Pourquoi, partout et de tout temps, les hommes ont-ils voulu offrir des sacrifices à leurs dieux ? Pour leur plaire et s'attirer leurs faveurs ? Pour les remercier sans rien demander en échange ? Qu'est-ce qui se cache derrière ce rite? Hubert et Mauss, éminents spécialistes des religions, pensent que si le sacrifice est « l'instrument privilégié de communication entre l'homme et les forces supérieures », comprendre son langage signifie cueillir l'essence de la religiosité primitive.
Éducation, commerce, industrie, voyages, loisirs, santé, politique, relations sociales... la vie semble devenue inconcevable sans les technologies, les services et les produits numériques. Cette transformation de notre époque induit des doutes et des préoccupations, mais aussi d'extraordinaires opportunités. Nous avons encore, parce que la révolution numérique n'en est qu'à ses débuts, la possibilité de la travailler dans un sens positif, au bénéfice des hommes et de la planète. Mais pour y parvenir, il est fondamental de comprendre les transformations technologiques en cours, afin de les gérer au mieux. Parmi ces technologies : l'intelligence artificielle, qui soulève de nombreuses questions quant à sa nature et aux défis éthiques qu'elle pose. Autant de sujets abordés sous un angle philosophique par Luciano Floridi, qui nous offre une contribution essentielle au débat et nous invite à un effort d'intelligence collective indispensable.Luciano Floridi est directeur fondateur du Yale Center for Digital Ethics, professeur de sciences cognitives à l'université de Yale et professeur de sociologie de la culture et de la communication à l'université de Bologne. Il est mondialement reconnu comme l'une des voix les plus influentes de la philosophie contemporaine, le fondateur de la philosophie de l'information et l'un des principaux interprètes de la révolution numérique. Ses plus de 300 publications sur la philosophie de l'information, l'éthique numérique, l'éthique de l'IA et la philosophie de la technologie ont été traduites dans de nombreuses langues. En 2022, il a été nommé Chevalier de l'Ordre du Mérite de la République italienne pour son travail fondateur en philosophie.
L'Iran est un pays en transition, entre passé et présent, au carrefour de civilisations contiguës et indépendantes, entre Orient et Occident, modernité et tradition. Une République... islamique, qui devrait être une démocratie... religieuse... dans les faits une oligarchie d'ayatollahs et de pasdarans. Au coeur de l'Iran, Téhéran, sa capitale, avec ses différentes âmes, est une femme qui enchante ses interlocuteurs. Comme toutes les Shéhérazade, elle susurre les mots justes. Elle convainc. Elle vous enchantera vous aussi, si vous décidez de voyager. Et comme une mine de rubis, vous serez ouverts à l'influence des rayons du soleil.
Farian Sabahi, journaliste et historienne spécialiste de l'Iran, enseigne à Genève et Turin. Parmi ses publications : Il mio esilio, avec le prix Nobel Shirin Ebadi, Storia dell'Iran, Un'estate a Teheran, The Literacy Corps in Pahlavi Iran, Islam. L'identità inquieta dell'Europa et Storia dello Yemen. En français, elle a réalisé la lecture théâtralisée « L'Empire perse et ses femmes » au Rendez-vous de l'Histoire (Blois 2015).
La sociologie n'est pas la science de la société conçue en tant que globalité, analysée de façon exhaustive et sans qu'il y ait de « résidus ». Elle n'est pas non plus la traduction, pour ainsi dire scientifique, d'un jugement politique. Les ambitions de son fondateur officiel, Auguste Comte, ne sont pas réalisables. La sociologie est essentiellement une science visant à étudier les conditionnements réciproques entre les différents aspects des instances sociales ; en même temps elle est la science des coûts sociaux et des répercussions psychologiques des réformes sociales. Enfin, la sociologie est une science démystificatrice, dans la mesure où elle peut analyser l'écart entre les normes écrites et les pratiques.
