À la différence des histoires du rock écrites jusque-là, le dernier ouvrage de Greil Marcus ne rend pas hommage aux hits, icônes et événements marquants. Nombreux seront ceux qui diront : « mais ce sont les mauvaises chansons ! » Et pourtant, de Buddy Holly aux Beatles en passant par Joy Division, les plus grands sont tous là. Au travers d'une sélection inattendue, Marcus choisit de renouveler l'histoire du genre et de reconsidérer les canons en identifiant dix chansons qui pourraient bien contenir toute l'histoire du rock.
Quand il s'agit d'évoquer le rock, les références ne manquent pas, loin s'en faut, et les légendes s'écharpent sans merci pour la première place au panthéon du genre, qu'il s'agisse d'Elvis Presley, de Mick Jagger ou encore de Jimi Hendrix.
Avec ce nouvel essai, Greil Marcus prend le lecteur par surprise : oubliés les incontournables, et place aux Flamin' Groovies', à Cyndi Lauper et autres Teddy Bears, dans une sélection de dix chansons accompagnées, pour la plupart, de leurs reprises. L'histoire du rock s'en trouve entièrement revisitée. Selon Marcus, l'histoire traditionnelle est très loin de la vérité, pure invention si bien disséminée de par le monde que les gens ont fini par y croire. Au contraire, l'essence du rock se niche partout et nulle part, et c'est à partir de ce postulat que Marcus enquête. Son exploration du genre s'autorise alors des digressions fabuleuses dans un monde d'associations libres où l'assemblage devient la clé de voûte d'un édifice aussi novateur que grisant : Amy Winehouse côtoie The Drifters accompagnés de Ben E. King, et une bataille soul fait rage dans laquelle Beyoncé perd des plumes face à Etta James.
Avec son style sans pareil, Greil Marcus balaie les standards, et le lecteur s'abandonne, non sans émerveillement, à sa vision et au constat qui en découle : le rock survole les frontières, insuffle son âme partout où on l'accueille. Esprit pur, il se meut librement dans l'histoire, car ce qui lui importe n'est pas tant la chanson que la façon dont on la ressent, et dont on s'en empare.