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Noir Sur Blanc
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« Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m'as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m'as dit ça, aussi. De toutes mes forces, j'ai voulu faire mentir ta malédiction. ».
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli. Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C'est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer. Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer.
Sur eux, comme le vol des aigles au-dessus des sommets que ce père aimait par-dessus tout, plane l'ombre de la grande Histoire, du poison qu'elle infuse dans le sang par-delà les générations murées dans le silence. -
« De la chute au pas de danse... J'ai voulu écrire un livre qui soit comme une main posée sur l'épaule. » Gaëlle Josse.
Qui ne s'est senti, de sa vie, vaciller ? Qui ne s'est jamais senti « au bord de » ? Qui n'a jamais été tenté d'abandonner la course ?
Clara, trente-deux ans, travaille dans une société de crédit.
Compétente, investie, efficace, elle enchaîne les rendez-vous et atteint ses objectifs.
Un matin, tout lâche. Elle ne retourne pas travailler. Des semaines, des mois de solitude et de vide s'ouvrent devant elle.
Amis, amours, famille, collègues, tout se délite dans l'ordre ou le désordre de leur apparition dans sa vie. La vague de fond qui la saisit modifie ses impressions et ses sentiments.
Ce matin-là dévoile la mosaïque d'une vie et la perte de son unité, de son allant et de son élan. Une vie qui se refuse à continuer privée de sens et doit se réinventer. Une histoire minuscule et universelle porteuse d'espoir.
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Convoi pour Samarcande
Gouzel Iakhina
- Noir sur blanc
- Litterature Etrangere
- 24 Août 2023
- 9782882508607
Dans les années 1920, en URSS, la famine fait rage dans la région de la Volga. Le gouvernement soviétique met sur pied des convois d'évacuation pour sauver les enfants. C'est l'un de ces trains que l'officier de l'Armée rouge Deïev prend en charge, avec à son bord cinq cents enfants, qu'il doit acheminer de Kazan, la capitale du Tatarstan, jusqu'à Samarcande. Pour atteindre le Turkestan, terre d'abondance épargnée par la famine, il faut faire un long voyage de milliers de kilomètres à travers les forêts de la Volga, les steppes de l'Oural, puis les déserts d'Asie centrale.
Au cours de ce périple, Deïev et ses passagers rencontrent des femmes et des hommes qui les aident et les nourrissent - héros du quotidien, bandits ou fonctionnaires au double visage. Avec la commissaire Blanche et l'infirmier Boug, il tente de protéger les enfants de la faim, de la soif, de la peur et du choléra. Deïev devra faire face aux fantômes de son passé, aux crimes commis au nom du pouvoir soviétique, et à la cruauté de son pays, pour lequel la vie humaine a si peu de valeur. Par son courage et sa bonté, cet homme sauve des centaines de vies ; en s'élevant contre les crimes de l'État soviétique, il montre un chemin possible vers la rédemption. -
Silhouette imposante, port de tête altier, elle fait résonner la voix d'une femme noire, fière et volontaire, qui va devoir survivre dans un monde d'une extrême dureté, dominé par les Blancs. Une voix riche et drôle, passionnée et douce qui, malgré les discriminations, porte l'espoir et la joie, l'accomplissement et la reconnaissance, et défend farouchement son droit à la liberté.
Après l'inoubliablement beau Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage, Maya Angelou poursuit ici son cycle autobiographique. Maya Angelou fut poétesse, écrivaine, actrice, militante, enseignante et réalisatrice. Elle a mené de nombreux combats avant de devenir une icône contemporaine qui a inspiré la vie de millions de personnes. Elle a côtoyé Nelson Mandela, Martin Luther King, Malcolm X et James Baldwin. À sa mort, Michelle Obama, Rihanna, Oprah Winfrey, Emma Watson, J. K. Rowling et beaucoup d'autres encore lui ont rendu hommage.
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Je m'appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la petite dernière.
Celle à laquelle on ne s'est pas préparé. Je suis née par césarienne. Je suis française. Je suis d'origine algérienne.
Musulmane pratiquante. Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Une touriste. Une banlieusarde qui observe les comportements parisiens. Je suis une menteuse, une pécheresse. Porteuse d'une maladie chronique. Asthmatique allergique. Adolescente, je suis une élève instable. Adulte, je suis hyper inadaptée. J'écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. J'ai la sensation d'avoir une double vie. J'ai fait quatre ans de thérapie. C'est ma plus longue relation. Mon rapport à l'autre est inconstant.
