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Romans & Nouvelles
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Les Grands Express Européens, Kibboutz et The Great American Disaster. Trois recueils de nouvelles, trois continents dans ce livre-coffret d'une même itinérance, d'une même errance au travers des ruines d'un monde dévasté par les guerres. L'oeil incrédule parfois mais la vision toujours percutante. Et dans une langue poétique, tranchante et lucide. Après les guerres de 40, de l'indépendance d'Israël ou de Corée, les personnages que l'on croise au fil des pages, certains que l'on retrouve de nouvelles en nouvelles, d'autres qui disparaissent dans la brume d'une existence désaffectée, nous font entrevoir combien, après les guerres, il y en a d'autres encore, intérieures et secrètes et bien plus pernicieuses.
Trois recueils qui parlent la même langue. Poétique, tranchante et lucide. La langue de l'exil.
Un magnifique coffret objet-livre.
Couvertures : dessins originaux du peintre Samy Briss.
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Un livre à quatre voix et peut-être un livre pour quatre voies Quatre voix qui s'entrechoquent, s'entremêlent Quatre voies qui se tissent pour se perdre Quatre voix qui s'étreignent et s'éteignent Chaque voix trace sa voie. Chaque voie porte une voix Chaque voix vibre à l'écoute des vents, des nuages, des pluies Chaque voie s'égare dans la nuit des souvenirs C'est ainsi que l'auteur ébaucherait une présentation de son roman. Comme à bout de souffle devant l'incommensurable silence qui se dégage de son propre ouvrage. Autour du viol d'un enfant, David, à sauver, à aimer. Quatre personnages nous parlent de son histoire. Axel, l'homme qui, le recueillant, va le sauver, au-delà de sa vie. La fille de cet homme, Claire, elle-même survivante, qui, le recueillant, va l'aimer au-delà de sa vie. La meilleure amie de Claire, Palmyre, celle qui est faite pour l'amour, pour la vie, et qui reste, elle, et témoigne. Et lui, David, il l'écrit dans son cahier, son histoire, et peu à peu, on ouvre ce cahier. Toute sa vie, David la dit avec ses mots, avec son orthographe et sa grammaire de dyslexique, à l'encre de ses peurs, de ses incompréhensions, de ses émerveillements, de ses curiosités, de ses joies, de sa détresse d'orphelin, de sa douleur insurmontable, de sa colère aussi. Une sourde colère. Et un amour immense. Mais une immense colère.
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Max ehrlich (1892-1944), disciple de max reinhardt, fut l'un des plus célèbres acteurs du théâtre comique allemand et du cabaret berlinois.
Sous la république de weimar, le cabaret est à son apogée et max ehrlich au sommet de sa carrière, brillant dans toutes les disciplines: acteur de cinéma, de théâtre, comédien et maître de cérémonie, chanteur, imitateur, réalisateur de films, auteur de livres. a cette époque, berlin est la nouvelle capitale culturelle de l'europe et acquiert la réputation d'être la ville qui ne dort jamais. l'arrivée au pouvoir des nazis met brutalement fin à son ascension: comme tous les autres artistes juifs, il est confiné à la scène de " l'association culturelle juive " (jüdischer kulturbund) qui n'a le droit de se produire que devant un public juif, sous la surveillance de la gestapo.
Ce n'est qu'en 1939 que max ehrlich décide de s'exiler en hollande. il y retrouve son complice willy rosen, avec lequel il monte plusieurs spectacles. mais, comme les plus fameux acteurs, chanteurs et danseurs du théâtre berlinois, il est déporté dans le camp de westerbork, l'antichambre d'auschwitz, érigé par le gouvernement hollandais dans une zone désolée. les artistes s'unissent et fondent le " groupe de théâtre du camp de westerbork ", dirigé par max ehrlich.
Certes, cette entreprise reflète la perversité du projet nazi, encourager que l'on chante, danse et joue à westerbork, alors que le destin de chacun est déjà scellé dans la mort. les détenus sauront tourner cet état de fait à leur avantage, en utilisant le rire comme moyen de résistance spirituelle, en se servant de l'illusion du spectacle pour survivre malgré l'adversité. le théâtre, pour les acteurs, comme pour le public de détenus, devient ainsi un moyen de résistance contre la barbarie.
