Dans la nouvelle qui ouvre le recueil, M. Beneset, le narrateur rend visite à son père dans une maison de retraite, sans paraître remarquer, pas plus que les infirmières d'ailleurs, que c'est un travesti. Si le déterminisme social rend comiques les situations les plus graves, il se dénonce aussi en elles. En prenant conscience de notre aveuglement sur ce qui semble aller de soi, de notre bénignité de moutons de Panurge, nous rions mais nous rions de nous, du bonheur d'être lucides.
Dans " Maman ", l'enfant croit que l'ami qui l'insulte veut lui dire en réalité que sa mère est une pute. Le convive importun de " Corvée de vaisselle " prend une invitation en l'air au pied de la lettre. La famille de " Mon frère " n'accepte pas la mort du fils, lui qui représentait l'espérance, la jeunesse et le futur. Mais le noyau central du Meilleur des mondes est la longue nouvelle " Devant le roi de Suède ", une histoire fantasmagorique sur un poète obsédé par le prix Nobel et qui vit un sombre complot des petits contre les grands dans une atmosphère kafkaïenne. Des histoires cruelles, traversées d'éclairs de bonheur, des enfers privés où la violence se fait sournoise. À la maestria de ses livres antérieurs, Monzo ajoute ici de nouvelles stratégies narratives et utilise avec originalité toute une gamme de tons qui confèrent au Meilleur des mondes une force singulière.