J'ai besoin de me contrôler. J'ai besoin de contrôler toutes mes émotions. J'ai besoin de contrôler l'autre. Je me crois polyamoureuse. L'amour, c'est tabou à la maison, les marques de tendresse et la sexualité aussi. Je n'aime pas les garçons mais j'aime leurs accessoires. À 25 ans, je rencontre Nina Gonzalez.
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Alors qu'elle vient de décéder, à 83 ans, dans le plus grand anonymat, les photos de Vivian Maier, pleines d'humanité et d'attention envers les démunis et les perdants du rêve amé- ricain, sont retrouvées par hasard dans des cartons oubliés au fond d'un garde-meuble de la banlieue de Chicago. Elle n'aura donc pas connu la célébrité, ni l'engouement plané- taire qui accompagne aujourd'hui son travail d'artiste. Elle a mené une vie de solitude et de pauvreté, lestée de lourds secrets familiaux et d'épreuves. Personnalité complexe et parfois déroutante, femme libre et perdante magnifique dont le destin s'écrit entre la France et l'Amérique, elle avait choisi de vivre les yeux grands ouverts.
Vivian Maier, une femme en contre-jour est le portrait de cette invisible, photographe de génie qui n'a pas vu la plupart de ses photos et qui, pour payer son loyer, gardait des enfants.
Une Américaine d'origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago et nostalgique de son enfance heureuse passée dans les Hautes-Alpes.
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Les enfants de la Volga
Gouzel Iakhina
- Noir sur blanc
- Litterature Etrangere
- 19 Août 2021
- 9782882506948
Nous sommes dans la région de la Volga, dans les premières années de l'URSS, en 1920-1930. Jakob Bach est un Allemand de la Volga : il fait partie des descendants des Allemands venus s'installer en Russie au xviiie siècle.
Bach est maître d'école dans le village de Gnadenthal, une colonie située sur les rives du fleuve. Un mystérieux message l'invite à donner des cours à Klara, une jeune fille vivant seule avec son père sur l'autre rive de la Volga. Bach et Klara tombent amoureux, et après le départ du père, ils s'installent ensemble dans la ferme isolée, vivant au rythme de la nature. Un jour, des intrus s'introduisent dans la ferme et violent Klara. Celle-ci meurt en couches neuf mois plus tard, laissant Bach seul avec la petite fille, Anntche.
Après la mort de Klara, Bach s'éloigne du monde et perd l'usage de la parole. Tout en élevant l'enfant, il écrit des contes, qui de manière étrange et parfois tragique s'incarnent dans la réalité à Gnadenthal. Un autre enfant fait alors son apparition à la ferme : Vasska, un orphelin vagabond qui bouleversera la vie d'Anntche et Bach...
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En Pologne, dans la région des Sudètes. La mort s'abat en série sur des chasseurs et des personnes maltraitant les bêtes. Janina Doucheyko, une retraitée cultivée et lunaire, pense qu'il s'agit d'homicides commis par des animaux. La police procède à son arrestation...
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Miracle à la Combe aux Aspics
Ante Tomic
- Noir sur blanc
- La Bibliotheque De Dimitri
- 18 Mars 2021
- 9782882506771
À sept kilomètres de Smiljevo, haut dans les montagnes, dans un hameau à l'abandon, vivent Jozo Aspic et ses quatre fils. Leur petite communauté aux habitudes sanitaires, alimentaires et sociologiques discutables n'admet ni l'État ni les fondements de la civilisation, jusqu'à ce que le fils aîné, Krešimir, en vienne à l'idée saugrenue de se trouver une femme.
Bientôt, il devient clair que la recherche d'une épouse est encore plus difficile et hasardeuse que la lutte quotidienne des Aspic pour la sauvegarde de leur autarcie.
La quête amoureuse du fils aîné des Aspic fait de ce road movie littéraire une comédie hilarante, où les coups de théâtre s'associent pour accomplir un miracle à la Combe aux aspics.
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« C'est l'histoire d'un fils qui part et d'une mère qui attend. C'est un amour maternel infini, aux portes de la folie. C'est l'attente du retour, d'un partage, et le rêve d'une fête insensée. C'est un couple qui se blesse et qui s'aime. C'est en Bretagne, entre la Seconde Guerre mondiale et les années soixante, et ce pourrait être ailleurs, partout où des femmes attendent ceux qui partent, partout où des mères s'inquiètent. » Une femme perd son mari, pêcheur, en mer, elle se remarie avec le pharmacien du village. Son fils, issu de sa première union, a du mal à s'intégrer dans cette nouvelle famille et finit par lui aussi prendre la mer. Commence alors pour la narratrice une longue attente qu'elle tentera, tant bien que mal, de combler par l'imagination du grand banquet qu'elle préparera pour son fils à son retour.
