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hubert damisch
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Centrer les marges : Entretien avec Mathieu Bénézet
Hubert Damisch
- EHESS
- Audiographie
- 24 Janvier 2025
- 9782713233937
« On ne peut feindre aujourd'hui de savoir où va notre histoire, pas même l'histoire de l'art contemporain. C'est une illusion absolue de vouloir lui assigner une ligne et, surtout, c'est une illusion, et une illusion très dangereuse, de croire que l'art contemporain, tout comme l'art ancien, n'obéit qu'à une seule ligne. »
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Avec L'Origine de la perspective, Hubert Damisch n'a pas pour projet d'écrire une histoire de la perspective, mais plutôt, pour reprendre le titre de Machiavel, une suite d' " histoires perspectives ". Des histoires, dans leur variété, leur multiplicité, leur différence, qui auront trait précisément à la prétention qui fut alors celle de la peinture, à une manière nouvelle de vérité. Du dispositif de Brunelleschi aux Ménines de Velázquez, l'histoire de la perspective, constituée au Quattrocento, se révèle plurielle, à l'opposé d'un récit linéaire et évolutionniste.
Hubert Damish livre un essai passionnant, dans lequel la géométrie rencontre le théâtre et où la psychanalyse en appelle à la peinture, pour définir cette essentielle ligne d'horizon.
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Le jugement de Pâris - ce premier « jugement de goût » - s'inscrit au départ d'une suite d'événements tragiques dont on veut qu'il corresponde à l'entrée de l'humanité européenne dans l'histoire. La fable a fonctionné, au regard de la tradition, comme une figure exemplaire du malaise que Freud déclare inhérent à la civilisation : la culture occidentale n'a-telle pas récusé comme une faute, sinon comme une version païenne du péché originel, le choix de Pâris en faveur de Vénus, et d'une forme de beauté directement liée à la sexualité, là où Minerve et Junon, personnifiaient au contraire la force, la sagesse et la souveraineté ?L'art européen n'a pas cessé de travailler sur la donnée qui lui fournissait le mythe, tout en frayant de nouvelles voies qui recoupaient celles de la littérature et de la philosophie. Du « chef-d'oeuvre » de Raphaël (Le Jugement de Pâris, gravé par Marcantonio Raimondi) au Déjeuner sur l'herbe de Manet, revu par Picasso, et de Cranach à Rubens et à Watteau, une histoire se noue qui tourne tout entière autour de la question de la beauté dans son rapport au règne du désir et à la pulsion scopique.
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Théorie du nuage ; pour une histoire de la peinture
Hubert Damisch
- Le Seuil
- 1 Mai 1972
- 9782020027113
Du Moyen Age jusqu'à la fin du XIXe siècle, le nuage hante le ciel de la peinture occidentale. Moins qu'un motif descriptif, le nuage constitue un élément de la sémiotique picturale, un graphe dont les fonctions varient avec l'époque. A l'origine utilisé à l'imitation des machines de théâtre, pour faire apparaître le sacré dans le réel (ascension du Christ, visions mystiques), il joue un rôle plus ambigu à la Renaissance, au moment où le modèle perspectif assure la régulation : le nuage vient alors masquer l'irrepresentable infini, en même temps qu'il le désigne, assurant ainsi l'équilibre paradoxal d'une institution picturale intimement liée aux conditions de la science.
Ce qui est finalement tenté ici, c'est, à travers un inventaire des fonctionnements successifs du signifiant "nuage", une redistribution critique des domaines et des rôles assignés à l'art, à la science et à l'idéologie dans une structure de représentation: élément pour restituer à l'histoire de Part sa dimension systématique et matérialiste.
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Un souvenir d'enfance par Piero della Francesca
Hubert Damisch
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siecle
- 10 Septembre 1997
- 9782020126083
A mi-chemin entre l'hommage et la satire, à la fois proche et lointain de « l'homme Léonard » de Freud, Hubert Damisch oublie « l'homme Piero » pour analyser une oeuvre d'art construire comme un souvenir d'enfance qui met en scène la plus vieille question de l'humanité : d'où venons-nous ? Et, d'abord, d'où viennent les enfants ? De la légende d'oedipe au mystère chrétien de l'Incarnation, d'innombrables mythes racontent l'énigme de la conception et de la naissance comme un récit des origines de la mémoire humaine.
