«Le contagieux, c'est celui qui sait voir et les horreurs du monde et ses merveilles, qui ne peut pas supporter les horreurs et qui cherche des solutions pour qu'il y en ait moins. Il nous faut des contagieux.»Comment Henri Grouès (1912-2007), enfant introverti élevé dans le confort d'une famille bourgeoise aimante, devient-il l'abbé Pierre, fervent défenseur des plus vulnérables ayant choisi de se dépouiller de tout pour consacrer sa vie aux autres ?Nous connaissons tous cette icône populaire habituée des coups médiatiques, son «insurrection de la bonté» et son appel à la solidarité de chacun. Derrière cette figure emblématique se cache un homme d'action, parfois tempétueux mais toujours empli d'une humanité profonde, dont les agissements, grands et petits, découlent d'une seule et même ambition : réagir face à l'injustice et la précarité. Son parcours insuffle à ceux qui le découvrent l'envie de poursuivre son combat, toujours d'actualité.
«Non, meussieur Vili, non, Claudine ce n'est pas Unetelle, ni Mme Chose, ni Mlle Truc ou Machin-Chouette... Non, meussieur Vili, Claudine, c'est moi.» Colette (1873-1954) qui signa d'abord «Gabrielle Colette», puis «Colette Willy», puis «Colette Jouvenel», puis «Colette», qui aurait pu signer «Colette Goudeket» et ne le fit jamais, a été l'un des écrivains les plus célèbres et les plus admirés de son temps. Elle a séduit les publics les plus simples comme les plus raffinés. Auteur de nombreux romans et nouvelles, elle fut aussi mime, danseuse nue, actrice, journaliste, rédactrice de journaux à scandale, conférencière, esthéticienne. Sa vie privée, une fois débarrassée de ses légendes, de ses maris, de ses amants et de ses amantes, vaut bien un roman : celui d'une «écrivaine» éprise avant tout de liberté.
«Il n'y a pas de différence entre moi et les personnages que j'incarne, si ce n'est le travail à faire et le trajet à accomplir pour rejoindre chacun d'eux.» Gérard Philipe (1922-1959), figure majeure du théâtre et du cinéma des années 1950, connaît tôt des succès fulgurants sur scène. À l'écran, son incarnation de Fanfan la Tulipe en héros populaire français lui vaut une gloire internationale. Du Festival d'Avignon où il rejoint Jean Vilar au Théâtre national populaire, il transmet sa vision d'un théâtre accessible à tous. Son interprétation inoubliable des grands rôles du répertoire, le Cid, le prince de Hombourg, reste figée dans nos mémoires.L'acteur, adulé par le public, facétieux sur les tournages et en tournées internationales, défend les intérêts de ses pairs, conquis par sa générosité et son travail. Foudroyé à trente-six ans par un cancer, le Cid a désormais rejoint son mythe.
«Pourquoi jouer tant de notes alors qu'il suffit de jouer les plus belles?»Miles Davis (1926-1991), trompettiste au son bouleversant, a profondément marqué l'histoire du jazz, de la musique. Sa vie, c'est la musique. Sa voix unique, fragile et puissante, intense, c'est la trompette.Son père l'éclaire dès le plus jeune âge sur le racisme auquel il sera confronté tout au long de sa vie. Son combat, Miles décide de le mener à travers la musique, en devenant un artiste noir respecté.Au fil de sa carrière, celui que l'on présente comme le «Picasso du jazz» n'a de cesse d'innover, de se réinventer:les albums se suivent mais ne se ressemblent pas. Même si l'homme derrière la trompette est réputé difficile et colérique, le musicien fascine et hypnotise, au point de devenir l'une des rares icônes du jazz au succès planétaire.
