Depuis une dizaine d'années, un nombre considérable de Blancs pensent être les nouvelles victimes d'un « racisme anti-blanc », d'une « discrimination inversée », d'un « remplacement » et pour les plus extrémistes, d'un « génocide blanc ».Ces discours, propres aux sympathisants d'un nationalisme ethno-racial, ont motivé l'élection de Donald Trump à la présidence des EU et menacent d'entériner sa réélection en novembre 2020.Dans de très nombreux ouvrages, cette crispation communautariste blanche est souvent présentée comme une réaction politique à la mondialisation néolibérale et aux inégalités nouvelles qui en résultent, à l'immigration dite « massive » et surtout au développement d'une société multiculturelle en passe d'assurer un bouleversement démographique et culturel.Pourtant, ces discours sur le « déclin » même relatif des Blancs américains ne résiste pas à l'étude des données disponibles sur l'inégalité réelle et les positions de pouvoir entre Noirs, Hispaniques et Blancs.En réfléchissant à la construction historique d'une identité nationale ethno-raciale aux EU, Sylvie Laurent démonte le nouveau mythe du Blanc victime qui a déjà traversé l'Atlantique (Brexit, par exemple) et qui invisibilise des inégalités raciales pourtant toujours criantes.Elle dévoile avec brio que ce discours est en réalité l'ultime tour de passe-passe de la domination blanche aux États-Unis, qui s'approprie la posture de l'opprimé pour préserver un ordre social chahute´ par l'élection de Barack Obama et l'activisme des minorisés.
L'expression « construction de la paix » évoque un scénario trop bien connu: la violence éclate, les pays étrangers s'en émeuvent, les Casques bleus se précipitent, les donateurs versent des millions de dollars, les belligérants signent des accords, la presse fait ses gros titres sur la paix enfin retrouvée et, quelques mois plus tard, la situation revient à son point de départ, si ce n'est pire. Pourtant, des stratégies ont permis de construire une paix durable dans les zones de conflit, en particulier pour les citoyens ordinaires. Quelles sont-elles? Et pourquoi d'autres citoyens ordinaires, à des milliers de kilomètres de là, devraient-ils eux aussi s'en inspirer?
Alors que la population française tend à vivre plus longtemps, Faire avec l'âge est un livre nécessaire pour saisir les conditions dans lesquelles le vieillissement s'opère. Philippe Bataille s'est attaché à décrypter la littérature récente sur le sujet du grand âge et à aller à la rencontre de nombreux acteurs : médecins, gériatres, auxiliaires de vie, infirmières, directeurs ou directrices d'EHPAD et, surtout, personnes âgées elles-mêmes et leur famille.
Choisissant de laisser la parole à ceux dont le vieillissement est le quotidien, Philippe Bataille se fait le rapporteur discret de ce que veut dire vieillir et mourir en France aujourd'hui. S'arrêtant longuement sur la période Covid, ce livre pointe la désorganisation totale pendant la crise, puis ses conséquences : la raréfaction des médecins traitants et le phénomène de désertification du milieu médical, la fin des déplacements à domicile, le recours incessant aux urgences. Mettant en parallèle le mal-être des âgés et celui de leurs aidants, il montre les rigidités d'un système de vieillesse déshumanisé, toujours au détriment des patients, menant à des situations parfois tragiques.
Depuis les années 1990, des associations, comme Allegro Fortissimo et plus récemment Gras politique, ainsi que des militantes et autrices comme Gabrielle Deydier, ont imposé un nouveau terme pour parler des discriminations liées au poids: la grossophobie. La tendance « body positive », résultat de ces mobilisations contre les normes esthétiques et pondérales dominantes, a renouvelé les problématiques propres aux mouvements féministes et queer, mettant à nouveau la question du corps au coeur des revendication des militantes dans le monde entier.Pourtant, les réseaux sociaux demeurent saturés d'« humour » grossophobe et la tyrannie de la minceur continue de sévir, générant mal-être, troubles du comportement alimentaire ou encore pratiques d'autocensure. Plus grave encore, les études chiffrées sur la grossophobie montrent qu'au-delà d'un certain poids les discriminations se systématisent. Elles ont lieu à l'embauche, au travail, mais aussi sur les applications de rencontre, dans les salles de sport, chez le médecin et même dans l'intimité, avec la famille.Avec cet ouvrage, Solenne Carof, signe une des premières études sociologiques sur la grossophobie en France. Que vivent les personnes très corpulentes dans une société comme la nôtre? Que révèle le stigmate de gros ou de grosse des normes qui pèsent différemment sur les hommes et sur les femmes? Quelles conséquences cette stigmatisation a-t-elle sur les personnes concernées? Au fil de son enquête, l'autrice dévoile les rapports de pouvoir qui se nichent dans la question du poids et structurent les hiérarchies propres à notre société.Une étude décisive pour mettre en évidence l'importance d'une discrimination encore peu condamnée, tant socialement que juridiquement.
