Il est encore temps d'aller aux fontaines, de trancher les secondes comme un fruit, d'écouter le chant des paroles montant de Babel.
Personne n'est plus dans sa vie, dans aucune vie. Oui, tout est à réinventer, tout. Même l'amour, surtout l'amour et la bonté. Ces deux diamants qui se sont éteints au cours des siècles, sur lesquels nous avons jeté les eaux de nos tourments, sur lesquels nous crachons notre fiel. Oui, tout est à faire jaillir de la lumière, pour étendre la liberté, la liberté de tous. Nous sommes au matin de l'aventure fabuleuse, avec nos outils de préhistoire, nos goûts de caverne, nos vieux démons. Nous manquent la fraîcheur des sources, le renouveau des fleuves, la fraternité des oiseaux. Nous manque le plus simple que nous avons relégué aux oubliettes. Il est encore temps d'aller aux fontaines.
Ce livre est composé de quatre parties.
Notre défi invisible, ce sont des carnets écrits presque au jour le jour, des notes, des bouts de phrases, des dessins sur papier, admirateurs zélés de la vie qui passe, meurt, naît, ressuscite, s'efface, rejaillit, tremblante, démoniaque, heureuse. Et cela dans l'admirable silence du mouvement, des rythmes infinis. Vivre est la danse d'un funambule. Aux livres, j'ai souvent préféré la belle palpitation du monde et suis allé au dehors pour amasser toute la chaleur du soleil, sa bonté inouïe. J'ai flâné longtemps sans jamais me lasser de cette contemplation peu ordinaire. Les visages des hommes sont sans mensonge. Les plis de leurs yeux disent la vérité. Sous ce ciel, il y a trop d'injustice et cette injustice soulève en moi des tempêtes. Ce chant massif, je l'entends. Cela vous donne, si j'osais ce mot, une sorte de responsabilité, d'humilité à l'égard de chaque phrase, de chaque être que vous fûtes un jour amené à croiser.
Les textes sont datés, restitués chronologiquement, avec indication des lieux.
528 pages de ce grand voyageur qu'est Joël Vernet, couvrent ce lent chemin parcouru de 1978 à 2016.
Sélection de poèmes d'Adrienne Rich, jamais traduite en France. Une voix lyrique familière, intime, une voix de femme américaine, porteuse de tradition, une voix whitmanienne, transcendantaliste, et gauchissant cette tradition pour l'élargir. Il y a chez Adrienne Rich une adhérence à la vie. Engagée dans les conflits et la lutte qui se mènent pour aller de l'inconscient au dicible, puis à l'action. Sa poésie, dit-elle, est « une longue conversation avec les aînés et avec le futur ».
71 textes adressés à 71 animaux, accompagnés de 25 dessins. Une correspondance, un chant d'amour que l'auteure a fini par partager avec le lecteur. Une préface d'Eric Baratay, Professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lyon, spécialiste de l'histoire des animaux : « Albane Gellé exprime, à sa manière, tout en littérature, un souhait croissant en Occident: passer sur le versant animal des choses, aller du côté des animaux, s'en approcher au mieux pour mieux les saisir, les ressentir, les vivre, avec empathie et générosité. Elle proclame aussi la conscience nouvelle de vies animales, non pas inférieures, bestiales, bêtement instinctives, comme on l'a longtemps affirmé pour préserver des intérêts humains bien pesés, mais différentes, diverses, riches, étonnantes, même exceptionnelles puisqu'il ne s'en trouve pas ailleurs. (extrait)»
C'est dans son atelier que Guillaume Métayer nous invite, en nous proposant de partager avec lui des expériences singulières de traduction.
La formule « traduction, poétique », sous-titre du présent essai, doit s'entendre : une première fois, au titre de la riche tradition de réflexion théorique dans laquelle il s'inscrit, et une deuxième fois, au sens où l'effort de la traduction apparaît ici sous sa forme la plus vivante et la plus incarnée.
Les douze chapitres de cet essai, forment autant de rebondissements réflexifs et poétiques, qui se lisent comme le récit d'une traversée : traversée des langues, des espaces - notamment des champs centre-européen, allemand, slovène et hongrois dont l'auteur est un des meilleurs connaisseurs actuels. À l'horizon de ce parcours parfois périlleux, la catastrophe heureuse par quoi la poétique de la traduction se fait, purement et simplement, poésie.
Suffira-t-il avec la poésie d'inventer une langue nouvelle qui dira les hommes égaux ?