«Ceux qui comme moi ont eu le destin de ne pas aimer selon la norme finissent par surestimer la question de l'amour. Quelqu'un de normal peut se résigner - quel mot terrible - à la chasteté, aux occasions manquées:mais chez moi la difficulté d'aimer a rendu obsessionnel le besoin d'aimer:la fonction a hypertrophié l'organe, alors que, dans mon adolescence, l'amour me semblait être une chimère inaccessible.» La vie de Pier Paolo Pasolini (1922-1975), cinéaste, romancier, théoricien de l'art et de la littérature, se déroula à la fois comme un destin tragique et comme le symbole de la plus noble des libertés. Ce courage, il le paya très cher:scandales, procès, assassinat mystérieux enfin dont il fut la victime, sur une plage d'Ostie, une nuit de novembre.
«Je n'ai jamais considéré la peinture comme un art de simple agrément, de distraction. J'ai voulu par le dessin et par la couleur, puisque c'étaient là mes armes, pénétrer toujours plus avant dans la connaissance du monde et des hommes, afin que cette connaissance nous libère toujours davantage.» Cubiste, Picasso ? allons donc ! Surréaliste ? Encore moins. Communiste ? Pas vraiment. Sans doute fut-il à l'origine du cubisme, proche pendant quelque temps des surréalistes et détenteur d'une carte du Parti communiste, mais le plus grand peintre du XX? siècle est irréductible à toute étiquette. Complexe, multiple, en constante métamorphose, artiste polymorphe et amant dynamique, Pablo Picasso (1881-1973) n'eut, dans sa vie comme dans son oeuvre, d'autre loi que la sienne.
«À une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire.» George Orwell (1903-1950), de son vrai nom Eric Arthur Blair, est l'auteur d'une oeuvre très marquée par ses engagements politiques. Après avoir lutté contre l'Empire britannique en Birmanie, pour la justice sociale aux côtés des classes laborieuses de Londres et de Paris, puis participé à la guerre d'Espagne dans les rangs du P.O.U.M., il se consacre à une oeuvre littéraire écrite, «directement ou indirectement, contre le totalitarisme et pour le socialisme démocratique». Témoin lucide de son temps, auteur notamment de La Ferme des animaux et de 1984, il meurt à quarante-six ans, et demande dans son testament qu'aucune biographie ne retrace sa vie.
Comment faire entendre sa voix en ce XVIIIe siècle qui grouille de paroles alors que grandit le silence divin ? Quel langage trouver pour avoir le sentiment d'être soi ? Comment exister à ce moment où la politique devient un théâtre de l'idéal mais aussi de la cruauté ?
Comment, en somme, faire en sorte que « si la femme a le droit de montrer sur l'échafaud », elle puisse aussi avoir le droit de « monter à la tribune » ? Voici quelques-unes des questions auxquelles tentent de répondre cette biographie de Marie Gouze, dite Olympe de Gouges (1748-1793), auteur d'une oeuvre essentielle comprenant pièces de théâtre et écrits politiques dont la célèbre Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
'La vie dans sa forme optimale est un grand triangle. À un angle se trouve la personne humaine, à l'autre angle se trouve l'autre personne, et au sommet se trouve Dieu. Si ces trois dimensions ne s'enchaînent pas, travaillant harmonieusement ensemble dans une seule vie, alors cette vie est incomplète.' Assassiné le 4 avril 1968, sur le balcon du Lorraine Motel à Memphis dans le Tennessee, Martin Luther King (1929-1968) est un homme multiple. Penseur, poète, disciple de Gandhi appliquant la philosophie de la non-violence dans sa lutte pour les droits civiques des Américains noirs, il a su franchir la 'ligne des couleurs' pour s'attaquer à la question plus générale de la pauvreté. Prix Nobel de la paix en 1964, le célèbre pasteur baptiste aux dons d'orateur hors du commun nous a laissé une voix qui, aujourd'hui encore, nous invite à ne pas abandonner nos rêves. Ce livre est l'histoire d'un homme qui pensait que 'la justice est toujours debout à côté de l'amour'.
