Comme tant d'autres, le milieu de l'architecture est un terrain d'inégalités entre les hommes et les femmes. Majoritaires dans les effectifs d'étudiants, elles sont encore largement sous-représentées dans l'exercice libéral et salarié de la profession et souffrent d'importants écarts de rémunération par rapport à leurs confrères masculins. Si aujourd'hui, dans le sillage du mouvement #metoo, la situation semble évoluer, cela fait pourtant plus d'un demi-siècle que des voix de femmes architectes s'élèvent : pour renouveler la manière dont l'histoire de l'architecture est écrite afin de réévaluer certains objets et certaines figures, négligés par l'historiographie dominante ; pour réfléchir à une architecture qui traduirait spécifiquement les théories féministes, de l'échelle de la maison à celle de la ville ; pour dénoncer la domination masculine dans l'enseignement, la pratique et les instances de consécration et revendiquer des formes alternatives de la pratique architecturale, nourries par l'expérience particulière des femmes et des minorités. Sélectionnée et introduite par la chercheuse et militante Stéphanie Dadour, la présente anthologie propose la traduction inédite d'une douzaine de textes importants, peu connus en France, représentatifs de l'engagement théorique, politique et professionnel de plusieurs générations de féministes. La lecture de ces écrits émanant principalement de la scène anglo-américaine de l'architecture dans les trois dernières décennies du XXe siècle ne peut qu'enrichir les débats d'aujourd'hui et armer les luttes qui viennent. Ils parleront aussi bien au milieu architectural qu'au milieu féministe.
Dans ce numéro, le passage du temps sur les paysages emprunte des voies multiples et parfois surprenantes : héritages encombrants, architectures patinées ou figées, milieux altérés ; mais aussi ruptures ou sauts d'échelle de l'anamnèse, projets de maintenance ou de restauration, latence et persistance des logiques historiques qui animent des territoires. Le fil commun de ces contributions est leur ancrage sensible dans l'expérience de transformations, chacune à son rythme propre.
Dans ce numéro, le passage du temps sur les paysages emprunte des voies multiples et parfois surprenantes : héritages encombrants, architectures patinées ou figées, milieux altérés ; mais aussi ruptures ou sauts d'échelle de l'anamnèse, projets de maintenance ou de restauration, latence et persistance des logiques historiques qui animent des territoires. On y découvrira aussi des traditions inspirantes, la patience du soin et de la convalescence, des scènes d'anticipation et de rétrospection où se jouent une part de science et une part de fiction ; des dessins de mémoire, des récits d'enfance ; ainsi que les photographies d'une rivière à demi-oubliée, et l'imagination de pédagogies à venir.
Le fil commun de ces contributions est leur ancrage sensible dans l'expérience de transformations, chacune à son rythme propre. C'est l'expérience saisissante du devenir, de cette trajectoire continue et indéterminée dont tout paysage peut se faire, à la manière d'un film au ralenti plutôt que d'un arrêt sur image, la figuration provisoire.
La culture architecturale n'est pas seulement constituée d'édifices, de monuments, de bâtiments, remarquables ou ordinaires, elle est peuplée d'images. Celles-ci sont omniprésentes dans la formation, la pensée et l'action de l'architecte. Seules ou en séries, fixes ou animées, elles sont mobilisées dès les premiers moments de la conception pour inspirer, déclencher, instruire, stimuler, donner du sens.
Devenu image, le projet achevé rejoindra lui-même cet inépuisable musée imaginaire.
La culture architecturale n'est pas seulement constituée d'édifices, de monuments, de bâtiments, remarquables ou ordinaires, elle est peuplée d'images. Innombrables et diverses, celles-ci sont omniprésentes dans la formation, la pensée et l'action de l'architecte. Elles n'interviennent pas seulement en aval de son projet, lorsqu'il doit le représenter, le transmettre, le rendre ou le vendre. Seules ou en séries, manuelles ou automatisées, fixes ou animées, internes ou externes à la discipline architecturale, elles sont mobilisées dès les premiers moments de la conception pour inspirer, déclencher, instruire, stimuler, préfigurer, donner du sens. Devenu image, le projet achevé rejoindra lui-même cet inépuisable musée imaginaire.
L'histoire de l'architecture peut ainsi être considérée comme un album ouvert, perpétuellement enrichi par les jeux de réinterprétation d'un corpus visuel dont l'amplification est proportionnelle aux immenses possibilités offertes par les médias contemporains.
