courts essais publiés par G. Steiner dans le magazine américain«The New Yorker». Il se divise en 4 parties distinctes : histoire et politique, écrivain et littérature, penseurs, études d'une vie. G. Steiner évoque notamment le compositeur autrichien Anton Webern, le critique d'art Anthony Blunt ou encore la vie d'Albert Speer.
Lectures Chroniques du New Yorker George Steiner a écrit plus de cent trente articles pour le prestigieux magazine américain The New Yorker entre 1967 et 1991, et il est incontestable que son érudition exceptionnelle y trouve une expression particulièrement brillante et divertissante. Le présent volume en offre un choix significatif et nous permet de suivre l'intellectuel européen dans son intérêt pour des thèmes ou personnages extrêmement divers. Que ce soit le destin d'Albert Speer - son amitié avec Hitler, son rôle dans le régime nazi, puis son long emprisonnement dans la prison de Spandau - ou la singularité du roman 1984 de George Orwell, devenu une véritable jauge de l'évolution de nos sociétés, ou encore l'histoire d'Anthony Blunt - grand critique d'art, spécialiste de la peinture française du XVIIe siècle, conseiller de la reine d'Angleterre, et espion pour le compte de l'Union soviétique -, George Steiner raconte et analyse tout à la fois. Anton Webern, Graham Greene, Thomas Bernhard, Vladimir Nabokov, Samuel Beckett, Louis-Ferdinand Céline, Waiter Benjamin, Cioran, Claude Lévi-Strauss, Hermann Broch, André Malraux, Michel Foucault ou Paul Celan - pour ne citer qu'eux - donnent lieu à d'autres développements passionnants, vifs et nuancés. Ainsi rassemblés dans un recueil pour la première fois, l'ensemble nous offre un formidable condensé de la pensée du grand George Steiner.
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«Sous la violence de l'effort, il avait la tête enfoncée dans les épaules comme s'il portait une armure et, à chaque pas, des gouttes de sueur perlaient à la limite de sa chevelure rousse. La douleur ainsi que l'attention constante qu'il portait à son précaire équilibre embrumaient si bien son regard que ses yeux avaient pris une teinte grise indéfinissable. Mais lorsque, posant sa valise par terre, il reprenait son souffle en s'appuyant sur sa canne comme le héron sur ces longues pattes, alors ses yeux retrouvaient leur couleur naturelle, un bleu dur. Le visage à la bouche fine, à l'ossature délicate, jurait avec sa démarche contorsionnée. L'homme était beau, mais d'une beauté lasse.»
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Errata raconte comment très tôt la conscience est venue à George Steiner que notre monde était désormais celui où le contrat entre le mot et le sens était rompu, ouvrant une faille où s'engouffrerait toute la barbarie du siècle : il n'est d'examen possible de la frustation contemporaine des espoirs et des promesses des Lumières qui ne doive partir de cette «crise du langage» qui, avec la Première Guerre mondiale, a porté notre siècle sur les fonts baptismaux. Un siècle que George Steiner a accompagné. Au commencement, il y a la traversée des langues - un milieu juif austro-tchèque où se parlent divers idiomes, où se croisent diverses cultures. Une traversée des langues, et des littératures dont elles sont les porteuses, qui, du fait de la tragédie du nazisme, devient une traversée des territoires : la France, les États-Unis, la Suisse, l'Angleterre. Avec pour défi à relever, celui de répondre à la question : «Comment saisir psychologiquement, socialement, la capacité d'êtres humains à jouer Bach et Schubert le soir, et à torturer d'autres êtres humains le lendemain matin ? Existe-t-il des congruités intimes entre l'humain et l'inhumain ?» La dizaine de chapitres s'ouvre à chaque fois sur une anecdote, familiale, malgré une pudeur extrême, ou historique, à partir de laquelle Steiner déroule le sens de ses quêtes, comme autrefois on déroulait avec mille précautions un rouleau ou l'on ouvrait un incunable. George Steiner se fait ici, pour le plaisir de chacun, le lecteur de sa vie, l'herméneute de lui-même.
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Ces entretiens brossent le portrait intellectuel de G. Steiner, dévoilant ses années de formation et la genèse de son oeuvre de critique littéraire et philosophique. ©Electre 2014
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Le silence des livres ; la lecture, ce vice impuni
George Steiner
- Arléa
- Arlea Poche
- 8 Février 2007
- 9782869597631
Tous, auteurs, éditeurs, libraires, nous savons que rien n'est plus terrible que le silence des livres. George Steiner nous invite à ne pas oublier la vulnérabilité de l'écrit sans cesse - et de plus en plus - menacé. Son éblouissante approche de la lecture va de pair avec une critique radicale des formes nouvelles d'illusion, d'intolérances et de barbarie de nos sociétés dites éclairées.
Cette inquiétude est en quelque sorte apaisée par un émouvant éloge du livre de Michel Crépu, qui nous renvoie à ce sens intime de la finitude que nous apprend précisément l'expérience de la lecture. -
Extraterritorialité : Essais sur la littérature et la révolution du langage
George Steiner
- Calmann-Lévy
- 6 Février 2002
- 9782702132692
Pour la première fois, George Steiner aborde ce que la pensée moderne doit à la "révolution du langage" amorcée au début du XXè siècle. Il montre comment les recherches linguistiques et biologiques modernes donnent de nouveaux éléments pour penser ce qu'il appellera bien plus tard les "grammaires de la création".
Se dessine aussi un Steiner plus personnel, apatride issu d'une famille de Juifs allemands réfugiés en France, puis à New York et en Angleterre. Plus frontalement encore que dans son autobiographie, il s'interroge sur son statut extraterritorial en évoquant quelques figures de proue de la littérature moderne : Beckett, Nabokov, Borges, qui tous trois ont écrit dans une "langue qui n'était pas la leur".
Dans un autre volet, il livre une méditation sur les rapports du mal et de la littérature, ferraille avec Sartre, affirmant qu'on ne saurait écrire un bon roman à la gloire de l'antisémitisme. C'est aussi pour lui l'occasion de s'interroger sur l'art de lire, sur sur la postculture et l'avenir du livre.
Traduit en français trente ans après sa publication en langue anglaise. Extraterritorialité marque un tournant essentiel dans l'oeuvre de Steiner. Philosophe du langage, critique littéraire et romancier, né en 1929 à Paris, George Steiner a enseigné à Princeton et a été professeur de littérature anglaise et de littérature comparée à Genève. Invité dans les universités du monde entier (même en Chine populaire!), il est professeur honoraire à Cambridge. Errata, son autobiographie récemment rééditée en Folio, a reçu en 1998 le prix Aujourd'hui.
Traduit en France trente ans après sa publication en langue anglaise, un tournant dans l'oeuvre de Steiner. Tous ses livres ultérieurs y sont en germe.
Un plaisir évident de lecture, agrémenté par une richesse de références à la littérature classique et universelle, qui fait de chaque livre de Steiner une fête de l'intelligence. -
Nouvelle de George Steiner, suivie de L'inadvertance du Dr Cottard et Vos disques sur une île déserte.