« J'étais l'idole sauvage dont Paris avait besoin. Après quatre années de violence, j'ai symbolisé la liberté retrouvée, la découverte de l'art nègre, du jazz. J'ai représenté la liberté de me couper les cheveux, de me promener nue, d'envoyer tous les carcans au diable, y compris le corset. »
On ne retient souvent de celle qu'on surnomma la « Vénus d'Ébène » que son apparition fracassante au Théâtre des Champs-Élysées, dans la Revue Nègre, en octobre 1925. Tout le monde connaît sa fameuse ceinture de bananes et sa chanson fétiche J'ai deux amours. Mais il est une autre Joséphine Baker (1906-1975), égérie des cubistes, exportatrice du jazz et des musiques noires, qui se mobilise pour la Croix-Rouge, s'engage dans les services de renseignements des Forces Françaises Libres, milite contre le racisme, adopte douze enfants de toutes origines afin de donner l'exemple de la fraternité universelle. C'est à la rencontre de cette Joséphine, « engagée chaleureuse », que ce livre nous convie.
«Pour moi ne comptent que ceux qui sont fous de quelque chose, fous de vivre, fous de parler, fous d'être sauvés, ceux qui veulent tout en même temps, ceux qui ne bâillent jamais, qui ne disent pas de banalités, mais brûlent, brûlent, brûlent comme un feu d'artifice.» À vingt ans, un soir de beuverie, Jack Kerouac (1922-1969) déclare à ses amis qu'il sera le «plus grand écrivain du monde». Il a le projet balzacien et proustien d'une oeuvre dont les séquences seront à ranger sous un label unique. Le sien se nommera Légende de Duluoz et scandera son parcours terrestre partagé entre solitude, désespoir, extase et jubilation, au travers de son Amérique tant aimée et d'une quête divine, car écrire était pour lui une prière adressée à Dieu.
Haï par les uns qui ne voient en lui qu'un antisémite virulent et un nihiliste outrancier, Céline est adulé par les autres qui ne veulent retenir que le caractère fondamentalement novateur de sa littérature. Yves Buin propose une approche critique, montrant que la lumière peut côtoyer la ténèbre.
« Je me suis trouvé un jour au théâtre, dans une salle, puis sur la scène : je m'en étonne encore moi-même. Cet étonnement ne me gêne pas, il me plaît et me satisfait. Le plus estimable, le plus heureux dans la vie est de s'étonner. » Louis Jouvet (1887-1951) se tourne vers le théâtre autour de ses vingt ans, jouant des mélodrames ou de petits rôles avant de rencontrer Jacques Copeau, qui en fait son plus proche collaborateur au Vieux-Colombier. Ensuite, à la Comédie des Champs-Élysées puis à l'Athénée, il montera Jules Romains, Marcel Achard, Jean Cocteau et surtout Jean Giraudoux, développant une remarquable science de la mise en scène, qu'il mettra aussi au service de Molière. Professeur au Conservatoire, il se passionnera pour l'enseignement et la réflexion sur son métier.
Enfin, au cinéma, il jouera dans une trentaine de films, dont plusieurs deviendront des classiques : Knock, La Kermesse héroïque, Drôle de drame, Hôtel du Nord, Entrée des artistes, Quai des Orfèvres.
C'est donc le récit d'une aventure artistique exceptionnelle que nous propose cette biographie.
«Puissant Alcinoos, très remarquable parmi tous les hommes, Oui, cela est beau, écouter un chanteur Comme celui-ci, pareil aux dieux par la voix».
