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ivo andric
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Le pont sur la drina
Ivo Andric, Pascale Delpech
- LE LIVRE DE POCHE
- Biblio Romans
- 5 Juillet 1999
- 9782253933212
A Visegrad, c'est sur le pont reliant les deux rives de la Drina - mais aussi la Serbie et la Bosnie, l'Orient et l'Occident - que se concentre depuis le xvie siècle la vie des habitants, chrétiens, juifs, musulmans de Turquie ou « islamisés ». C'est là que l'on palabre, s'affronte, joue aux cartes, écoute les proclamations des maîtres successifs du pays, Ottomans puis Austro-Hongrois.
C'est la chronique de ces quatre siècles que le grand romancier yougoslave Ivo Andri 'c, prix Nobel de littérature en 1961, nous rapporte ici, mêlant la légende à l'histoire, la drôlerie à l'horreur, faisant revivre mille et un personnages : de Radisav le Serbe empalé par le gouverneur turc, à Fata qui se jette du pont pour éviter un mariage forcé, et au vieil Ali Hodja, le Turc traditionaliste, qui voit avec consternation surgir les troupes de l'empereur François-Joseph.
En 1914, le pont endommagé dans une explosion demeure debout. Sinistre présage, cependant, grâce auquel ce roman paru en 1945, oeuvre d'un écrivain bosniaque par sa naissance, croate par son origine et serbe par ses engagements d'alors, nous paraît aujourd'hui mystérieusement prophétique. -
La Cour maudite
Ivo Andric, Pascale Delpech
- NOIR SUR BLANC
- La Bibliothèque De Dimitri
- 13 Mars 2025
- 9782889830930
La Cour maudite, c'est le surnom d'une prison mal famée de Constantinople. On y rencontre tous les types humains : des malfaiteurs et des innocents, des gueux et des princes. On les y enferme en nombre, car la police ottomane « s'en tient au sacro-saint principe qu'il est plus facile de relâcher de la Cour maudite un innocent que de rechercher un coupable dans tous les recoins de la ville ». Le maître des lieux, Karagöz, est un policier manipulateur, marionnettiste envoûtant, qui, en exerçant son pouvoir arbitraire et en proscrivant l'insupportable certitude, rend l'enfer tolérable. « Ils le maudissaient mais comme on maudit une vie qu'on aime ou un destin funeste. » Après l'avoir rencontré, à l'instar des habitants de la Cour maudite, les lecteurs de ce conte magistral, parabole de tous les pouvoirs dévoyés, auront du mal à « imaginer la vie sans lui ».
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Par un matin lumineux, le narrateur écrivain s'éveille dans le calme ra"né d'une maison de Sarajevo. Dans les brumes de ses rêves nocturnes surgissent des personnages, comme venus toquer à sa porte pour s'asseoir dans un recoin de son imagination et peupler sa solitude. Il nous raconte les frasques de Bonneval pacha, le tragique destin d'un vizir déchu, les a#res d'un baron condamné à mentir, la !n d'un prince aux yeux tristes, la mélancolie du scribe de Dubrovnik, le choix fatal de la jeune esclave Jagoda, les con!dences d'un géomètre jaloux, les amours malheureuses d'un directeur de cirque...
Dans une narration inspirée des Mille et Une Nuits, mêlée de naturalisme et de la plus grande modernité romanesque, Ivo Andric dépeint entre grandeur et décadence les humbles faiblesses humaines, et dresse avec une multitude de détails de fascinants portraits. C'est un ravissement, et un ensorcellement. -
La chronique de Belgrade
Ivo Andric
- Éditions des Syrtes
- Litterature Etrangere
- 3 Mars 2023
- 9782940701421
C'est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que Ivo Andric écrit La Chronique de Belgrade, un roman-chronique qui s'étend du début du XXe siècle jusqu'en 1944. À travers le portrait de « petites gens » l'auteur décrit la transformation de la société et l'évolution des mentalités et des relations au sein de la famille. Se dessine ainsi en filigrane le portrait imaginaire de Belgrade en une construction littéraire de son histoire récente.
