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Les Allusifs
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L'auteur : Après avoir obtenu une maîtrise en création littéraire, Jean-François Beauchemin a été tour à tour rédacteur, concepteur puis réalisateur à Radio-Canada. Ses romans, Comme enfant je suis cuit, Garage Molinari et Les Choses terrestres, ont tous été chaleureusement accueillis tant par la critique que par le grand public. Garage Molinari figure pour sa part sur la liste des romans les plus lus au Québec au cours des dernières vingt-cinq années.
Le livre : Un homme accusé de meurtre raconte à la cour les événements qui l'ont peu à peu conduit à commettre l'impensable. Mais Le jour des corneilles n'est pas le récit d'un procès, pas plus qu'un roman policier. Plutôt : un témoignage poignant, formant une histoire inclassable, étrange, où des forces tout à la fois occultes et familières s'opposent, et à la fin de laquelle les frontières entre folie et lucidité, amour et haine, réalité et chimère, vie et mort, ne sont plus si clairement définies. Au fait, quel est donc ce curieux tribunal, silencieux comme la mort, devant lequel comparaît le fils Courgeoe Roman de l'incommunicabilité, Le Jour des corneilles illustre au fond la difficulté toute humaine de pénétrer le coeur d'autrui, d'en percer jamais le mystère.
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figure emblématique de l'histoire des états-unis, maya angelou s'est engagée corps et âme dans le vingtième siècle américain.
tant que je serai noire est le récit de sa vie à partir de 1957 lorsque, décidée à devenir écrivaine, elle part avec son fils, guy, pour rejoindre harlem, épicentre de l'activité intellectuelle des noirs américains. elle participe aux bouleversements de l'époque et rencontre des artistes comme billie holiday et james baldwin, et les leaders du mouvement des droits civiques, malcolm x et martin luther king.
enfin, conquise par vusumzi make, combattant pour la liberté et les droits des noirs d'afrique du sud, elle part vivre en afrique, théâtre des luttes anticolonialistes, oú elle devient journaliste. ce récit est l'autoportrait d'une femme exceptionnelle qui a intégré, jusque dans les plus profonds replis de sa vie intime, une véritable révolution mondiale, culturelle et politique.
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Dans ce récit haut en couleur et enlevant, où on retrouve une galerie de personnages réels qu'on oserait presque qualifier de romanesques, la grande dame des lettres américaines poursuit son inlassable travail de mémoire et sa très personnelle histoire du XXe siècle.
Lorsque, en août 2008, les Allusifs font paraître Tant que je serai noire, autobiographie de Maya Angelou (traduction de Lori Saint-Martin et Paul Gagné), la campagne présidentielle bat son plein aux Etats-Unis, et on assiste à l'élection du premier Noir à la tête de ce pays. L'ouvrage a suscité un intérêt populaire et médiatique considérable de l'une des pionnières du mouvement pour l'émancipation des Noirs américains, témoin privilégié de l'époque.
Non contente d'avoir été mêlée à de nombreuses luttes (elle a notamment croisé Martin Luther King), Maya Angelou, en effet, raconte, se raconte. Dans Un billet d'avion pour l'Afrique, suite de Tant que je serai noire, on retrouve Angelou au Ghana, où, en compagnie d'autres Noirs américains, elle fait la douloureuse expérience du retour. Ignorés, maltraités ou rejetés dans leur pays d'origine, de nombreux Noirs américains de l'époque (années 1960), reprenant à leur compte le rêve de Marcus Garvey, qui a donné naissance au mouvement rastafari, considèrent l'Afrique d'où sont issus leurs ancêtres comme la terre promise.
Avec l'acuité et l'humour qu'on lui connaît, Maya Angelou montre à la fois le malaise causé par l'indifférence des Africains vis-à-vis des nouveaux venus et l'ambiguïté des motivations de ces derniers. Les Allusifs ont d'ailleurs, réédité, au moment de la sortie de Tant que je serai noire le premier volume de sa série autobiographique, la traduction du premier tome de cette grande série autobiographique, intitulé Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage (traduction de Christiane Besse).