Qui est Homère? A-t-il seulement existé? Il y a ses poèmes, l'Iliade et l'Odyssée, composés sous une première forme en Grèce d'Asie Mineure au VIIIe siècle avant J.-C. Mais lui? Les Anciens, qui croyaient en son existence, ont multiplié les récits sur sa vie, sa naissance (de père inconnu, ou est-ce un fleuve, ou Apollon?), son apprentissage, sa cécité, ses voyages, sa gloire et aussi ses faiblesses : il meurt de ne pas avoir su résoudre une énigme enfantine qui portait sur des poux. Un mythe s'est créé, très tôt, étonnant, enjoué et magnifique. Le livre en suit les lignes en partant de l'idée que ce mythe qui parle d'un artiste sans patrie, mutilé mais créateur de merveilles, comme le dieu Héphaïstos, nous en apprend beaucoup sur le choc poétique et religieux qu'a provoqué l'apparition des poèmes homériques. Non pas un auteur, mais un événement révolutionnaire.
Visionnaire de génie, séducteur invétéré, esprit mordant, léonard de vinci (1452-1519) veut tout connaître du monde.
De la physique à la botanique, de la géologie à l'anatomie, en passant par l'astronomie, la musique, les mathématiques, l'architecture, la sculpture, le dessin, la peinture, rien ne doit échapper à son insatiable curiosité. pourtant, si l'on excepte son goût pour l'organisation de fêtes spectaculaires, nombre de ses travaux restèrent à l'état d'ébauches. ainsi, à peine une douzaine de tableaux peuvent-ils lui être attribués avec certitude.
Et si ce n'étaient les milliers de pages de ses fameux carnets, l'emploi du temps de l'inépuisable inventeur resterait une énigme que sophie chauveau tente ici de percer. en toile de fond : l'italie de la renaissance.
«La Douleur est une des choses les plus importantes de ma vie.» Marguerite Duras (1914 -1996) a fasciné autant qu'elle a irrité. Auteur d'une oeuvre abondante qui s'exprima dans le roman, le théâtre, le cinéma, elle marqua de son empreinte la littérature mondiale du XX? siècle. De Moderato cantabile à L'Amant, en passant par Détruire dit-elle ou India Song, voire ses articles dans la presse, elle reste un écrivain profondément engagé dans son temps. De l'enfance rebelle en Indochine à l'isolement des dernières années dans sa maison de Neauphle-le-Château, ce livre retrace la vie de cet écrivain hors du commun qui n'hésitait pas à énoncer : «Si je l'ai écrit, c'est que ça a existé.»
Figure centrale de la Sécession viennoise, Gustav Klimt (1862-1918) est le peintre emblématique de la Vienne fin de siècle, celle de Sigmund Freud, Gustav Mahler et Arthur Schnitzler, tous fondateurs de la modernité européenne. Il fit exploser les normes académiques et permit à l'art autrichien de s'ouvrir à l'impressionnisme et au symbolisme. Il fut aussi l'ami et le protecteur des jeunes expressionnistes Oskar Kokoschka et Egon Schiele. Ornemaniste de génie, portraitiste renommé de la haute société et paysagiste introverti, Klimt, enfin, ne cessa de représenter les métamorphoses de la femme. À la fois classique et scandaleux, il restera comme le peintre des grands mystères de la sexualité et de la mort. Son Baiser vient se placer au premier rang des oeuvres les plus célèbres de l'histoire de l'art.
« [...] l'âme humaine n'a pas encore montré tout ce qu'elle peut être ; toutes ses façons possibles de penser et de sentir ne sont pas épuisées. » Marivaux (1688-1763), auteur prolifique aux multiples facettes, occupe une place singulière dans l'histoire littéraire française. Très grand auteur de théâtre (mais aussi romancier et journaliste), il a réinventé la comédie avec des pièces qui, plus de trois siècles plus tard, nous séduisent encore par leur modernité. L'Île des esclaves et Le Jeu de l'amour et du hasard, composées pour la Comédie-Italienne, font partie des chefs-d'oeuvre qu'il nous a légués. Ses personnages, inoubliables, sont entrés dans l'imaginaire collectif. Surtout, personne n'a su analyser les rouages du sentiment amoureux mieux que lui. Mais malgré ses succès, Marivaux fut beaucoup moqué par ses pairs en raison de son style inhabituel, manquant de naturel - le fameux marivaudage. Cela ne l'empêcha pas d'être élu à l'Académie française... contre Voltaire !
