Samuel Sighicelli (*1972) est un compositeur en prise directe avec le monde, pleinement connecté à son époque, dont il offre une lecture sonore immédiate. Par son parcours, ses rencontres, sa démarche esthétique et son évolution, il symbolise la création contemporaine dans ce qu'elle a de plus novatrice et dynamique, et incarne une des tendances fortes de notre temps : la transversalité. Ses oeuvres ouvrent en effet des portes entre les arts, les langages et les univers stylistiques, voire entre les milieux de la musique. Son groupe Caravaggio, fondé en 2000, fusionne rock, improvisation et musique contemporaine. Depuis son plus jeune âge, le compositeur a été sensibilisé en famille au monde des images, tout d'abord par un père peintre, Gérard Sighicelli, et par un environnement particulièrement cinéphile. Cette passion pour le cinéma qui l'anime jusqu'à aujourd'hui structure sa pratique du spectacle et sa vision de la musique. Il aime à endosser comme un modèle le rôle du réalisateur pour l'élaboration d'une grande partie de ses oeuvres, mettant en relation de nombreuses spécialités et des talents distincts au coeur d'une fourmilière de compétences artistiques. Ce faisant, il s'intéresse à toutes les facettes, comme les lumières, les costumes ou la scénographie. Pendant sa formation, le jeune étudiant dévore tout, se plongeant dans l'improvisation et l'électroacoustique, deux bases importantes de son travail, mais aussi dans l'initiation à la philosophie et aux structures de la musique indienne, et se nourrit de nombreux styles comme la pop, le rock, le funk, la techno et le hip-hop. Après le récit de ces premières années si déterminantes pour la personnalité artistique du compositeur, La musique en prise directe se penche sur les étapes d'un parcours passionnant, cheminant entre les nombreux mondes sonores qui le constituent. Plusieurs oeuvres-phares sont présentées en détail, exposant toute la diversité de l'univers compositionnel de Samuel Sighicelli.
Le principe d'un tel ouvrage e´tait la possibilite´ d'apprendre sur la fac¸on dont un compositeur majeur de sa ge´ne´ration parvient a` transmettre ce qui pre´side au processus de sa cre´ation musicale. En particulier, l'application remarquable du compositeur a` dire, et non a` expliquer, « ce quelque chose d'avant la musique », cette « part confuse, celle ou` nous ignorons » que Pascal Dusapin de´signe aussi comme « l'innommable », et qui rencontre, au plus pre`s, l'objet de la psychanalyse. Sur le mode de la conversation libre, les entretiens se sont de´roule´s en plusieurs temps, au gre´ d'un d'abord autour de la question du flux, puis du temps, de la trace, de l'inconscient, et enfin de l'inquie´tude et du de´re`glement, devenus les titres qui organisent les diffe´rents chapitres de cette nouvelle e´dition. « Composer est un acte, un acte vivant » disait Pascal Dusapin lors de sa Lec¸on inaugurale au Colle`ge de France. L'audace du compositeur, la distance qu'il prend par rapport au savoir de´ja` institue´, celui de ses mai^tres, cette liberte´ inoui¨e qui pre´side a` sa musique s'entend dans chacun de ces entretiens. Le souci de maintenir une parole cre´ative, porteuse de nouveaute´ rencontre celui de la Jacques Lacan qui savait arracher la psychanalyse a` son repli dans le sommeil de l'orthodoxie.
Tenir l'accord est la nouvelle e´dition du livre d'entretiens re´alise´s par des psychanalystes, membres de l'E´cole de la Cause freudienne, avec le compositeur Pascal Dusapin en 2012, sous le titre Flux, trace, temps, inconscient.
Ont participe´ aux entretiens les psychanalystes, membres de l'E´cole de la Cause freudienne, Valentine Dechambre, François Ansermet, Jacqueline Dhe´ret, Paulo Siqueira, Nathalie Georges- Lambrichs, Serge Cottet, Hugo Freda, ainsi que le peintre Claude Luca-Georges.
L'oeuvre du compositeur nord-américain Alvin Lucier se distingue par sa singularité dans le paysage de la création sonore. Éloignées des préoccupations compositionnelles de ses contemporains, ses oeuvres se consacrent toutes à une même étude, celle de l'activité vibratoire des ondes sonores et des multiples phénomènes qui en résultent : écho, diffraction, onde stationnaire, résonance, battement acoustique, etc. Chaque composition ou installation sonore est l'occasion d'examiner patiemment tel ou tel phénomène, de le dévoiler à l'écoute, afin de mieux en saisir la prégnance quotidienne et d'en cerner les propriétés spatiales. Mais au-delà de l'observation esthétique des phénomènes, une telle écoute des mouvements ondulatoires conduit in fine à une double expérience : celle inextricable d'un dehors et des relations constitutives de la perception. Ce livre réunit un ensemble d'entretiens avec Matthieu Saladin où Lucier revient sur son parcours de compositeur, ses années de formation, les enjeux esthétiques de son oeuvre, sa pratique de l'écoute, son rapport à l'expérimentation sonore ou encore son travail d'enseignant. Ils sont précédés d'un essai introductif mettant au jour l'originalité d'une position artistique où la réflexivité perceptive devient la promesse d'un rapport renouvelé au monde.
