Postface inédite
Qu'en est-il de «l'art d'être français» ? Et quelle figure d'écrivain serait la mieux à même d'incarner ce génie singulier ? Une institution littéraire réputée, saisie par les plus hautes instances politiques, aurait, dit-on, tenté de répondre à cette question, en soumettant le sujet au vote auprès de ses membres les plus éminents. Résultat : Stendhal, premier sur la liste, assez loin devant Hugo. Alarmé par cette rumeur, et conscient qu'un tel choix aurait un enjeu stratégique non seulement littéraire mais proprement éthique, Régis Debray examine de près les mérites respectifs des deux candidats à la fonction suprême. Sa conclusion : Hugo d'abord, Hugo toujours. Simple question de goût ? Non, car il en va de la vocation d'un peuple, qui regarde notre présent mais plus encore notre avenir.
Peu d'idées sont autant galvaudées aujourd'hui que celle de «réalité». Hommes politiques, chefs d'entreprise, mais aussi économistes, romanciers s'en réclament:seul le réalisme semble recevable, et il suffit à tout justifier. La réalité constitue désormais, dans notre mentalité collective, la valeur étalon. Elle est le nouveau dieu que nous vénérons; le dernier qui reste en magasin, peut-être. Mona Chollet épingle l'usage pernicieux de cette notion dans tous les types de discours et démontre pourquoi l'injonction réaliste relève de l'imposture. Dans ce livre mordant et salutaire, elle met à nu l'idéologie implicite de certains «réalistes», elle ouvre aussi joyeusement un chemin de traverse. Elle nous rappelle les bienfaits de l'imagination et du rêve, non pas pour «fuir la réalité», mais au contraire pour se donner une chance de l'habiter pleinement.
Au cours de l'hiver 2004, Chowra Makaremi découvre un cahier contenant un témoignage écrit par son grand-père, Aziz Zarei, disparu dix ans auparavant. Il y raconte le destin de la tante et de la mère de la jeune femme dans les premières années de la République islamique d'Iran. En 1979, la révolution de février renverse le Shah. Un régime théocratique s'installe au prix d'une violence sanglante, longtemps restée secrète, contre celles et ceux qui ont l'audace de résister. Les filles d'Aziz, révolutionnaires puis opposantes, en font partie : Fataneh est exécutée en 1982, Fatemeh est tuée au cours d'un massacre de prisonniers politiques en 1988. Dans le silence et la terreur qui régneront encore longtemps en Iran, leur père a consigné leur histoire. C'est ce cahier, présenté et traduit par Chowra Makaremi, qui fournit la matière principale du présent ouvrage. S'y ajoutent des lettres des deux femmes disparues ainsi qu'un récit retraçant le chemin depuis la découverte du cahier. Ces témoignages jettent un éclairage bouleversant sur la révolution iranienne. Plusieurs décennies après les faits, les responsables et exécutants de ces crimes ont gravi les échelons du pouvoir. Ce récit renoue les fils perdus de la violence qui continue de frapper l'Iran, mais il tisse également ceux de la résistance révolutionnaire.
L'horreur du «califat » de Daesh au Levant entre 2014 et 2017 et son terrorisme planétaire ont été une conséquence paradoxale des «printemps arabes» de 2011. Pourtant ceux-ci avaient été célébrés dans l'enthousiasme des slogans démocratiques universels et de la «révolution 2.0».
Comment s'est installé ce chaos, et peut-on en sortir pour de bon après l'élimination militaire de l'«État islamique»?
Ce livre replace les événements en contexte, depuis la guerre d'octobre 1973 (du «Kippour» ou du «Ramadan»), suivie de l'explosion des prix du pétrole et de la prolifération du jihad, à travers ses trois grandes phases depuis l'Afghanistan et Al-Qaïda. Puis il propose le premier récit complet rétrospectif des six principaux soulèvements arabes, de la Tunisie à la Syrie.
Il expose enfin lignes de faille et pressions migratoires en Méditerranée et au Moyen-Orient, et éclaire les choix décisifs qu'auront à faire Emmanuel Macron, Donald Trump ou Vladimir Poutine, ainsi que les peuples et les dirigeants de cette région - mais aussi les citoyens de l'Europe.
Nourri de quatre décennies d'expérience, de séjours sur le terrain, avec des cartes inédites, Sortir du chaos est de la plume de Passion arabe et offre la précision de Terreur dans l'Hexagone - les deux grands succès récents de l'auteur.