Que nous apprennent les révolutions?? De quelle impulsion, de quel désir de l'humanité sont-elles la marque?? Dans cette somme considérable, Yadh Ben Achour, juriste et universitaire tunisien, examine le phénomène révolutionnaire, depuis sa conceptualisation jusqu'à sa mise en oeuvre.
Croisant de nombreux exemples, l'auteur développe sa théorie?: les révolutions seraient mues par une éthique.
Pourtant, l'éthique, en tant qu'acte de pensée désintéressé en vue du bien-agir, ne peut être aisément rapprochée de la révolution comme fait historique, dans lequel l'État de droit, la discussion ou les libertés constitutionnelles sont généralement bafoués. Qui pourrait cependant discuter le fait que toutes les révolutions, depuis l'antiquité la plus éloignée jusqu'aux récents événements africains et dans le monde arabe, tentent de répondre à cette question lancinante de l'histoire humaine?: comment en finir avec la servitude, la pauvreté, l'humiliation, la discrimination qui semblent éternellement coller à l'histoire des sociétés dans leur fonctionnement interne aussi bien que dans leurs rapports mutuels??
Si les révolutions sont multiples -?démocratiques, indépendantistes, liées ou non aux religions?-, elles sont aussi universelles. Traitant d'exemples bien connus comme la Révolution française ou les révolutions américaine, russe ou chinoise, polonaise ou iranienne, Yadh Ben Achour amène également sur le devant de la scène les révolutions africaines, arabes et en islam, de l'Éthiopie au Soudan en passant par l'Égypte, l'Afrique du Sud, la Guinée, la Tunisie, le Mali ou encore le Burkina Faso, proposant une lecture nouvelle et originale de ce phénomène.
Entre 1927 et 1930 à Berlin, puis de 1934 à 1940 à Paris, Walter Benjamin travaille à accumuler des matériaux pour un projet de vaste envergure: retracer, à partir de l'étude des passages parisiens, une « préhistoire du XIXe siècle ». La rédaction du texte est sans cesse différée, tandis que l'immense corpus préparatoire semble voué à croître indéfiniment, devenant une somme composite de citations que double parfois, à la manière d'une note de régie, une réflexion ou une remarque énigmatique.
Au fil de ses recherches, Benjamin se rend à l'évidence: il faudra que son Livre des passages soit enrichi par des images. Une « documentation visuelle » se constitue bientôt, écrit-il, glanée pour l'essentiel dans les recueils du Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale où il travaille pendant son exil parisien. Une centaine de notes témoignent de cette collecte et conservent, enfermée dans leurs plis, la mention d'une ou de plusieurs images qui sont restées pour la plupart inconnues jusqu'ici.
Steffen Haug a voulu retrouver cette réserve enfouie. Gravures et dessins de presse, tracts, réclames, affiches et photographies, de Meryon et Grandville à Daumier, en passant par l'infinie cohorte anonyme et le tout-venant de la production visuelle à grand tirage du XIXe siècle: la moisson rapportée ici est surprenante. Elle invite à lire ou relire les Passages en faisant à l'image toute la place qu'elle occupe dans la pensée du dernier Benjamin, à l'heure où s'élaborent, sous la menace de temps assombris, son essai « L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique », le projet de livre sur Baudelaire ou ses Thèses sur le concept d'histoire.