De Portrait de famille qui évoque des relations familiales compliquées, jusqu'à Zeko, qui raconte l'histoire dissolue d'un personnage et de sa ville, La Chronique constitue un témoignage littéraire sur une époque troublée, sur les changements dramatiques et les circonstances tragiques qui ont affecté tant le monde extérieur que l'âme des individus. -
Rien ne destinait la petite ville de Travnik, résidence du vizir turc de la province occupée de Bosnie, à entrer dans l'histoire. Un coin de terre oublié où cohabitent, tant bien que mal, musulmans, catholiques, juifs et orthodoxes. A la faveur de l'épopée napoléonienne, un diplomate français, Jean Daville y est envoyé comme consul. Voici le récit de son séjour - de 1806 à 1814 - l'occasion pour Andric d'offrir un somptueux tableau de sa terre d'origine au moment où, pour la première fois, elle s'ouvre à l'Occident. Au carrefour du roman historique, du récit intimiste et de la description ethnographique, ce livre est aussi une réflexion sur les méfaits de l'intolérance et des rivalités entre communautés. La Chronique de Travnik est considéré comme l'un des romans majeurs des littératures slaves contemporaines.
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Il était une fois, en Bosnie, dans la ville de Travnik, un vizir nouvellement nommé. Comme ses prédécesseurs, il se fit connaître et par sa cruauté, et par un animal fétiche. Certains avaient fait venir des panthères, d'autres des singes, lui fit venir un éléphant. Bientôt il fut clair pour tout le peuple que cet éléphant, qui bousculait les étals au marché et faisait trembler de peur toute personne honnête, était bien semblable au vizir ; et une même haine les confondit tous les deux. L'Éléphant du vizir, nouvelle-titre de ce recueil, donne le ton de l'ouvrage, car pour Ivo Andrié, prix Nobel de littérature, c'est le petit peuple de Bosnie, qui est le véritable héros de l'Histoire. Passeront les vizirs et leurs animaux extravagants, Turcs, Français et Autrichiens pourront se succéder, seul le peuple demeure. Et en souriant, le soir, à l'auberge, les hommes se racontent l'histoire de l'éléphant du vizir...
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Andric est âgé de 28 ans lorsqu'il est nommé à l'ambassade du royaume des S. C. S. auprès du Vatican. Cette nomination qui intervient en 1920 va lui permettre de vivre de l'intérieur, en temoin " privilégié ", l'atmosphère insurrectionnelle et le chaos qui règnent en Italie, puis la montée inexorable et violente de la réaction. Ce dont il rend parfaitement compte dans La Révolution fasciste qui paraît à Zagreb dès 1923. Deux séjours ultérieurs en Italie le conforteront dans son appréhension (dans les deux sens du terme, perception et crainte) du fascisme, et ses affectations à des postes plus ou moins éloignés de la péninsule italienne ne l'empêcheront pas de suivre pas à pas l'extension, l'expansion de la dictature mussolinienne et à nouveau de les présenter au public dans six textes (dont certains signés du pseudonyme " Res ") qui paraîtront entre décembre 1923 et mai 1926, le dernier délaissant l'Italie du Duce pour la Bulgarie qui, alors, paraît s'engager lentement mais sûrement sur une voie qui non officiellement proclamée fasciste y ressemble à maints égards.
A la lecture de ces textes, le lecteur est frappé par la finesse et la justesse de l'analyse proposée par Ivo Andric. Quoique contemporains de la montée du fascisme, ces écrits semblent aujourd'hui nettement postérieurs, comme rédigés par un historien qui aurait bénéficié d'un net recul dans le temps pour se pencher sur l'avènement de ce monstre que fut le fascisme.
Complètent le présent recueil deux textes légèrement antérieurs puisque datés de 1921 et 1922 Le Dernier Roman de F.F. Marinetti et Un livre de guerre de Gabriele d'Annunzio. Ils sont en quelque sorte le contrepoint des écrits plus politiques présentés ici et illustrent l'autre domaine d'activité du Ivo Andric trentenaire : la critique littéraire qu'il mène en parallèle avec ses propres essais de création.
Ces neuf textes d'Ivo Andric sont inédits en français. -
Au-delà de la simple narration d'événements dont les acteurs sont des enfants, Ivo Andrié aborde ici des thèmes qui lui sont chers : la culpabilité, la faute dont on se voit accusé à tort et qu'il faut malgré tout expier, l'éveil à la réalité du monde et du mal qui l'habite.
L'innocent se trouve désemparé, angoissé devant la faute qu'il n'a pas commise, devant le mal qui l'agresse, devant la mort qui pèse sur lui de son écrasante présence et qui, en dernier ressort, apparaît comme l'unique issue d'une situation inextricable. Ivo Andrié (1892-1975), reconnu comme le plus célèbre écrivain yougoslave du XXe siècle, obtint le prix Nobel de littérature en 1961. En le lui remettant, Anders Osterling déclara " Une grande tendresse unit Ivo Andrié aux hommes, mais il ne recule pas devant la description de l'horreur et de la violence, ni devant ce qui, à ses yeux, apporte surtout la preuve de la réalité du mal dans la vie.
