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Ce livre s'adresse aux passionnés de la botanique comme aux curieux de l'Histoire, aux cuisiniers en herbe comme aux simples gourmets. Nicolas Bouvier est le grand écrivain du voyage, ou plutôt, comme il aimait à le préciser, de « l'état nomade ». Ici, il nous emmène sur la route des épices, l'or des voyageurs, objet de convoitise et même, on le sait, monnaie d'échange multimillénaire. Liée à l'histoire du café comme à celle du chocolat, ces « drogues » qui ont changé l'Europe, celle de la vanille a quelque chose de romanesque : d'un obscur aromate mexicain mentionné pour la première fois au XVème siècle, elle finira par devenir, après moult pérégrinations et autres péripéties que l'auteur suit à la manière d'un enquêteur, un incontournable de nos livres de recettes.
Nicolas Bouvier (1929-1998), écrivain, poète, essayiste, photographe, iconographe et voyageur, est né à Genève. Il a publié une dizaine d'ouvrages, dont L'Usage du monde, Le Poisson-Scorpion, Chronique japonaise, Journal d'Aran et d'autres lieux, et aux éditions Metropolis, Routes et Déroutes (entretiens avec Irène Lichtenstein-Fall) en 1992, L'Échappée belle en 1996 et La Chambre rouge en 1998.
La première édition de Une Orchidée qu'on appela Vanille date de 1998. Nous la reproduisons ici dans son intégralité au format poche. Elle comprend ledit texte sur la vanille - qui était initialement destiné à un chocolatier de la Suisse centrale (qui, ruiné, n'a finalement rien pu en faire...), - enrichi de longs prolégomènes intitulés « Petite histoire de la vanille et quelques réflexions d'un cancre amoureux des plantes » et d'une iconographie où l'on reconnaît l'homme de métier. Nicolas Bouvier avait aussi tenu à inclure à cet ouvrage des recettes de Jules Gouffé, pâtissier célèbre de la fin du XIXème siècle. Michèle Stroun, éditrice, y adjoignit également la reproduction d'un « mot écrit à l'encre rouge pour Éliane, sa femme, petit mot intime, d'amour et de vanille » ainsi que de « six pages de manuscrits, arabesques noires tailladées de rouge », comme elle l'explique dans une très belle postface relatant l'émouvante rencontre qui donna naissance à notre livre. -
L'échappée belle : éloge de quelques pérégrins
Nicolas Bouvier
- Metropolis
- 7 Novembre 2023
- 9782883402126
La Suisse est souvent affublée du cliché d'un peuple sédentaire et « raisonnable ». Mais ce serait oublier la claustrophobia alpina, toute spécifique d'une identité bien plus complexe qu'il n'y paraît. Il existe en effet une tradition vagabonde, dont Nicolas Bouvier, grand voyageur et écrivain de « l'état nomade », va creuser les origines et illustrer l'ampleur par cet « éloge de quelques pérégrins ». Outre les aventures conquérantes et mercenaires et autres équipées collectives, on voit émerger, à partir du XVIème siècle, un nomadisme individuel - quête d'une vie meilleure, mais parfois pure recherche d'une ouverture au monde proprement humaniste. Cette « échappée belle », c'est aussi celle de l'auteur, qui nous livre quelques pages d'une intimité bouleversante sur ses propres raisons de voyager, et qui l'amènent au coeur même de sa définition de l'écriture : quitter le connu pour toujours mieux percevoir l'inconnu, disparaître au profit d'une réalité qu'on veut rejoindre.
Nicolas Bouvier (1929-1998), écrivain, poète, essayiste, photographe, iconographe et voyageur, est né à Genève. Il a publié une dizaine d'ouvrages, dont L'Usage du monde, Le Poisson-Scorpion, Chronique japonaise, Journal d'Aran et d'autres lieux, et aux éditions Metropolis, Routes et Déroutes (entretiens avec Irène Lichtenstein-Fall) en 1992, Une Orchidée qu'on appela Vanille et La Chambre rouge en 1998.
