Dans le contexte des tensions et des soulèvements des dernières semaines qui ont suivi la mort de Mahsa Amini, ce livre rassemble avec une intense vitalité les travaux d'une vingtaine de femmes photographes iraniennes, dont l'expression est régulièrement muselée et les productions sous surveillance. L'intime, les rapports de l'individu à la famille, au couple ou à la société au sens large, la place de la femme dans celle-ci ainsi que les liens complexes de ces femmes artistes à l'histoire de leur pays, à leur mémoire souvent confisquée, aux guerres successives qui ont vu disparaître tant de proches, sont les thèmes qui sous-tendent et hantent leurs images. Un livre impérieux en forme de porte-voix.
À la veille du couronnement de Charles III le 6 mai 2023, c'est à un autre couronnement que nous invite Henri Cartier-Bresson. Le 12 mai 1937 le jeune reporter est à Londres pour couvrir le couronnement du Roi George VI.
Il y fait alors le choix radical de ne pas photographier la famille royale mais le peuple massé pour assister à l'événement. Tournant le dos au roi et inversant le regard, il réalise d'étonnants portraits de ces "regardeurs".
Exposition à la Fondation Henri Cartier-Bresson du 3 mai au 4 septembre 2023.
Comment en est on arrivé à haïr l'antiracisme ? Alain Policar analyse et dénonce comment de nombreux universitaires et penseurs français en sont venus à considérer l'antiracisme comme une menace pour la République. Comment des intellectuels médiatiques, souvent issus de la gauche, ont rejoint les néo-conservateurs ou les nationaux-républicains aux côtés de l'extrême droite pour affirmer que l'antiracisme viserait non seulement la laïcité mais les blancs! Alain Policar plaide ici pour un universalisme rénové qui pense l'unité du genre humain. Contre le républicanisme jambon-beurre ou la catho-laïcité, l'antiracisme doit se débarrasser du nationalisme et de sa formule moderne, le souverainisme, condition pour une véritable efficacité politique du combat contre le racisme.
Pratiquante et professeure de yoga, Zineb Fahsi signe un essai critique sur sa discipline qui tranche avec la multitude d'ouvrages sur le yoga au rayon développement personnel. Le yoga répond de façon commode aux injonctions contemporaines de réalisation de soi: mieux gérer son stress, ses émotions, son sommeil; être plus efficace, plus concentré, plus résilient, plus heureux... L'auteure souligne l'aspect politique des discours sur le yoga : en valorisant le travail sur soi au détriment du changement social, ils font porter aux individus la responsabilité de composer avec les exigences extrêmes du capitalisme. Il ne s'agit pas pour Zineb Fahsi de nier les bienfaits du yoga mais de comprendre comment celui-ci peut être instrumentalisé au service du système néolibéral.
Une fabuleuse somme collective, un livre manifeste, un ouvrage de référence : telle est l'ambition de cet ouvrage co-construit par 160 autrices du monde entier qui présentent 300 femmes photographes, de l'invention du médium aux années 2000. Ainsi les portraits de chaque photographe ont été rédigés par des femmes de toute nationalité pour se prémunir de l'écueil d'un regard "occidentalo-centré". Les séquences de portraits alternent avec des portfolios qui font dialoguer les oeuvres entre elles.
La légitimité des luttes sociales est généralement appréciée à l'aune de leur portée universaliste. Cette exigence universaliste a dominé la pensée de gauche tout au long du XXe siècle où la quête d'émancipation reposait principalement sur les épaules de la classe ouvrière. Albert Ogien démontre qu'aucune cause (féministe, décoloniale, homosexuelle, etc.), aussi "particulière" soit elle, ne fait le deuil de la part d'universel qu'elle contient nécessairement en elle.
À Anvers, alors qu'il joue enfant au foot en culottes courtes, Harry Gruyaert va chercher le ballon dans les hautes herbes qui lui caressent les cuisses. La lumière est belle, son esprit s'échappe du terrain. Le photographe décrit ce moment comme une libération des sens, comme le point de départ de sa quête de sensations.
Membre de Magnum depuis 1982, Harry Gruyaert décrit la photographie comme une expérience physique, un état d'excitation, une façon d'être présent au monde. Le monde, il le traduit en couleurs à une époque où le noir et blanc rafle la mise sur les cimaises des galeries.