Figure emblématique de l'histoire des Etas-Unis, Maya Angelou s'est engagée corps et âme dans le XXe siècle américain. Un portrait d'une femme remarquable, de son engagement politique toujours d'actualité, de son courage, et de sa lutte.
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C'est une prostituée africaine qui parle, et elle raconte comment elle est arrivée dans cette ville qui ressemble fortement à Palerme au terme d'une véritable nouvelle traite des nègres. Elle raconte aussi les mauvais traitements, les vexations, la misère quotidienne, et tout le monde d'exclus, de clandestins et de miséreux qui s'anime autour d'elle dans le décor de cette ville en décomposition.
Le sujet est d'actualité mais il ne s'agit pas d'un roman social ou sociologique ou politique. L'auteur a fait le choix d'une langue poétique qui transcende le réalisme, avec une texture étonnante faite de tournures dialectales, d'expressions parfois étranges, comme pour attester d'une maîtrise incertaine de la langue de la part de la narratrice dans la bouche de laquelle la trivialité ne paraît jamais vulgaire.
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Paris en 1963, quelques mois après la fin de la guerre d'Algérie. Shirley Perrigny est une jeune expatriée canadienne de 27 ans, mariée à Philippe, journaliste et chroniqueur de jazz parisien qui « se croit logique du simple fait d'être français ».
Après avoir passé la nuit avec une amie, Shirley découvre que son mari est parti sans laisser un mot. S'ensuit une période d'errance pendant laquelle, tout en espérant le retour de Philippe, Shirley fait des rencontres fortuites (et parfois glauques), envoie des messages qui demeurent sans réponses, et se trouve confrontée à maintes reprises par cet « autre Paris » (pour emprunter le titre d'une nouvelle bien connue de Gallant).
Comédie de moeurs parfois hilarante mais teintée de tragique, Rencontres fortuites est marqué par un humour de situation dont les effets disloqués rappellent certains films de Tati, et par l'humour « verbal » de Shirley, qui fait preuve d'un incroyable sens de l'auto-dérision.
Mais plus on avance dans la lecture, plus on perçoit une voix foncièrement mélancolique, porteuse d'un sentiment de fatalité qui fait penser aux auteurs russes - Tchékhov, particulièrement, à qui le style de Gallant a d'ailleurs été comparé.
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La haine et la rancoeur peuvent ronger un être jusqu'à le détruire. C'est ce qui arrive à doña Lena, épouse d'Erasmo Mira Brossa, avocat, président du Parti national hondurien, et mère d'une fille unique, Teti. La fielleuse Lena, dont les insultes et les accusations traversent tout le roman comme des coups de tonnerre, enferme son mari dans les toilettes pour l'empêcher d'assister au mariage de leur fille, une union qui à ses yeux démolit l'image de la famille. Car Teti épouse un Salvadorien divorcé beaucoup plus âgé qu'elle, et certainement communiste, croit sa mère. Horacio Castellanos Moya utilise ici la voix d'une bourgeoise hystérique pour faire un portrait au vitriol des classes possédantes d'Amérique centrale. À sa façon excessive, il dépeint le démantèlement d'une grande famille sur fond d'écroulement politique, dans une ambiance de folie, de conspiration, de suspicion et de conflits. Effondrement confirme ses dons de portraitiste acide et le révèle comme l'un des meilleurs connaisseurs de sociétés qui semblent répéter leurs névroses à l'infini.
