400 cartes pour 1 500 ans d'histoire : de 481 à 2005, de Clovis à Chirac, cet atlas inédit permet de parcourir en tous sens l'espace-temps de ce qui deviendra, progressivement, la France. Il multiplie les perspectives, confronte les angles de visions et les jeux d'échelle (internationale, nationale, régionale, locale), afin de localiser, de représenter, le plus justement possible, une France plus que jamais plurielle, construite par la juxtaposition de mondes divers, ouverts ou cloisonnés. Au plus près du vécu. On y découvrira une histoire imprévisible et tourmentée, conflictuelle et mobile, avec des frontières vivantes, mouvantes, au fil des querelles, des guerres, des coups de main, des litiges, des successions, des rapports de force. D'autres cartes visualisent les paysages, les terroirs, les institutions, les coutumes, les activités économiques, les villes, les croyances, les cultures, afin de mettre en valeur l'infinie richesse de multiples France marquées du sceau de la diversité.
« OEil de l'historien », la carte unit l'espace et le temps : de la particule élémentaire (quelques maisons de village, quelques champs, une seigneurie) qui compose le corps territorial, à « l'économie monde » qui connecte le territoire de la France aux autres espaces de la Terre, cet Atlas, fruit d'une somme impressionnante de reconstitutions historiennes, offre par la pluralité des thématiques cartographiées, le moyen de rendre compte et de visualiser la profusion des activités, des vies, des institutions, des événements qui ont construit, au fil des siècles d'une histoire en perpétuel mouvement, la « nation France ».
L'au-delà, le devenir de l'âme, la mort, sont au coeur des pensées religieuses. Les chrétiens des premiers temps prient, cherchent à intercéder par leurs dévotions pour le salut de l'âme de leurs proches défunts. Le monde des vivants est intimement et quotidiennement lié à celui des morts. Au cours des IIIe et IVe siècles, alors que le christianisme, de religion persécutée, devient religion d'Empire, la richesse des grandes familles infléchit la conception du Salut : les dévotions s'accompagnent de donations fastueuses qui financent les plus riches trésors d'églises et les plus somptueuses constructions de marbre du monde occidental. Le blanc manteau d'églises se constitue, les chapelles funéraires se multiplient, la richesse personnelle et les actes de générosité envers l'Église et ses saints devenant un élément clé dans la recherche de la Rédemption. Ce retournement économique et social provoque des débats doctrinaires houleux au sein de l'Église sur l'argent et ses usages. Peter Brown éclaire ce lien entre Église, doctrine chrétienne et fortune séculaire en étudiant les pratiques et les controverses dans l'ensemble du monde occidental, de l'Afrique du Nord à l'Irlande, de l'Espagne à Babylone, entre le IIIe et le VIIe siècle. Il rend intelligibles, avec finesse, vivacité et une poignante clarté une pensée religieuse profonde et complexe, notamment celles de saint Augustin, saint Colomban ou encore Grégoire de Tours.
L'homme préhistorique était aussi une femme : cette évidence n'avait guère effleuré les premiers préhistoriens, et la question de la place et du rôle de la femme est longtemps restée marginale dans les enquêtes sur la préhistoire.
C'est l'" homme préhistorique ", artisan, chasseur, artiste, conquérant, qui a surtout alimenté les débats scientifiques. la femme, elle, fut souvent considérée comme tristement passive et reproductrice, et livrée aux fantasmes, aux mythes inspirés de la bible, ou aux lieux communs colportés depuis le 19e siècle. aujourd'hui, la célébrité de " lucy " et de l'" eve africaine " témoignent d'un intérêt nouveau pour l'existence des femmes depuis les époques recalées du paléolithique.
Il est temps, en effet, de s'intéresser à cet acteur essentiel du monde de nos origines, et de donner une visibilité à cette moitié de l'humanité prétendument " invisible " aux archéologues. cet ouvrage interroge de façon critique l'histoire des idées et des preuves - en particulier celles tirées des somptueuses représentations de femmes dans l'art préhistorique - pour tenter de dessiner une image plus vivante et plus vraie de nos lointaines ancêtres.