Le traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations marque l'émergence, au sein d'un monde en déclin, d'une ère radicalement nouvelle.
Au cours accéléré qui emporte depuis peu les êtres et les choses, sa limpidité n'a pas laissé de s'accroître. je tiens pour contraire à la volonté d'autonomie individuelle le sentiment, nécessairement désespéré, d'être en proie à une conjuration universelle de circonstances hostiles. le négatif est l'alibi d'une résignation à n'être jamais soi, à ne saisir jamais sa propre richesse de vie. j'ai préféré fonder sur les désirs une lucidité qui, éclairant à chaque instant le combat du vivant contre la mort, révoque le plus sûrement la logique de dépérissement de la marchandise.
Le fléchissement d'un profit tiré de l'exploitation et de la destruction de la nature a déterminé, à la fin du xixe siècle, le développement d'un néocapitalisme écologique et de nouveaux modes de production. la rentabilité du vivant ne mise plus sur son épuisement mais sur sa reconstruction. la conscience de la vie à créer progresse parce que le sens des choses y contribue. jamais les désirs, rendus à leur enfance, n'ont disposé en chacun d'une telle puissance de briser ce qui les inverse, les nie, les réifie en objets marchands.
Il arrive aujourd'hui ce qu'aucune imagination n'avait osé soutenir : le processus d'alchimie individuelle n'aboutit à rien de moins qu'à la transmutation de l'histoire inhumaine en réalisation de l'humain. r.v.
Fondé sur une étude historique inédite des financements privés et publics de la démocratie dans une dizaine de pays sur plus de cinquante ans, ce livre passe au scalpel l'état de la démocratie, décortique les modèles nationaux et démontre l'ampleur du malaise. Il propose aussi des pistes pour repenser de fond en comble la politique. Une personne, une voix : la démocratie repose sur une promesse d'égalité qui trop souvent vient se fracasser sur le mur de l'argent. Financement des campagnes, dons aux partis politiques, prise de contrôle des médias : depuis des décennies, le jeu démocratique est de plus en plus capturé par les intérêts privés. Se fondant sur une étude inédite des financements politiques privés et publics dans une dizaine de pays sur plus de cinquante ans, Julia Cagé passe au scalpel l'état de la démocratie, décortique les modèles nationaux, et fait le récit des tentatives - souvent infructueuses, mais toujours instructives - de régulation des relations entre argent et politique. Aux États-Unis, où toute la régulation de la démocratie a été balayée par idéologie, le personnel politique ne répond plus qu'aux préférences des plus favorisés. En France, l'État a mis en place un système de réductions fiscales permettant aux plus riches de se voir rembourser la plus grande partie de leurs dons aux partis politiques, alors que les plus pauvres, eux, paient plein pot. Ces dérives ne viennent pas d'un complot savamment orchestré mais de notre manque collectif d'implication. La question du financement de la démocratie n'a jamais véritablement été posée ; celle de la représentation des classes populaires doit l'être sur un mode plus radical. Pour sortir de l'impasse, voici des propositions qui révolutionnent la façon de penser la politique, des réformes innovantes pour une démocratie retrouvée.
« Se plonger dans les histoires de drogue est l'unique point de vue qui m'ait permis de comprendre vraiment les choses. Observer les faiblesses humaines, la physiologie du pouvoir, la fragilité des relations, l'inconsistance des liens, la force colossale de l'argent et de la férocité. L'impuissance absolue de tous les enseignements mettant en valeur la beauté et la justice, ceux dont je me suis nourri. La coke était l'axe autour duquel tout tournait. La carte du monde était certes dessinée par le pétrole, le noir, celui dont nous sommes habitués à parler, mais aussi par le pétrole blanc, comme l'appellent les parrains nigérians. Le pétrole est le carburant des moteurs, la coke celui des corps ».
Après Gomorra, Roberto Saviano poursuit son travail d'enquête et de réflexion sur le crime organisé à l'échelle mondiale. D'où le crime tire-t-il sa force? Comment l'économie mondiale a-t-elle surmonté la crise financière de 2008? Une seule et même réponse : grâce à l'argent de la cocaïne.