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On retrouve l'assassin d'Olga María rencontré dans le précédent titre publié aux Allusifs en 2004. On découvre cet assassin sans âme ni conscience à travers le même procédé du monologue déjà utilisé par l'auteur. Il se nomme Robocop et est sergent dans une troupe d'assaut, il mesure un mètre quatre-vingt dix, pèse près de cent kilos et est un des combattants les plus féroces. Mais une fois la guerre terminée et les accords de paix signés entre la guérilla et le gouvernement d'une nation d'Amérique centrale, la démobilisation survient et que deviennent ces soldats ? Les uniques biens qu'il a conservés à cet instant à la réintégration d'une supposée vie civile furent trois fusils, huit grenades à défragmentation, son pistolet neuf millimètres et un chèque équivalent à trois mois de salaires. Que faire alors ? Comme les faibles ne survivent pas, Robocop continuera à se consacrer à l'unique tâche pour laquelle il a été préparé : se battre.
Et ainsi, il se convertira en membre de diverses bandes de délinquants intégrées par des ex militaires ou des ex guérilleros qui opèrent comme commandos hautement spécialisés dans le cadre d'une transition politique bien délicate. Des bandes dans lesquelles la loyauté est à peine provisoire et les trahisons toujours imminentes. On retrouve également dans ce titre la critique acerbe d'une société salvadorienne corrompue et prête à tout pour s'arracher les biens.
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Se tournant vers son enfance, un homme voit renaître une Espagne révolue où les rues sentaient la mer, où l'insouciance s'alliait aux mystères du désir naissant, à l'orée des rites initiatiques immémoriaux, dans les suavités d'une vie peuplée de personnages truculents, les tantes jacasseuses, les oncles buveurs de cidre, les cousins de Madrid, et les cousines aussi, qui sont des sottes, sauf Helena. Helena, douce et chaude respiration du soleil, mélancolie d'un monde perdu.
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Je pense que c'est ça qui lui est arrivé. Il s'est perdu au milieu des lettres, des titres, perdu au milieu des histoires qui habitaient sa tête. Parce que nous sommes tous faits d'histoires, pas d'adé-ènes et de codes génétiques, ni de chair, muscles, peau et cerveaux.
Elias Bonfim, douze ans, n'a jamais connu son père : ce modeste fonctionnaire amateur de littérature a définitivement disparu des radars après s'être engouffré un bel après-midi dans L'île du docteur Moreau de H. G. Wells. Taraudé par cette insolite fugue paternelle, le jeune garçon part à sa recherche... À travers ce bref roman au tempo endiablé, Afonso Cruz nous fait partager ses aventures loufoques, passant de Lao-tseu et Ray Bradbury au héros de Dostoïevski, Raskolnikov, et à d'autres personnages encore, dans un périple qui est aussi un merveilleux hommage à la littérature, aux livres et à la lecture.
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Que signifie être une Allemande dans une petite ville danoise quelques années après la fin de la Seconde guerre mondiale ? Que signifie être le fils d'une telle mère et d'un père danois ? Que ressent-on quand on se fait traiter de "cochon d'Allemand" à chaque récréation ? Quand on est témoin de l'ostracisme permanent à l'égard de sa mère ? Knud Romer le sait - pour avoir été ce -cochon d'Allemand" à Nykøbing Falster où il est né en 1960 et où il a grandi. Il en a gardé des souvenirs épouvantables, qu'il a portés des années durant avant de décrire l'enfer vécu - déguisé en une enfance ordinaire - dans son roman Cochon d'Allemand, paru en 2006 au Danemark. Une oeuvre autobiographique donc, un roman à clé certes, un règlement de comptes sans doute. Mais avant tout une oeuvre littéraire de premier ordre, l'évocation d'un monde qui ne se réduit nullement à la petite ville de province : pour l'auteur, sa propre histoire est avant tout l'histoire de sa famille, de ses parents, de ses grands-parents. En parlant d'eux, il nous fait remonter dans le temps, et l'horizon s'élargit : une suite de brèves séquences fait défiler les personnages dans une Allemagne des années 30 et pendant la guerre ; puis au Danemark à la même époque. Le roman est détaillé et coloré, écrit avec un style vigoureux et scintillant. Tout en décrivant l'isolement croissant d'une famille, il dépeint ses prédispositions psychiques de plus en plus tordues : de la névrose autodestructrice à la cruauté malveillante, à la persécution, à la mort. Cochon d'Allemand, bourré d'hyperbole et d'ambiguïté, ressemble presque à une histoire à dormir debout. L'humour, que l'on retrouve de par le roman, unit ses fils divers et aide à rendre ses brutalités plus supportables. C'est un récit personnel, brut et sincère qui touche profondément le lecteur. En somme, un petit livre d'une grande beauté, sans une fausse note, dense et compact.