Ce dossier concerne la pratique de la prescription médicale (humaine ou vétérinaire) et ses enjeux sociaux, à savoir les rapports de pouvoir qui se nouent autour d'elle entre médecins, pouvoirs publics, laboratoires et patients, en France et en Allemagne au cours du XXe et au début du XXIe siècle.
L ouvrage propose une histoire des femmes et du genre dans le cadre des programmes scolaires d histoire.
Le travail structure la société française et occupe le devant de la scène politique contemporaine. Des luttes pour les droits des travailleurs aux réflexions sur la « fin du travail », de la réduction du temps de travail à la « flexisécurité », le modèle français ne cesse de soulever débats et tensions.
En se concentrant avant tout sur les années 1930 à 1950, moment où droit du travail, conditions de vie et protection sociale basculent pour créer un nouveau modèle, Christian Chevandier nous livre, à travers une série de grands textes commentés, la matière d'une réflexion profonde sur les enjeux économiques, sociaux et culturels du travail en France.
On peut mourir par amour, mais on peut aussi tuer. Comment expliquer ce type bien particulier de criminalité ? Le criminel passionnel est hors normes : il peut aussi bien être le fait d'un homme que d'une femme, d'un jeune que d'un vieux, d'un pauvre que d'un riche. Il ne trouve pas son explication dans les catégories et les différences sociales. C'est bien un crime à part.
L'ouvrage embrasse la longue durée, du Moyen Âge à l'époque contemporaine, en insistant sur le fait que de nos jours encore, le crime passionnel n'a pas d'existence juridique. Il formule surtout une thèse inattendue : ce que nous appelons « crime passionnel » n'a peut-être jamais existé. Ces histoires sanglantes trouvent leur source le plus souvent dans la soif de vengeance ou l'honneur bafoué.
Pourtant, le crime passionnel montre une hausse spectaculaire dans les dernières décennies. Comment l'expliquer ? L'auteur y voit la manifestation d'un ego blessé, et d'autant plus blessé qu'il est exalté ; il y voit aussi le signe d'un repli asphyxiant de la cellule familiale sur elle-même.
Le pèlerinage à La Mecque, le Hadj, cinquième pilier de l'islam, a toujours été au coeur des préoccupations religieuses mais aussi politiques et économiques des pouvoirs musulmans. Au XIXe siècle, pourtant, il cesse d'être une affaire exclusivement musulmane : ce sont désormais les principales puissances coloniales qui, abritant les pèlerins sur leurs territoires, s'attachent à gouverner ce vaste mouvement humain touchant chaque année plusieurs dizaines de milliers de personnes. Avec la révolution des transports, la masse des candidats au Hadj grossit de façon spectaculaire, faisant de ce rassemblement annuel, un point de contact régulier entre Asie, Afrique et Europe.
Peu à peu, face aux risques épidémiologiques comme aux craintes de voir s'organiser l'opposition aux puissances coloniales, la communauté internationale, alors en son enfance, se mobilise pour assurer un strict contrôle du pèlerinage. Ainsi, si la foi demeure au fondement du pèlerinage, les croyants passent sous le regard attentif d'administrations plus ou moins confiantes et bienveillantes.
Héros, roi, incestueux, parricide, à la fois père et frère, fils et mari. Comment définir OEdipe ? A-t-il une place parmi les hommes ou, dès sa naissance, le destin l'a-t-il séparé à jamais des humains ? Mais, s'il est « hors de l'humanité », comment expliquer alors la remarquable pérennité du mythe ? Son importance pour Freud, Nietzsche ou Kafka ?
C'est un OEdipe complexe, aussi énigmatique que le Sphinx qu'il a vaincu, qui apparaît à la lecture de cet ouvrage. Il nous montre combien il peut être difficile de répondre à la question « qui suis-je ? », tant les réponses sont nombreuses et contradictoires.
« Son destin ne nous émeut que parce qu'il aurait pu être aussi le nôtre, parce qu'avant notre naissance l'oracle a lancé la même malédiction contre nous et contre lui. » Freud.