L'enchaînement des poésies et des petites proses de ce premier volume est un parcours dans la langue du poète, une manière de marcher à ses côtés, à travers les pays du monde.
Ce premier volume des Oeuvres Poétiques de Joël Vernet contient des textes inédits et une édition révisée des ouvrages suivants parus entre 1985 et 2009 qui inaugurent sa langue de poète au rythme et à la musique singuliers découverts par le grand public dans ses Carnets du lent chemin en 2019 :- J'ai épuisé la ville, Laurent Debut, 1985 ;- Rendu au jour, collection Le Portefaix, Poésie-Rencontres, 1991 ;- À demeurer ainsi au bord d'un soir, accompagné de six gravures originales de Marie Alloy, Éditions du Palimpseste, 1991 ;- Cri de pierre, Jean-Marc Scanreigh, 1997, réédité aux Éditions La Part des Anges, 2003 et La Part commune, 2008 ;- Fatigue éblouissante, avec des dessins de Jean-Gilles Badaire, Les Éditions du frau, 2019 ;- La mort est en feu, La Peur et son éclat et L'enfance est mon pays natal, avec des peintures de Jean-Gilles Badaire, Cadex, 1995 ; - Quand la mer roule vers le soleil, accompagné de six photographies de Julie Ganzin et d'une partition de Xu Yi, Éditions de l'eau, 1998 ;- Gao sans retour, Librairie française de Venise, 2004 ;- À qui appartient le soleil ?, accompagné de dessins et de gravures d'Anne Petrequin, Les Petits classiques du Grand pirate, 2005 ;- Voir est vivre, avec un frontispice de Jean-Gilles Badaire, collection Carnet des sept collines, Jean-Pierre Huguet, 2009.
« Aux livres, j'ai souvent préféré la belle palpitation du monde et suis allé au dehors pour amasser toute la chaleur du soleil, sa bonté inouïe. » QUOI ? Vivre, cette splendeur sauvage est un livre d'entretiens au cours duquel l'auteur revient sur ses différents ouvrages, ses préceptes et les nombreux voyages qui jalonnent son parcours poétique - et humain.
L'auteur évoque son désir de se mettre en retrait, de partir sur les routes en nomade, ainsi que son besoin de s'éloigner du monde pour mieux, ensuite, le retrouver.
COMMENT ? Joël Vernet est l'auteur d'une oeuvre abondante, composée de livres souvent courts, nourris d'une prose poétique gravitant autour des thématiques du voyage et de l'errance.
Nous retrouvons dans ce livre un feuillet nommé Copeaux du Dehors proposant des fragments de proses inédits ainsi que des entretiens parus dans des revues comme Rumeurs, actualité des écritures, Strada ou au sein de bulletins ou de billets de blog.
Extrait 1 : « J'étais farouche, presque muet. Nous grandissions dans l'idée de la perte, de l'abandon toujours possibles, sans boussole aucune, mais libres. Il y aurait des livres à écrire sur l'absence des pères. Voyez Rimbaud, Augiéras, et tant d'autres. Il n'est pas impossible que certaines écritures prennent source là. »
Recueil de courts textes, poèmes, où le corps est central, comme pris dans les pensées ou les mots qui s'inscrivent dans la chair. L'univers autistique, que l'auteure côtoie quotidiennement, est un lieu d'inspiration qui la pousse à imaginer ces bribes de corps qui tombent, ces limites incertaines, ces corps bleus qui peuplent son recueil.
Ce second volume poursuit l'exploration entamée avec Au bord du théâtre... Dans le vif de la parole, dans ce qui s'inscrit, entre esquisses fugitives, adresses lyriques, entrées de clowns ou de fantômes, poèmes pour la scène ou tentatives d'approches théâtrales se retournant en un rien de temps en chansons parlées-fredonnées-mur-murées, en éclats de pleurer-rires.
Dans ce qui ne peut se justifier, à la limite de l'écriture et de la représentation, au bord du théâtre, en ne sachant jamais trop sur quel pied danser, mais en tentant de danser encore dans le tournoiement de la parole, dans ce vertige que l'on tente parfois de fixer, ne sachant plus trop s'il nous emporte, ou si nous en sommes pour un instant le fragile démiurge. Au bord, entre poésie et théâtre. Dressés et titubants à la fois dans la parole, comme le corps parfois sur la scène, comme le corps parfois sur la page. Ne sachant jamais trop.
Au fil des années Patrick Laupin a rencontré nombres d'enfants "cassés dans la langue".