Collaborant régulièrement comme iconographe avec des architectes (Jean Nouvel, Périphériques, Plan 01), l'artiste et théoricienne Anne Frémy traite dans cet essai de la tension qui se joue entre leur mémoire et leur projet, et entre deux types d'images : celle, tangible et concrète, qu'ils tiennent sous leurs yeux, organisent en collections, manipulent et détournent, et celle, abstraite et mentale, qui véhicule leur vision, floue, diffuse et intuitive, de l'architecture à venir.
Transhistorique et transdisciplinaire, l'ouvrage richement illustré convoque bien d'autres traditions iconographiques associées à l'espace -; les procédures contemplatives et divinatoires, les arts de la mémoire, les schématisations visuelles en philosophie ou la pratique contemporaine de l'atlas -; pour éclairer ce qui restait un impensé, voire un invisible :
Le rôle conceptuel et opératoire des images dans le processus de création architecturale.
Inaugurant la collection « Point visuel » des Éditions de la Villette, ce recueil restitue dans son intégralité un important projet du photographe franco-américain Mikael Levin.
Réalisé en 1993, celui-ci documente une situation singulière du continent européen. Au moment où les accords de Schengen, de 1985 et 1990, abolissent les barrières douanières, la guerre en Yougoslavie, à partir de 1991, remet au contraire en tension la question des identités nationales. De Bray-dune, au bord de la Mer du Nord, jusqu'à Offmarsheim en Alsace, Levin a longé la frontière entre la France et, successivement, la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne et la Suisse. Sur ce long tronçon, il a systématiquement photographié les traces qui subsistaient de l'ancienne démarcation : postes de douanes abandonnés, commerces transfrontaliers désaffectés, signalétique et marquages au sol obsolètes... Entre une tradition européenne de la limite conflictuelle entre États-nations et un imaginaire américain de la conquête progressive d'un monde meilleur, la frontière est saisie par Levin dans toute sa complexité culturelle et politique, dans une vision traversée par les sentiments ambivalents de mélancolie, d'optimisme et d'inquiétude. Résolument documentaire, son enquête photographique s'inspire de celles de la Mission Héliographique dans la France des années 1850 ou de la Farm Security Administration dans l'Amérique des années 1930.
Plusieurs fois exposé, notamment en 1994 par les services culturels de l'Ambassade française à New York et en 2003 à la Bibliothèque nationale de France, cet ensemble de 90 photographies noir et blanc a été publié en 2017 sous la forme d'un luxueux livre d'artiste tiré en série limitée. Soignant la qualité de photogravure et d'impression, les Éditions de la Villette en proposent une nouvelle édition intégrale plus accessible, accompagnée d'un texte de présentation de Mikael Levin et d'un essai critique inédit de l'historien de l'architecture Luc Baboulet. Republier aujourd'hui ces photographies s'impose dans le contexte actuel de retour des frontières en Europe, sur fond de crise pandémique, de montée des populismes et de guerre en Ukraine.
L'expérience du paysage relève d'un jeu constant d'éloignements et de rapprochements. Dans nos perceptions se nouent des relations spatiales, temporelles et mobiles entre le proche et le lointain. Telle est l'oscillation permanente que ce numéro explore de la ville dense à la moyenne montagne, et du pas de la porte jusqu'à l'Extrême-Orient et le Japon.
Des contributions savantes comme celle de Bruno Taut ou de Fumihiko Maki (grand architecte japonais), mais aussi celles des étudiants, ces "nouveaux penseurs" du paysage engagés sur les problématiques du besoin de soigner des espaces attentants à nos lieux de vie, mais aussi anticipant les bouleversements par le réchauffement climatique, nous font voyager, imaginer, penser le tout près et le très loin: du quartier des Pentes du Vieux-Lyon, la périphérie nord de Blois, le littoral de Montpellier, la vallée de la Beaume en Ardèche en passant par Athènes jusqu'au Japon.
Les objets qui nous entourent, depuis le simple nid d'une hirondelle jusqu'à la halle d'un marché couvert, ne cessent de nous interroger sur les liens étroits et parfois mystérieux qui unissent formes, forces et matières. Mais la science des structures, indispensable à l'architecte qui les dessine tout comme à l'amateur qui cherche à les comprendre, peut s'avérer d'un abord intimidant. Ne requérant aucune connaissance préalable (outre les quatre opérations mathématiques de base), l'ouvrage de l'ingénieur et l'architecte Marc Leyral vise à instruire tout lecteur sur les principes simples qui sous-tendent les structures les plus complexes.