Pendant l'été 1944, les transports hebdomadaires vers la pologne et l'anéantissement s'accélèrent. le 12 septembre, max ehrlich et willy rosen montent dans le dernier train pour auschwitz oú ils seront gazés à leur arrivée, comme la plupart des 107. 000 déportés de westerbork.
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Chahla Chafiq raconte les chemins périlleux et hasardeux de l'exil de femmes et d'hommes qui font l'expérience de cet ailleurs qu'il leur faut apprendre à apprivoiser.
Il y a en premier la terreur qu'inspirent les foules fanatisées quand elles tentent de déverser leur haine sur deux jeunes femmes qui viennent de quitter une manifestation ; il y a la fuite et le passage clandestin en Turquie, première étape avant la France. Il y a la liberté enfin, mais avec elle le déracinement, parfois la solitude, mais parfois aussi la découverte d'un quotidien plein d'imprévus et de plaisir.
Sept récits doux-amers pour raconter l'exil. Puis, dans la deuxième partie, l'auteure esquisse avec une grande pudeur l'ineffable, le deuil, un murmure, la mort d'un enfant dans une terre d'accueil et son souvenir lancinant à travers la vie banale de tous les jours.
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Dans ce recueil de quinze nouvelles, Shmuel T. Meyer nous dit à travers une série de personnages, ce que le kibboutz pouvait alors renvoyer, de poésie, de rêves, d'utopie, de férocité, d'égoïsme aussi, d'amour et de désamour, de beauté aussi. Poétique, tranchante, contenue, émouvante, la langue de l'auteur est française hébreu arabe. Elle est une langue exil, la langue de l'âme. C'est par la description et le moindre détail que l'auteur, dans tous ses livres, nous fait découvrir le monde et ceux qui l'habitent. Dans ce voyage au cÅur du kibboutz, ce sont les cerises écrasées dans les mains d'une enfant, cette mère que son fils a reniée, et cette rousse dont le jeune kibboutznik espère le baiser, et le « à tour de rôle » si difficile parfois à respecter, symbolisé par la nouvelle Oncle Yona, et la maison des enfants, et Rabin et Rabin et Rabinâeuro(s)¦ et celle d'un homme seul la nuit, sur son tracteur face à un aigle, face à sa solitude, face à ce nouveau Lui, « Homme libre enfin déraciné ».
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La vie éternelle ; 13 histoires courtes pour marquer le temps
Sholem Aleikhem
- Metropolis
- 17 Janvier 2012
- 9782883401884
Empreints d'un humour dévastateur, les treize récits de Sholem Aleikhem réunis dans ce recueil se situent toujours à la frontière de l'absurde et du drame.
L'auteur nous fait découvrir l'univers juif d'Europe orientale au tournant du XXe siècle et dessine à traits mordants et tendres la vie des petites gens et celle de la bourgeoisie naissante.
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C'est grâce à une annonce qu'elle fait passer dans la presse locale de Montréal que la narratrice fera la connaissance de Léon, un veuf inconsolable de 72 ans, d'aspect plutôt repoussant, mais au volant d'une américaine de luxe, pratique pour les courses au supermarché. Divorcée, plus toute jeune elle-même, elle se décrit comme petite et rondelette, mais rêvant encore et toujours d'une aventure romantique. Tout en relatant, avec subtilité et un certain détachement, les quatre années d'amours stériles qui finiront par échouer dans une tentative de relation charnelle, elle se tient au courant des histoires de son fils Richard. Ses histoires d'amour caracolent entre Montréal et Prague en passant par Istanbul; Paris ou Berlin, et même Kaiserlautern, une petite ville allemande insignifiante, où la narratrice fera la connaissances des beaux-parents du jour de Richard. "En tant que mère juive d'un précieux fils unique, j'éprouve une curiosité passionnée à l'égard de ses amies", avoue-t-elle.
Tecia Werbowski, dans ce roman sensible, décrit avec humour, tendresse et dérision les amours du troisième âge versus les tribulations de la jeunesse insouciante et incapable de se fixer.
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Prague, une ville énigmatique, mystérieuse, au passé littéraire prestigieux, que Tania Ney ne se lasse pas d'arpenter. Elle décide un jour de passer une petite annonce dans le Prague Post et le Prager Zeitung : "Guide pragoise, historienne de l'art connaissant plusieurs langues, écrivaine, conduira un petit groupe 'select' dans divers coins de Tchéquie".