Ce livre est un livre d'histoire. Histoire climatique d'abord, de la transformation d'un immense espace de savane peuplé d'hommes et de grands animaux en le plus grand désert du monde, à cause de la sécheresse croissante au cours des millénaires. Histoire aussi des différentes civilisations qui ont affronté ces changements de leur milieu de vie, qui ont vécu sur ses marges, l'ont conquis et traversé. Histoire politique enfin, qui retrace sur la très longue durée - des Égyptiens à Al-Qaïda - les différents régimes et empires qu'a connus le grand désert.
Nous connaissons le destin tragique de Vatel, cuisinier malheureux du Roi-Soleil, mais l'histoire des festins, du goût et de la convivialité de tout un chacun au siècle de Louis XIV restait à écrire. Cet ouvrage nous installe aux tables de fête, nous décrit les mets préférés des Français et les coutumes de table, de celle du roi à celles des noces villageoises.
Qu'entend la population du Grand Siècle par « faire bonne chère » ? Où, quand et comment les festins se déroulent-ils dans la France des premiers Bourbons ? Et, surtout, que nous révèlent, sur le fonctionnement de la société française du XVIIe siècle, les pratiques de la bonne chère et les discours favorables ou hostiles qu'elles génèrent ? Les visages de la bonne chère et des plaisirs de table sont innombrables : ce sont ceux des vingt millions de Français et non des seules élites repues, ce sont des visages masculins et féminins, ceux d'enfants, d'adultes et de vieillards, de catholiques et de protestants plus ou moins dissemblables dans leur rapport à la bonne chère, de libertins et de (faux) dévots, même parfois ceux des « sauvages » de Nouvelle-France à la fois si loin et si proches. La pratique de la bonne chère est avant tout un rapport à l'autre, et à soi, une histoire de corps, celui parfois grotesque des romans comiques ou naturellement corpulent des marchands de bouche, celui du teint frais et printanier de l'individu en bonne santé au corps souffrant du goutteux.
Aborder les cultures alimentaires du XVIIe siècle par et pour elles-mêmes à partir des visages de la bonne chère, autrement dit comprendre comment la définition et l'expression du bien boire et du bien manger ensemble contribuent à la construction des identités - sociales, sexuelles, générationnelles, religieuses, provinciales ou nationales -, permet d'aborder non seulement l'histoire de la (grande) cuisine mais aussi de celle d'un pan essentiel de la culture d'Ancien Régime.
Depuis le dernier tiers du XXe siècle, la mémoire est devenue l'une des modalités privilégiées du rapport que les sociétés contemporaines entretiennent avec le passé. Elle a suscité des politiques publiques d'un genre inédit, à l'image des « lois mémorielles » ou des réparations symboliques tardives des crimes du passé, proches ou lointains. Né dans l'après-coup de la Shoah, deux à trois générations après la chute du nazisme, le besoin de se souvenir et la hantise de l'oubli se sont étendus à d'autres grands épisodes mortifères de l'histoire : guerres, génocides, colonisations. Ils constituent aujourd'hui des éléments essentiels d'un nouveau régime d'historicité, entendu ici comme la place qu'une société accorde au passé, et donc au présent et à l'avenir.
Henry Rousso est l'un des premiers historiens à avoir travaillé sur l'histoire du souvenir des grands traumatismes collectifs. L'ouvrage s'attache à prendre en compte autant la présence que l'absence du passé dans la mémoire collective. S'il s'intéresse aux évolutions récentes des usages et politiques de mémoire en France, il montre aussi à quel point la compréhension de ces phénomènes dépasse le cadre national et doit se penser à une échelle globale, européenne ou mondiale, récusant en la matière l'idée d'une prétendue « exception française ». L'enjeu est d'importance : l'investissement considérable des sociétés modernes pour entretenir le souvenir des catastrophes historiques ne semble pas les avoir prémunies contre un retour du tragique et de la violence de masse qu'elles pensaient ainsi conjurer.