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Un pilote d'hélicoptère américain, Jesús Bull Aguirre, disparaît avec son appareil et ses deux passagers au-dessus du désert de la Basse-Californie. Sa femme mexicaine, Cecilia Montaño, amie de jeunesse de Morgado, demande à l'avocat d'enquêter sur cette affaire. Jesús Bull avait été engagé par un groupe écologiste, le Parti naturaliste mexicain, pour faire un recensement des cactus de la région. Morgado découvre vite que ce PNM n'existe pas, et que tout cela cache une affaire de trafic de drogue, dans laquelle la police est impliquée. Mais que s'est-il passé, qui a trompé qui, qui est mort, et comment ? Morgado a vite l'impression qu'il s'agit d'une mise en scène, mais l'identité des manipulateurs ne cesse d'être remise en cause.
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Entre espoir et nostalgie fait écho au précédent roman de Tecia Werbowski, Ich bin Prager, où l'on suivait le destin d'un Anglais vivant à Prague jusqu'à la chute du mur de Berlin.
Cette fois, le personnage principal est une femme, Maya Ney, qui vit à Montréal depuis de nombreuses années et revient sans cesse à Prague où elle a passé sa jeunesse.
Son dialogue avec cette ville dont la beauté et les meurtrissures l'ont obsédée, reprend alors, à travers la voix d'êtres affectés par une histoire tourmentée. Pour rendre tangible l'inimaginable existence de ses personnages, Tecia Werbowski nous offre en finale, dans une longue lettre d'un espion en réponse à la lecture de son roman, une explication à « l'affaire Kundera », troublante variation où se mélangent la réalité et l'histoire.
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Qui est Bobbie Gotteson ? Musicien et meurtrier, paria et vedette, cet " incatalogable " porte le poids d'une identité morcelée, le destin s'acharnant contre lui depuis sa " naissance " dans la consigne d'autobus à New York.
Librement inspirée des méfaits de Charles Manson, cette fausse confession met en scène une conscience dynamitée, parasitée par les voix du Dehors, les jurés du tribunal faisant figure de choeur antique dont les tirades rythment le drame de cette vie envahie par la démence, la haine et la pitié. Texte dérangeant et inclassable, qui mêle monologue, dialogues et récit à la troisième personne, Le triomphe du singe-araignée met en dérision la fascination populaire et médiatique qu'éveille la prétendue psychologie du meurtrier, puisqu'" il y a quelque chose dans la Machette qui nous excite tous ".
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Après Limonade et autres nouvelles, un recueil paru chez Les Allusifs en 2013, Bons baisers du pays des hypocrites rassemble sept textes de Timothy Findley publiés à l'origine en 1985 et traduits pour la première fois en français.
L'attente, le vide, la folie, le regard des autres : tels sont quelques-uns des thèmes abordés dans ce second tome. Une domestique au comportement étrange vit dans l'attente perpétuelle mais vaine de celui qui ne viendra pas ; un jeune scénariste narcissique fait l'expérience de la cruauté morale et de l'inanité des millionnaires pervers qui se déchirent au pays des hypocrites ; une écrivaine, par ses mots, garde à distance ceux qu'elle côtoie, épinglés comme autant d'insectes dans une vitrine, mais c'est un autre type d'aiguille qui trouve le chemin de son bras.