Extra pure nous convie à un voyage du Mexique à la Russie, de la Colombie au Nigeria, en passant par les États-Unis, l'Espagne, la France et l'Italie de la 'ndrangheta calabraise. Au fil de cette exploration, l'auteur raconte avec une puissance épique inégalée ce que sont les clans criminels partout dans le monde. Et il démonte impitoyablement tout le fonctionnement de l'économie.
Greta Thunberg est l'icône engagée dans le combat contre le dérèglement climatique depuis sa grève scolaire devant le Parlement suédois tous les vendredis, à partir de l'été 2018. Elle mobilise à l'échelle planétaire, bien au-delà de sa génération et elle influence jusqu'aux déclarations sinon l'action des dirigeants politiques, économiques, religieux.Avec elle, nous sommes largement dans l'univers des formes:des apparitions, des gestes, du langage, de la voix, du visage, des vêtements, des coiffures. Elle entraîne, elle convertit, elle ennuie ou elle exaspère par les formes qu'elle donne à son engagement à travers ses actions reprises dans les médias:réseaux sociaux, vidéos, photographies, caricatures, BD, série télévisuelle, logos, produits dérivés.Même les mots qu'elle emploie, qu'elle répète, qu'elle combine, finissent par agir comme des images mentales contagieuses et ces mots ont la forme de la rébellion, de l'espoir et du désespoir, mais aussi d'une nouvelle raison écologique anxieuse qui s'impose de plus en plus largement.Quand elle dit qu'un jour l'ours polaire privé de sa banquise est resté bloqué dans sa tête, il faut la croire pour entrer dans sa danse.
Conduite avec la rigoureuse férocité de ses talents de scientifique, de philosophe et de polémiste, l'analyse de Gilles Châtelet décrit le procès qui a réussi à capter la richesse de l'homme ordinaire - le «paysan libre d'Angleterre» dont parlait Marx - pour fabriquer l'homme moyen des démocraties-marchés.Peut-on imaginer que l'humanité ne soit plus que la somme statistique de citoyens-panélistes et de neurones sur pied dévorés par l'ennui et l'envie ? Loin des récentes niaiseries pseudo-humanistes, Gilles Châtelet dénonce la Triple Alliance politique, économique et cybernétique des néolibéraux, qui cherche à rendre rationnelle et même festive la «guerre de tous contre tous». Il réclame une philosophie de combat qui fasse «plus de vagues et moins de vogue».
Il y a un malheur français, bien spécifique:pourquoi sommes-nous les champions du monde du pessimisme et du mécontentement de nous-mêmes? Pourquoi vivons-nous notre situation, notre place dans l'Europe et le monde, comme un malheur incomparable? Marcel Gauchet aborde ce problème d'une façon originale, en procédant d'abord à un vaste examen historique, qui le conduit des XVII?-XVIII? siècles jusqu'à la période immédiatement contemporaine. Au passage, il analyse en profondeur le règne de De Gaulle et celui de Mitterrand, l'un et l'autre matriciels pour comprendre notre présent.Puis il s'attaque aux ressorts de la société française d'aujourd'hui, dont il dissèque les maux:pourquoi la mondialisation et l'insertion dans l'ensemble européen sont-elles ressenties en France avec une particulière inquiétude? Pourquoi le divorce entre les élites et le peuple prend-il chez nous ce tour dramatique? Quelle responsabilité incombe aux dirigeants dans la montée de ce qu'on appelle, sans beaucoup y réfléchir, «populisme»? Quel rôle enfin joue, dans le marasme français, le néolibéralisme, cette idéologie qui veut se confondre avec le cours obligatoire des choses et qui porte en elle la dépolitisation de nos sociétés, à laquelle Mitterrand a converti la France sans le dire?
L'inégalité, ou : pourquoi y a-t-il des riches et des pauvres ? À cette question essentielle de l'économie, Pierre-Noël Giraud apporte une réponse originale : plutôt que de mettre en rapport inégalité sociale et croissance dans chaque pays, il préfère embrasser, sur deux siècles, les inégalités internes et externes, sociales et spatiales, des capitalismes, restituant, par là même, la dynamique de l'économie du monde contemporain. Émergence des inégalités entre pays, réduction des inégalités sociales internes en fin de période, tel aura été - du XVIIIe siècle aux années 1970 - le double mouvement d'ensemble de l'inégalité du monde. Or, depuis vingt ans, ce mouvement s'inverse.