«Dans la vie, l'essentiel est de porter sur tout des jugements a priori. Il apparaît en effet que les masses ont tort, et les individus toujours raison. Il faut se garder d'en déduire des règles de conduite ; elles ne doivent pas avoir besoin d'être formulées pour qu'on les suive. Il y a seulement deux choses : c'est l'amour, de toutes les façons, avec des jolies filles, et la musique de La Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington.» Ingénieur, trompettiste de jazz, acteur, chanteur, parolier, pasticheur de romans noirs américains, critique, auteur de nouvelles et de pièces de théâtre, Boris Vian (1920-1959) ne fut jamais reconnu de son vivant pour ce qu'il était avant tout : un grand romancier au style exubérant, mêlant l'absurde à l'émotion, le paradoxe à la fantaisie. Auteur blessé de L'Écume des jours, il meurt à trente-neuf ans, le 23 juin 1959.
« L'ensemble de mon oeuvre fera un jour un tout indivisible. Je fais [...] une Bible, non une Bible divine, mais une Bible humaine ». Poète, dramaturge, romancier, essayiste, pamphlétaire et artiste hors du commun, Victor Hugo (1802-1885) n'a suscité que des réactions passionnées. Son existence même fut placée sous le signe de l'exceptionnel, depuis sa naissance jusqu'à ses obsèques nationales suivies par plus d'un million de personnes. Protée au génie démesuré, partisan acharné du progrès de la vie sociale, de la liberté de la presse et de l'abolition de la peine de mort, il a exercé une influence considérable sur les idées littéraires, morales et politiques du XIXe siècle. Victor Hugo ? Un destin et une oeuvre. Entre les deux, un homme, dévoilé ici dans toute sa diversité, dans tout son souffle, par Sandrine Fillipetti : « Je finis par ne plus être qu'une espèce de témoin de Dieu ».
Gertrude Stein, née le 3 février 1874 en Pennsylvanie, morte le 27 juillet 1946 à l'hôpital américain de Neuilly. Ces 2 dates, ces deux lieux, encadrent une vie passée de chaque côté de l'Atlantique, passée entre 2 siècles. D'où vient-elle ? La dernière d'une fratrie juive américaine dans une famille de commerçants aisés, d'origine allemande. Le passage d'un continent à l'autre est inscrit dans les gènes... et tout au long de sa vie, Gertrude ira de l'un à l'autre. Qui est-elle ? Tout d'abord, une insatiable curieuse qui aime s'instruire et se familiariser avec ce que la vie intellectuelle produit de nouveau : le « flux de conscience » qu'elle découvre à l'université auprès de son professeur William James, frère d'Henry, les travaux de Charcot sur l'hypnose et l'hystérie, les grands opéras de Wagner... Une admiratrice et un mentor, ce qui la conduira à être une collectionneuse fameuse, de Picasso tout au long de sa vie, mais aussi de Cézanne, de Renoir, de Picabia, de Juan Gris, de Matisse... tout ce qui a compté en peinture dans la première partie du XX e siècle s'est retrouvé sur les murs de Gertrude. Un écrivain, bien sûr, qui a trouvé de nouvelles formes, un rythme d'écriture singulier, des oeuvres souvent difficiles qui lui ont valu une reconnaissance tardive mais bien réelle, en Amérique où elle fait une tournée triomphale de conférences en 1935 et en France. Une amoureuse moderne, qui après avoir eu des difficultés à se définir comme homosexuelle, a ensuite pratiqué une forme de militantisme tranquille : elle a vécu une vie maritale avec Alice Toklas, rue de Fleurus à Paris comme dans le petit village de l'Ain où elles ont acheté une maison, sans rien cacher de leurs liens. Enfin, une européenne de coeur, elle qui a tant aimé Paris, bien sûr, la province française qu'elle a traversée au volant de ses différentes voitures (des Ford, exclusivement) qu'elle a aimé baptiser (Tatie, Govida...) et dans lesquelles un bagage signé Hermès accueillait les chiens qui ont les ont accompagnées, notamment le caniche Basket et le chihuahua Pépé... Elle a autant aimé l'Angleterre, l'Italie et l'Espagne, le pays de Pablo dont elle dit : « Il est naturel qu'un Espagnol ait exprimé en peinture l'âme du XX e siècle où rien ne s'accorde, ni la sphère avec le cube, ni le paysage avec les maisons, ni la grande quantité avec la petite. L'Amérique et l'Espagne ont cela en commun, c'est pourquoi l'Espagne a découvert l'Amérique et l'Amérique l'Espagne. » On pourra regretter, et le travail de Philippe Blanchon ne le passe pas sous silence, son manque de sens politique qui lui a fait notamment rapprocher Hitler et Roosevelt...