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Jésus-Christ buvait de la bière dépayse le lecteur en le plongeant d'emblée dans un village rural de l'Alentejo, au Portugal. Au premier plan, Rosa, quinze ans, une adolescente à l'érotisme brut. Elle rêve aux héros de ses romans policiers et westerns, et suce comme des bonbons des cailloux qui lui rappellent des moments plus ou moins heureux de sa jeune existence. Son grand-père s'est jeté dans un puits, sa grand-mère devenue veuve, Antónia, s'est emmurée dans sa vieillesse, sa mère, Isabel, archéologue, a épousé un paysan de condition inférieure, João Lucas Marcos Mateus, puis, vite lassée de son mari, est tombée dans l'alcoolisme et la nymphomanie, devenant pour Rosa l'incarnation de la Sainte Vierge avant de disparaître définitivement.
Se sentant proche de la mort, Antónia a un rêve qu'elle confie à sa petite-fille : se rendre en Terre sainte ! Un désir qui sera bien étrangement exaucé par le petit cercle de Miss Whittemore, la millionnaire anglaise qui a racheté le village. Celle-ci dort dans le squelette d'une baleine et y héberge un sage hindou, un sorcier yoruba africain et le professeur Borja, un vieil illuminé. N'ont-ils pas tous décidé de déguiser ce modeste village en Jérusalem, organisant même un repas de Cène où l'on boira. de la bière ? Car - nombreux sont ceux qui l'ignorent - c'était la boisson de prédilection de Jésus-Christ.
Un livre à la fois bouleversant et désopilant, semé d'histoires gigognes, qu'on lit à bride abattue, immergé dans un monde rural baroque où se télescopent - pour le plus grand bonheur d'un lectorat varié - personnages frustes et érudits excentriques.
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Elle rêve d'être professeur, mais échoue au certificat et se fait bibliothécaire. Esseulée, soumise aux lois de la classification de Dewey et à l'ordre le plus strict, elle cache ses angoisses dans un métier discret. Les années passent, elle renonce aux hommes, mais un jour un beau chercheur apparaît et la voilà qui remet ses bijoux. Bienvenue dans les névroses d'une femme invisible. Bienvenue à la bibliothèque municipale, temple du savoir où se croisent étudiants, chômeurs, retraités, flâneurs, chacun dans son univers. Mais un jour ce bel ordre finit par se fissurer.
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Nous sommes à l'automne de 1918. Installé sur son lopin de terre dans l'île de Vancouver, le magistrat Charles Marden juge posément les hommes et cultive tranquillement ses pommes parmi les Indiens et les pionniers. On pourrait le croire inatteignable, isolé sur son île du bout du monde, mais les grands maux de l'humanité le frappent de plein fouet. D'abord, sa femme Laura est emportée par la grippe espagnole ; et puis son fils, le caporal William C. Marden, du Régiment d'infanterie légère canadien de la Princesse Alexandra, «disparaît» le 10 octobre dans la mêlée des Flandres. Désormais seul au monde, Charles Marden entreprend un périple fou avec la dernière lettre de son fils en poche, écrite dans le Wiltshire. L'homme traverse le Canada en train, l'Atlantique en bateau, puis il se retrouve en Angleterre, sur les traces de William dit Billy, simple dossier dans le dédale bureaucratique de l'armée. Dans sa quête, Charles apprend qu'une femme, jetée comme lui aux trousses de Billy, le devance de peu sur les routes. L'armistice permet à Marden de s'aventurer sur le continent. À Amiens, du haut de la cathédrale, il embrasse du regard les champs de bataille de la Somme et le front de l'ouest, ensuite il atteint Ypres, ville de triste mémoire "où les communications entre le monde des vivants et celui des morts étaient possibles". W. D. Wetherell évoque avec une force contenue les paysages dévastés de la Flandre, les villes pulvérisées et les terres éventrées où le phosgène gargouille au fond des tranchées. Dans le sillage des jeunes soldats disparus, entre les cratères d'obus et les barbelés, tout un peuple de pèlerins converge vers les premiers cimetières érigés sur les charniers de la Grande Guerre.