La première édition de L'Échappée belle date de 1996. Nous la reproduisons ici dans son intégralité au format poche. Nicolas Bouvier nous emmène en voyage dans cette Suisse vagabonde où il puise ses racines, et nous trace le portrait de quelques compagnons humanistes ou écrivains pérégrins, vagabonds, ou encore conteurs orientaux : Thomas Platter, Paracelse, Rousseau, mais aussi Maria Sibylla, Gobineau, Ramuz, Louis Gaulis, Lorenzo Pestelli, Ella Maillart, Vahé Godel, Kenneth White, Albert Cohen, Henri Michaux... -
5 rue Saint-Benoît 3ème étage gauche : Marguerite Duras
Jean-Marc Turine
- Metropolis
- Metropoche
- 23 Avril 2024
- 9782883402164
Jean Marc Turine n'a pas cherché à écrire une nouvelle biographie de Marguerite Duras, ni un journal de bord relatant vingt-cinq ans d'amitié avec l'une des figures les plus emblématiques de la littérature et du cinéma de la deuxième partie du XXème siècle. Il s'agit d'un texte intimiste, d'un regard de complicité posé sur une amie qu'il sait fort bien distinguer de la Duras, personnage public, mondain, bientôt « mondial », et dont les indiscutables défauts sont évoqués avec une indéfectible tendresse. C'est ainsi que Marguerite nous devient presque familière et que nous lui découvrons d'étonnantes couleurs : d'une avarice devenue légendaire chez ses proches à une folle générosité, de la douleur d'une solitude grandissante à l'humour et aux rires partagés, de ses absences à l'autre de plus en plus fréquentes dans ses dernières années à la plus rayonnante intensité de présence. À travers toutes ces sautes d'humeur et jusque dans l'épreuve de la maladie voire d'accès de folie, Jean Marc Turine restera d'une fidélité qu'aucun vent ne saura plier, d'une amitié « inoxydable », pour le meilleur et pour le pire.
Jean Marc Turine n'a que vingt-quatre ans et toutes les audaces quand il écrit pour la première fois à Marguerite Duras, en 1971. Elle refusera sa proposition de tourner Le Ravissement de Lol V. Stein, l'une de ses grandes oeuvres, mais l'invitera à participer au tournage de Jaune le Soleil. De cette première rencontre naîtra leur amitié. Au fil des récits et des ans, nous faisons connaissance avec le groupe d'amis autour du 5 rue Saint-Benoît, 3ème étage gauche. Edgar Morin, Elio Vittorini, Robert Antelme, François Mitterrand... - des personnalités qui ont fait le XXème siècle.
Pour la première édition (2006), l'auteur a attendu dix ans après la mort de la romancière-cinéaste avant de publier ses souvenirs. Il les complète ici par les événements marquants qui ont entouré la mémoire de Marguerite Duras jusqu'en 2023. -
Les Grands Express Européens, Kibboutz et The Great American Disaster. Trois recueils de nouvelles, trois continents dans ce livre-coffret d'une même itinérance, d'une même errance au travers des ruines d'un monde dévasté par les guerres. L'oeil incrédule parfois mais la vision toujours percutante. Et dans une langue poétique, tranchante et lucide. Après les guerres de 40, de l'indépendance d'Israël ou de Corée, les personnages que l'on croise au fil des pages, certains que l'on retrouve de nouvelles en nouvelles, d'autres qui disparaissent dans la brume d'une existence désaffectée, nous font entrevoir combien, après les guerres, il y en a d'autres encore, intérieures et secrètes et bien plus pernicieuses.
Trois recueils qui parlent la même langue. Poétique, tranchante et lucide. La langue de l'exil.
Un magnifique coffret objet-livre.
Couvertures : dessins originaux du peintre Samy Briss.
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« C'était à Marrakech, entre le mois de mai 1944, date de ma naissance, et le début du mois de juillet 1956, une enfance simple et heureuse qui ne se savait pas le témoin d'un univers sur le point de disparaître. » Après-midi d'été dans les rues animées et brûlantes de la Médina, souvenirs d'enfance, d'odeurs, d'épices et de saveurs, cet ouvrage nous offre une promenade dans les dédales du quartier judéo-arabe de Marrakech des années quarante et cinquante - qui sonnaient la fin de l'insouciance et la disparition d'un monde pour les Juifs du Maroc contraints de partir en 1956. Ce tableau ne serait pas complet sans cet ingrédient essentiel d'une mémoire vivante qu'est la nourriture : on y trouve ainsi des recettes de cuisine, celles qui appartenaient à la vie de tous les jours et celles des fêtes juives qui ponctuaient le temps. Un repas de noces conçu pour cent personnes clôture les recettes. L'ouvrage mêle ainsi intimement à des souvenirs autobiographiques une cuisine ancestrale transmise de génération en génération jusqu'à nos jours.