« Une si dévorante soif de voir, de connaître, d'apprendre.» Les soeurs Brontë... Ce pluriel, depuis un siècle et demi, fascine. Quand Emily écrit Les Hauts de Hurlevents, Anne publie La Recluse de Wildfell Hall, et Charlotte Jane Eyre. La première meurt à trente ans, en 1848 ;
La seconde à vingt-neuf, un an plus tard ; la troisième à trente-neuf, en 1855. Sans oublier Branwell, le frère écrivain maudit, qui disparaît lui aussi prématurément, miné par l'alcool et la tuberculose. Tous quatre étaient orphelins de mère. Quelle probabilité il y avait-il pour que tous ces talents aussi originaux poussent ainsi à l'ombre du presbytère de Haworth? Faute de pouvoir éclaircir totalement ce mystère, Jean- Pierre Ohl tente d'en dessiner les contours, et de comprendre ce qui, aujourd'hui encore, rend si proche de nous les enfants du pasteur Patrick Brontë.
"Je porte en moi la mélancolie des races barbares, avec ses instincts de migrations et ses dégoûts innés de la vie, qui leur faisait quitter leur pays, pour se quitter eux-mêmes." Flaubert Peut-on lâcher son siècle ? Le détester, oui, lui préférer une Antiquité imaginaire, certes, mais Flaubert est entraîné dans les tourbillons du temps. Son oeuvre portera cette double marque : le rêve carthaginois d'un monde flamboyant à jamais disparu et la peinture vengeresse du siècle de Monsieur Prudhomme et du pharmacien Homais. Michel Winock porte un regard d'historien sur cette vie tout entière vouée à la littérature.
Son dégoût proclamé de la vie, Flaubert ne l'a transcendé ni par l'expérience amoureuse, ni par la foi en Dieu, ni par quelque idéal politique, mais par la religion de l'Art, dont il fut un pèlerin absolu.
"Le peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre". Surtout connu pour avoir été le Premier ministre du Royaume-Uni durant la Seconde Guerre mondiale, puis de 1951 à 1955, sir Winston (1874-1965) fut un homme aux multiples facettes. Ministre du Commerce, secrétaire du Home Office, Premier Lord de l'Amirauté, ministre de l'Armement, secrétaire d'Etat à la Guerre et secrétaire d'Etat à l'Air, chancelier de l'Echiquier, il occupa de nombreux postes politiques et ministériels.
Mais il fut aussi officier dans l'armée britannique, correspondant de guerre, peintre, journaliste, historien, et obtint même le prix Nobel de littérature. Cette biographie alerte dresse un portrait sans concession d'un homme qui prétendait que la guerre était presque aussi dangereuse que la politique : "Pendant la guerre vous pouvez être tué une seule fois seulement, en politique plusieurs".