Pour dire Un souvenir d'enfance par (et non de) Piero della Francesca, Hubert Damish envisage une fresque au motif singulier : la Vierge, vêtue d'une longue robe bleue déboutonnée sur le devant et les côtés, a la main gauche posée sur la hanche ; des doigts de la main droite, elle effleure la longue fente qui s'ouvre sur un ventre bombé.
Ce geste sans exemple est celui de la Madonna del parto de Monterchi, non loin de Borgo San Sepolcro où Piero naît en 1406.
L'auteur nous invite à le suivre dans le silence de cette chapelle toscane.
A la compréhension historique de la « Vierge de l'enfantement » dans l'oeuvre d'un Piero à la fois peintre et mathématicien, alliant l'intuition au concept, Hubert Damisch joint une dimension anthropologique. Par-delà la fiction sacrée du mystère chrétien, l'image de cette vierge entrevue n'a rien perdu de ses pouvoirs : elle renoue avec la mémoire archaïque de la « toujours jeune humanité ».
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La ruse du tableau ; la peinture ou ce qu'il en reste
Hubert Damisch
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siecle
- 8 Septembre 2016
- 9782021245615
La forme « tableau » correspondrait à un moment déterminé dans l'histoire de la peinture et de l'art en général. Un moment chronologique : l'apparition du tableau dit de chevalet est assez précisément datée, ainsi que le serait l'annonce de sa fin. Un moment historique : le tableau semble être venu à son heure, laquelle a coïncidé avec le développement du commerce au long cours, l'accumulation du capital et la domination de la marchandise sous son espèce indépendante et fétichisée.
[...] Telle est la ruse du tableau qu'aujourd'hui encore, toute proposition picturale de quelque conséquence puisse être comme traversée par lui. Le tableau n'en a pas fini de fonctionner tout ensemble comme modèle et comme norme idéale, alors même que la notion en aurait été, non pas tant récusée, que radicalement déplacée.
[...] Le tableau, chose du passé ? Mais quel tableau, ou le tableau en quel sens du mot ? Le tableau en tant qu'objet ? Le tableau en tant qu'activité, et qui en appellerait à ce titre à une conception élargie du travail de peinture ? Le tableau en tant que fonction, comme l'a voulu Lacan, et qui pourrait s'exercer hors contexte, sinon hors-cadre ? Le tableau en tant que forme, sur laquelle la pensée puisse tabler, au moins par métaphore, dans sa propre activité, ses propres opérations, son propre travail, et jusqu'à en venir à jouer elle-même sur plusieurs tableaux ?
La question qui est celle du tableau en appelle ainsi à quelques détours, sinon à quelques déplacements auxquels est exposé tout un chacun qui s'intéresse à l'art.
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La Peinture en Echarpe.Delacroix, la Photographie
Hubert Damisch, Marc Jimenez
- Klincksieck
- Esthetique Klincksieck
- 24 Novembre 2010
- 9782252037874
Et si c'était, à l'époque où peignait et écrivait Delacroix, la peinture elle-même qui avait perdu la mémoire ? Au point pour elle d'avoir été directement exposée à l'irruption de la photographie, le premier parmi tous les arts qui pût se targuer d'être en mesure de fixer ce qui a été dans le temps même où il est advenu.
Le Journal de Delacroix est le récit continué de ce trouble, un récit dont seul un « amphibie », comme parlait le jeune Delacroix, un être que ses capacités autoriseraient à opérer concurremment dans deux éléments différents, aura pu former le projet, fût-ce inconsciemment et sans en mesurer toutes les implications.
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Dénivelée ; à l'épreuve de la photographie
Hubert Damisch
- Le Seuil
- Fiction Et Cie
- 7 Novembre 2001
- 9782020499095
La dénivelée, c'est d'abord la rupture de niveau qui a résulté de l'irruption de la photographie et de son rejeton, le cinéma, dans le champ des pratiques artistiques. Rupture dans l'ordre des discours : impossible de parler de l'«art» et de ce qu'on dit être son histoire sans prendre en compte, dans ce qu'elle a encore et toujours d'irréductible, l'intrusion de cette forme mécanique autant que chimique, et bientôt industrielle, de production d'images, sinon de mimêsis, ou de représentation. Mais rupture, aussi bien, au registre des pratiques elles-mêmes, dont on ne saurait feindre plus longtemps qu'elles soient jamais de plain-pied.