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Nouma Hawa, reine des fauves : La véritable histoire de la première dompteuse du monde
Audrey Marty
- Metropolis
- 7 Novembre 2023
- 9782883402140
Cet essai relate le parcours invraisemblable d'une petite lingère ardéchoise dévorée d'ambition qui va faire de sa propre vie un roman d'aventures digne d'un conte des mille et une nuits. Maîtresse de son destin comme un auteur déciderait de celui de son héroïne, elle se crée de toutes pièces un personnage spectaculaire, exotique et fascinant. Se jouant des conventions sociales, elle devient dompteuse de fauves puis propriétaire de sa propre ménagerie. Une maîtresse femme qui ne se laissera pas plus intimider par la domination masculine qui règne dans le monde forain que par les crocs du redoutable tigre du Bengale.
À la scène comme à la ville, Nouma Hawa aura été une femme libre - en un temps où l'émancipation féminine n'est encore qu'un horizon. Mariée plusieurs fois, elle a connu les divorces, la solitude (si malvenue pour une femme mûre de l'époque) et même, selon certaines rumeurs, un libertinage assumé. Sur l'arène, elle alimente les fantasmes les plus troubles de ses contemporains, frêle sylphide parmi les bêtes sauvages, intrépide amazone face à des dangers souvent mortels, étendant l'empire de sa séduction jusqu'à réduire à des matous les fauves les plus féroces de son seul regard de braise. C'est la femme fatale à tous égards, faisant sienne sans sourciller la lourde réputation des premières dompteuses, qui seraient à la fois sauvages, dépravées et dominatrices. Apanage qui toucherait au vulgaire si notre héroïne n'avait su en faire, précisément, ses armes et sa parure, et disons-le, jusqu'à son bouclier médiatique.
Née en 1845 (et morte en 1925), la belle Nouma Hawa va vivre « de plein fouet » le virage du XIXème au XXème siècle, période de profondes mutations qui se répercutent évidemment sur le monde du cirque. Tout d'abord, l'Exposition internationale d'Électricité (1881) ainsi que l'Exposition universelle de 1889 marquent un tournant dans l'économie du spectacle ambulant. On y découvre les inventions les plus révolutionnaires, notamment le phonographe et le kinétoscope, ainsi que d'autres créations de Thomas Edison comme l'ampoule et les générateurs électriques, dont les forains vont profiter pour développer des attractions originales et innovantes et des équipements modernisés afin de prendre en marche le train du progrès. De même, l'apparition du cinématographe (dont la popularisation devra beaucoup au monde du cirque) va bouleverser la conception des numéros qui sauront ingénieusement intégrer des projections filmées. L'industrie du cinéma, précédant de peu la Première Guerre mondiale, s'empare très vite elle-même de l'image des fauves qui ont le don de faire voyager les spectateurs (mobilisant par conséquent nombre de conseillers animaliers, souvent d'anciens dresseurs). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, en 1924, la Metro-Goldwyn-Mayer, l'un des plus anciens studios de cinéma, choisit pour emblème un lion rugissant, image acccompagnée bientôt du son (enregistré sur gramophone en 1928).