Avec ce livre d'entretiens « à voix basse » avec la contrebassiste, improvisatrice et compositrice Joëlle Léandre, il s'agit de retracer les grandes lignes de son parcours musical exceptionnel entamé dans les années 1970.
Il s'agit aussi et surtout de s'entretenir avec elle de son art, des rencontres importantes qui ont jalonné sa carrière (John Cage, Evan Parker, Giacinto Scelsi, Philippe Fénelon, Betsy Jolas, Derek Bailey, George Lewis, Anthony Braxton, Steve Lacy.), de son instrument, de son rapport à la musique écrite (l'Itinéraire, 2e2m, l'Ensemble Intercontemporain,.), et à l'improvisation, mais aussi de sa discographie (près de 150 disques), bref de sa vie de musicienne engagée dans la création, ici et maintenant.
Saxophoniste de légende, il a joué avec les plus grands interprètes du Jazz comme Bud Powell, Art Blakey, Coleman Hawkins, Thelonious Monk, Max Roach, Miles Davis, John Coltrane, les Rolling Stones, Pat Metheny. Deux entretiens avec Sonny Rollins réalisés par Franck Médioni sont rassemblés dans ce petit opuscule. Le premier entretien a été publié dans Musica Falsa, le deuxième, souvent présenté comme historique, est un dialogue entre Sonny Rollins et son fils spirituel le saxophoniste David S. Ware (1949-2012), publié dans Jazz Magazine, et traduit dans le monde entier (Etats-Unis, Allemagne, Portugal, Italie, Danemark). Au cours de ces entretiens, Sonny Rollins se confie, se met à nu. Il ravive ses souvenirs, son amitié avec Charlie Parker, ses anciens problèmes de drogue. Il questionne sa pratique musicale, explique sa conception de l'improvisation, et affirme la force de la musique, « Le jazz est une force sociale du bien. »
Il s'agit d'un conte bizarre, excessif et drolatique : un homme se fait écorcher vif par celle qu'il aime, un troupeau de vaches fait la révolution, une fille et un garçon se métamorphosent et se rencontrent dans une église de village au milieu d'une assemblée de saints. Tout est parti du mythe de Marsyas, ce faune flûtiste écorché par Apollon pour n'avoir pu rivaliser avec sa lyre. Le personnage principal est joueur de flûte et il n'aime rien tant que le lait de vache. Il vit entre deux lieux : l'aire de jeu d'un jardin public et un pré où passent les vaches dont il guette le lait. Une femme survient qui l'intrigue. Elle semble se passionner pour un arbre qui jouxte l'aire de jeu. Quand, avec son fiancé, elle quitte la ville pour rejoindre un village non loin d'un bois mystérieux, il la suit et les vaches font de même. Ils se retrouvent tous sur la place du village, autour du platane. Les vaches kidnappent le fiancé. Le flûtiste accompagne la femme dans le bois où, au milieu des lauriers, elle l'écorche vif. Il devient rivière. Elle poursuit sa route qui croisera d'une étrange façon celle de son fiancé perdu. Entre-temps, ils se seront l'un et l'autre métamorphosés et les vaches auront commencé la révolution.
« Jardins de l'écoute » est un livre à écouter; il résonne des bruissements du vent et des plantes, comme des mouvements de la pensée, et de son cheminement dans l'univers musical. Livre de composition, c'est un objet vivant, autant par la matière sonore qui s'y fait entendre que par ce qu'il fait entendre d'une pensée du sonore, de ses questionnements, détours et entretiens.
L'entretien, en effet, est constamment présent dans ce livre sous forme d'échanges entre le compositeur Jean-Luc Hervé et la philosophe Anne Cauquelin.
Composé, comme un drame classique, de cinq parties, Parlando rubato est un livre d'entretiens exceptionnel tant par sa taille et sa profondeur que par le travail de présentation et d'analyse que Pedro Amaral a réalisé autour de la parole de Peter Eötvös. Principalement consacré à sa production opératique, l'ouvrage traverse cinq grandes thématiques : Cologne, Tchekhov, Traversant le songe, L'art du spectacle et Les démons. Vie et oeuvre se mêlent sans que jamais l'anecdote ne l'emporte sur la précision des analyses musicales. Chaque partie est accompagnée d'une longue introduction qui permet à Pedro Amaral de construire parallèlement aux entretiens son propre parcours de l'oeuvre.