Les manèges sont des lieux de l'expression équestre qui illustrent la place prise par le cheval dans notre société, au fil des temps. Au point que l'histoire de ces édifices, loin d'être anecdotique, recouvre l'évolution de l'équitation elle-même. Marqueurs culturels, ils s'adaptèrent aux tournants dans l'usage civil ou militaire du cheval ; marqueurs techniques, ils emboîtèrent le pas aux dernières découvertes architecturales ; marqueurs socio-économiques, ils reflétaient l'aisance financière, l'assise dans la société, de leur propriétaire ; marqueurs politiques enfin, ils illustrent la place d'un certain pouvoir qui s'impose.
Dans cet ouvrage, Corinne Doucet nous emmène à la découverte de l'histoire passionnante de ces scènes fermées, pleines de silence et du souffle des chevaux, où travaillèrent les plus grands écuyers.
Des révolutions anglaises à nos jours, Mathilde Larrère et cinq spécialistes de l'histoire des révolutions dressent un panorama des grandes révolutions qui ont fait basculer l'histoire politique contemporaine. A travers le récit de chaque épisode, se dessinent des invariants et des spécificités, des circulations et des références communes. De la prise de la Bastille à la proclamation de la Commune de Paris, des soviets de Petrograd à l'entrée des barbudos à La Havane, du printemps des Peuples aux manifestations de la place Tahrir : d'une révolution à l'autre, les idées, les symboles, les tactiques, les mots d'ordre révolutionnaires circulent et se répondent. Cet ouvrage propose une histoire mondiale des révolutions pour mieux comprendre quand, comment et pourquoi les peuples se lèvent pour faire l'histoire.
Les volumes de l'Histoire de France étant destinés à devenir des classiques, nous en proposons les grands thèmes sous une forme plus accessible et moins volumineuse.
Clovis, le premier, s'est désigné comme le " roi des Francs ", un titre que s'attribuera encore, des siècles plus tard, Louis-Philippe, et qui sera gravé, en 1836, sur le socle de l'obélisque de place de la Concorde. Charles Mériaux montre ici comment s'est construit l'espace politique de la France. Il pose la question des origines de la nation, en confrontant origines fantasmées et réalités historiques. Ces royaumes des Francs dessinent un monde à la charnière de l'Antiquité et du Moyen Âge naissant, au moment où s'efface la gloire de Rome.
Cet essai aborde l'épopée des relations franco-chinoises sous un angle inédit. Lieux de mémoire, singularités nationales, anthropologie culturelle sont tour à tour étudiées. Emergent des figures majeures de l'histoire ainsi qu'une mémoire structurante. Elle est à l'origine de trajectoires politiques divergentes ou complémentaires mais rarement indifférentes. Avec humour et sans complaisance, l'auteur s'interroge sur la nature des enjeux et des liens que cultivent la France et la Chine. A travers ces Esquisses de Chine se devinent pour chacune d'elles les configurations d'un monde en devenir. L'expérience et la maturité des peuples sera bientôt son seul repère. Plus de liberté pour la Chine, plus de sagesse pour la France: cet ouvrage trace aussi les linéaments possibles de nos conduites pour les temps à venir.
« Qu'a vraiment vu Narcisse, ou que voulait-il voir, dans le miroir de sa claire fontaine ? » En rassemblant dans son ouvrage toutes les variantes et déclinaisons du mythe de Narcisse, Ezio Pellizer met en évidence la richesse des réponses que l'on a cherché, durant deux millénaires, à donner à cette question, de Pausanias, qui refuse de croire que quiconque ait pu être « stupide » au point de ne pas reconnaître son reflet et d'en tomber amoureux, au psychiatre Brunschweig, qui pense qu'il cherche dans son visage à retrouver les traits de sa mère.
Le miroir de Narcisse est donc aussi le nôtre, et son reflet se transforme au fil des siècles, des narrateurs et des lecteurs.
À la fois vecteur et manifestation de la « première » mondialisation dans la seconde moitié du XIXe siècle, le sport est devenu en l'espace d'un siècle une pratique planétaire dont les disciplines recouvrent des géographies complexes et inattendues.