Quant à Nouma Hawa, son sens inouï de l'adaptation, son intelligence et son inventivité en termes de stratégies commerciales ainsi que son génie dans l'utilisation des médias - et dans la médiatisation de sa propre vie - feront d'elle une star à tous les âges de son existence. Elle finira ses jours à Genève dont elle a marqué des générations d'enfants et de leurs parents magnétisés par celle que ses contemporains surnommèrent à juste titre « la Reine des fauves » et qui fut sans conteste la dompteuse la plus populaire de la Belle-Époque. -
Le ravissement de Marilyn Monroe
Olivier Steiner, Anne Gorouben
- Metropolis
- 10 Décembre 2021
- 9782883402089
Ce livre est le le fruit de la rencontre de la peintre et plasticienne Anne Gorouben et de l'écrivain Olivier Steiner. Olivier Steiner gravite aux abords du trou noir de la mort de Marilyn, cherchant et creusant les heures et les jours autour de la date fatidique du 5 août 1962. Anne Gorouben décèle, derrière l'icône, la présence de Marilyn, ses ombres, sa lumière, ses contours. Trente-six oeuvres visuelles et une oeuvre littéraire se répondent, entre fiction et reportage, entre thriller et poésie.
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Max ehrlich (1892-1944), disciple de max reinhardt, fut l'un des plus célèbres acteurs du théâtre comique allemand et du cabaret berlinois.
Sous la république de weimar, le cabaret est à son apogée et max ehrlich au sommet de sa carrière, brillant dans toutes les disciplines: acteur de cinéma, de théâtre, comédien et maître de cérémonie, chanteur, imitateur, réalisateur de films, auteur de livres. a cette époque, berlin est la nouvelle capitale culturelle de l'europe et acquiert la réputation d'être la ville qui ne dort jamais. l'arrivée au pouvoir des nazis met brutalement fin à son ascension: comme tous les autres artistes juifs, il est confiné à la scène de " l'association culturelle juive " (jüdischer kulturbund) qui n'a le droit de se produire que devant un public juif, sous la surveillance de la gestapo.
Ce n'est qu'en 1939 que max ehrlich décide de s'exiler en hollande. il y retrouve son complice willy rosen, avec lequel il monte plusieurs spectacles. mais, comme les plus fameux acteurs, chanteurs et danseurs du théâtre berlinois, il est déporté dans le camp de westerbork, l'antichambre d'auschwitz, érigé par le gouvernement hollandais dans une zone désolée. les artistes s'unissent et fondent le " groupe de théâtre du camp de westerbork ", dirigé par max ehrlich.
Certes, cette entreprise reflète la perversité du projet nazi, encourager que l'on chante, danse et joue à westerbork, alors que le destin de chacun est déjà scellé dans la mort. les détenus sauront tourner cet état de fait à leur avantage, en utilisant le rire comme moyen de résistance spirituelle, en se servant de l'illusion du spectacle pour survivre malgré l'adversité. le théâtre, pour les acteurs, comme pour le public de détenus, devient ainsi un moyen de résistance contre la barbarie.
Pendant l'été 1944, les transports hebdomadaires vers la pologne et l'anéantissement s'accélèrent. le 12 septembre, max ehrlich et willy rosen montent dans le dernier train pour auschwitz oú ils seront gazés à leur arrivée, comme la plupart des 107. 000 déportés de westerbork.
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Chahla Chafiq raconte les chemins périlleux et hasardeux de l'exil de femmes et d'hommes qui font l'expérience de cet ailleurs qu'il leur faut apprendre à apprivoiser.
Il y a en premier la terreur qu'inspirent les foules fanatisées quand elles tentent de déverser leur haine sur deux jeunes femmes qui viennent de quitter une manifestation ; il y a la fuite et le passage clandestin en Turquie, première étape avant la France. Il y a la liberté enfin, mais avec elle le déracinement, parfois la solitude, mais parfois aussi la découverte d'un quotidien plein d'imprévus et de plaisir.
Sept récits doux-amers pour raconter l'exil. Puis, dans la deuxième partie, l'auteure esquisse avec une grande pudeur l'ineffable, le deuil, un murmure, la mort d'un enfant dans une terre d'accueil et son souvenir lancinant à travers la vie banale de tous les jours.
