« Comme le montre Patrick Lepetit dans ce livre, les surréalistes ont voulu voir dans le celtisme les vestiges de la tradition occidentale et dans l'art celte la matrice de leur propre art. » Alors que le surréalisme est souvent présenté comme un mouvement urbain, les surréalistes, à commencer par André Breton, nombreux à avoir séjourné plus ou moins longtemps en Bretagne, voire à y être nés, ont été et sont toujours très profondément marqués par les mythes, les légendes et les paysages de Bretagne et plus largement, pour certains d'entre eux d'origine britannique, de Celtie.
C'est ainsi qu'affl eurent dans leurs peintures et leurs écrits, inspirés de ceux des précurseurs, Alfred Jarry, Tristan Corbière, Saint Pol Roux, Victor Segalen ou Anatole Le Braz, les fi gures d'Arthur ou de Lancelot, de Tristan ou de l'Ankou, qu'y sonnent encore les cloches de la ville d'Ys, que l'on s'y promène sous les frondaisons de Brocéliande ou dans les paysages ouverts sur l'infi ni des îles, presqu'îles et archipels du monde celte.
Depuis mai 2017, l'affaire Fañch a déclenché une tempête juridique et médiatique démesurée qui a largement dépassée les limites de la Bretagne. Fañch, c'est ce petit garçon né à Quimper à qui on a donné le prénom de son grand-père. Mais le fait d'inscrire le tilde sur le "n" dans l'orthographe bretonne conventionnelle a engendré les foudres de la justice.
Il y a des amours dont on se remet mal : toute sa vie on claudiquera du coeur. Ne faisons pas mine d'aimer, l'amour pourrait à la longue faire semblant.
On aura compris, à travers la lecture augmentée de l'oeuvre de Xavier Grall, que sa première préoccupation fut bien la confrontation à la profondeur poétique du monde, à la profondeur spirituelle du monde dans la poésie, et à l'approfondissement de la valeur émotionnelle des gens, de ces humains qui reçoivent, comme un feu divin, l'interrogation perpétuelle de la vraie liberté.
Et si le poète, d'une façon générale, semble être systématiquement effacé, d'apparence, dans la société, par les technocrates, par les financiers ou bien les politiciens, Xavier Grall, lui, sait que c'est l'écriture, et que c'est l'oeuvre qui, au bout du compte, survit, s'ancre, et peut rester.
Et si la Bretagne de véritable mémoire peut demeurer vivante dans le coeur de beaucoup de ses enfants, natifs ou adoptifs, c'est bien parce que la parole du barde s'élève à l'infini, inlassablement, au-dessus des rocs, des lochs et des grèves pour oser, dans l'ascension subtile de l'émotion partagée, la seule édification de l'essentiel.
Cela n'a rien de légendaire ni de folklorique, mais, comme le montre Bruno Geneste, c'est la partie sublimement tangible de l'incarnation poétique, dans toute son intensité : comprendre à quel point la première révolution doit s'accomplir en soi-même, en la propre chair de l'expérimentateur de cette même vie...