Franco Ferrarotti, professeur émérite de sociologie, est aujourd'hui le plus connu des sociologues italiens à l'étranger. Auteur de nombreuses oeuvres, il a collaboré avec les plus grandes revues scientifiques américaines et européennes. Il s'est intéressé aux problèmes du monde du travail et de la société industrielle et postindustrielle, aux thèmes du pouvoir et de sa gestion, de la marginalité urbaine et sociale, des migrations. Il a été conseiller d'Adriano Olivetti, diplomate et député de la République italienne.
Plus de vingt ans après sa parution en 1997, Blanc reste l'ouvrage de référence sur les représentations de la blanchité dans la culture visuelle occidentale. Dans ce classique des études culturelles, Richard Dyer comble un manque dans les études des représentations raciales, traditionnellement focalisées sur les images des groupes minorisés. En analysant la blanchité en tant que telle, il contribue à l'extraire de sa position de norme invisible, qui joue un rôle essentiel dans la consolidation du pouvoir blanc. Après être revenu notamment sur le rôle du christianisme, des théories racialistes et de l'impérialisme dans la construction de la blanchité, Dyer explore ses représentations visuelles, notamment cinématographiques, à travers une histoire technologique et esthétique de la lumière, ainsi que des études de cas, allant des ?lms centrés sur des héros blancs bodybuildés, comme les Rambo ou les péplums italiens, à des classiques de la science-?ction comme Blade Runner ou Alien.
Richard Dyer est professeur émérite en études ?lmiques au King's College de Londres. Il est l'une des ?gures majeures des cultural studies britanniques, et l'auteur de nombreux livres et articles portant notamment sur les stars hollywoodiennes, la culture queer, l'entertainment et la musique au cinéma.
Jacques Rancière a beaucoup écrit sur le cinéma, même s'il n'existe pas à ce jour d'ouvrage spécifiquement consacré aux relations entre le philosophe et l'art des images en mouvement. Cet essai vient combler ce manque en proposant un parcours raisonné à l'intérieur de textes aux formats très variés (livres monographiques, articles rassemblés en recueil, recensions de film dispersées dans des revues, entretiens...) et portant sur des formes filmiques elles-mêmes d'une grande diversité (western, documentaire, burlesque, fiction historique, etc.). Il s'agit également d'inscrire ces écrits dans un état actuel du cinéma, en montrant comment la pensée de Rancière permet d'explorer les relations toujours convulsives entre le cinéma et d'autres régimes d'images en mouvement (télévision, internet, jeu vidéo, médias sociaux...). En résulte tout « un monde des images », cinématographiques et audiovisuelles, dont Rancière dresse la carte aujourd'hui, tout en mettant en lumière la vivacité persévérante de la création en cinéma.
Dork Zabunyan est professeur en études cinématographiques à l'Université Paris 8. Il a publié Fictions de Trump. Puissances des images et exercices du pouvoir (2020) et a co-dirigé Politiques de la distraction (2021). Il a également coordonné un numéro spécial de la revue Critique consacré à Jacques Rancière, « Jacques Rancière : scènes de temps modernes » (2020).
Georges Sadoul (1904-1967), principalement connu comme l'un des plus importants historiens français du cinéma, puisqu'il publia une vingtaine d'ouvrages traduits en une dizaine de langue, fut aussi membre du groupe surréaliste et critique cinématographique des Lettres françaises, la revue littéraire dirigée par Louis Aragon. À partir d'une présentation chronologique de ses engagements et de ses écrits, l'ouvrage restitue le rôle joué par le cinéma au sein d'une histoire culturelle française au cours du premier XXe siècle. Valérie Vignaux est professeure à l'université de Caen Normandie. Historienne du cinéma en France, elle a rédigé ou dirigé une quinzaine d'ouvrages dont Un intellectuel communiste. Léon Moussinac, critique et théoricien des arts (avec François Albera, AFRHC, 2014, 2 volumes) et Edgar Morin et le cinéma (2021). Ses recherches croisent histoire des idées et histoire sociale à travers l'étude des critiques et théoriciens et celle des usages non commerciaux du cinéma.