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Dans ce recueil de quinze nouvelles, Shmuel T. Meyer nous dit à travers une série de personnages, ce que le kibboutz pouvait alors renvoyer, de poésie, de rêves, d'utopie, de férocité, d'égoïsme aussi, d'amour et de désamour, de beauté aussi. Poétique, tranchante, contenue, émouvante, la langue de l'auteur est française hébreu arabe. Elle est une langue exil, la langue de l'âme. C'est par la description et le moindre détail que l'auteur, dans tous ses livres, nous fait découvrir le monde et ceux qui l'habitent. Dans ce voyage au cÅur du kibboutz, ce sont les cerises écrasées dans les mains d'une enfant, cette mère que son fils a reniée, et cette rousse dont le jeune kibboutznik espère le baiser, et le « à tour de rôle » si difficile parfois à respecter, symbolisé par la nouvelle Oncle Yona, et la maison des enfants, et Rabin et Rabin et Rabinâeuro(s)¦ et celle d'un homme seul la nuit, sur son tracteur face à un aigle, face à sa solitude, face à ce nouveau Lui, « Homme libre enfin déraciné ».
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Histoires d'Esther, genèse et évolution des Purimshpiln : la tradition carnavalesque dans la culture populaire juive
Nathan Weinstock
- Metropolis
- 12 Juillet 2022
- 9782883402058
L'histoire biblique d'Esther symbolise, à travers ses différentes versions, l'espoir de la Rédemption et d'une victoire finale des faibles sur les puissants. Les célébrations de la fête de Purim ont donné naissance à un véritable genre théâtral, les Purimshpiln (yiddish), qui ont pris modèle, à l'origine, dans des comédies burlesques médiévales, tel le «?Jeu d'Assuérus?», tradition sans doute elle-même inspirée pour une bonne part des Fastnachtspiele allemands comme ceux de Hans Sachs. Le jeu d'inversion des faibles et des puissants a donné lieu à des formes carnavalesques qui se sont perpétuées dans la littérature yiddish jusqu'au XXème siècle, comme le lecteur pourra en juger à la lecture d'extraits des pièces d'Itzik Manguer et de Haïm Slovès.
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Beaucoup de personnalités qui ont marqué l'Histoire ont des racines suisses que les mouvements migratoires ont fait oublier. Née en 1861 à Augusta en Géorgie et morte en 1941 dans sa ville natale, Miss Julia Flisch, fille d'un confiseur grisonnais établi en Amérique, était une enseignante, une femme de lettres, une journaliste féministe engagée et une intellectuelle reconnue. Après de brillantes études secondaires, elle voulut entrer à l'université de Géorgie mais cet établissement, uniquement réservé aux garçons, rejeta sa candidature. Outrée et profondément blessée, elle adressa au journal The Augusta Chronicle du 20 novembre 1882 une lettre ouverte destinée aux autorités et intitulée Give the Girls a Chance ! qu'elle signa A young woman. Ce cri d'indignation connut un si fort retentissement qu'il détermina son engagement pour l'accès des femmes à une éducation supérieure et pour leur indépendance sociale dans la Géorgie conservatrice des XIXème et XXème siècles.
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Holan est né à Prague en 1905. Il a connu la fondation de la Tchécoslovaquie, l'occupation hitlérienne, la libération par l'Armée rouge, le régime soviétique. Il renonce alors à l'idéologie communiste et se retire du monde pour se consacrer à l'écriture. Après une interdiction de publication pendant près de vingt ans, l'horizon s'ouvre à partir de 1964 : Une nuit avec Hamlet est traduit dans une dizaine de langues et publié chez Gallimard (préfacé par Aragon), il reçoit le Grand Prix d'État, il est même pressenti pour le prix Nobel. Mais ces appels du monde ne suffisent pas à rompre sa solitude et il meurt en ermite en 1980. Cet « enfoncement en lui-même » est pleinement voulu : Holan est le poète de l'espace intérieur. Il est comme « le gardien de la maximalité du coeur » (Dominique Grandmont) : « Un tel amour / que tu n'as pas assez du monde, ne serait-ce que pour un pas. » (« Il y a »). À la conscience, il préfère l'intuition. Au vivre, l'être. Aux mots, « un poème si simple et si limpide (...) qu'il ne puisse qu'être invisible » (« Témérité »). C'est là cette « dette » envers lui que se reconnaît Bouvier, qui signe la préface du présent recueil : « Cette impossibilité à dire absolument la création, cette marche nocturne et tâtonnante vers un point d'eau que la fugacité, la précarité mais aussi la lourdeur de la condition humaine nous interdisent à tout jamais d'atteindre, est sans doute le plus grand cadeau qu'un vivant puisse faire à son semblable. »
Douleur et Une nuit avec Hamlet sont les deux grandes oeuvres de Holan, découvertes par les lecteurs francophones surtout grâce au traducteur Dominique Grandmont, lui-même poète, et qui disait de lui : « Sa parole n'était que la partie émergée de son silence, son brasier intérieur. » Dans sa préface à Une nuit avec Hamlet, Aragon lui rend à son tour un vibrant hommage : « Il est le plus haut des arbres de la forêt tchèque, celui qui est le plus près de l'orage, et ses yeux reflètent naturellement les éclairs ». Car cette oeuvre réputée sombre est pourtant fulgurante et souvent tout simplement lumineuse. Et surtout, empreinte d'un amour (complexe) de la poésie dont Holan fait, pour ainsi dire, son manifeste : « ... car la poésie ne consent à nous parler qu'à une condition, à la seule mais inexorable condition de l'aimer. Je ne dis pas cela dans le vide : On ne peut rien faire sans amour. Sans amour, on ne peut même pas mourir. » (Sur la poésie, 1940).