Guidé par une volonté didactique affichée, l'ouvrage prend forme d'un dialogue socratique entre un jeune élève et son maître qui l'introduit pas à pas aux notions fondamentales de l'art de bâtir :
Qu'est-ce qu'une force ? Comment les charges se répartissent dans les éléments d'une structure ? À quelles conditions celle-ci est-elle à l'équilibre ? Comment se comportent les matériaux soumis à différents types d'efforts ? Jusqu'à quel point résistent-ils ? Qu'est-ce qu'un arc, une voûte, un porte-à-faux ou une membrane sous-tendue ? Toutes ces questions sont systématiquement associées à l'analyse d'exemples précis, anciens ou contemporains, monumentaux ou ordinaires : du Centre Georges Pompidou à Paris aux abris vernaculaires en terre crue au Cameroun, du Panthéon de Rome à la grande toiture en béton de l'hippodrome de la Zarzuela à Madrid, des ponts de singe des Indiens des Andes au dôme géodésique de l'exposition universelle de Montréal en 1967.
Accompagnés d'une riche iconographie, incluant près de 400 illustrations didactiques réalisées spécialement pour l'ouvrage, tous les chapitres se terminent par une fiche synthétique et une application pratique. La leçon apprise, il ne reste qu'un pas entre comprendre « pourquoi ça tient » et pouvoir imaginer de nouvelles structures.
Qui a droit au paysage ? À la perte accélérée de certains paysages répondent l'ouverture de points de vue décalés et le frayage de voies inédites. Certains milieux de vie - rivières, fleuves, bassins-versants, littoraux, montagnes ou marais - deviennent des êtres de droit. Par-delà les juristes et les concepteurs d'espaces, cette réflexion concerne un large public : institutions locales, étatiques et internationales, entreprises d'aménagement, de construction et de maintenance, militants écologistes, défenseurs des biens communs. Mais aussi les usagers des lieux publics que nous sommes tous, ou les scientifiques qui peinent tant à se faire entendre.
La maîtrise du dessin comme celle de la maquette s'impose comme un point de passage obligé dans toute formation à l'architecture.
De sorte que l'acquisition des outils nécessaires à la représentation demeure un des apprentissages fondamentaux. par-delà cet enseignement, il convient d'exposer, de manière pratique et critique, les modalités les plus habituelles des représentations, de préciser leur nature, les diverses expressions de leurs codes, les conditions de leur utilisation ainsi que leurs limites. la représentation, avant d'être un outil de communication, constitue un outil de conception pour organiser l'espace et lui donner une forme.
Le recours à des figures codifiées : plan, coupe, élévation, axonométrie, perspectives, etc, vise à présenter une réalité absente et à permettre de percevoir ce qui demeurera caché jusqu'à l'achèvement de la construction.
30 millions de touristes se rendent chaque année à Paris pour visiter ses prestigieux monuments. Mais on oublie que cette ville est riche aussi de ses immeubles ordinaires qui en constituent le paysage quotidien, si apprécié du flâneur. Cet ouvrage rend justice à ce patrimoine mineur et invisible qui compte plusieurs types identifiables depuis la fin du Moyen-Âge, jusqu'au XXe siècle.
« Dans son histoire de la construction, Giedion attribue à la France un rôle central et paradoxal. De 1830 à l'époque contemporaine (les années 1920 pour Giedion), la France tient, selon lui, une place majeure dans l'innovation technologique : les ingénieurs français sont à la pointe des techniques constructives grâce à la qualité des grandes écoles scientifiques. Mais la pesanteur de la tradition académique empêche selon Giedion les architectes, accablés de références historiques, de tirer profit des inventions, dont l'usage est restreint aux travaux publics et aux constructions industrielles ».
Nicolas Padiou, in Livraisons d'histoire de l'architecture, 2003.
« La traduction de l'un des livres cultes de l'historiographie architecturale contemporaine doit être considérée comme un petit événement. Dans l'avant-propos à ce fac-similé, Jean-Louis Cohen replace dans son contexte l'écriture de Bauen in Frankreich, bauen in Eisen, bauen in Eisenbeton, ses fondements théoriques et ses influences : Walter Benjamin s'en inspirera en effet au cours de l'écriture de son Paris au XIXe siècle. [...].