Il parle de ces lieux, moments où les enfants, souvent en institutions, s'écrivent, renaissent, touchant magnifiquement à la vie, la leur, la nôtre. Infiniment riche.
Patrick Laupin remonte l'histoire de ces rencontres avec les enfants, donnant sens aux situations, depuis des dizaines d'années.
Lecture qu'on ne "lâche" pas, touchés à vif que nous sommes.
À tout moment, un livre, même écrit avec la plus scrupuleuse honnêteté, peut désormais être tenu pour du vent, nul et non avenu, car le fait de lire et d'écrire est devenu de la petite monnaie. Ce grand balancement de vers réguliers, de Racine à Baudelaire, qui me hante jusqu'au souffle de la lettre, ne pourrait intéresser aujourd'hui, tout au mieux, que des obscurs et des sans grade.
Soudain c'est la disparition de ce style altier, racé, souple, aérien, venté, élégant, derrière le mur borné des indifférences. C'est l'éternel enfant perdu dans le brouillard. Pourtant de la poésie il est donné une part loyale à chacun dès sa naissance. Qui l'ignore la renie. Qui l'excède la blasphème. Que devient la conscience de mots ? Étrange sentiment terrifiant que tout ça ne vaut plus rien. Que tout ça ne compte plus.
Un recueil de Haïku, qui tournent autour des états amoureux. La concision du Haïku dans la langue fraîche des sensations amoureuses que nul n'ignore, ils sont accompagnés de dessins-illustrations du graphiste Frédéric Coyère.
De courts textes chacun tient dans une page. Dans ce bloc, dense, compact, et dans cette légèreté pourtant, ce flux, cette coulée de larmes : je crois n'avoir rien découvert d'aussi beau depuis les élégies de Rilke. Sans doute est-ce parce que cela « tombe » en prenant son essor, en se mêlant aux nuages, aux étoiles, à la volubile floraison du sang. (extrait de la 4ème de couverture de Lionel Bourg).
Shoah (1985), film de Claude Lanzmann, fut et demeure réponse à la question qu'Adorno formulait pour ses contemporains : « Pouvons-nous, encore. ? ». Mais qui protégera la Shoah et Shoah, maintenant que Claude Lanzmann est mort ? Protéger de quoi ? De l'inéluctable devenir culturel touristique, souvenir de voyage, produits dérivés d'Auschwitz. Sous le déluge du fake et de la trumperie mondiale, quelle arche alors transportera le témoignage jusqu'à quelle colombe ?
Dans ce livre, qui atteste d'une longue amitié, il est moins question du salut pour les Juifs que d'un salut par les Juifs, universel et profane, dont le marranisme moderne ferait l'exemplarité - modèle, mais comment ? - pour un salut des Nations, au seuil d'un chaos destructeur, à quoi il faut que succède une trêve infinie qui remplace le projet du XVIIIème siècle d'une « paix perpétuelle ».
"Le silence d'une maison où l'enfance s'est tue, prêt à rejoindre les étoiles".
Joël Vernet nous emmène dans les burles de son pays rustique, les beautés de "ses" paysages, à l'écoute de son école, de son instituteur, dans la rudesse néanmoins si douce, les émerveillements et les privilèges de cette vie dans la nature, qui aideront à dépasser la disparition jamais expliquée de ce père qui déjà travaillait au loin. Le creuset de ses choix de vie, poète qui part dans le monde, à la rencontre d'autres merveilles humaines et de nature, habité par l'amour chaleureux et vaillant de cette mère qui restera silencieuse jusqu'au bout.
Un récit distillé en chapitres et deux grandes parties titrées, une langue douce et précise, rythmée par le souffle de Joël Vernet.
Il s'agit d'un premier recueil de poèmes écrit par une « auteure » qui, habituellement, met son savoir-faire, savoir-écrire, au service des autres (récit de vie, histoire ou affaire personnelle, mémoires et témoignage).
Dans Déchiffrée par les lettres, Terez Bardaine aborde tous les sujets propres à la nature humaine. Elle se tient debout sur le fil de la langue, funambule-poète, pour revendiquer ses nombreuses appartenances, pour affirmer ses convictions et pour avouer ses passions, même celles qui demeurent inavouables.
Les poètes rassemblés par Yvon Le Men annoncent que le temps du poème continuerait contre vents et marées, entre ombres et lumières Ce livre est la trace des soirées « Il fait un temps de poème », animées depuis plus de 30 ans par Yvon Le Men, et accueillies au Carré Magique de Lannion.