Cette différence de niveau, et la pente qui en résulte, ne vont pas à leur tour sans effets énergétiques. Le cinéma n'a pas plus supplanté la photographie que la photographie ne se sera substituée à la peinture. Il en naît une dynamique nouvelle qui s'éclaire d'une visée moins historique qu'analytique.
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Fenetre jaune cadmium. ou les dessous de la peinture
Hubert Damisch
- Le Seuil
- Fiction Et Cie
- 1 Octobre 1984
- 9782020069625
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C'est en 1946, dans un film d'orson welles, qu'apparaissent pour la première fois dans le cinéma commercial des images de la barbarie concentrationnaire nazie.
Il faudra attendre shoah de claude lanzmann, en 1985, pour que se fasse jour une nouvelle façon d'user de la caméra comme de l'instrument même de la prise de parole. a travers une suite d'essais comparatifs dont le champ va s'étendant aux autres arts, à commencer par la peinture, hubert damisch s'emploie à montrer comment le cinéma ne sera enfin devenu parlant qu'en passant par ce qui prend ici le nom de " montage du désastre ".
Mais comment parler de montage, comment parler d'" images ", là où l'excès, le débord du réel sur toute visée représentative ou documentaire est à ce point abyssal ?
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Nous sommes peu de temps après mai 68. Les sciences humaines bouillonnent. En 1972, Paul Flamand demande à Hubert Damisch sa Théorie du nuage : un ouvrage devenu depuis un classique, traduit en plusieurs langues.1972-2012 : c'était donc il y a quarante ans, Hubert Damisch ouvrait un commerce inédit dans le champ des sciences humaines, en même temps qu'il y introduisait un nouveau type d'objet théorique. La Théorie du nuage fut un succès au moins relatif (près de 12 000 exemplaires) qui connaît aujourd'hui un regain avec la vogue du Cloud Computing - l'informatique en nuage.C'est le moment que choisit Damisch pour réitérer l'opération sous une autre forme. Quel lien peut-il y avoir entre le " marchand de nuages ", cher au Baudelaire du Spleen de Paris, et ce nouveau Messager des îles ? La question est au centre d'un livre au style très différent. Là où naguère il lui semblait impossible de traiter de pareils objets sans l'assistance de la " théorie ", l'auteur développe, à l'aide de courtes fictions, de souvenirs d'enfance, de guerre, et de voyages, aussi bien que de multiples lectures et citations, un dispositif qui équivaut à une hypothèse en forme de question : un discours est-il même concevable sur les îles, avec elles ou entre elles ?
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Depuis près de trente ans, Hubert Damisch prend, à intervalles plus ou moins réguliers, le chemin de Laversine, près de Chantilly, où demeure et travaille son ami le peintre François Rouan.
En ce recoin maltraité de la plaine picarde, en voie d'être envahi par les grandes surfaces et les entrepôts, une conversation s'engage et prolifère, fructueuse et libre, au milieu des toiles accumulées contre les murs de l'atelier, et dont les six " journées " qui ponctuent le livre constituent comme le dépôt, la trace. Ainsi s'est trouvée nouée une relation entre les deux hommes, qu'on peut dire de l'ordre de l'intime, du travail, tout autant que de la méditation à haute voix (sur l'art, les enjeux de l'esthétique, les implications personnelles).
Entrelacs de deux paroles, dans un mouvement sinueux, élastique, souvent extrêmement direct, suivant en cela la " tresse " qui est comme l'emblème continu de l'oeuvre picturale de Rouan tout au long de sa vie, et à laquelle fait écho un ensemble de dessins inédits (tresses et taches), réalisés tout exprès pour ce livre, inspirés du groupe des Trois Grâces peint par Raphaël, qu'on peut admirer précisément, tout près de Laversine, au musée Condé de Chantilly.
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Nuage
Michèle Moutashar, Hubert Damisch, Laurent Colson, Riwan Tromeur
- Actes Sud
- 5 Juillet 2013
- 9782330019600
"Celui qui veut abattre un nuage avec des flèches épuisera en vain ses flèches. Beaucoup de sculpteurs ressemblent à ces étranges chasseurs.