Depuis le milieu des années 1970, des associations défendant les droits des pères - à l'image de SOS Papa ou de Les papas = Les mamans - ont imposé l'idée dans le débat public que les pères séparés seraient éloignés de leurs enfants par une justice favorisant les femmes.Après trois années d'enquête auprès de ces militants, le sociologue Edouard Leport révèle à contrario une réalité sombre: une part non négligeable des pères mobilisés sont accusés de violences conjugales ou de violences envers leurs enfants et tous sont en procédure de divorce conflictuelle. En off, lors des permanences des associations, les langues se délient et le combat de ces pères se révèle finalement très éloigné des préoccupations éducatives et des revendications d'égalité des sexes qu'ils affichent dans la sphère médiatique. Pour payer moins de pensions alimentaires et faire taire les dénonciations de leurs enfants et de leurs ex-femmes, ces hommes sont prêts à tout. Ils demandent notamment la reconnaissance médicale d'un « syndrome d'aliénation parentale » - une dangereuse théorie qui prétend que les accusations des enfants à l'égard de leurs pères sont nécessairement mensongères dans le cadre d'une séparation conflictuelle.En matière de violence ces pères engagés ne sont malheureusement pas des exceptions: le nombre d'accusations les concernant reflète les violences que subissent les femmes et les enfants lors des séparations des parents.Aussi, Edouard Leport nous propose de déconstruire l'argumentaire bien ficelé de ces pères engagés, de sorte qu'il ne puisse plus être invoqué innocemment pour défendre la préséance des hommes.
Des recueils de fables aux enquêtes de terrain en sciences humaines et sociales, les contes et les légendes d'Afrique captivent depuis longtemps de nombreux lecteurs, qu'ils soient ou non occidentaux. En revanche, les rumeurs, les ouï-dire, les anecdotes et autres commérages qui y ont cours et qui peuvent tout autant nous éclairer sur l'organisation d'une société, ses imaginaires et ses représentations, ont été très souvent relégués au second plan. Dans cette anthologie, l'anthropologue Jean-Paul Colleyn et son collaborateur malien Mingoro Sanogo ont rassemblé une cinquantaine de récits, entendus et collectés au Mali entre les années 1980 et les premières décennies du xxie siècle. Néologisme formé par la combinaison des on-dit et des dictons, les « dit-on » sont à la fois de petits contes sur les origines et de véritables paraboles des temps modernes, mêlant fiction et récit autobiographique. En creux, ces histoires brossent ainsi un portrait aux multiples facettes de la société malienne: l'amour, la vie conjugale, la sexualité, tout comme les cultes, leurs dieux, leurs génies et leurs malédictions, émaillent le quotidien que racontent ces témoignages. Plutôt que de se concentrer sur les illustres cultures de cour africaines, connues pour leurs griots et leurs marabouts, ce livre entend réhabiliter les modes moins prestigieux de l'oralité, tout en montrant que le bouche-à-oreille demeure encore aujourd'hui une source d'information tout aussi instructive que savoureuse.
En 2007, le monde du jeu vidéo est secoué par une violente polémique au sujet du jeu vidéo Resident Evil 5. Ce dernier est accusé de faire commerce du racisme, en invitant à se glisser dans la peau d'un américain blanc body-buildé, missionné dans une région africaine anonyme, et tuant des dizaines d'hommes et de femmes noires présentées comme de dangereux zombies infectés du virus T. Depuis, la communauté des joueurs et joueuses de jeux vidéo interpelle régulièrement les créateurset créatrices des jeux sur les questions du racisme et du sexisme.Dans son ouvrage, Mehdi Derfoufi analyse les rapports de force qui structurent l'industrie du jeu vidéo, dévoilant comment le racisme se niche parfois insidieusement au coeur de scénarios de jeux vidéo à succès. Il nous invite à nous questionner. Quels sont les pays qui pèsent sur les milliards d'eurosdu marché mondial du jeu vidéo? Qui sont les game designerset auteurs des jeux? Comment les représentations racistes sont-elles véhiculées à travers les personnages et les imaginaires vidéoludiques?L'auteur nous dévoile avec brio les logiques racialisantes à l'oeuvre au sein d'un marché économique très concurrentiel où des stéréotypes exotisants servent régulièrement à faire vendre un jeu. Il nous montre aussi comment la division internationale du travail et la hiérarchie économico-politique Nord/Sud pèse sur le marché du jeu vidéo et ralentit l'émergence de nouvelles représentations. Pourtant, de nombreux espoirs, notamment dans les pays du Sud participent au renouvellement de la culture geek: face aux violences racistes, la riposte s'organise.