Quelques jours plus tard, elle reçoit un appel d'Alma Mahler; elle souhaite visiter le lieu de naissance de son mari. Puis arrive un téléphone de l'hôtel Europe, encore plus surprenant, une dame désire visiter la maison natale de Freud. C'est Lou Andreas-Salomé. Enfin, Nina Berberova et Irène Nemirovsky ont envie de se joindre au groupe. Ces dames feront plus ample connaissance, le voyage en train invite aux confidences. Elles parleront, sans retenue, de leur vie, leurs amours et leur passion. Rêveries pragoises est une promenade littéraire insolite et envoûtante, à travers le temps, la culture et l'histoire du XXe siècle, un hommage à ces pionnières, femmes de lettres insoumises. C'est aussi une déclaration d'amour à sa ville d'élection qui l'a inspirée, Prague.
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Dans ces récits grammaticaux, tels des moments musicaux qui s'immobiliseraient sur quelques notes, Esther Orner, auteur unanimement salué par la presse de "Autobiographie de personne", repend le fil de sa vie où l'Histoire ou d'autres fatalités ont laissé leur empreinte.
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Absence de dates, de noms, de lieux, de personnes, dans ce journal écrit à la première personne du féminin.
Même si l'auteure s'applique à brouiller les pistes, même si rien n'est prononcé, tout raconte la trajectoire solitaire de cette femme qui dit être née dans un pays qui est " mort " et n'avoir pas réussi à vivre dans celui où l'on arrive " à l'aube ". Dans le silence d'un mot qu'on ne prononce jamais, Shoah, s'installent tous les mots qui séparent la mère et la fille à qui ce journal est destiné, un silence qui les isole l'une de l'autre jusque dans cette maison de retraite où la narratrice vit ses dernières années.
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" ...
Les Israéliens sont toujours pour la coalition, rarement pour l'opposition, et en plus, personne ne veut en être. Je m y suis reconnue. Même lorsque je n'ai pas voté pour ceux qui sont au pouvoir, je les respecte. Et si souvent j'acquiesce c'est sans doute pour les remercier de bien vouloir diriger cet indirigeable pays et ce peuple que nous sommes. Et puis c'est ma compréhension de la démocratie, laisser gouverner tant qu'un gouvernement a la majorité.
" Cette petite phrase glissée en page 155 proclame haut et fort le désir de l'auteure :: confier à un cahier les humeurs et les événements qui vont marquer un an de sa vie sans remettre en question le monde dans lequel elle vit. Esther Orner s'affirme ainsi ni militante, ni philosophe, ni moins encore futurologue, mais bien la pronatrice admirable et admirée du moi intime, et qui, malgré la peur au ventre, grimpe dans le bus ou le train pour courir de Tel-Aviv à Haïfa, de Jérusalem à Beersheba, aux fins d'assister à une conférence, la projection d'un film ou encore une discussion dans la petite communauté littéraire francophone d'Israël.
Dans ce journal d'un an d'une guerre qui se définit pour elle uniquement comme " Intifada 2, attentats suicides ", elle se raconte dans son quotidien banal et souvent sanglant, comme elle le vit, le ressent, au jour le jour, sans vision d'avenir. Dans l'enfermement dans lequel la plonge la violence, " L'autre " est invisible, à peine esquissé, seulement vécu comme vérité mortifère.
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Shmuel T. Meyer aime La Ville. Dans - Ah joubliais leffarante beauté des lieux chez Métropolis, il tombait amoureux de Genève. Ici cest NEW YORK. Un New York rythmé par la gémissante trompette de Miles et le sax de lange Coltrane. Un New York que le lieutenant Gantz, fil conducteur du livre, connaît par coeur. Après la chair et le sang de la guerre de Corée, Gantz ne sait plus aimer. Il le pense. Et puis, il y a Thelma et sa fille, repêchée dans lEast River. Et cette autre mère qui attend son dernier fils vivant, Winston. Un fils qui tarde à rentrer dans un quartier où souvent les balles se perdent dans la tête des enfants noirs. Ce que la guerre fait des humains, ce que le racisme, ce que lantisémitisme font des humains.
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L'archipel des comores, des îles situées au nord-ouest de madagascar, fut pendant plus d'un siècle colonie française.
Les îles sont indépendantes depuis 1974, sauf mayotte, toujours rattachée à la france. dans ces îles abandonnées du monde, jean marc turine a fait trois voyages: en 1982, il vivra pendant un an à anjouan en jeune coopérant. en 1998, il retournera pour deux mois, comme journaliste pour france culture. en 2006, il entreprendra un troisième voyage pour réaliser des émissions pour la rtbf. jean marc turine, à peine un pied posé sur le sol comorien, adopte les moeurs des habitants dans un élan d'empathie et pour mieux comprendre.