Ce livre est une exploration de la pensée de Jacques Derrida en suivant un fil conducteur : la thèse de « l'archi-droit ». Selon cette thèse, Derrida laisse entrevoir que le domaine pratique est régi par des effets d'écriture. Tout se passe comme si, avant la constitution d'une éthique ou d'une morale, et avant les concepts de « bien » et de « mal », de « bon » et de « mauvais », de « correct » et d'« incorrect », de « raisonnable » et d'« irraisonnable », la sphère de l'agir se structurait comme un système juridique. Elle dépendrait ainsi de tout ce que la tradition métaphysique classait comme secondaire dans le champ normatif, à savoir la prescription, la sanction, la contrainte, la procédure, le tiers, le jugement, l'autorité, les droits subjectifs. En multipliant les zones de friction entre les textes de Derrida et les problèmes classiques de la philosophie du droit, Rezende nous montre non seulement que les questions normatives ont toujours contaminé la déconstruction, mais aussi que la normativité n'est possible qu'à partir d'une certaine déconstruction.
Gabriel Rezende est docteur en philosophie (Université Paris 8). Il est professeur de philosophie politique à l'Université Fédérale de Paraïba (Brésil).
L'oeuvre de Fernand Deligny frappe à la fois par son caractère multiforme et par sa profonde cohérence, comme le révèle son examen au prisme de la notion de précarité. Cette notion constitue un motif qui se complexifie au fil des expériences pédagogiques, littéraires, cinématographiques - et esquisse une poétique qui opère sur des objets eux-mêmes très différenciés : textes, films et cartes. Le présent livre cherche, dans un dialogue continu avec les textes et les images de Fernand Deligny, à établir les principes de ce que pourrait être une écologie du « moindre geste ».
Rodolphe Olcèse enseigne la philosophie de l'art et la théorie du cinéma à l'université Jean Monnet de Saintâ€'Etienne et co-dirige le département de recherche « La parole de l'art » au Collège des Bernardins, à Paris. Ses recherches portent sur la philosophie contemporaine et le cinéma dit expérimental. En 2021 il a publié Le Surgissement des archives.
Quel rôle la pensée arabe peut-elle jouer dans ce qu'il est convenu d'appeler « la crise écologique » ? Face aux ravages actuels, une nécessité de plus en plus pressante risque de rejeter dans l'oubli la richesse d'une pensée déjà largement méconnue. L'exploitation sans limite du vivant nous condamne désormais à une nouvelle forme d'exil, hors de la nature que nous avons connue et qui n'existera plus telle qu'elle fut. Notre passé est désormais devant nous, comme ce dont il faut différer la perte et l'éloignement. Dans cette situation inédite, l'étude de plusieurs oeuvres majeures de la pensée arabe permettra de découvrir une économie de sens salvatrice, une expérience du décentrement, une manière de retarder et d'ajourner toutes les formes de violences, d'accueillir tout ce qui est autre, y compris les vivants non humains. Ce livre propose une véritable éthique écologique héritée de la culture arabe du passé et ajustée à notre présent. Que sa lumière fragile puisse contribuer à ajourner la nuit qui s'étend sur notre monde.Eric Marion est Professeur agrégé au Lycée Carnot de Dijon (depuis 2007), chargé de cours à l'Université de Bourgogne (depuis 2009), auteur de Lumières arabes et lumières modernes au miroir de l'utopie insulaire d'Ibn Tufayl (2016).
À la fois limite nécessaire et accessoire superflu, le cadre entretient deux rapports à l'image apparemment inconciliables. En analysant ce paradoxe, cet ouvrage explore les tensions propres aux frontières des images. Il vise à repenser celles-ci en tenant ensemble l'ornement et la condition de possibilité, l'opération et le produit, le quadro et la cornice. Débordant les paramètres du dispositif pictural classique et opérant un décalage de la peinture au cinéma muet hollywoodien, cette réflexion réexamine les concepts d'origine et de répétition - deux concepts que le cadre est précisément censé incarner - a?n de réinterroger l'image et sa création.
Natacha Pfeiffer est docteure en philosophie de l'Université SaintLouis-Bruxelles et actuellement Maitre de conférences au sein du Master en Cultures et pensées cinématographiques de l'Université de Namur. S'inscrivant dans une double perspective esthétique et épistémologique, ses travaux visent à élucider le rapport entre historicité, matérialité et création.