Durant près d'une centaine d'interventions au microphone sur les antennes de Berlin et Francfort entre 1929 et 1933, Walter Benjamin s'est efforcé de dépasser des formes journalistiques de pur divertissement. Qu'il s'agisse de ses chroniques littéraires ou de ses contes radiophoniques pour enfants, le philosophe berlinois s'efforce de repenser le matériau sonore diffusé sur les ondes.Ce livre comprend en outre les deux seuls témoignages sonores connus à ce jour, extraits de la pièce radiophonique pour enfants Chahut autour de Kasperl, diffusée à la radio de Cologne le 9 septembre 1932, ainsi qu'une interview de Stéphane Hessel réalisée par Philippe Baudouin pour France Culture, dans laquelle il témoigne reconnaître la voix de Benjamin dans le personnage de Kasperl.Ce livre est une réédition augmentée du livre de Philippe Baudouin paru en 2009 aux Éditions de la Maison des sciences de l'homme. Il a reçu le prix Inathèque décerné par l'Institut national de l'audioviosuel.
Depuis la chute de l'URSS, la pensée stratégique russe post-soviétique a connu une profonde mutation, dont le coeur fut la théorisation du contournement de la lutte armée.
Si d'importantes recherches ont été menées sur l'application des stratégies indirectes russes (ou « guerre hybride ») dans l'espace post-soviétique, en Occident et en Afrique, l'analyse de leurs racines conceptuelles et des écrits des stratèges militaires qui les produisent fait encore défaut, freinant ainsi la compréhension des logiques profondes qui structurent la pensée stratégique russe post-soviétique.
Fondé sur l'examen de la littérature militaire russe, encore peu explorée par la recherche, des documents de doctrine et des discours d'officiels militaires et politiques russes, cet ouvrage d'histoire et de stratégie analyse les concepts, notions et débats à travers lesquels les théoriciens militaires russes ont tenté de comprendre les caractéristiques d'une guerre moderne de moins en moins centrée sur la lutte armée. Ce travail explore en outre les cadres cognitifs de ces stratégistes, faits de croyances, de perceptions et d'une culture stratégique qui, bien que souvent négligées dans le contexte militaire russe post-soviétique, sont une clé de compréhension essentielle de la théorisation du contournement et des changements doctrinaux et institutionnels qu'elle a engendrés.
La guerre en Ukraine ne pourrait être pleinement comprise sans la connaissance de cette histoire de la pensée et de la culture stratégiques russes post-soviétiques. Plus qu'une doctrine, le contournement de la lutte armée est devenu un tropisme stratégique. S'il a pu mener la Russie à de relatifs succès en Ukraine, dans l'espace post-soviétique, en Europe et en Afrique, ce tropisme a été décisif dans l'échec retentissant de l'« opération militaire spéciale » déclenchée par Vladimir Poutine le 24 février 2022.
Ce livre étudie l'univers de la création plastique d'Haïti dans la durée, depuis l'arrivée, en 1492, des premiers conquérants espagnols sur ce territoire, tiers occidental de l'île qu'ils avaient rebaptisée Hispaniola. Pour mener son enquête, Carlo A. Célius interroge, déborde et renverse les discours et les représentations énoncés depuis l'Europe occidentale, qui ont, en continu, qualifié et classé toute création artistique non européenne à l'aide de critères propres au domaine des beaux-arts.
L'histoire des modes de figuration proposée ici est aussi celle de l'accaparement, de l'exploitation et de la transformation d'un territoire, une histoire de migrations, de sujétion et d'extermination de populations. C'est une histoire de luttes, de libération et de reconfiguration sociétale ; une histoire des images et des imaginaires, de leurs échanges et de leurs confrontations.