Aussi la présentation de quelques éléments de la prémaquette permet-elle de comprendre mieux encore le rôle fondamental de l'iconographie dans le déroulement de son propos. L'ouvrage peut être vu, il est vrai, comme une exposition à plat ; son écriture est quasi cinématographique, servie par une mise en page - attribuée à l'artiste hongrois László Moholy-Nagy - qui en accentue l'efficacité ».
Simon Texier, in Bulletin monumental, 2002.
« Lorsque votre livre m'est parvenu, les quelques pages que j'ai lues sur le vif m'ont tellement électrisé que j'ai dû m'imposer de ne pas le lire plus loin jusqu'à ce que je fasse meilleure connaissance avec mes propres recherches sur le sujet [...]. Depuis quelques jours, les choses ont repris leur cours normal, et je passe des heures à lire votre livre, en admiration. » Lettre de Walter Benjamin à Sigfried Giedion, 1929.
Alors que la demande de nature dans un monde de plus en plus urbanisé se double d'une prise de conscience des menaces qui pèsent aujourd'hui sur les écosystèmes, l'auteur réunit ici une centaine de textes permettant de porter un regard renouvelé sur l'art des jardins et le paysage. Une telle anthologie interroge un art qui s'estime le plus universel. De l'idée de paradis aux théories modernes du paysage, nombreux sont ceux qui ont tenté de décrire ou de définir tant la nature que le jardin idéal en soulevant autant de questions essentielles : celle de la nature primitive ou artificielle, de son rapport à la culture et au politique, de la création du Beau et du statut qui lui est accordé.
Convoquant Virgile, Boccace, De Serres, La Quintinie, Temple, Rousseau, Girardin, Olmsted, André, Jekyll, Burle-Marx, Page, Mumford, McHarg, Debord, Finlay, Lassus, Tschumi, Clément, Courajoud, Latz, Berque et nombre d'autres penseurs - parfois traduits pour la première fois - l'ouvrage offre une anthologie riche et savante de l'Antiquité à nos jours. Chaque grand cycle temporel est introduit par une synthèse qui propose un état des lieux érudit s'employant à traquer les évolutions au sein des conceptions et doctrines occidentales.
Épaisseur et complexité à toutes les échelles d'espace et de temps, telle est la pluralité des mesures du vivant. Un enchevêtrement sans fin qu'observent un écologue scrutant les échelles des mouvements qui animent les paysages (S. Bonthoux), un écrivain attentif au jeu incessant des formes vivantes, comme les « murmurations » d'étourneaux (J.-C. Bailly), et un photographe arpentant des lieux habités qui laissent affleurer l'énigme, le mystère (I. Ariño). Les milliards de cartes postales envoyées au siècle dernier participent à la « circulation des paysages » (F. Brunet). Les dessins d'un plasticien fasciné par la croissance et l'altération (P. de Pignol) et le récit d'une course en plein désert par un écrivain soigneur de chevaux (F. Tabouret) ouvrent d'autres perspectives. Apprécier la puissance et la vulnérabilité des vivants, c'est aussi se mettre à l'écoute du chant des oiseaux avec un acousticien naturaliste (B. Fort, L. Voisin) ou s'inquiéter du devenir des paysages agricoles (S. Marot).
La mesure est au coeur du travail de conception des paysagistes (L. Chauvac et S. Morin), ce que montrent, comme à chaque livraison, les travaux d'élèves qui en constituent le centre. Deux projets engagent un dialogue avec l'agriculture : en anticipant la montée des eaux à Narbonne (P. Malautier), en cultivant le bocage de Notre-Dame-des-Landes (C. Fortin). Deux autres interrogent les capacités écologiques des métropoles : face au réchauffement à Clermont-Ferrand (L. Rue) ou en transformant un site parisien emblématique de la modernité architecturale et urbaine, le Front de Seine (K. Spangberg).
Mutations urbaines:
Une recherche de mixités. La mixité sociale vise à ce que les nouveaux quartiers, jusqu'aux îlots urbains ou même jusqu'aux bâtiments, mêlent logements sociaux et logements en accession à la propriété. A la mixité sociale est liée une mixité programmatique qui s'étend à des programmes autres que d'habitation : bureaux, commerces, équipements publics, etc.