Blanc Bollywood revient sur l'omniprésence des peaux blanches au cinéma et interroge une image de l'Inde et des images de soi bouleversées par cette échelle colorimétrique. Entre l'anthropologie et l'histoire des cinémas indiens, cet essai soutient qu'il existe en Inde une norme colorée avec laquelle on représente les corps. L'art pictural, mais aussi le cinéma ou encore les illustrations des magazines féminins, semblent s'inscrire dans une même tradition : représenter un monde idéal dans lequel la blancheur de la peau est la norme, créant ainsi une couleur de convention, une couleur ni réelle ni réaliste, mais qui permet d'inscrire la clarté du teint comme un élément indissociable des notions de beauté et de modernité. Dans ce système coloré, chaque écart fait sens, les peaux noires et les peaux marron devenant des signifiants qui interpellent le spectateur. Hélène Kessous est docteure en Anthropologie sociale et ethnologie à l'École des hautes études en sciences sociales. Elle poursuit les recherches débutées dans sa thèse La blancheur de la peau en Inde. Des pratiques cosmétiques à la redéfinition des identités. En 2023, elle est commissaire de l'exposition Bollywood superstars. Histoire d'un cinéma indien, au Louvre Abu Dhabi et au Musée du Quai Branly à Paris.
Cet essai propose une analyse de l'oeuvre cinématographique et audiovisuelle d'Alexander Kluge (1932), figure de proue du Nouveau Cinéma allemand, et s'inscrit dans le renouveau des Sound Studies, les théories interdisciplinaires (histoire, philosophie, politique, anthropologie) de l'écoute et du sonore. Dans l'oeuvre protéiforme du cinéaste, l'attention au son - celui des voix, de la musique, des bruits et des silences - fait s'entremêler temps raconté et temps musical. Les propositions cinématographiques de Kluge enchevêtrant temporalités et formes sont une réinvention de « l'expérience de seuil ». Dans une esthétique du fragmentaire où le montage des fragments obéit à une « précision de l'à-peu-près », l'insolence du son fait sortir la philosophie de ses gonds. Kluge cherche à musicaliser au cinéma les textes philosophiques ; il réinvente au cinéma un dispositif rêvé par Adorno dans lequel, remarque Derrida, « la philosophie doit répondre devant la musique », pour faire entendre une voix politique plurielle.
Maguelone Loublier est normalienne, agrégée et docteure en Études cinématographiques (Paris 8 / Goethe-Universität). Elle enseigne à l'université la théorie, l'esthétique et l'histoire du cinéma. Ses travaux portent sur le son au cinéma et associent l'esthétique à des questionnements politiques et culturels. Ses recherches récentes la conduisent à interroger la place du cinéma dans les textes de la Théorie critique (Adorno, Benjamin, Kracauer).
Avec le livre La Vision grecque de la vie, publié en 1922, Adriano Tilgher apporte une contribution indispensable à la compréhension de la dimension grecque de l'existence. Une perspective qui permet de réfléchir aux liens invisibles des civilisations et des cultures, et qui admet la discontinuité idéologique entre la civilisation antique et la civilisation moderne. « De l'âme grecque à l'âme chrétienne il n'y a pas un passage lent et graduel, pas de progrès, pas d'évolution, mais saut, hiatus, gouffre, révolution », écrit Tilgher. Une af?rmation qui met en valeur la pluralité des attitudes morales, qui ne peut en aucun cas être rattachée à un principe unique, moniste et totalisant.
Antonio de Curtis (1898-1967) dit « Totò » est considéré comme l'un des plus grands acteurs du XXe siècle, aussi bien au cinéma qu'au théâtre : figure comique, burlesque, grotesque, provocatrice, mais aussi légère et parfois sublime. Cet ouvrage s'appuie sur des éléments anthropologiques et historiques afin d'analyser le phénomène Totò dans toutes ces dimensions. Par une observation minutieuse des origines de l'acteur, né à Naples, et de ses rôles spécifiquement liés à la culture napolitaine, toute la richesse de son jeu et de sa gestuelle est éclairée : l'élément carnavalesque, l'utilisation du comique, de l'ironie et de la dérision.