Avec notre recueil Douleur, publié pour la première fois en 1967 par Pierre Jean Oswald et réédité chez Metropolis en 1994 grâce à l'intervention de Nicolas Bouvier, c'est une poésie de la sobriété, qui ne cède pas au moindre artifice, qui ne se veut même pas littéraire : « C'est ce qui n'est que poésie qui tue la poésie » (« Et de nouveau »). Une poésie qui ne demande qu'à s'invisibiliser pour rejoindre le monde, dans son impression la plus brute, la moins médiatisée possible. Cette disparition, ce tremblement de légèreté, pour reprendre les mots de Nicolas Bouvier, Holan en fait l'acte poétique par excellence. Que la forme poétique de ses textes ne fait que préparer, et dont ils ne donnent, comme par une infinie humilité qui n'est rien de moins que leur titre de noblesse, pas plus que le titre : « Même le poème le plus long du monde / n'en reste qu'au titre et la fin manque » (« L'automne à Vsenory »).Grand format 15.00 €Sur commande
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Ah j'oubliais l'effarante beauté des lieux... portraits et paysages de Genève
Shmuel thierry Meyer
- Metropolis
- 18 Mai 2013
- 9782883401938
«Tu as de la chance m'avait-elle dit, il ne pleut pas.
Cette soudaineté climatique était-elle à proprement parler une chance ?
J'aimais Genève sous la pluie, sous la neige, sous la bise, bleue de son séchard venu du nord, grise de son Joran descendu du Jura avec fracas, irritée de son foehn. J'aimais Genève comme cette femme qui me menait vers la ville. »
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Dans ces récits grammaticaux, tels des moments musicaux qui s'immobiliseraient sur quelques notes, Esther Orner, auteur unanimement salué par la presse de "Autobiographie de personne", repend le fil de sa vie où l'Histoire ou d'autres fatalités ont laissé leur empreinte.
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" Pourquoi la vanille, alors que je suis plutôt un écrivain de l'état nomade, plus préoccupé de Perse, d'Inde, de Chine et de Japon que d'une plante qui demande des soins quotidiens extrêmement exigeants, d'autant plus que je suis un cancre en botanique ? Ce sont les hasards de ma vie de chercheur d'images qui m'ont mis sur cette piste-là.
(. ) J'ai été contacté il y a une vingtaine d'années par un chocolatier de Suisse centrale, qui faisait du chocolat en bloc, destiné à des confiseurs qui l'arrangeaient ensuite à leur sauce, et il se flattait de parfumer son chocolat à la vanille naturelle. " L'ouvrage ne fut jamais publié, le chocolatier, presque ruiné, non seulement refusa de payer l'auteur, mais traita son texte de " mal de dents ".
Au cours du mois de mai 1997, Nicolas Bouvier ressortit de ses tiroirs ce texte et l'enrichit de longs prolégomènes qu'il appela : " Petite histoire de la vanille et quelques réflexions d'un cancre amoureux des plantes ". Avec ce ton intimiste, ces mots caressés, cette érudition éblouissante qu'il partage en toute simplicité avec chaque lecteur, Nicolas Bouvier, même s'il n'a pas navigué au moment de la guerre des épices à la recherche d'une orchidée qu'on appela Vanille, était du voyage, avec Cortès et l'empereur Montezuma au XVIe siècle, dans l'Angleterre du XIXe siècle.