Voici ce qu'il faut faire : on charme le nuage d'un air de violon sur un tambour ou d'un air de tambour sur un violon. Alors il n'y a pas long que le nuage descende, qu'il se prélasse de bonheur par terre et qu'enfin, rempli de complaisance, il se pétrifie. C'est ainsi qu'en un tournemain, le sculpteur réalise la plus belle des sculptures.» (Jean Arp, Jours effeuillés, poèmes, essais, souvenirs, 1920-1965).
Proposant au visiteur une approche autre de l'art moderne et contemporain, «Nuage» puise son sujet dans la nature. L'exposition s'intéresse aux structures anthropologiques de l'imaginaire, à travers un thème à résonance universelle, au croisement entre nature et culture, art et sciences naturelles.
Manifestation, subtile ou grandiose, du cycle de la vie, spectacle naturel inépuisable, le nuage est un objet de fascination sans fin. Il concentre tous les attributs du merveilleux : l'insaisissable, la métamorphose, et par-dessus tout l'apesanteur. Il est d'emblée le plus efficace des ascenseurs d'imaginaire : celui qui nous permet de nous défaire de la gravité. Phénomène naturel, combinaison de contraires et d'extrêmes, le nuage apparaît dans toutes les cultures comme une manifestation hors norme, éternellement branchée sur l'infini : c'est l'objet métaphysique par excellence. Mais il est aussi, dans l'art, la poésie, la philosophie, ou la nimbologie, en vrai comme en rêve, le plus humain des corps célestes.
L'exposition - et le catalogue qui en découle - réunit plus de cent vingt oeuvres, parfois de taille colossale, et cinquante-quatre artistes : sculptures, installations - dont cinq d'entre elles ont été spécialement réalisées pour le lieu -, peintures, oeuvres sonores, photographies, vêtements, vidéos. s'y répondent en un champ de résonances multiples mêlant les genres et les géographies.
Le fil rouge qui traverse toute l'exposition apparaît dès l'entrée du parcours : une ancienne «pierre de méditation», objet de lettré chinois, manifeste l'omniprésence du nuage porteur d'énergie vitale dans toute la culture de l'Extrême-Orient, que l'on retrouve plus loin avec un extraordinaire oreiller en forme de nuage de la dynastie Song (xe-xiie siècle). Tout le corps de l'exposition est ainsi travaillé, à la manière d'un diapason, par la constellation que dessinent en creux trois fragments empruntés à la nature, trois objets insignes, qui condensent, notamment à travers les collections dont ils sont issus, l'infini de la relation de l'homme au nuage : un rocher, une racine d'arbre du xviie siècle et une météorite.
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Jugement de Pâris - ce premier " jugement de goût " - s'inscrit au départ d'une suite d'événements tragiques dont on veut qu'il corresponde à l'entrée de l'humanité européenne dans l'histoire. La fable a fonctionné, au regard de la tradition, comme une figure exemplaire du malaise que Freud déclare inhérent à la civilisation : la culture occidentale n'a-t-elle pas récusé comme une faute, sinon comme une version païenne du péché originel, le choix de Pâris en faveur de Vénus, et d'une forme de beauté directement liée à la sexualité, là où Minerve et Jumon personnifiaient au contraire la force, la sagesse et la souveraineté ? L'art européen n'a pas cessé de travailler sur la donnée que lui fournissait le mythe, tout en frayant de nouvelles voies qui recoupaient celles de la littérature et de la philosophie. Du " chef-d'oeuvre " de Raphaël (Le jugement de Pâris, gravé par Marcantonio Raimondi) au Déjener sur l'herbe de Manet, revu par Picasso, et de Cranach à Rubens et à Watteau, une histoire se noue qui tourne tout entière autour de la question de la beauté dans son rapport règne du désir et à la pulsion scopique.
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Iconologie analytique - t01 - le jugement de paris
Hubert Damisch
- Flammarion
- 4 Janvier 1999
- 9782080816276
Autour du mythe de Pâris, l'auteur aborde la question de la beauté par rapport à la théorie des pulsions de Freud et de sa représentation.