Élodie Hachet est docteure en études cinématographiques (Université Paris 8). Enseignante en cinéma à l'université, elle a également fondé le carnet de recherche Ciné Cirque, dont elle est rédactrice en chef.
« Personne ne comprend la mécanique quantique ». Ce célèbre constat de Richard Feynman est désormais dépassé. Pour faire de la mécanique quantique une théorie claire et facilement compréhensible, il suf?t de la voir comme un guide dans le monde plutôt que comme une représentation du monde. Ce renversement, esquissé par Bohr dès 1927 mais souvent critiqué et presque oublié, a été con?rmé et ampli?é par les plus récentes audaces de la pensée physique (comme le Bayésianisme Quantique, ou QBism). Il débouche sur une philosophie de la connaissance et de notre situation étonnamment proche de celle des phénoménologies de l'incarnation. Selon l'idée neuve de la connaissance, l'être ne se présente pas à nous comme un unique objet à voir ; ce sont au contraire nos multiples visions qui naissent du coeur éprouvé de l'être. Et selon l'idée neuve de notre situation, nous ne sommes ni des contemplateurs ni des parties du monde ; nous sommes le mouvement même par lequel un monde s'auto-objective.
Michel Bitbol est Directeur de recherche CNRS émérite. Après avoir poursuivi des recherches scienti?ques jusqu'en 1990, il s'est tourné vers la philosophie de la physique. Il a édité des textes d'Erwin Schrodinger, et a élaboré une lecture néo-kantienne de la mécanique quantique qui lui a valu un prix de l'Académie des Sciences Morales et Politiques.
Les articles qui composent ce volume privilégient un aspect peu exploré des pratiques guerrières : les régimes de traitement du corps, celui des meurtriers comme celui des victimes qui leur sont associés. Parmi les manières dont on intervient sur le corps de «â€‰l'autre » afin de reproduire sa propre identité, on trouve la pantomime des guerriers Ayoré au retour de leurs expéditions victorieuses, ainsi que la mise à mort de l'âme de l'ennemi déjà tué en le représentant par un dessin tracé sur le sol ; le traitement du captif chez les Tupinambas avant qu'il ne soit dévoré, ainsi que les contraintes rituelles auxquelles est soumis son bourreau ; la danse qui allège le corps des Guarani pour qu'ils puissent atteindre la terre sans mal, et la fête du miel et de l'amour chez les Achés-Guayakis qui confirme la relation lévi-straussienne entre guerre et mariage.
Salvatore D'Onofrio est professeur à l'Université de Palerme et membre du Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France, où il coordonne les Cahiers d'anthropologie sociale. Parmi ses dernières publications : Le sauvage et son double (2011), Les fluides d'Aristote (2014) et Lévi-Strauss face à la catastrophe (2018). Il a édité deux ouvrages de Françoise Héritier : Une pensée en mouvement (2009) et Sida : un défi anthropologique (2013).
Cet ouvrage explore les ressemblances et les imbrications, mais aussi les antagonismes et les divergences entre le vivant et le non-vivant. Comment le vivant et le non-vivant se juxtaposent ou s'ignorent, comment disparaissent les barrières entre le vivant et le non-vivant, quels sont les risques auxquels s'expose le vivant dans son commerce avec le non-vivant - voilà des questions abordées dans ce recueil de textes.Au-delà de leurs rapports topologiques/spatiaux, il s'agira aussi de saisir la vie et la non-vie dans leur portée historique/temporelle : sont évoqués, au fil des pages, les vitalistes de Montpellier, Henri Bergson, Richard Dawkins et, surtout, les philosophes qui pensent notre actualité.
Rahma Khazam est chercheure membre de l'Institut ACTE, Sorbonne Paris 1, et affiliée à ENSADLab, Paris. Elle a étudié la philosophie puis l'histoire de l'art, elle est docteure en esthétique et sciences de l'art à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses recherches portent sur le modernisme, la théorie de l'image, le réalisme spéculatif, le nouveau matérialisme et l'esthétique contemporaine. Parmi ses publications récentes : « Son et image : face au réel », in L'écho du réel (2021).