Encore une fois, par son écriture sensible et sans faille, Gaëlle Josse nous entraîne dans les méandres de l'amour.
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Les livres de jakób
Olga Tokarczuk
- Noir sur blanc
- Litterature Etrangere
- 13 Septembre 2018
- 9782882505255
Hérétique, schismatique, Juif converti à l'islam puis au christianisme, libertin, hors-la-loi, tour à tour misérable et richissime, vertueux et abomi- nable, Jakób Frank a traversé l'Europe des Lumières comme la mèche allumée d'un baril de poudre. De là à se prendre pour le Messie, il n'y avait qu'un pas - et il le franchit allègrement. Le dessein de cet homme était pourtant des plus simples : il voulait que ceux de son peuple puissent, eux aussi, connaître la sécurité et le respect d'autrui. Il voulait l'égalité.
La vie de ce personnage historique, qui fut considéré comme le Luther du monde juif, est tellement stu- péfiante qu'elle semble imaginaire. Un critique polo- nais, saluant la réussite absolue de ce roman de mille pages, dit qu'il a fallu à Olga Tokarczuk une « folie méthodique » pour l'écrire.
On y retrouve les tragédies du temps, les guerres, les pogroms et la ségrégation, mais on y goûte aussi les merveilles de la vie quotidienne : les marchés, les cui- sines, les petits métiers, les routes incertaines et les champs où l'on peine, l'étude des mystères et des textes sacrés, les histoires qu'on raconte aux petits enfants, les mariages où l'on danse, les rires et les premiers baisers.
Ainsi que le dit le père Chmielowski, l'autre grand personnage de ce roman, auteur naïf et admirable de la première encyclopédie polonaise, la littérature est une forme de savoir, elle est « la perfection des formes imprécises ».
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Le dernier gardien d'Ellis Island
Gaëlle Josse
- Noir sur blanc
- Notabilia
- 4 Septembre 2014
- 9782882503497
New York, 3 novembre 1954. Dans cinq jours, le centre d'Ellis Island, passage obligé depuis 1892 pour les immigrants venus d'Europe, va fermer. John Mitchell, son directeur, officier du Bureau fédéral de l'immigration, resté seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs qui le hantent : Liz, l'épouse aimée, et Nella, l'immigrante sarde porteuse d'un étrange passé.
Un moment de vérité où il fait l'expérience de ses défaillances et se sent coupable à la suite d'événements tragiques. Même s'il sait que l'homme n'est pas maître de son destin, il tente d'en saisir le sens jusqu'au vertige.
A travers ce récit résonne une histoire d'exil, de transgression, de passion amoureuse d'un homme face à ses choix les plus terribles.
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Le Verger de Poires
Nana Ekvtimichvili
- Noir sur blanc
- Litterature Etrangere
- 2 Novembre 2023
- 9782882508874
À Tbilissi, l'« école des idiots », une institution héritée du passé soviétique, accueille des handicapés mentaux et des enfants abandonnés.
Bien qu'elle ait décidé de tuer un jour Vano, le professeur d'histoire, Lela ne se laisse pas dévorer par la haine. À 18 ans, elle est parmi les plus grandes et, tout naturellement, elle endosse le rôle de protectrice, réconfortant les enfants et les encourageant à étudier, afin de quitter au plus vite cet endroit et de commencer une nouvelle vie. C'est ainsi que Lela prend sous son aile le jeune Irakli, qui ne parvient pas à accepter que sa mère ne viendra jamais le chercher. Un jour, un couple d'Américains leur rend visite à l'internat, et le rêve d'un avenir meilleur paraît sur le point de se réaliser...
Avec Lela, une héroïne extraordinaire, Nana Ekvtimishvili dresse le portrait d'une jeunesse qui se révolte et cherche à se libérer des traditions patriarcales, dans cette Géorgie des années 1990, qu'on a aussi appelées les « années sauvages » -
Alors que les forces russes envahissent l'Ukraine et que la guerre devient une réalité dévastatrice, en février 2022, Andreï Kourkov tient une chronique au jour le jour. À la fois journal personnel et commentaire politique et historique, ce texte explore les relations entre l'histoire ukrainienne et l'histoire russe, mais aussi entre les deux langues du pays. En décrivant comment une société pacifique fait face à l'occupation, l'auteur nous montre une culture qui, contrairement aux affirmations de Poutine, est singulière et démocratique, libérale et diverse - une culture qui « résistera jusqu'à la fin ».