Dans cette enquête historique au long cours, qui emprunte tour à tour à l'histoire de l'art, à l'esthétique, à l'anthropologie et à la sociologie, l'auteur nous propose une approche plurielle de la figuration en colonie et postcolonie qui, au-delà des seuls beaux-arts, prend en compte l'ensemble de la culture visuelle. Du portrait aux dessins rituels du vodou et à l'iconographie catholique, des illustrations publiées dans la presse aux marques de scarification sur le corps des captifs africains réduits en esclavage, il met en lumière la complexité et les enjeux du visuel, les conflits qu'il génère, les phénomènes d'appropriation et de réappropriation.
Carlo A. Célius démontre comment a pu s'édifier une hégémonie des beaux-arts dans un tel contexte et comment, à un moment donné, celle-ci a été ébranlée.
Cet ouvrage revisite la notion d'art : il historicise les échelles de valeurs qui la constituent et les dynamiques sociales, politiques et culturelles à partir desquelles elle évolue. À l'aide d'un cadre conceptuel renouvelé, les lectrices et lecteurs pourront (re)découvrir les principales caractéristiques des courants artistiques du xxe siècle haïtien et apprécier quelques traits distinctifs de la nouvelle scène.
Dans l'Espagne de la période du franquisme tardif (1957-1975), les critiques d'art jouent un rôle essentiel dans les mouvements de contestation qui agitent une société alors en pleine mutation. Contre la doctrine d'un art moderne autonome et dépolitisé prônée par le régime, ils produisent des discours esthétiques qui rétablissent le lien entre culture et politique et poussent les artistes à inscrire leurs oeuvres dans le cadre élargi des questions éthiques et des enjeux sociaux.
En s'appuyant sur l'étude d'archives restées jusqu'ici inexplorées et sur des entretiens inédits, Compagnons de lutte s'attache au travail de sept critiques et historiens de l'art espagnols qui ont pris une part extraordinairement active à la vie intellectuelle et politique de leur pays dans les années 1960 : ils publient, éditent, traduisent, ils organisent des expositions, des débats, des rencontres. Grâce à la complicité nouée avec Giulio Carlo Argan et Umberto Eco en Italie, Adolfo Sánchez Vázquez au Mexique, Gérald Gassiot-Talabot, Pierre Restany et le Salon de la Jeune Peinture à Paris, ils s'approprient les théories et les tendances artistiques circulant à ce moment-là en Europe et sur le continent américain, en les adaptant avec succès aux conditions spécifiques de l'Espagne franquiste.
Fruit d'une approche interdisciplinaire et transnationale des réseaux artistiques du Sud global, l'ouvrage de Paula Barreiro López révèle un pan longtemps négligé par l'historiographie de l'art européen, en éclairant le fonctionnement de l'avant-garde espagnole dans les dernières années de la dictature, sa diffusion et sa réception critique dans les milieux culturels de gauche à l'époque de la guerre froide.
Ce livre est la première monographie anthropologique qui examine de près les programmes chirurgicaux humanitaires. Il décrit le parcours des victimes de guerre syriennes et irakiennes, leurs blessures, leur traitement médical improvisé sur place, leurs soins à l'hôpital géré par MSF à Amman en Jordanie et leur retour chez eux, en se concentrant sur les non-combattants blessés.
L'autrice étudie la manière dont les employés de MSF et leurs -patients interagissent, et comment ces interactions contribuent à l'immense travail de guérison qui attend les victimes de guerre. Le lecteur découvre des espaces intimes qui sont habituellement fermés à l'observateur : l'hôpital MSF et les maisons des patients, des lieux riches en contacts humains, en perceptions, en émotions, en conflits et en réconciliations.
Reconstruire des vies est le fruit d'une étroite collaboration entre l'autrice et Médecins sans frontières, notamment son think tank interne, le CRASH (Centre de réflexion sur l'action et les savoirs humanitaires), engagé dans une réflexion critique sur les pratiques de terrain.
Ce travail, qui a entraîné un certain nombre de changements opérationnels dans la manière de traiter les patients, est un exemple de l'impact durable que peut avoir la recherche sur la -pratique humanitaire.