Cette anthologie, (volume 3 de la série) rassemble aujourd'hui des contributions d'auteurs invités entre 2013 et 2023 tels que Katerina Apostolopoulou, Luc Baba, Terez Bardaine, Stéphane Bataillon, Jeanne Benameur, Seyhmus Dagtekin, Salah Al Hamdani, Cypris Kophidès, Aurélia Lassaque, Patrick Laupin, Ružica Mili?ević, Hala Mohammad, Maya Ombasic, Nathalie Papin, Paola Pigani, Thierry Renard, Dominique Sampiero, Faruk Sehic et Joël Vernet entre autres. Il s'agit de textes inédits pour la plupart.
Chaque invité contribuant à ce recueil a invité une autre, un autre qui a compté dans sa vie, leur maître en poésie.
« Tous les poèmes rassemblés ici ne m'émeuvent pas au même moment. Un jour, c'est l'un ; un jour, c'est l'autre. Cela dépend du temps qu'il fait dehors, dedans. Cela dépend de l'air du temps, du temps de poème qu'il fait entre moi et le poème que je reçois. Le lecteur, aussi, fait le poème. Et je suis, chaque jour, un lecteur différent. »
Le poème de Guillaume Dreidemie vient à nous comme une peinture : Difficile de croire en nous / lorsqu'on nous regarde Le matin du regard dans le coeur des pierres esseulées, le poète suit la lumière qui nous dévoile, nous fait don de l'immobilité du paysage, du tremblement dans le passage.
Les poèmes se déroulent autour du Refrain, Murmure, Vertèbres et Retour
Yanis créa toutes ses écritures et ses pastels à l'hôpital de jour Jean Dechaume de septembre 2012 à juin 2013. Il avait alors huit ans. Ses carnets écrits, son livre, méritent l'attention de tous. Il y a une telle beauté, et une force, un héroïsme naturel, dans ses créatures d'art qui surgissent tout droit au contact, qu'elles touchent plein centre le miracle d'invention de l'enfant qui explore le mystère du monde. Ses mots sont des natures vivantes de rêve, de chair et de couleur, qui animent en profondeur les appuis et les pesanteurs de sa vie terrestre. Il a une telle faculté de joie, une aptitude au bonheur, il parle un coeur, le sien. Il va droit au but et s'émerveille avec la volubilité de l'enfant qui parle tout haut et tourne ses mots dans sa bouche pour se rassurer et s'étourdir. Avec la vitesse de pierre lisse des galets d'un torrent.
Je remercie Séverine, la maman de Yanis. Autorisant la publication de ce livre elle témoigne d'un grand geste d'amour et de confiance pour le talent de son petit garçon et pour tous les lecteurs qui viendront. Elle permet que chacun puisse ressentir pour lui-même en laissant venir ces mots, ces phrases, ces noms, ces gestes, toute cette musique et son audition colorée, toute cette tendresse magique de touche du seul et unique acte magnifique de vivre.
Patrick Laupin (extrait de la préface).
Recueil de poèmes. De courts textes qui s'appuient sur de simples faits de la vie de tous les jours. Ce monde qui relève de nous tous, est traité dans une langue poétique qui lui assure une forme rare de grandeur du quotidien.
Cet ouvrage interroge l'illisibilité qu'on impute à la poésie et montre qu'elle rend possible une expérience absolument singulière.
La poésie contemporaine est déroutante. Enquête sémiologique, rhétorique et philosophique, Prise de vers est le fruit d'une dizaine d'années de pratique du poème et de réflexion sur la poésie depuis Mallarmé.Pierre Vinclair révèle que si la confidentialité dont souffre la poésie est bien liée à sa difficulté, celle-ci n'est pas un accident. Elle constitue au contraire un projet assumé, qui trouve sa condition dans la particularité d'une vision, et dans le partage du corps souffrant de la langue son fondement éthique.
À la manière dun journal de terrain, Françoise Fressonnet, anthropologue mais également cuisinière et psychologue, s'est immergée dans la société centrasiatique (Ouzbékistan, Kirghizstan, Kazakhstan et Tadjikistan), le plus souvent rurale, pour aller à la rencontre de femmes qui ont vécu successivement le communisme après le patriarcat, puis le post-soviétisme avec un retour de la tradition musulmane.
Son but est d'observer et de partager leur vie quotidienne autour de l'économie domestique, du travail, des relations dans la famille et le couple, et de comprendre comment elles ont réussi à combiner les principes en apparence opposés, que sont ceux du communisme et de la religion, notamment en matière d'alliances.