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Ce livre propose une suite d'exercices que l'on qualifiera de " topiques " dès lors qu'ils portent sur quelques-uns des lieux, pour une part imaginaires ou symboliques, dont la pensée occidentale aura été appelée à user ou qu'elle a investis pour se constituer comme telle et pour y trouver ses marques (les marques qui sont celles du " sujet ", lui-même occidental) : la ville ; le labyrinthe ; le musée (en tant qu'il s'ouvre à l'architecture) ; mais aussi bien l'Amérique (dont la découverte a correspondu à un moment décisif dans l'histoire dudit sujet) ; l'île de Manhattan ; les grands espaces de l'Ouest, les " parcs naturels " et autres déserts...
Autant de lieux qui se prêtent à fonctionner au titre de scènes, de celle de l'histoire à celle du rêve, et de la scène de l'écriture telle qu'elle trouve à se déployer sur les murs de la ville et jusqu'aux carrefours des routes, à celle du cinéma, lequel aura relancé à nouveaux frais la question de la représentation, liée à ce qui est censé en faire le lieu, ou la scène. De Descartes à Freud, le rapport de la pensée à son habitat s'est radicalement transformé, parallèlement à la découverte, après celle de l'Amérique, de l'inconscient.
Si ces exercices s'en tiennent à une approche essentiellement descriptive, le problème ne s'en posera pas moins, en fin de parcours, de préparer le passage d'un inventaire, par principe sélectif, à ce qui serait une topique au sens strict, une théorie, et non plus seulement une description ou un simple état des lieux.
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Telle est désormais la puissance et l'universalité de l'institution muséale, et si forte l'emprise qu'exerce l'espace qui est celui de l'exposition sur les pratiques qui ont rapport à un titre ou à un autre, avec ce qui a nom « art », que seules des interventions locales et ponctuelles puissent déranger l'idéologie régnante.
Ce livre retrace une tentative de ce genre, qui prit place en 1998 au musée Boijmans Van Beuningen, à Rotterdam. À travers ce qui se présente comme le compte rendu, dans les termes les plus précis, d'une expérience systématiquement conduite, l'auteur vise à substituer à la critique pour une part hypocrite et confusionniste de l'institution, le mot d'ordre d'une utilisation ludique de sa machine qui correspondrait, en fait, à la pratique réelle et la plus constante de l'art moderne et contemporain. -
Robert mallet-stevens et la villa noailles a hyeres
Damisch Hubert / Sal
- Marval
- 22 Avril 2005
- 9782862342245
Si la villa noailles telle que l'a photographiée jacqueline salmon, si ces images fixes n'en ont pas moins leur "photogénie", au sens oú l'entendaient germaine dullac ou jean epstein autant que malletstevens, il ne s'agit pas tant, de la qualité de la prise de vue ou de celle du tirage que de ce qu'y ajoute, en termes temporels autant que narratifs, la dynamique, immédiatement perceptible mais mesurable en années, liée à la ruine -désormais stoppée- des lieux et à la poussée corrélative de la végétation, autant que celle qui procède, par inférence, de la succession même de ces images et de leur enchaînement calculé : du lever du jour à la tombée de la nuit, que signale l'obscurcissement progressif du site et l'allumage en fin de course des luminaires, la promenade (je n'ai pas dit le parcours, dont la notion impliquerait un cheminement réglé) est comme rythmée par la fuite des heures.
Mais ceci ne serait rien encore si cette promenade qui aura eu pour fruit une telle séquence d'images, ne renouait, dans son cours apparemment imprévisible, avec ce qui pourrait bien avoir été (j'en forme l'hypothèse au vu de ces photographies) la dynamique propre de l'ouvrage, à le viser dans son développement architectural autant que programmatique. la réussite -si c'est là le mot qui convient : disons l'efficace- de la prise de vues se mesurant à celle (la prise conceptuelle) qu'elle assure sur l'objet, dans son opération même.
Ce qui doit s'entendre dans le double sens qu'autorise la syntaxe : soit qu'on ait égard à l'opération qui est le fait de la photographie, ou que l'on prête attention à ce que celle-ci donne à voir du fonctionnement d'un objet dont la ruine agit en fait comme un révélateur. (h. d. ).