Avec son regard aiguisé sur les événements et son amour des gens, Kourkov dresse le portrait d'un peuple uni dans la lutte contre sa disparition. Le pain est cuit et partagé dans les ruines. Un homme amputé trouve une place dans un train d'évacuation, des grands-mères fuient les villes occupées avec leurs coqs sous le bras... Et malgré tout, l'espoir reste le plus fort : des enfants naissent dans les caves, les fermiers cultivent leurs champs malgré les mines et les bombardements.
Dans son journal, Kourkov entrelace son histoire personnelle avec celle des autres Ukrainiens déplacés, et des communautés qui leur viennent en aide avec une générosité extraordinaire. Ensemble, ils attendent le moment où il sera possible de rentrer chez eux en sécurité. -
Mimmo et Cristofaro sont amis à la vie à la mort, camarades de classe et complices d'école buissonnière. Cristofaro qui, chaque soir, pleure la bière de son père. Mimmo qui aime Celeste, captive du balcon quand Carmela, sa mère, s'agenouille sur le lit pour prier la Vierge tandis que les hommes du quartier se plient au-dessus d'elle. Tous rêvent d'avoir pour père Totò le pickpocket, coureur insaisissable et héros du Borgo Vecchio, qui, s'il détrousse sans vergogne les dames du centre-ville, garde son pistolet dans sa chaussette pour résister plus aisément à la tentation de s'en servir. Un pistolet que Mimmo voudrait bien utiliser contre le père de Cristofaro, pour sauver son ami d'une mort certaine.L'intrigue est semblable à celle d'un livret d'opéra : violence et beauté, bien et mal se mêlent pour nous tenir en haleine jusqu'au grand final.
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Très tôt confrontée à la pauvreté, Maya Angelou ne laissa jamais le sort prendre le dessus, et chaque désillusion fut propice à se réinventer. Sa grand-mère paternelle, une battante au caractère bien trempé chez laquelle elle fut envoyée avec son frère, dans un Arkansas encore très raciste, marqua durablement sa vie. Sa mémoire rappelle à elle ses amis perdus comme Coretta Scott King, ses pairs comme James Baldwin ou Aimé Césaire. Sans relâche, elle louera l'honnêteté, et décriera la vulgarité. Féministe avant l'heure, Maya Angelou écrit avec le coeur de millions de femmes qu'elle considère comme ses soeurs de combat. La littérature la sauvera et l'amènera à être la première étudiante noire d'une école privée. Puis, elle fréquentera le milieu intellectuel noir américain, et deviendra une grande militante de la condition des femmes noires. C'est grâce à l'écrivain James Baldwin qu'elle va se mettre à écrire après la mort de Martin Luther King et devenir l'auteure que l'on connait aujourd'hui.
Composé de 28 courts chapitres, dont quelques poèmes, ce livre est un condensé de ses meilleurs écrits.
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« Ce roman nous va droit au coeur. Le récit du destin de l'héroïne principale, une paysanne tatare à l'époque de la dékoulakisation, est empreint d'une authenticité, d'une véracité et d'un charme tels qu'on en rencontre rarement dans la prose russe de ces dernières décennies. Je continue de me demander comment un jeune auteur a pu créer une oeuvre aussi puissante, qui chante l'amour et la tendresse en plein enfer. » Lioudmila Oulitskaïa Dans les années 1930, au Tatarstan, au coeur de la Russie. À l'âge de quinze ans, Zouleikha est mariée à un homme bien plus âgé qu'elle. Ils ont eu quatre filles, mais toutes sont mortes en bas âge. Pour son mari et sa belle-mère presque centenaire, très autoritaire, Zouleikha n'est bonne qu'à travailler. Un nouveau malheur arrive : pendant la dékoulakisation menée par Staline, le mari est assassiné et la famille expropriée. Zouleikha est déportée en Sibérie, qu'elle atteindra après un voyage en train de plusieurs mois.
En chemin, elle découvre qu'elle est enceinte. Avec ses compagnons d'exil, paysans et intellectuels, chré- tiens, musulmans ou athées, elle participe à l'établissement d'une colonie sur la rivière Angara, loin de toute civilisation : c'est là qu'elle donnera naissance à son fils et trouvera l'amour. Mais son éducation et ses valeurs musulmanes l'empêcheront longtemps de reconnaître cet amour, et de commencer une nouvelle vie.
