A mi-chemin de la nouvelle et de la poésie. Mi-prose, mi-vers. Seize courts chapitres et une histoire. Une histoire d'amour, le récit d'une rupture aussi, dans une langue dynamitée qui redonne, suite au travail de sape, de la saveur aux mots.
Elle a commencé par enlever le couvercle et puis tout doucement elle est sortie de son bocal. il animal autant que le chien par terre quand ils se roulent, et alors qu'est-ce qui la gêne ? il et elle savent les souffrances pour sortir de leurs ombres, se désencombrent de leurs peurs, osent quel scandale se servir du mot joie.
Un jour si délaissée tu cesses de sourire.
Tu as la beauté familière des choses longuement aimées.
Personne ne te ramasse tu parles dans le noir.
C. M.
Rester en plaine, dans une campagne si plate que le ciel lui glisse dessus. Laisser le soleil rebondir contre les arbres qui clignent cà et là, tiennent tête à la monotonie.
Rejoindre un champ de pâquerettes, un terrain vague dans le regard. Arracher un à un les pétales serrés de l'enfance. prendre le temps.
J.-B. P.
Seules en nous-mêmes noyées nous marchions dans des eaux profondes un souffle nous parcourait les os sur nos mains soufflait l'accord contraire
Ville tes cafés tes rues au feu vertige qui te prend par la nuque quand le jour se penche pour ramasser rêves sans avis préalable la beauté te tranche tes briques scintillent et vont plus loin que le sang J. D'A.
Mélanie Leblanc regarde les falaises et, à travers elles, interroge le monde, l'espace et le temps. Sa poésie simple et épurée enjoint le lecteur à trouver sa place auprès de ces immenses présences entre terre et océan et, comme elles, à risquer "cet élan vers le ciel".
Je m'appelle Judith, j'ai trois ans.
Ma mère est belle, ses yeux sont verts.
La nuit mon père galope sur un grand cheval noir.
Je déroule le ruban posé sur la table, mes doigts caressent le chemin des fils rouges.
Maman coupe le ruban et coud les morceaux séparés sur mes vêtements.
Les vêtements propres, repassés, attendent sur la table.
Il est tard, moi aussi on me plie sous les draps et on me borde bien serrée.
La maison, qui s'élève du brouillard de l'être ressemble à un palais fait en lames de rasoir qui tient en équilibre sur le poignet de ta main.
Tu cries d'en haut de la fenêtre : - Mais apportez le mortier, maçons ! Paresseusement flottent les maçons parmi les minces échafaudages. Sept jeunes loups s'endorment le mufle sur le seuil.
Le corps amoureux sur sa couche.
Et si tout était d'un seul coup englouti dans la dévoration calme de ce bout du monde, et que plus jamais je n'avais besoin de partir, comme lorsqu'on sort d'une ville et qu'on atteint les premières forêts.
Comme dans cet espace pareil à une maison, où quelque chose pourrait se passer peut-être bien, s'entrouvrir, s'éclairer.