Ces écrits, qui s'étalent sur près de vingt-cinq ans, à chaque voyage perçoivent les mêmes complaintes, lancinantes, le même désespoir des comoriens dont l'avenir semble définitivement absent et le fatalisme irréversible.
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Nous sommes dans le hall d'un luxueux hôtel de saint-moritz.
La narratrice parle de son désir et de son attente comme d'un incendie sur la neige. ena berstein, la femme aimée, est une déesse inaccessible, dont la vision lointaine sèche la bouche et détruit le coeur. dans sa postface, alexis schwarzenbach nous raconte comment il a retrouvé le manuscrit aux archives de berne ; un vrai travail d'archéologue pour reconstituer un texte oublié et jamais répertorié. voir une femme remplit aussi, du point de vue de son contenu, un espace que l'on croyait vide.
Annemarie schwarzenbach avait écrit à un proche, à 20 ans, qu'elle ne pouvait "aimer que des femmes avec une passion véritable". or, avec la découverte de voir une femme, il apparaît clair qu'annemarie schwarzenbach, à 21 ans déjà, avait écrit un texte de "coming out" soigneusement et sauvagement construit, oú rien n'était dissimulé.
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Une nuit à Paris, un étudiant des Beaux-Arts fait rentrer en cachette trois clochards dans une morgue pour une étrange séance de pose. Ces figurants misérables des grandes villes lui semblent être les modèles idéals pour croquer la version contemporaine de la célèbre déploration du Christ peinte par Mantegna à la fin du 15e siècle.
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" Je soussigné, Jérôme Copernic Charyn, jure solennellement que je vais bien dans ma tête.
Je suis résident du pays nommé Texas. Je n'ai pas d'enfants. Ceci raconte l'histoire de ma transformation en pantin de bois. Il ne s'agit aucunement d'un voyage de l'autre côté du miroir. Je ne rétrécis pas, à l'instar d'Alice, et nul chapelier fou n'est sur ma liste... Il m'est impossible de vous fournir des photos d'asile. D'asile, il n'y en a pas. Je suis qui je suis : de taille adulte, carte Visa en poche, un compte à la Banque nationale du Pecos.
" Avec son écriture extravagante, délirante et baroque, Jérôme Charyn, à son accoutumée, " mythologise " sa vie, avec encore une autobiographie déguisée qui raconte à la première personne l'histoire d'un enfant juif du Bronx et son éducation sentimentale : " De New York à Paris, de Paris à Rome, de Rome au Texas, Jerome-Pinocchio nous entraîne dans une sarabande folle où passent les ombres les plus noires de notre temps, celles de la guerre, du fascisme, de l'oppression et de la mort...
Mais aussi des visages lumineux et cocasses, comme Charyn sait si bien les croquer d'un trait de plume... " (Marc Chénetier)
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Ils s'appelaient " Abraham le Graveur ", " Dovid le Tisserand " ou " Lisa la Couturière ", et vivaient entre deux cultures, la vie juive traditionnelle et le monde industriel qui venait frapper aux portes du shtetl, la bourgade juive fermée sur elle-même.
Enthousiasmés par l'espoir de bâtir un monde meilleur, ils se sont plongés dans la lutte sociale et ont embrassé avec passion la cause du socialisme. Proclamations, manifestations, grèves, insurrections : ils ont été de toutes les luttes, toujours au premier plan. De toutes les déceptions aussi... Voici, traduits du yiddish par Nathan Weinstock, tels que leurs plumes les ont figés, les mémoires de quelques " fantassins " de ce combat, militants de la base.
Au-delà du cours des événements dont l'écho s'est tu aujourd'hui, leurs biographies nous émeuvent, car il s'agit de l'histoire d'hommes et de femmes décidés à se dresser contre l'injustice. Ils nous révèlent la lutte d'une génération entière pour conquérir le premier de tous les biens : la dignité. La richesse de ces textes, c'est aussi leur contraste. Tandis que Leon Bernstein nous dépeint l'adhésion au mouvement socialiste comme une entrée en religion qui purifie l'âme, " A Litwak " nous livre une description impitoyable du sous-prolétariat Juif désocialisé de Varsovie.