Héritier de la tradition américaine, très influencé par le cinéma, Harry Gruyaert a su créer une palette chromatique extrêmement personnelle, un rouge dense, un vert qui vibre, une manière de découper la lumière et ses ombres dans le cadre. Qu'il s'agisse de la Belgique, du Maroc, des États-Unis, de Paris ou de Moscou, aucun sujet ne compte en tant que tel. Tous constituent des réservoirs d'inspiration et d'impressions rétiniennes.
Ce livre, à l'editing somptueux, est son premier livre rétrospectif.
Quand le procès du populisme sape la démocratie : Antoine Chollet livre une démonstration implacable du fait que les pourfendeurs du populisme s'en prennent en réalité à la démocratie elle-même. Le problème du populisme, c'est l'ensemble des discours qui en parlent. Sa dénonciation s'accompagne aujourd'hui d'un puissant retour de la méfiance envers le peuple.
Qu'est-ce qu'une contre-culture a? l'heure de l'image sur Internet ? Depuis une génération, quantité de photographes prennent le contre-pied des standards technologiques. Ces alternatives sont si nombreuses et passionnantes que l'idée d'un livre pour les rassembler s'est imposée. Éthique et écologie irriguent une création photographique en complète réinvention et rematérialisation.
Ce livre réunit neuf autrices toutes issues des diasporas du 20e siècles autour des thèmes de l'exil et de la transmission. Le lien entre les générations est au coeur de ces récits intimes où s'entremêlent les voix de grand-mères, tantes et filles. Ces témoignages sont des parcelles de l'histoire collective.
L'iconographie singulière issue en grande partie des archives personnelles des autrices contribuent à faire de cet ouvrage un livre cadeau attachant.
Quand la recherche se révèle être une épreuve à risque. Éric Fassin met ici en lumière la part de risque à laquelle s'exposent les chercheurs et chercheuses en sciences sociales. Il s'appuie pour cela sur son expérience personnelle en France mais aussi sur celles de chercheurs mis en danger pour des raisons politiques à l'international. Il nous alerte sur le risque d'autocensure qui en découle.
Par la radiographie d'une industrie cynique et destructrice, Olivier Milleron dévoile l'intrication de l'histoire du tabac avec celle du capitalisme et du colonialisme. Car l'industrie du tabac participe au pire du capitalisme mondialisé, échappant au contrôle des états et des citoyens. Pour l'auteur, se réclamer de la gauche anti-capitaliste et fumer relève de la contradiction politique. Cet ouvrage pamphlétaire ouvre le débat.
Musicien, compositeur mais aussi dissident politique, Fela Kuti (1938-1997) est surtout l'inventeur d'un style : l'afrobeat. Des clubs nigérians aux scènes européennes, Fela a fait de sa musique une arme pour dénoncer la corruption et les mentalités néocoloniales. À partir d'archives et de photographies inédites, portées par les regards d'une vingtaine d'auteurs et autrices du Nigeria et d'ailleurs, ce livre rend un hommage magistral au « Black President », dont l'héritage est omniprésent à travers le monde.
C'est un travail au long cours que présente ce livre : depuis 20 ans le photographe Guillaume Herbaut se rend régulièrement en Ukraine. Cet ouvrage ne porte donc pas seulement sur la récente invasion russe mais bien sur l'évolution extraordinaire de ce pays à laquelle il a assisté. Pour la troisième fois de sa carrière, Guillaume Herbaut vient de recevoir le prestigieux prix World Press Photo pour ce magnifique travail d'auteur. Loin des codes des classiques reporters de guerre, il éclaire les racines du conflit, fruit de la violence hégémonique de Vladimir Poutine. L'historienne et traductrice Galia Ackerman signe un introduction charpentée permettant une mise en perspective historique des photos de Guillaume Herbaut.
À l'occasion de l'ouverture en avril 22 du musée Gainsbourg dans la maison de l'artiste rue de Verneuil, voici une nouvelle édition de l'un des fleurons des éditions Textuel (titre épuisé depuis 2018), qui présente les manuscrits de Serge Gainsbourg : chansons, brouillons, partitions... Dans cette version augmentée figurent notamment de nouveaux manuscrits comme "Les P'tits papiers", "La Gadoue" ou encore "L'Ami Caouette". Ils s'ajoutent aux brouillons de chansons mythiques comme "Je t'aime moi non plus", "La Javanaise" ou "L'Homme à tête de chou".