Il en résulte une autre façon de concevoir les opérations d'aménagement, une autre fabrique de la ville et donc de nouvelles formes urbaines. La recherche de mixités mène à la conception d'un nouveau type d'îlot, généralement nommé macrolot, qui mêle des programmes hétérogènes. Les macrolots soulèvent de nombreuses questions: quel paysage urbain fabriquent-ils ? Leur gestion et maintenance à long terme ne risquent-elles pas de poser des problèmes épineux, en particulier lorsque les bailleurs sociaux deviennent des "utilisateurs" ? Sont-ils une nouvelle expression des mégastructures? Comment imaginer leur mutabilité ou leur évolution? Servent-ils les exigences de développement durable ? Les grandes opérations urbaines qui font de la mixité leur objectif manifestent la place de plus en plus grande, sinon prépondérante, prise par les maîtres d'ouvrage privés.
Par voie de conséquence, de nouvelles relations et de nouveaux équilibres s'établissent entre des acteurs qui peuvent avoir des buts différents : collectivités locales, maîtres d'ouvrage privés et publics, urbanistes et architectes. A travers l'examen de nombreuses opérations urbaines, tant à Paris et dans sa région que dans les grandes villes françaises, Jacques Lucan décrit l'évolution récente des conceptions urbaines, de façon à la fois pragmatique, réaliste et prospective.
Décrié ou désiré, l'« américanisme » - entendu comme le produit d'une influence culturelle des États-Unis - a été généralement étudié dans le contexte occidental. Or, on le sait moins, le phénomène a également touché la Russie, tzariste d'abord, soviétique ensuite. Dans ce livre, et l'exposition qu'il accompagne au Centre canadien d'architecture à Montréal (nov. 2019 - août 2020), Jean-Louis Cohen dresse un magistral tableau de cet amerikanizm en Russie sur une période de 130 ans : depuis le début des années 1860, marqué par l'abolition du servage et la modernisation industrielle du pays, jusqu'au début des années 1990 avec le démantèlement progressif de l'Urss. Privilégiant les épisodes architecturaux et urbains de cette histoire, l'auteur sait les articuler avec les autres domaines de la culture savante (littérature, cinéma, arts visuels, musique) et populaire (publicité, illustration, production industrielle).
Toute conception d'édifice implique de maîtriser le passage des deux dimensions du plan aux trois dimensions de l'espace.
La géométrie descriptive développe cette faculté puisqu'elle procure une compréhension permettant de concevoir, de générer et de représenter les formes dans l'espace. le cours de dessin d'architecture répond à une exigence trop rare de l'enseignement: introduire au dessin d'architecture à partir de la base théorique et pratique que constitue la géométrie descriptive. illustré de très nombreux exemples tant historiques que contemporains, ce manuel expose avec beaucoup de clarté et de précision les méthodes de construction tout comme de projection des volumes, du plus simple au plus complexe, sans omettre d'exposer les règles de tracé des ombres.
Conçu dans une visée pédagogique et donc de manière à acquérir une connaissance progressive, l'ouvrage s'adresse aux étudiants en architecture, mais aussi à tous ceux qui, dans le design, la mode, l'architecture intérieure, le paysage, la mécanique, désirent maîtriser la représentation des volumes et des formes.
Une veritable somme de connaissances, au sens encyclopédique du terme, sur le dessin d'architecture.
Énoncées depuis vingt siècles et réactualisées à la Renaissance, les catégories d'utilitas, de firmitas et de venustas (utilité, solidité et beauté) forment le cadre conceptuel pour penser et concevoir l'architecture occidentale. Cette trilogie est suffisamment souples pour intégrer les expériences accumulées au fil du temps, et ouvertes aux apports de chaque époque tout comme aux paroles singulières des architectes.
La catégorie d'utilitas renvoie aux besoins fondamentaux de l'habitation humaine. Elle se rapporte aux dispositions spatiales et matérielles qui permettent à un bâtiment d'être adapté à sa destination, à son usage, soit à ce que l'on appelle aujourd'hui sa fonction.
La catégorie de firmitas est celle des matériaux mise en oeuvre. À ce titre elle s'ancre profondément dans l'économie. La classification morphologique des ouvrages de construction, inséparables de leurs systèmes techniques, est abordée au regard de leur capacité à contenir de l'espace habité.