Il ouvre, en quelque sorte, la chronique du monde à une page inconnue et s'adresse à nous du plus profond de l'âme tourmentée des peuples slaves du sud. "
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Roman de peintre ou d'un joueur d'échecs, ce livre relate la vie du général d'origine croate omer pacha latas, envoyé en bosnie en 1850 par le sultan abdul medjid pour y imposer l'autorité turque.
La bosnie, si elle dépend alors d'istambul, est en réalité menée par ses knez, dont le premier, le voïvode zimonitch, règne sur la région de sarajevo.
Ces knez, omer pacha va chercher à les contraindre ; eux s'attacheront à plier, à craindre, à attendre surtout. autour de ce duel, comme en promenant ses yeux sur un échiquier, les figures se croisent, se rencontrent : la reine, épouse du séraskier, le fou, costache nenisanu, qui perd la raison par amour, la tour, ce serviteur du pacha qui le protège et pourvoie à ses vices, les soldats, anciens autrichiens ou croates islamisés.
L'art de la miniature à l'échelle d'une fresque, par le plus célèbre des écrivains yougoslaves (prix nobel 1961).
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In the small Bosnian town of Visegrad the stone bridge of the novel's title, built in the sixteenth century on the instruction of a grand vezir, bears witness to three centuries of conflict. Visegrad has long been a bone of contention between the Ottoman and Austro-Hungarian Empires, but the bridge survives unscathed until 1914, when the collision of forces in the Balkans triggers the outbreak of World War I.
The bridge spans generations, nationalities and creeds, silent testament to the lives played out on it. Radisav, a workman, tries to hinder its construction and is impaled alive on its highest point; beautiful Fata leaps from its parapet to escape an arranged marriage; Milan, inveterate gamble, risks all in one last game on it. With humour and compassion, Andric chronicles the lives of Catholics, Muslims and Orthodox Christians unable to reconcile their disparate loyalties. -
Ivo andric est un conteur rare, inspiré.
Chroniqueur des balkans, il témoigne de ce fabuleux creuset où durant des siècles se sont rencontrés, combattus, mélangés, séparés : turcs, autrichiens, hongrois, bosniaques, chrétiens orthodoxes ou catholiques et juifs issus de multiples exodes. c'est cette communauté qui est au coeur du présent recueil ; des sépharades chassés d'espagne par isabelle la catholique, des ashkénazes qui viendront par l'est deux cents ans plus tard, de la place qu'ils ont eue et des ultimes folies de la seconde guerre mondiale qui les emporteront.
A travers ces portraits d'une extrême justesse, c'est toute l'histoire des juifs de bosnie qui se révèle et, au-delà, celle de tous les hommes de ces territoires, aux vies brassées par les vagues successives des empires.
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si la littérature d'aujourd'hui nous apparaît parfois trop tournée vers elle-même, insuffisamment oxygénée par l'air du dehors, peu irriguée par les courants de la vie.
alors, qu'on se retourne vers ces écrivains qui, hier encore, savaient nous offrir des livres dont on entendait à chaque page battre le coeur. visages (1960), l'un des plus célèbres recueils de nouvelles d'ivo andric, prix nobel de littérature eu 1961, était resté inexplicablement inédit en français jusqu'à ce jour (six seulement, parmi les vingt et un récits que rassemble l'ouvrage, avaient été traduits).
et pourtant c'est dans ce registre peut-être qu'andric, donne son meilleur : au point d'égaler parfois tchekhov conteur. lui-même était conscient d'avoir composé là - avec grand soin - un florilège ait se trouveraient mises en valeur toutes les facettes de sort art. soit un "portrait " kaléidoscopique, formidablement vivant, de la bosnie d'hier - telle, eu tout cas qu'elle perdura jusqu'à la dernière guerre mondiale; une contrée encore protégée par ses montagnes, rudement agreste, et d'esprit profondément balkanique, c'est-à-dire tout ensemble ensauvagé, généreux et insoumis.
le texte intitulé " visages ", qui donna son titra au recueil. dit assez que, par-delà les violences et les absurdités de l'histoire, c'est le grand mystère de la face humaine que l'écrivain interroge d'abord ici, oú joies et souffrances ont tracé, ont creusé ces mille hiéroglyphes qui épellent en silence la langue du destin et que nous n'aurons jamais fini de déchiffrer.