Le Pen, Trump, Poutine, Bolsonaro, Modi, Duterte... Après l'internationale brune dans l'entre-deux-guerres, voici la nouvelle internationale fasciste. Ugo Palheta, l'un des meilleurs spécialistes du fascisme contemporain, analyse ici comment le poison se diffuse à l'échelle mondiale. Décortiquant les arguments xénophobes qui transcendent les frontières, il met à jour la terrible mécanique mondiale à l'oeuvre. Il ne s'arrête pas pour autant à ce constat glaçant : un nouvel internationalisme porteur de luttes profondément émancipatrices est aussi à l'oeuvre, construisant l'anti-fascisme du 21e siècle.
Ce livre rassemble 76 images inédites de la collection de diapositives de Saul Leiter. En avance sur son temps, l'artiste investit la diapositive comme medium dès les années 1955. Le choix s'est porté ici sur les images de "street photography" parmi les 50 000 retrouvées.
"Ne visitez pas l'exposition coloniale", ce tract de mai 1931 donne le ton de la vive dénonciation par le groupe surréaliste de la politique impérialiste de la France. Alors que l'exposition coloniale est inaugurée en grande pompe est organisée la contre- exposition intitulée "La vérité sur les colonies". Cet ouvrage met en lumière un chapitre mal connu du combat des avant-gardes à travers une iconographie subversive.
Cette autobiographie illustrée d'Erwin Blumenfeld, retrace "l'odyssée, singulière, insolite et violente" de l'un des plus grands photographes de mode du XXe siècle. Né à Berlin à la fin du XIXe siècle, de parents juifs, il vécut le double effondrement d'un monde à travers la démence des deux guerres mondiales et n'en réchappa que grâce à une incroyable volonté de vivre. Exposition "Erwin Blumenfeld" au Jeu de Paume (Paris) du 15 octobre 2013 au 26 janvier 2014.
Cet ouvrage parcourt l'histoire de la photographie, depuis son invention en 1827 jusqu'à ses usages contemporains, à travers les collections du musée Niépce riches de 4 millions de photographies, 8 000 appareils et 30 000 revues et livres techniques ou illustrés. Hors des sentiers battus, voici une "autre histoire" de la photographie qui s'intéresse au medium dans sa diversité ainsi qu'aux différentes voies empruntées par la photographie : publicité, mode, industrie, judiciaire...
La mécanique d'une chasse aux sorcières Encore inconnu il y a peu en France, le terme de «?woke?» a récemment envahi les réseaux sociaux et les journaux. Né des luttes antiracistes des Afro-Américains dans les années 1950, il revêt alors un sens positif?: celui d'être «?éveillé?», conscient politiquement. Mais il est aujourd'hui utilisé péjorativement pour attaquer toute forme d'engagement contre les discriminations. Pour ses détracteurs, la prétendue «?idéologie woke?» serait un nouvel avatar du «?politiquement correct?» ou de la «?cancel culture?» et infiltrerait les centres de pouvoir, des médias aux grandes entreprises, encourageant une déconstruction du monde par la bouche d'une génération radicalisée. Ainsi va la «?panique woke?». Et si cette panique cachait simplement une forme, classique mais violente, de réaction?? C'est cette offensive réactionnaire et sa mécanique idéologique qui sont ici décortiquées par Alex Mahoudeau, mieux connu sur les réseaux sociaux à travers le pseudonyme de «?Pandov Strochnis?».
Première synthèse sur la photographie française de ces 50 dernières années, cette somme de 416 pages est signée de Michel Poivert, historien majeur de la photographie. Trois cent images et autant d'auteurs sont présentés grâce à des portfolios construits comme des expositions. Ce livre de référence vient combler un manque criant. Sa couverture en tissu rouge vermillon en fait un très bel écrin.
Pierre Hazan, grand acteur de la médiation dans les guerres et l'élaboration des processus de paix livre ici une précieuse boussole morale. Dans une langue magnifique alternant le récit vécu et la réflexion, il pose une véritable éthique de la négociation en temps de guerre. Jusqu'où la neutralité a une place entre agresseur et agressés? Peut-on et doit-on négocier avec des régimes criminels ou des organisations terroristes? À l'heure où l'invasion de l'Ukraine nous laisse démunis devant des questions cruciales, cet ouvrage est le premier en français à esquisser des réponses.
La mode comme on ne vous l'a jamais racontée, ou plutôt les modes. Le pluriel est important dans le titre de cet ouvrage ambitieux qui repose sur une démarche radicalement neuve, ouverte et transversale. 500 pages, 400 images, une cinquantaine de focus aux angles originaux et surprenants rythmant les 7 chapitres chronologiques, ce livre au design somptueux est destiné à un large public : étudiants, enseignants, professionnels ou passionnés de la mode.