Une traversée vive et profonde de l'opéra contemporain et de la musique d'aujourd'hui.
Allain Gaussin fêtera ses 70 ans cette année et met la dernière main à une nouvelle oeuvre, une commande berlinoise de l'Ensemble Horenstein. Il se forme au sein de la mouvance spectrale (Gérard Grisey et Tristan Murail) où il oriente sa composition vers le timbre et la texture tout en imprimant sa marque mélodique. C'est au contact de la musique traditionnelle japonaise qu'il parvient à élaborer sa poétique.
Ses grandes pages d'orchestre comme Irisation-Rituel et Année-Lumière relèvent d'une poétique de l'espace évoquant « tout un monde lointain », pour reprendre le très beau titre d'Henri Dutilleux dont l'univers sonore semble par certains aspects rejoindre les aspirations de Gaussin.
Passeur infatigable, il considère qu'enseigner est une manière plus profonde de « faire son métier », cet élève de Messiaen est lui aussi parvenu à instaurer « sa classe » d'où émerge des personnalités affirmées comme Philippe Leroux ou François Paris ou plus jeune comme Frank Bedrossian, Raphaël Cendo ou Francesco Filidei qui sont les fers de lance de la création d'aujourd'hui. Allain Gaussin enseigne aujourd'hui au célèbre Conservatoire américain de Fontainebleau et vient d'être nommé Professeur invité à l'Université de musique d'Osaka.
Second volume d'entretiens, élaboré entre juin 2011 et juin 2012 période pendant laquelle le compositeur travaillait à la création de son opéra La nuit de Gutenberg à l'Opéra national du Rhin. Cet ouvrage constitue une introduction aux nouveaux enjeux de la musique contemporaine.
En sept chapitres est retracé le trajet d'un compositeur Jacques Lenot né en 1945 appartenant à la génération consécutive à celle des premiers sérialistes (Berio, Boulez, Nono, Stockhausen, etc), tous nés à l'entour de 1925. Avoir vingt ans au coeur des années 1960 permit, à Jacques Lenot comme à ses collègues « sérialistes de la deuxième génération », de porter un regard évaluatif sur les avant-gardes qui s'étaient succédées depuis la Seconde guerre mondiale. Ainsi chacun conçut-il son parcours, à nul autre semblable. Mais quelles nécessités ont-elles fondé et fondent-elles le parcours de Jacques Lenot ? Autodidacte intégral, en 1967 à l'âge de 22 ans il se fait remarquer par Olivier Messiaen au Quatrième Festival de Royan avec sa première oeuvre de grande ampleur Diaphanéis. Il arrête d'enseigné pour se consacrer entièrement à la composition. Son catalogue rassemble aujourd'hui plus de 250 opus. Il est un des maîtres du clavier contemporain ses études sont reconnus à l'égal de celle de György Ligeti. De même son oeuvre pour orgue est considérée comme un des monuments dédiés à l'instrument roi de l'âge Baroque. La musique de Jacques Lenot est innervée par la poésie, trois poètes la nourrisse : Hölderlin, Rilke et Jaccottet. Constitué en grand cycle, elle est journal intime du compositeur. Pour le Grand Théâtre de Genève il crée en janvier 2007 son premier opéra sur un chef-d'oeuvre du dramaturge Jean-Luc Lagarce, J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne.
Jacques Lenot : Originaire de Saint-Jean-d'Angély (Charente-Maritime), Jacques Lenot revendique un parcours atypique : autodidacte (même si sa route a croisé celles de Stockhausen, Ligeti et Kagel à Darmstadt, de Bussotti à Rome, de Donatoni à Sienne) ; dévoué au seul processus créateur (« ni instrumentiste ni chef d'orchestre ») ; indépendant des institutions musicales (son seul poste officiel a été - brièvement - un poste... d'instituteur). Depuis la création, en 1967, de Diaphanéis au festival de Royan, avec l'appui d'Olivier Messiaen, il impose une écriture complexe, tourmentée, très pointilleuse dans le détail de la nuance, de l'attaque, du rythme («D'origine sérielle, résume le compositeur , j'essaie d'élargir ce système à un univers qui m'est propre»). La virtuosité instrumentale y tient un rôle central et, de plus en plus, Jacques Lenot collabore avec les créateurs de ses oeuvres pour en repousser encore les frontières. Pourtant, quel que soit leur degré d'abstraction, ses oeuvres dévoilent un univers poétique d'une rare intensité.
