Pour l'auteur «créolité», à la mauricienne, semble assez restrictive, car «créole» est limité aux Mauriciens originaires de l'Afrique, ceux qu'on appelle la «population générale». Du coup, le Festival de la Créolité, qui est organisé chaque année à Maurice, est perçu comme le festival des Créoles par les Créoles et pour les Créoles. Nous sommes au coeur du multiculturalisme mauricien: à chaque «communauté ou «ethnie», ses festivals, son centre culturel, sa religion, son chef religieux et ses représentants politiques.
Par contre, la «créolie», qui a pris naissance à la Réunion, est plus intéressante puisque «créole» est utilisé au sens étymologique du terme, c'est-à -dire tout habitant né dans une île, ce qui fait que les Réunionnais d'origine africaine, chinoise, indienne ou européenne sont des Créoles. La créolie, dans la mesure où elle est d'origine poétique et promue d'ailleurs par Gilbert Aubry, -- poète qui se trouve être Evêque de la Réunion! -- est donc plus proche de l'interculturel tel que je l'ai développé dans mon essai «L'interculturel ou la guerre» (2005) et dans mon dernier livre «Comme un roman sans fin & autres textes» (2012).
Dans son intervention, Issa Asgarally revient sur l'interculturel, à la fois notion et pratique, qui prend de l'essor comme le prouve la tenue de deux colloques internationaux: le premier, organisé à Maurice en décembre 2012, par la Fondation pour l'Interculturel et la Paix (FIP) -- qu'il a créée en 2009 avec JMG Le Clézio -- et l'Institut Mahatma Gandhi; le second, celui de Cerisy, en septembre 2013. Il souligne le fait que la créolité n'est pas l'interculturel, ou pas encore, et que la créolie devrait dépasser le cadre des îles pour s'élargir au monde.