Du cricket indien au rugby néo-zélandais en passant par le football africain et latino-américain, on peut se demander comment ces nouvelles pratiques anglaises se sont implantées dans les empires formels et informels (britanniques, français, espagnols, japonais, américains, etc.) par le biais des marins, des missionnaires, des instituteurs, des ingénieurs des chemins de fer, des colons et des militaires. L'essor du sport « moderne » bénéficie du renouveau de l'expansion coloniale, auquel il participe largement en diffusant de nouvelles pratiques et valeurs au service du projet social et culturel impérial. La « sportivisation » des sociétés métropolitaines et coloniales participe d'une seule et même « mission civilisatrice ». Au-delà de la perpétuation du lien communautaire entre les colons, le sport a pour fonction de discipliner le corps de l'« indigène » et moraliser son comportement social. Toutefois, le sport en situation coloniale ne se réduit pas à l'exportation et à l'imposition de normes européennes et de codes sociaux aux sociétés autochtones. Les pratiques sportives sont réinventées, réappropriées, transformées au contact des populations colonisées. Ainsi, la « créolisation » du football latino-américain et « l'indigénisation » du cricket indien révolutionnent la technique, le style de jeu et la géopolitique du sport. De nouvelles identités nationales se fondent en partie sur des disciplines sportives et le sport représente très tôt un terrain d'affrontement où les populations colonisées remettent en question la domination européenne.
Ce livre adopte une démarche comparative et pluridisciplinaire : il s'agit d'offrir pour la première fois une analyse globale des pratiques sportives dans les empires coloniaux contemporains, en étudiant les enjeux politiques, culturels, sociaux et économiques de la première mondialisation du sport du milieu du XIXe siècle aux décolonisations.
Identifier une personne, c'est la reconnaître comme un individu unique, un être autonome, avec lequel il est possible d'entrer en relation.
L'identification apparaît ainsi comme l'une des modalités fondamentales du lien social, car les individus ne peuvent nouer des rapports entre eux que s'ils se distinguent les uns des autres (y compris dans la cellule de base que constitue la famille). depuis quelques d'années le nombre d'études consacrées à la question de l'identification des personnes a connu une progression exponentielle, à tel point qu'il n'est pas exagéré de dire que ce thème est devenu aujourd'hui un objet autonome de la recherche en histoire et en sciences sociales.
Les textes rassemblés ici donnent un bon aperçu du dynamisme de ce nouveau chantier. le problème n'est plus, désormais, de s'interroger sans fin sur la définition de "l'identité" dans les différentes "cultures", mais d'étudier les pratiques concrètes et les techniques d'identification "à distance", en les envisageant comme des relations de pouvoir mettant en contact les individus qui ont les moyens de définir l'identité des autres et ceux qui sont les objets de leurs entreprises.
Les chercheurs n'ont pas attendu la fin du xxe siècle pour s'intéresser à cette question, mais l'une des originalités de ce livre tient à la perspective de très longue durée qui a été adoptée. elle tranche sur des approches qui, jusqu'ici, étaient restées focalisées sur l'époque contemporaine.
A l'aube du XXe siècle, le monde juif européen est divisé en deux.
A l'Ouest (Allemagne, Autriche, Bohème), les Juifs ont bénéficié d'une émancipation culturelle et juridique relativement rapide, ils se sont intégrés linguistiquement, culturellement, socialement au sein de la bourgeoisie cultivée et libérale. A l'Est (Pologne, Russie), les Juifs constituaient une nationalité parmi tant d'autres et ont conservé leurs langues (yiddish et hébreu) et leur culture distincte.
L'année 1897, année du premier congrès sioniste organisé à Bâle par Theodor Herzl, et également année de la création du Bund, du mouvement ouvrier juif, marque le début d'un vaste processus, mené par des acteurs culturels et politiques très divers, de construction nationale, mais aussi d'invention des langues, de la littérature et de la culture juives modernes. L'idée novatrice de ce livre est que la culture juive allemande et la culture juive d'Europe de l'Est, loin de s'opposer, se sont rencontrées et mutuellement fécondées pour engendrer de concert, à l'Ouest comme à l'Est, ce vaste mouvement de renaissance qui a marqué l'Europe centrale et orientale pendant tout le premier tiers du XXe siècle.