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Chroniques d'un désastre ; temoignages sur la Shoa dans les ghetto polonais
Nathan Weinstock
- Metropolis
- 20 Octobre 1999
- 9782883400955
En moins de quatre ans (1939-1943), les quelque trois millions de personnes que comptait la communauté juive de Pologne, la plus importante d'Europe, ont été méthodiquement exterminées par les nazis.
Car la Shoah fut l'éradication planifiée et organisée d'un peuple tout entier, " un meurtre de masse pour délit de naissance ". Parmi les nombreux témoignages d'époque parvenus jusqu'à nous, que leurs auteurs ont rédigés souvent au péril de leur vie, très rares sont ceux qui ont été publiés en français. Chroniques du Désastre en regroupent cinq. Il s'agit de documents d'histoire, écrits à chaud, sans la distance analytique de l'historien.
C'est ainsi qu'il faut les lire sans prendre à la lettre des jugements rédigés dans la violence et l'horreur inouïes du moment. Les auteurs ont saisi l'ignominie du système nazi consistant à contraindre le Judenrat à participer au processus de destruction de la communauté juive. Ils ont également pressenti rapidement que l'anéantissement du judaïsme européen était en marche.
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" ...
Les Israéliens sont toujours pour la coalition, rarement pour l'opposition, et en plus, personne ne veut en être. Je m y suis reconnue. Même lorsque je n'ai pas voté pour ceux qui sont au pouvoir, je les respecte. Et si souvent j'acquiesce c'est sans doute pour les remercier de bien vouloir diriger cet indirigeable pays et ce peuple que nous sommes. Et puis c'est ma compréhension de la démocratie, laisser gouverner tant qu'un gouvernement a la majorité.
" Cette petite phrase glissée en page 155 proclame haut et fort le désir de l'auteure :: confier à un cahier les humeurs et les événements qui vont marquer un an de sa vie sans remettre en question le monde dans lequel elle vit. Esther Orner s'affirme ainsi ni militante, ni philosophe, ni moins encore futurologue, mais bien la pronatrice admirable et admirée du moi intime, et qui, malgré la peur au ventre, grimpe dans le bus ou le train pour courir de Tel-Aviv à Haïfa, de Jérusalem à Beersheba, aux fins d'assister à une conférence, la projection d'un film ou encore une discussion dans la petite communauté littéraire francophone d'Israël.
Dans ce journal d'un an d'une guerre qui se définit pour elle uniquement comme " Intifada 2, attentats suicides ", elle se raconte dans son quotidien banal et souvent sanglant, comme elle le vit, le ressent, au jour le jour, sans vision d'avenir. Dans l'enfermement dans lequel la plonge la violence, " L'autre " est invisible, à peine esquissé, seulement vécu comme vérité mortifère.
Grand format 20.79 €Sur commande
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Des films pour le dire ; reflets de la shoah au cinéma (1945-1985)
Claudine Drame
- Metropolis
- 10 Avril 2007
- 9782883401730
le champ de la relecture côtoie celui, mieux défini, de la réécriture.
nombre d'auteurs se relisent, sans se récrire ni se commenter. tacitement par l'image ou la mise en scène. tardivement par des moyens moins laconiques. analyser l'ensemble de ces gestes du xviiie au xxe siècle, c'est s'intéresser au rapport de soi à l'autre qu'on fut, à la conversion masquée ou proclamée, au reniement tacite ou non, au deuil ou à son impossibilité. c'est aussi dégager des constantes : homme de dos, l'auteur relecteur est volontiers diariste ou autobiographe, tourné vers son passé et celui de son oeuvre, il se relit de plus en plus à l'approche de la mort, construit rarement un seul tombeau, peaufine son testament, d'oeuvres ultimes en préfaces préposthumes.