Frank Langlois : musicologue et directeur de l'ensemble de musique ancienne Les Sonorités opposées. Il a réalisé le catalogue André Jolivet et Darius Milhaud dont il est en train d'écrire pour les éditions Fayard une biographie monumentale. Il a publié en 2004 aux éditions Actes Sud Pierre Souvtchinsky, un siècle de musique russe.
Les Articulations de la Reine, pièce de théâtre musical, est le fruit d'un travail de création conjugué entre un écrivain, Bertrand Raynaud, et un compositeur, François Sarhan. De l'écriture de la pièce - donnée ici dans son intégralité - à sa recréation sous la forme d'une partition de théâtre musical, on lira dans ce livre le difficile cheminement. A une préface angoissée où le texte lui-même tente de se mettre en scène face à une musique qui va l'engloutir répond une postface patiente où le compositeur, bourreau méticuleux, se donne des airs outragés et savants pour mieux dépecer le texte et s'en habiller pour l'hiver. Créé au début du mois de mars 2004 au Théâtre Pitoëff de Genève, le spectacle, doté d'une scénographie de Fred Pommerehn, réchauffa petits et grands par son ardeur, sa frivolité non dénuée d'une certaine gravité, et le souffle métaphysique qui l'anime de bout en bout.
Dans son livre La Musique contemporaine en 100 disques aux éditions MF, Pierre Gervasoni sélectionne trois disques de références de Philippe Leroux, il concluait ainsi son ouvrage « s'il y a qu'une oeuvre à connaître pour saisir les enjeux de la musique au début du XXIe siècle, ce serait Voi(rex) de Philippe Leroux ».
Toujours plus loin. ne déroge pas aux principes de la collection Paroles, à travers des entretiens inédits, le parcours de Philippe Leroux est passé en revue (« Les années de formation » et « Enseigner »), il est abordé également les différentes facettes du métier de compositeur (« L'atelier » et « Composer/Recomposer »), enfin l'ouvrage se termine sur les singularités de la musique de Philippe Leroux dans son époque (« Le temps », « L'écriture » et « L'art et la vie »). Le tout est rédigé dans un langage simple et accessible à un public curieux. Le livre comprend un glossaire des termes techniques utilisés.
Un battement d'aile de papillon peut modifier le climat aux antipodes, le coup d'archet d'un petit garçon peut également modifier le destin d'un homme. C'est le propos de ce livre où Jean Leber, né en 1939 dans une famille de cheminots dont le père pratiquait le violon en amateur, s'entretient avec le musicologue François Porcile. Musicien - soliste, chambriste et d'orchestre -devenu directeur, il fait de l'École de Musique de Gennevilliers, un conservatoire réputé où le compositeur Gérard Grisey enseigna la composition. De Iannis Xenakis hier à Yann Robin aujourd'hui, la création musicale contemporaine sera sa boussole. D'un coup d'archet., raconte ce parcours d'un musicien qui a toujours tenu à vivre au coeur de la musique de son temps.
« Compositeur de mots, écrivain de notes... » C'est ainsi qu'aime à se définir le compositeur Bruno Giner. Une double casquette de musicologue et de compositeur. Né en 1960 à Perpignan, il est le petitfils du peintre Balbino Giner García. Républicain espagnol de la première heure, le destin de sa famille est marqué par la Guerre civile et par les conséquences qui mèneront sa famille en France, en exile. Ce passé sera toujours présent en lui, Bruno Giner publie ainsi en 2015, avec François Porcile une histoire des Musiques pendant la guerre d'Espagne. Compositeur de musique contemporaine, il a été l'élève de trois compositeurs diamétralement différents : Ivo Malec, Luis de Pablo et Brian Ferneyhough. La Musique percute retrace son itinéraire de compositeur et de musicologue. Si la percussion a joué un grand rôle dans l'évolution de son oeuvre à partir des années 1980. Témoin de ses années de bouleversements musicaux, il est un compositeur qui a su trouver son style en métissant librement atonalité, modalité, chromatisme, textures et modes de jeux. François Porcile qui a réalisé les entretiens avec Bruno Giner, le défini comme un « franc-tireur » au meilleur sens du terme. Il est un des premiers musicologues français à avoir réévalué l'importance de la musique sous la République de Weimar, et les persécutions qu'eurent à subir les musiciens progressistes et les juifs du régime Nazi. Il vient de publier à l'occasion du Cent cinquantième anniversaire de la naissance d'Erik Satie, une monographie qui rend pleinement justice à un artiste d'avant-garde qui ne manquait pas d'humour.