Un rattrapage des pays riches extrêmement rapide a été entamé, non seulement par les « nouveaux pays industrialisés » (Corée du Sud, Taiwan, Singapour), mais aussi par les vastes « pays à bas salaire et à capacité technologique » : la Chine, l'Inde, l'ex-Union soviétique.
Cependant, cette réduction des écarts entre pays s'accompagne, au sein des pays riches, d'une croissance des inégalités polarisant la société en une minorité de « compétitifs » et un large groupe de « protégés » qui deviennent les clients des premiers. Nous sommes désormais entrés dans une nouvelle ère de l'inégalité du monde.
Albert Memmi esquisse le portrait de l'homme dominé - le Noir, le Colonisé, le prolétaire, le Juif, la femme, le domestique. L'ouvrage paraît en 1968, année où nombre de par le monde se soulevèrent pour obtenir leur émancipation. La méthode est la même que dans les portraits antérieurs du Colonisé et du Colonisateur ou du Juif dressés par l'auteur : dans un va-et-vient entre une expérience individuelle et un effort de systématisation, le lecteur croisera donc les souvenirs d'Albert Memmi mais aussi les thèses de Simone de Beauvoir ou bien The Servant de Losey. En somme, le lecteur découvre ici une réflexion qui entend être une étape importante dans l'émancipation sociale et morale des femmes et des hommes, mais plus singulièrement aussi une phase dans l'itinéraire d'Albert Memmi vers «ce livre plus général sur l'oppression, que j'annonce sans cesse, que je n'achèverai peut-être jamais, mais vers lequel j'avance tous les jours un peu».
Depuis la crise des subprimes, on sait que l'économie n'est pas la science infaillible qu'elle prétendait être. Et pourtant, dans l'Occident post-religieux, le discours économique semble avoir pris la place du sacré. Ce culte a pour principe divin le Marché, incarné par une multitude de Marchés dont l'appétit n'est apaisé que par la croissance. Il a pour valeur cardinale la liberté d'entreprendre, pour idéal l'équilibre et pour credo l'infinitude du monde, condition à la satisfaction des dieux. Il a ses temples, ces grandes bâtisses d'allure gréco-romaine où valsent les indices, reflets des humeurs divines changeantes. Il a ses rites de consommation ; il a son clergé, la finance, et ses archiprêtres, les grands banquiers centraux, seuls capables d'apaiser la colère des dieux. Progressivement, depuis le XVIII e siècle, l'économie a acquis l'autorité dont était investie la religion. Elle ne s'attaque plus à l'astronomie et à la biologie, comme le christianisme avant elle, mais s'en prend à l'écologie et à toutes les sciences qui fixent des limites au Marché. Le nouveau Jupiter, c'est lui. Une fascinante enquête historico-économique à la recherche des ressorts profonds du système économique qui nous régit.
Depuis 2018, Teresa Cremisi écrit toutes les semaines dans le Journal du Dimanche une chronique appelée « Ma tasse de café ».
Les 100 textes choisis et présentés dans ce recueil sont autant de petits hublots sur notre époque. Elle y attrape l'air du temps avec une gravité espiègle qui s'adapte aux sujets les plus variés. Des histoires proches et lointaines (presque de petits récits) alternent avec des réactions à l'actualité politique et sociale ; les clichés, les ridicules, les tics de langage de nos contemporains sont racontés avec amusement, en évitant tout dogmatisme.
La féminisation de la pauvreté, l'insécurité sexuelle et la montée des intégrismes religieux motivaient en 1995 la rédaction de cet ouvrage. Refondu et augmenté en 2004, l'ouvrage mesurait l'ampleur de la régression et de la contre-libération menaçantes.Libérer à la source le pouvoir créateur des femmes, leur libido creandi, c'est lancer un défi permanent au phallocentrisme et s'ouvrir à la génialité, à la génitalité des deux sexes; c'est se souvenir que le premier environnement de chaque être humain est un corps vivant, parlant ; se souvenir que l'on naît d'une femme ( et aussi d'un hommes) et en éprouver de la gratitude, c'est abolir l'hégémonie d'un ordre tyrannique symbolique ; c'est s'évader des dogmes et des illusions des religion du Livre, stopper la spéculation du Tout-marchandise, du Tout-profit ; mais c'est aussi sans doute commencer à penser.La gestation, hospitalité psychique autant que charnelle, est-elle le paradigme de l'éthique, de la responsabilité et du don ?