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Les Pérégrins, sans doute le meilleur livre d'Olga Tokarczuk, n'est pas un « livre de voyage », mais un livre sur le phénomène du voyage. Pour les Bieguny (ou Stranniki, c'est-à-dire marcheurs ou pérégrins), une secte religieuse de l'ancienne Russie, le fait de rester au même endroit rendait l'homme plus vulnérable aux attaques du Mal, tandis qu'un déplacement incessant le mettait sur la voie du Salut. S'ils sont des hommes et des femmes de notre temps, les personnages du livre d'Olga Tokarczuk ont peut-être une motivation similaire pour voyager sans cesse. Mais davantage que le Salut, ils semblent poursuivre l'idée qu'ils se font de leur propre liberté. Pour les ressortissants de pays dont les frontières ont été verrouillées un demi-siècle durant, la liberté de voyager brille d'un éclat tout particulier. En une myriade de textes courts, l'auteur compose ici un panorama coloré du nomadisme moderne, moins soucieux de la destination que du simple fait d'être en mouvement. À travers les livres et à travers le monde d'aujourd'hui, dans les lieux et les non-lieux de ses voyages, Olga Tokarczuk a ressemblé des histoires, des images et des situations qui nous éclairent sur un monde à la fois connu, cartographié, répertorié, et absolument mystérieux, mouvant réseau de flux et de correspondances... Une multiplicité de réflexions (l'image du labyrinthe, l'analogie des circulations anatomiques, géographiques et cosmiques), de micro-récits et de choses vues, sur les zones de transit, les avions, les hôtels, le hasard des rencontres, le tourisme exotique et la baraques à souvenirs. Avec sa foi dans l'intelligence du lecteur, Olga Tokarczuk ouvre pour nous mille et une pistes de questionnement, d'étonnement et de rencontres.
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Les Justes : comment un visa pour Curaçao permit de sauver des milliers de Juifs
Jan Brokken
- Noir sur blanc
- Essais Et Documents
- 31 Août 2023
- 9782882508720
En 1940, fuyant l'avancée des nazis, des milliers de Juifs affluent en Lituanie, pays dont l'URSS s'empare, mais que le Reich lui arrachera bientôt. Dans ce climat de catastrophe imminente, le Néerlandais Jan Zwartendijk, directeur de la filiale lituanienne de Philips et nouveau consul honoraire à Kaunas, parvient à ouvrir aux Juifs une dernière issue pour échapper au pire. À l'insu de presque tous, Zwartendijk travaille jour et nuit pendant trois semaines afin de délivrer des visas pour Curaçao, dans les Indes néerlandaises, tandis que son collègue Sugihara, consul du Japon, signe des visas de transit. Ainsi commence une extraordinaire entreprise clandestine qui sauvera des milliers de vies.
En recueillant à travers le monde les témoignages des survivants et de leurs enfants, Brokken reconstitue l'histoire de « l'Ange de Curaçao », comme l'appelaient les réfugiés. Voici l'odyssée de familles entières qui ont traversé la Russie en Transsibérien, atteint Kobe et trouvé refuge dans le ghetto juif de Shanghai. Les Justes est une fresque monumentale, une mosaïque de vies, de lieux et d'événements où la réalité prend des teintes épiques et romanesques, mais surtout une leçon sur le courage et la responsabilité de l'individu face à la catastrophe. -
Alex, Elena et Valencia, trois étudiants en première année de licence d'arts du spectacle, dénomination faussement inclusive signifiant en réalité juste « théâtre », montent un collectif. Mais, dépités par l'accueil lamentable de leur première création, ils décident de changer de programme, et de faire la révolution.
À Gaillon, dans l'Eure, ils croisent la route des Ravitailleurs, un autre collectif de théâtre révolutionnaire... plus virulent.
Or, la France est trop petite pour deux collectifs de théâtre révolutionnaires.
Un premier roman corrosif, tendre. Et révoltant. -
Jeu sur tambours et tambourins
Olga Tokarczuk
- Noir sur blanc
- Litterature Etrangere
- 2 Février 2023
- 9782882508218
Visionnaire lors de sa parution en 2001, ce recueil de nouvelles d'Olga Tokarczuk n'a rien perdu de son mordant, ni de sa pertinente actualité. Avec une espièglerie qui rappelle Nabokov, la romancière polonaise nous dévoile un quotidien truffé de portes secrètes, de miroirs traversés et d'autres distorsions de l'espace et du temps. Une année à Berlin, un séjour au Mont-Noir, un mois de résidence en Écosse, sont le point de départ de plusieurs de ces nouvelles, et l'on verra que l'anodin d'une bourse d'écriture peut conduire aux paradoxes les plus fous.