La mise en évidence de cet ensemble cohérent permet de le comprendre de manière radicalement nouvelle.
Orient à portée de main, jardin des lettres et des arts, paradis voluptueux du chant, l'Italie, dotée dans notre imagination de caractères édéniques, ne pouvait qu'engendrer la méprise.
Car, à forcer le trait de la mesure antique, de l'épicurisme natif, de l'énergie et de la quête du bonheur, on a perdu de vue la pensée italienne, sa démesure, sa désolation, et trop vite oublié, ou ignoré plutôt, que, dans ce laboratoire de l'Europe, était aussi née la noirceur de la modernité.
Cette Italie obscure, que l'homme européen a soigneusement tenue à distance, naît avec la fin du grand rêve renaissant.
L'ironie désacrante de l'Arioste, l'expérience autobiographique de Benvenuto Cellini (la première de l'histoire moderne), la mélancolie du Tasse en sont la preuve, qui, à l'orée du XIXe siècle, s'accompliront en quelque manière dans le prodigieux travail de négation que Leopardi exécutera sur les fondements mêmes de la pensée.
L'historiographie est conçue comme l'histoire de l'histoire et participe, à ce titre, à l'histoire des sciences sociales. Longtemps parent pauvre de l'école historique française, les enjeux de pouvoir au sein de la discipline ne prédisposaient pas à un développement des approches réflexives. Depuis deux larges décennies, la multiplication des approches
historiographiques et épistémologiques concourt au tournant réflexif pris par la discipline historique. L'ouvrage adopte une démarche chronologique et thématique. Dans la première partie, il souligne les étapes de la construction de la discipline historique, du Moyen Age à l'époque contemporaine. Il décrit ensuite les principaux domaines de
la discipline : l'histoire sociale, l'histoire économique, l'histoire politique, l'histoire culturelle, l'histoire du temps présent. Il analyse enfin les principaux enjeux : les relations entre les historiens et les médias, l'évolution du métier d'historien, les relations avec les autres sciences sociales, l'internationalisation croissante de la discipline historique. La seconde partie, structurée autour de dossiers thématiques, permet de faire le point sur des questions essentielles : la réception d'historiographies étrangères comme les Cultural Studies et la microstoria, l'affirmation de la sociohistoire, les défis de l'histoire des femmes et du genre, les historiens et les nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Les volumes de l'Histoire de France étant destinés à devenir des classiques, nous en proposons les grands thèmes sous une forme plus accessible et moins volumineuse.
Nicolas Le Roux déroule sous nos yeux la fresque de cette séquence historique particulièrement dramatique pour le royaume de France, divisé par la question religieuse, ensanglanté par les massacres et les régicides. Mais il montre aussi que ces temps de crise constituent, paradoxalement, le creuset de la monarchie absolue d'Ancien Régime : c'est en effet sur les ruines d'un pays déchiré par l'intolérance que se construit la nécessité d'un pouvoir royal investi d'une puissance transcendante, enfin capable d'assurer la stabilité de l'État et de s'imposer sur la scène européenne.
Après avoir triomphé de ses ennemis intérieurs et extérieurs, Louis XIV prend personnellement en mains les rênes du pouvoir, à la mort de Mazarin, en 1661. Dès lors, selon Voltaire, « il n'y avait plus en France qu'un maître et des sujets ». Jamais, en effet, le royaume n'avait été, à ce point dépendant de la volonté, des goûts et des croyances du souverain. Toutefois, ce face-à-face entre Louis XIV et vingt millions de Français ne se limite pas à une relation de domination. Le théâtre social et politique mobilise une foule de sentiments et d'intérêts explorés, notamment, par La Bruyère. Celui-ci nous invite à faire l'histoire d'un royaume confronté à la grandeur et aux faiblesses d'un roi absolu.