Génitrices, généalogistes, archéologues, archives et archivistes de l'espère humaine, des femmes ont commencé à vivre leur nouvelle « condition historique », à inscrire la genèse d'une modernité tardive.C'est l'hypothèse positive que réaffirme cette nouvelle édition augmentée.
Yves Montand, chanteur, acteur, homme politique, homme public, homme secret. Un homme tout simplement. Pour raconter cet homme-là, cette vie depuis les quartiers populaires de Marseille jusqu'à la soirée du 7 septembre 1982 où ce fils d'immigré italien chante et triomphe au Metropolitan Opera de New York, pour rendre compte d'un tel personnage, dans son épaisseur, dans sa profondeur, il fallait davantage que de simples connaissances biographiques, il fallait la clé de la mémoire et de la connaissance intime.Si Jorge Semprun a réussi ce pari - et ce portrait -, c'est parce qu'il connaît Montand depuis vingt ans et que, depuis vingt ans, de l'un à l'autre se sont tissés les liens rares de l'amitié.
«L'agonie du Tibet, écrit Élisabeth Badinter dans sa préface au livre de Pierre-Antoine Donnet, ce n'est pas seulement des hommes assassinés, des nonnes et des prêtres torturés, des milliers de gens déportés dans des camps de rééducation, c'est aussi un véritable génocide culturel, linguistique et religieux. La sinisation systématique du Tibet est à moyen terme sa mort assurée. Et cela dans l'indifférence quasi générale».
L'une des tragédies de ce siècle se joue actuellement au Pays des Neiges. Depuis son invasion par la Chine en 1950, le Tibet est asservi et colonisé. Tibet mort ou vif veut d'abord informer. Recueillis auprès des protagonistes tibétains aussi bien que chinois, de nombreux témoignages inédits et des documents exclusifs offrent un regard neuf sur ce choc de deux grandes civilisations dont les répercussions sont incalculables. Chef spirituel et temporel de six millions de Tibétains, le dalaï-lama, Prix Nobel de la paix 1989, y exprime son parti pris de tolérance et de non-violence. Avant qu'il ne soit trop tard...
Traduit dans seize pays, cet ouvrage fait aujourd'hui référence à travers le monde. Première étude d'ensemble du mouvement islamiste des années 1970 jusqu'à nos jours, cette mise en perspective politique et sociale permet de comprendre comment, après une montée en puissance qui culmina dans la révolution iranienne et le jihad d'Afghanistan, l'islamisme se fragmente en tendances antagoniques : certaines déboucheront sur des compromis démocratiques tandis que d'autres basculeront dans la violence et la fuite en avant à travers un terrorisme international sans attaches sociales. Cette édition, refondue et mise à jour, conduit le lecteur jusqu'aux lendemains des attentats du 11 septembre 2001, à la seconde Intifada palestinienne, comme aux succès électoraux des «islamistes modérés» turcs et aux débats parmi les musulmans en Europe occidentale.
Il n'y aura pas d'empire américain. Le monde est trop vaste, trop divers, trop dynamique pour accepter la prédominance d'une seule puissance. L'examen des forces démographiques et culturelles, industrielles et monétaires, idéologiques et militaires qui transforment la planète, ne confirme pas la vision aujourd'hui banale d'une Amérique invulnérable.Les États-Unis étaient indispensables à l'équilibre mondial ; ils ne peuvent aujourd'hui maintenir leur niveau de vie sans les subsides du monde. Par leur activisme militaire de théâtre dirigé contre des États insignifiants, ils tentent de masquer leur reflux. La lutte contre le terrorisme, l'Irak et «l'axe du mal» ne sont plus que des prétextes.Parce qu'elle n'a plus la force de contrôler les acteurs économiques et stratégiques majeurs que sont l'Europe et la Russie, le Japon et la Chine, l'Amérique perdra cette dernière partie pour la maîtrise du monde. Elle redeviendra une grande puissance parmi d'autres.
Le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid, en Tunisie, Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant de fruits et légumes, s'immole par le feu - et embrase le monde arabe. Les régimes de Ben Ali, Moubarak, Kadhafi sont précipités dans les flammes, et l'incendie porte à Bahreïn, au Yémen et jusqu'en Syrie.