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Un médecin de Mexicali, le docteur Fidel Chacón, est tué alors qu'il enquêtait sur des enlèvements d'enfants survenus récemment dans cette ville-frontière de Basse-Californie. On l'a abattu alors qu'il filmait le repaire des kidnappeurs : la bande vidéo, miraculeusement retrouvée intacte, devient une précieuse source d'information. L'avocat part à Mexicali, sa ville natale, pour tirer au clair cette affaire. Les enlèvements d'enfants font partie d'un horrible trafic entre le Mexique et les États-Unis, des chirurgiens américains venant prélever clandestinement les organes pour les greffer à des enfants malades au nord de la frontière, dont les parents ont « commandé » l'opération au prix fort. La mystérieuse Molly qui organise ce trafic est associé à un jeune psychopathe, un tueur en série, Loverboy, qui est aussi son amant.
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Envoyé dans le nord du brésil pour éliminer un agitateur public, carmélio, tortionnaire à la solde du gouvernement, s'éprend éperdument de l'amie de sa victime.
En elle comme dans chaque femme qu'il rencontre, il croit reconnaître la mère qui l'a abandonné. bientôt envahi par la passion, l'implacable bourreau connaît enfin le remords, rattrapé par son passé et les spectres de ses victimes. dans une quête désespérée d'absolution, il décide alors d'entreprendre un lointain pèlerinage, véritable road trip anachronique marqué par les rencontres les plus étranges...
Heloneida studart signe ici un roman saisissant et émotionnellement très fort, où elle décrypte avec précision les ramifications du mal, tout en rappelant les heures les plus sombres de la dictature brésilienne.
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Le mur entre nous, premier roman de Tecia Werbowski écrit à la suite d'une rencontre de l'auteure avec Nina Berberova, reprend un thème cher à l'écrivaine russe et raconte l'histoire d'une vengeance obsessionnelle. Lorsqu'elle apprend que Zofia Lass s'est approprié te manuscrit de sa mère, Iréna Gotebiowska décide de confronter ta célèbre écrivaine et de révéler t'imposture. Elle ira jusqu'à Prague pour retrouver la plagiaire, mais la vengeance échappera à son contrôle.
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Les huit cahiers : la haine était là maintenant, froide, coagulée, dure, qui lui bouchait les artères
Heloneida Studart
- Les Allusifs
- 28 Octobre 2005
- 9782922868364
Mariana allait avoir quarante ans lorsqu'elle reçut de Fortaleza, par la poste, les écrits de sa tante vieille fille, Maria das Graças Nogueira Alencar, qui venait de mourir de sa propre volonté " et non pas de celle de Dieu." : ainsi commence l'histoire de la famille Nogueira, grande famille du Nordeste. Avocate à Rio de Janeiro, Mariana reçoit par la poste huit cahiers jaunis - ceux de Maria das Graças, sa tante nordestine qui vient de se suicider. Cette dernière relate, sous forme de journal intime, l'oppression dans laquelle elle et sa soeur vivaient, dans le Fortaleza des années 1940, quand la modernité des moeurs peinait à trouver sa place dans un Brésil parfois encore féodal. On retrouve les thèmes chers à Heloneida Studart : le déclin des grandes familles du Nordeste et leur difficile adaptation dans le monde moderne, la cruauté et l'injustice des châtiments familiaux envers les jeunes filles, les amours disparues.
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L'épervier qui danse évoque crûment l'ascension et la chute d'un être peu scrupuleux, Michal Toporny. Amené à renier sa terre et les siens au nom du développement industriel, mais rejeté par les citadins de vieille souche, Toporny se voit condamné à errer entre deux mondes, jusqu'à sa perte. Composé comme une psalmodie, ce récit âpre qui ressasse des images obsédantes montre le désarroi de la paysannerie aux prises avec la ville triomphante. JULIAN KAWALEC, né en 1916, dépeint à travers cette quête identitaire une fresque étonnante de la Pologne du XXe siècle.