lorsqu'elle est véritablement tardive, la relecture est un legs, parfois une bouteille à la mer qui ne se confond plus avec les réactions à chaud, les réponses virulentes aux lecteurs et aux critiques, mais la blessure de la réception originale, le sentiment d'un malentendu primordial ne s'apaisent pas nécessairement. rares sont les relecteurs heureux, à la fois satisfaits de leurs contemporains et confiants dans ce jugement de la postérité qu'ils ne cessent d'anticiper, tant relire, c'est élire et parfois défigurer l'oeuvre, relue, revue et corrigée, quelque fois mise en pièces.
le tome 1 propose au fil du volume une définition de la relecture, le tome 2 en esquisse une histoire au xxe siècle.
quand les mots ne sont pas là pour le dire, quand ils ne sont pas entendus ou quand on n'a pas envie de les entendre, le cinéma peut-il prendre leur place ? de la fin de la deuxième guerre mondiale à 1985, quand, comment et pourquoi le cinéma s'est-il intéressé, en particulier en france, à la destruction des juifs d'europe ? les actualités cinématographiques circonscrites à quelques mois de l'année 1945, avec leur brutalité, font figure de berceau de représentations.
après dix ans de silence, le cinéma français tente d'aborder directement la question en expérimentant la forme documentaire (nuit et brouillard), la fiction (l'enclos) et le témoignage filmé (le temps du ghetto). les années 70 et 80 voient des formes plus allusives de représentation : les évocations de la shoah se situent toujours en arrière-plan d'une narration concernant l'occupation (le vieil homme et l'enfant, lacombe lucien, les guichets du louvre, un sac de billes, monsieur klein, les violons du bal, la passante du sans souci.
) pour aboutir à une représentation et une " vérité " plus dépouillées : le témoignage filmé. claudine drame analyse ainsi quarante ans de cinéma jusqu'au moment oú sort le film de claude lanzmann, shoah, en 1985. ainsi se dessine la trace de la construction d'une mémoire sociale par le cinéma.
Livre + DVD 34.28 €Sur commande
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Shmuel T. Meyer aime La Ville. Dans - Ah joubliais leffarante beauté des lieux chez Métropolis, il tombait amoureux de Genève. Ici cest NEW YORK. Un New York rythmé par la gémissante trompette de Miles et le sax de lange Coltrane. Un New York que le lieutenant Gantz, fil conducteur du livre, connaît par coeur. Après la chair et le sang de la guerre de Corée, Gantz ne sait plus aimer. Il le pense. Et puis, il y a Thelma et sa fille, repêchée dans lEast River. Et cette autre mère qui attend son dernier fils vivant, Winston. Un fils qui tarde à rentrer dans un quartier où souvent les balles se perdent dans la tête des enfants noirs. Ce que la guerre fait des humains, ce que le racisme, ce que lantisémitisme font des humains.
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Paris, années soixante. L'histoire d'un homme qui vient de perdre son épouse. Plus rien n'a de sens sans elle. L'histoire de quelqu'un qui revisite son passé pour y retrouver de quoi vivre au présent. Retrouver l'odeur de la neige, les gestes du quotidien, les petites attentions, tous ces petits miracles qui sans cesse sont là pour redonner le goût de l'existence. Un homme qui se souvient des mots d'enfants, des petites cruautés révélatrices, des petites vérités qui fusent de leurs bouches comme elles fusaient de la sienne. L'histoire d'une guérison.
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L'archipel des comores, des îles situées au nord-ouest de madagascar, fut pendant plus d'un siècle colonie française.
Les îles sont indépendantes depuis 1974, sauf mayotte, toujours rattachée à la france. dans ces îles abandonnées du monde, jean marc turine a fait trois voyages: en 1982, il vivra pendant un an à anjouan en jeune coopérant. en 1998, il retournera pour deux mois, comme journaliste pour france culture. en 2006, il entreprendra un troisième voyage pour réaliser des émissions pour la rtbf. jean marc turine, à peine un pied posé sur le sol comorien, adopte les moeurs des habitants dans un élan d'empathie et pour mieux comprendre.
Ces écrits, qui s'étalent sur près de vingt-cinq ans, à chaque voyage perçoivent les mêmes complaintes, lancinantes, le même désespoir des comoriens dont l'avenir semble définitivement absent et le fatalisme irréversible.
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