Comment les gens se comportent-ils lorsque se brouillent les frontières entre fiction et réalité ? Un écrivain surprend un matin, assis à sa table, un double de lui-même qui corrige tranquillement son dernier manuscrit... Une lectrice de romans policiers trouve le moyen d'intervenir dans l'intrigue, beaucoup trop molle, du mauvais polar qu'elle a commencé... et les morts, soudain, vont se multiplier. En séjour à Berlin, une femme d'âge moyen s'étonne de devenir quelconque dans le maelstrom de la grande ville, avant de goûter au plaisir de pouvoir être n'importe qui : tour à tour une Turque voilée, un homme d'affaires, une petite fan de Britney Spears... -
« Je savais que si je franchissais cette frontière entre l'obscurité et la lumière, il n'y aurait plus de retour possible. ».
Un homme raconte ses pensées les plus intimes alors qu'il est victime d'une crise cardiaque dans la rue et qu'il est ramené à la vie au bout de trois minutes et demie. Il s'agit d'un récit captivant sur quelque chose d'effroyable et de tout à fait ordinaire, sur la douleur, la peur et l'acceptation, tout en s'avançant sur la ligne de crête qui sépare la vie de la mort.
Avec une immense précision, aucune sensiblerie et un humour plein de finesse, Nadas affronte ici la terrible image que nous a laissée Samuel Beckett : « Elles accouchent à cheval sur une tombe, le jour brille un instant puis c'est la nuit à nouveau » (En attendant Godot). Mais ce qui lui importe surtout, c'est la dimension absolument personnelle de la mort, c'est l'enfantement par chacun de sa propre mort, au sens où Rilke l'avait perçu, il y a un siècle : « Seigneur, donne à chacun sa propre mort. Enfantée de sa propre vie ». -
Berlin année zéro : la première bataille de la guerre froide
Giles Milton
- Noir sur blanc
- Voyages
- 5 Mai 2022
- 9782882507426
Berlin, 1945. Le destin de la capitale allemande a été scellé en février, durant la conférence de Yalta : les puissances victorieuses - États-Unis, Grande-Bretagne, France et Union soviétique - divisent les ruines en quatre zones d'occupation. Sur le papier, cela semblait une solution pragmatique. En réalité, une fois que les Alliés n'ont plus été unis par l'objectif commun de vaincre l'Allemagne, ils n'ont pas tardé à retrouver leur hostilité d'avant-guerre. Le vernis de civilité entre Occidentaux et Soviétiques devait voler en éclats de manière spectaculaire à Berlin. Des systèmes rivaux, des idéologies contraires et des personnalités antagonistes ont fait de la capitale allemande un champ de bataille explosif.
Berlin année zéro raconte la première bataille de la guerre froide comme jamais elle ne l'a été auparavant. Récit d'une rivalité terrible, c'est avant tout l'histoire d'individus imparfaits qui étaient déterminés à gagner. Giles Milton fait un travail magistral en nous donnant à comprendre les motivations et la pensée de tous les acteurs clés à chaque moment crucial.
Une histoire d'une tension inouïe, qui a eu une influence profonde, et souvent sous-estimée, sur le monde contemporain. -
La voilà, suspendue entre nous et l'Afrique, dramatique et suave, inquiétante et très douce, noire de lave et d'obsidienne, verte de raisin de Zibibbo, de câpres et d'olives, bleue de lac, indigo de mer. La voilà, l'île aux multiples noms : Yrnm, Cossyra, Qawsra, Bent el-Rhia, Pantelleria.
Pantelleria, la dernière île.
Pantelleria est beauté. Exubérante de vents, de mer et d'odeurs. De volcan. Sa nature extrême a, à travers les millénaires, exigé de trouver des solutions, de disputer, pierre après pierre, la terre à la lave, à opposer l'intelligence à la férocité du sirocco et du mistral. Île d'accostages sans fin, elle a été phénicienne, romaine, byzantine, arabe, normande, espagnole. Pantelleria n'est pas seulement une frontière géographique, c'est une frontière qui accueille, c'est un lieu qui nous rappelle à quel point est fragile et en même temps exceptionnelle la condition humaine.