En deux ans, les révolutions ont abattu des dictatures, mais fréquemment porté au pouvoir les Frères musulmans. Le salafisme prolifère, nourri par le désenchantement de jeunes et de déshérités dont la pauvreté s'est accrue. Al-Qaida, qu'on croyait enterrée, resurgit de la Syrie au Mali alors que l'État islamique prône un nouveau califat.
Gilles Kepel est retourné partout - Palestine, Israël, Égypte, Tunisie, Libye, Oman, Yémen, Qatar, Bahreïn, Arabie saoudite, Liban, Turquie, Syrie, Kabylie - et a rencontré tous les acteurs - salafistes et laïcs, Frères musulmans et militaires, djihadistes et intellectuels, ministres et fellahs, diplômés-chômeurs et rentiers de l'or noir.
Pour comprendre ce que sont devenues la liberté, la démocratie, la justice sociale revendiquées par les «printemps arabes». Quel est le rôle des pétromonarchies du Golfe dans l'arrivée au pouvoir des partis islamistes? Pourquoi le conflit entre sunnites et chiites est-il en train de détourner l'énergie des révolutions, tandis que la Syrie s'enfonce dans des souffrances inouïes?
Des innovations mort-nées de Bill Gates ou Steve Jobs aux rêves de grandeur de Jean-Marie Messier, de Kodak qui ne croyait pas à la photo numérique à Mamie Nova qui se moquait des grand-mères, de l'échec de Barbie en Chine à celui de Renault en Inde, des performances viciées de Madoff et de Kerviel à l'explosion « programmée » de la navette Challenger, de Danone à Orange, Google ou Volkswagen, voici l'histoire de cent cinquante décisions qu'il eût fallu éviter. Si elles ont marqué l'histoire industrielle, elles ont très rarement été l'objet d'une enquête minutieuse à travers un récit qui fourmille d'anecdotes et de révélations.
«Le racisme est la dévalorisation profitable d'une différence» ou, plus techniquement, «le racisme est la valorisation, généralisée et définitive, de différences réelles ou imaginaires, au profit de l'accusateur et au détriment de sa victime, afin de légitimer une agression.» Il y a une trentaine d'années, Albert Memmi proposait cette définition du racisme, largement utilisée depuis par les chercheurs et les enseignants. Il n'a cessé d'enrichir et de préciser sa réflexion sur le racisme, au fil de nombreux textes. On retrouvera dans ce livre, outre la place centrale du racisme dans la pensée de l'auteur, les deux pôles de cette définition : la liaison étroite entre le racisme et la notion de différence («le raciste, écrit-il, prétend toujours utiliser quelque différence pour en tirer profit»), et, d'autre part, la parenté entre le racisme et l'oppression («le racisme est le symbole et le résumé de toute oppression»). L'auteur développe enfin, avec de nouveaux arguments, sa distinction entre le racisme, qu'il propose de limiter strictement au sens biologique, et l'hétérophobie, refus agressif d'autrui, et dont le racisme ne serait qu'un cas particulier.
Il suffirait de prononcer «les médias», mot devenu talisman, et tout serait expliqué du pouvoir, sinon des turpitudes d'une force pour le moins singulière et anonyme. Or, le plus souvent, le terme demeure vague et ambigu. Parle-t-on de la presse ou, au contraire, de l'audiovisuel ? Entend-on leur influence sur la société dans son ensemble ou plutôt sur certains groupes sociaux (les électeurs, les jeunes, les femmes, la classe politique, etc.), voire sur certains individus ? Suggère-t-on leur impact sur les pratiques de travail et de loisirs ou le bouleversement qu'ils opèreraient sur les normes sociales ? Évoque-t-on l'emprise des mots et des images qu'ils transmettent ou des représentations qu'ils véhiculent ? Il faut, en réalité, pour savoir ce que «médias» veut dire, reprendre depuis le commencement. Répondre à la question «Que sont les médias ?» suppose en effet de s'intéresser à l'environnement global dans lequel ils évoluent ; d'étudier conjointement la production, le contenu et la réception des messages médiatiques ; de s'inscrire enfin dans le domaine plus vaste de la communication. C'est à ce problème multidimensionnel appréhendé sous l'angle des relations entre les médias et le politique d'une part, entre les médias et la culture d'autre part, que s'attache cette somme sans équivalent.