Si aujourd'hui nous devions imaginer un écrivain plus que tout autre étranger aux différentes formes de nationalismes, de patriotismes, et d'identi?cation à une culture, à une terre, voire à une langue, nous penserions à Kafka. Son écriture de la disparition, de la dissolution de soi dans le tourbillon des mots et des absences, nous permet d'imaginer qu'être clandestin, mineur, réfugié, braqué, c'est se trouver dans la position la plus révélatrice pour témoigner de la catastrophe dans laquelle nous sommes aujourd'hui, en trouvant des mots, des babils, des silences, pour la reconnaître et s'y opposer. Nous proposons une lecture déterritorialisante de Kafka. Contre ceux qui l'enracinent dans une langue, une culture, nous défendons l'idée d'une littérature et une pensée métissées et migrantes avec - et grâce à - Kafka. Cette expérience d'écriture est, pour nous, inassimilable à la logique des États et des pouvoirs ; elle offre l'exemple d'un geste « destituant » : un geste politique et esthétique qui suspend les chaînes du commandement. Luca Salza est enseignant-chercheur à l'Université de Lille SHS. Auteurs : Pierandrea Amato, Thamy Ayouch, Seloua Luste Boulbina, Alain Brossat, Judith Butler, Roman Dominguez, Stéphane Hervé, Michael Lowy, Gianluca Miglino, Luca Salza, Gianluca Solla.
Cet ouvrage constitue une transcription commentée de conférences, cours et notes de Maurice Merleau-Ponty, datant de la période 1946-1949. Ces manuscrits totalement inédits s'inscrivent dans le prolongement de la «Phénoménologie de la perception» de 1945, gravitent autour d'«Humanisme et terreur», et anticipent certaines analyses des premiers cours au Collège de France. Ils possèdent une grande spécificité par rapport au corpus déjà publié, et offrent comme une sorte de vivier de la pensée du philosophe, lequel est demeuré englouti pendant plus de 70 ans. Tous ces essais témoignent de la richesse et de la vitalité de la pensée de Merleau-Ponty en ces années d'après-guerre, en dialogue avec de nombreux courants de pensée de son époque. Une édition scientifique exhaustive incluant des variantes ainsi que le traçage systématique des références aux auteurs et aux notions évoqués par Merleau-Ponty.
Ce premier volume contient:
Conférences en Europe sur l'existentialisme français:
«Conférences en Belgique et au retour» (mars 1946) «Conférences en Scandinavie» (mars 1947) Notes de cours et de lecture :
«Liberté - En particulier chez Leibniz» (1946-1947) «Esthétique de Hegel» (1947 ?)
Au début des années 1960, le philosophe Louis Althusser a commencé à se réclamer de la philosophie de Spinoza pour repenser les outils théoriques issus du marxisme. Mais comment la référence à un philosophe hollandais du XVIIe siècle en est-elle venue à s'imposer à un philosophe français de la seconde moitié du XXe ? Quels sont les enjeux et les effets de cette relecture ? Et qu'a-t-elle encore à nous dire aujourd'hui ? Cet ouvrage se propose de reconstruire la genèse du spinozisme d'Althusser à travers ses textes de jeunesse et des documents d'archive inédits ; de montrer la consistance de la pensée d'Althusser des années 1960-1970 à partir des concepts spinozistes qui y jouent un rôle déterminant ; de mettre au jour les enjeux éthicopolitiques trop souvent méconnus ou mal compris de ce spinozisme théoriciste d'Althusser, et dont la pertinence pour notre temps n'est pas épuisée par un demi-siècle de transformations idéologiques et de refoulement de la tradition marxiste.
Jean Matthys est docteur en philosophie, collaborateur scientifique à l'Institut Supérieur de Philosophie à l'UCLouvain (Belgique) et membre du Groupe de Recherches Matérialistes. Ses recherches portent sur les réceptions françaises de Spinoza en lien avec les théories et pratiques politiques marxistes au XXe siècle.