Ces écrits autobiographiques, de tonalités et de sensibilités diverses, doivent être considérés comme un document d'histoire sociale exceptionnel. Ils nous restituent une époque révolue et un monde englouti. Nous entendons battre à travers ces lignes le pouls d'un univers rythmé par les rites religieux et enserré dans des cadres sociaux que l'on sent craquer sous la pression des forces du modernisme.
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Non.
La boulette sous toutes ses formes n'a point pour origine uniquement la cuisine des pauvres même si, dans les pays européens au nord de la Méditerranée, elle en fait souvent partie. Si la boulette dans l'Occident européen opulent et bien mangeant de notre époque est devenue le cache-misère des bas morceaux, elle fut, et elle est encore, l'héritière d'une des plus dignes traditions culinaires. Voici en trois grands chapitres, L'Eloge de la boulette.
Dans un survol de l'histoire de la nourriture, du néolithique à nos jours, l'auteur se penche tout d'abord sur l'origine d'un mets dont les débuts témoignent certainement d'un moment de raffinement dans la confection de plats cuisinés, car comment déguiser les chairs mortes de l'animal et n'en garder que sa forme réincarnée en mets séduisants? Du Penjab au pourtour méditerranéen, en effleurant la Chine, le Moyen Orient, et de l'Empire romain au Moyen Age, on découvre partout, et dans toutes les époques, sauf dans l'Europe-Atlantique qui les a négligées à partir du XVIIIe siècle, des civilisations à boulettes.
Quant à la boulette juive, objet de la deuxième partie, son histoire est singulière, elle a traversé les siècles pour s'inscrire dans une tradition quasi biblique. Enfin, voici le boeuf américain, symbole de richesse, après des siècles de disettes et de misère. C'est le boeuf démocratique, le boeuf à satiété, métamorphosé en hamburger, celui qu'on attrape à un comptoir, sans cérémonie, avec des frites et du Ketchup, le rêve d'abondance devenu réalité.
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L'Histoire de Beria et de Zimra est un conte yiddish qui date de la Renaissance.
Elle constitue en quelque sorte le pendant juif du mythe d'Orphée et Eurydice. Beria et Zimra s'aiment tendrement mais le père de la jeune fille s'oppose obstinément à leur union. Beria meurt de chagrin et Zimra n'hésite pas à la rejoindre dans l'Au-Delà pour mourir auprès d'elle. Le Ciel s'émeut devant une telle constance. Grâce à l'intercession du Prophète Elie, ils s'uniront au Jardin d'Eden sous la khouppa (dais nuptial).
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Le yiddish, situé à d'intersection de l'Orient et de l'Occident, brassant les traditions hébraïques et araméennes d'une part, et les apports d'origine celtique, germanique, romane et slave, de l'autre, constitue depuis huit cents ans un véritable creuset de la civilisation européenne. En raison de sa double marginalité - il s'agit d'une culture populaire qui s'est développée en lisière de la culture juive savante et de surcroît au sein d'une communauté déconsidérée - sa littérature a été trop longtemps méconnue et méprisée. Ce recueil se propose d'illustrer sa richesse et sa diversité afin dé lui restituer la place qui lui revient dans la culture occidentale. Cet ouvrage comprend une sélection de textes destinés à illustrer l'histoire sociale du monde yiddishophone au cours des ans. A côté des contes et des légendes (d'inspiration religieuse ou profane), des récits hassidiques, des supplications rédigées à l'intention des femmes pieuses et, bien évidemment, des extraits représentatifs des oeuvres des maîtres des lettres yiddish, on y trouvera de nombreux écrits permettant de saisir sur le vif le déroulement de la vie quotidienne au sein des communautés ashkénazes. Pareil recueil ne peut prétendre à l'exhaustivité : tout en ayant le souci de retrouver la saveur inaltérée d'un passé révolu, Nathan Weinstock a désiré se démarquer d'une tendance à trivialiser la culture yiddish et à la dénaturer en un insipide folklore kitsch aux senteurs de guimauve, à la noyer dans le shmaltz. Le yiddish tel qu'on l'oublie comporte de nombreux inédits dont certains étaient demeurés à l'état de manuscrit. Contrairement à l'habitude qui s'est instaurée dans l'édition francophone de présenter comme " traductions du yiddish " des textes retraduits à partir de versions en langue étrangère, les traductions utilisées ont été vérifiées et corrigées sur le texte original.