La catégorie du venustas est la plus complexe des trois et pose d'emblée la question des finalités de l'architecture. Elle est reliée au concept de « modernité » dont l'évolution du sens au cours du XXe siècle mérite un examen attentif.
Au tournant des années 1990, la ville de Lille fut le théâtre d'une des opérations d'urbanisme les plus commentées et les plus controversées de la fin du xxe siècle, non seulement à l'échelle locale, mais aussi nationale et internationale. Baptisée Euralille, celle-ci portait sur un secteur de 70 hectares autour de la nouvelle gare Tgv qui allait bientôt mettre la capitale des Flandres à une heure des grandes métropoles européennes : Paris, Londres ou Bruxelles.
Avec une trentaine d'années de recul, Valéry Didelon revient sur Euralille, devenu le troisième quartier d'affaires en France, en s'intéressant non pas tant à ses formes urbaines ou à son style architectural qu'au processus qui l'a généré et qui reflète le tournant néolibéral de l'aménagement des villes : mélange de déclin de l'Etat-providence, de montée en puissance des opérateurs privés et de crise du statut de l'architecte-urbaniste.
L'ouvrage est ainsi organisé autour des trois personnages principaux de cette histoire, acteurs majeurs et pionniers de leurs domaines respectifs : Rem Koolhaas, architecte néerlandais de réputation mondiale qui deviendra l'une des plus grandes stars de l'architecture, Pierre Mauroy, maire socialiste de la ville et homme politique d'envergure nationale mais surtout Jean-Paul Baïetto, véritable manager de ce projet, créateur de la société d'économie mixte qui le finança, et inventeur en France, à cette occasion, de la figure mi-publique mi-privée de l'" aménageur ", aujourd'hui centrale dans les opérations urbanistiques.
Armé d'une bibliographie et d'un index, le livre est complété par un entretien inédit avec Rem Koolhaas, réalisé par l'auteur.
Connu principalement pour sa conception du Central Park à New York, Frederick Law Olmsted est un architecte du paysage, homme engagé et penseur du progrès à l'époque où l'industrialisation transforme profondément la structure des villes et le rapport de l'homme à la nature. Mais l'oeuvre paysagère d'Olmsted ne se limite pas à New York : elle a marqué le paysage américain.
Grand observateur, civilisateur préoccupé par les questions sociales, Olmsted consacre son existence à défendre l'idée une vie meilleure et plus juste notamment pour les plus démunis. La nature y joue un rôle important. La question du parc est avant tout pour lui une question sociale : le parc est conçu pour « civiliser » la population des villes, la rendre plus apaisée en lui donnant un meilleur cadre de vie.
L'impression de chaos procurée par la suburbia et le mitage du paysage renvoient aux contours d'un territoire nouveau où s'imbriquent espaces ruraux et urbains. Désormais planétaires, les effets sur les modes d'urbanisation de ce " sprawl " ou étalement restaient à être analysés de manière circonstanciée. À travers des questions touchant aux infrastructures routières, aux centres commerciaux et aux lotissements pavillonnaires, David Mangin décrit la ville sectorisée, celle des enclaves privées, à laquelle il oppose la ville passante et métissée, celle du domaine public. Partant de l'observation du contexte français, il confronte la situation nationale aux phénomènes rencontrés au sein des villes asiatiques et s'interroge sur l'idée d'une importation d'un soit disant modèle américain.
Si l'auteur s'est intéressé principalement à trois entités omniprésentes dans la périphérie des villes : les infrastructures routières, l'urbanisme commercial et les ensembles de maisons individuelles, c'est pour mieux étudier les effets de la croissance urbaine de ces trente-cinq dernières années ainsi que leurs conséquences morphologiques et sociales .
Pour mettre en évidences les interactions qui se sont nouées en matière d'aménagement entre les sphères économiques, politiques et spatiales, l'auteur a croisé travaux cartographiques, enquêtes de terrains, entretiens et modèles. Contrairement aux méthodes anglo-saxonnes recourant largement aux analyses perceptives, il a volontairement choisi de tester, sur ces territoires, les outils de l'analyse urbaine apparus, en Italie, en Espagne et en France notamment dans les années soixante. Tracés, voiries, découpages du sol, règles d'édification, rapports publics/privés sont donc les objets privilégiés de cette recherche et des observations souvent consignées par le biais d'une abondante documentation cartographique.