Comment penser les choses dans leur instantanéité ? Comment penser le présent du temps, et plus précisément la seule fois - épicentre d'un temps non répétitif ? Chaque chose n'est qu'une seule fois ; comme un souffle d'air ; une fleur sur le point de se faner. Et le monde ? Comme un ensemble des seules fois, ou - pour citer Giacometti - une immense Fleur en danger. Et la pensée ? La pensée n'est que l'image de cette Fleur, de cette disparition des choses, du nuage de poussière qu'elles laissent et avec lequel elles coïncident : quelque chose donc - comme dit Deleuze - qu'il faut penser, qui doit être pensé, qui ne peut pas être pensé. L'image de l'épuisement du possible du monde ou l'image im-possible de la pensée.
Paulo Barone, docteur en Philosophie et Médecine avec spécialisation en Psychiatrie, est un psychanalyste jungien. Il enseigne à Milan et est HDR en Philosophie à Paris 8. Il est aussi professeur honoraire auprès du Sanskriti Sanvardhan & Sanshodhan Pratishthan, à Mumbai (India). Parmi ses publications: Lo junghismo (2004) ; Utopia del presente (2012) ; Benares. Atlante del XXI secolo (2019).
La pensée poétante de Leopardi n'est pas seulement une modalité cognitive, c'est aussi une façon d'être de l'écriture, qui unit raison et passion, méditation et chant. Une écriture sans protection, audacieuse, toujours en mouvement, qui déplace constamment le point d'observation : du sujet à la nature, de la sensation individuelle au rythme cosmique, des formes visibles et dominantes de la civilisation à un avant de la civilisation, à une antériorité lumineuse. Dans cette antériorité se disposent les figures de l'ancien, du primitif, de l'enfant et de l'animal : des figures dont l'énergie poétique, soustraite à tout regret, exempte de toute nostalgie, devient source d'interrogation. C'est ainsi que la subtile analyse d'Antonio Prete, devenue un classique des études léopardiennes, nous accompagne dans la lecture du Zibaldone.
Antonio Prete, poète, narrateur, critique, traducteur en italien de la poésie française, a enseigné la Littérature comparée à l'Université de Sienne. Il a donné des cours et des séminaires à l'Université de Harvard et au Collège de France. Ses oeuvres sont traduites en plusieurs langues. En français : Prosodie de la nature, L'Imperfection de la lune, L'Ordre animal des choses, À l'ombre de l'autre langue (pour un art de la traduction). Son essai le plus récent, Carte d'amore (2022).
En cinq semaines et plus de cent-dix étapes, les initiations des Baruya de Papouasie-NouvelleGuinée réaffirmaient le déséquilibre des rapports entre hommes et femmes et la compétition entre les hommes. L'imaginaire sous-tendant le rituel lui-même était également mis en actes. Ces initiations constituaient ainsi le pilier de l'ordre social. Par une description pas à pas de la cérémonie Muka de 1979 et une analyse mêlant l'anthropologie du rituel à celle des techniques, l'auteur montre que, dans un monde grouillant de forces invisibles et d'esprits, les actions matérielles sur le corps, recourant aux caractéristiques physiques de centaines d'objets, de gestes, de plantes ou de déambulations, participaient de manière spécifique à la métamorphose des initiés. Car même avec l'aide de leur « père » le Soleil, les paroles seules des Baruya ne suffisaient pas à extirper les jeunes garçons du monde féminin de leur enfance et à les métamorphoser en hommes accomplis et en futurs guerriers.
Pierre Lemonnier est directeur de recherche émérite au CNRS (Centre de recherche et de documentation sur l'Océanie). Il étudie l'organisation sociale et les rites des Anga de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Auteur de Guerres et festins (1990), Le sabbat des lucioles (2006), Les tambours de l'oubli (avec P. Bonnemère, 2007), il a également publié des ouvrages d'anthropologie des techniques, en particulier Elements for an anthropology of technology (1992) et Mundane Objects (2012).